Ils sont nés après Internet, et savent manier tablettes et Smartphone dès leur plus jeune âge. Et pourtant, ce n’est pas sans risque pour leur santé. Pour protéger les enfants, mieux vaut limiter le temps qu’ils passent devant un écran.
De
nombreuses recherches se sont penchées sur le rôle des écrans dans le
développement des tout-petits. La plupart ont conclu que la télévision n’était
pas nécessairement bénéfique au développement des jeunes enfants. Certaines
émissions éducatives pourraient toutefois avoir un effet positif sur leur
développement.
La
recherche soutient aussi que les interactions qu’un enfant a avec son entourage
et son environnement sont la meilleure source de stimulation pour lui. Or, plus
un enfant passe de temps devant un écran durant une journée, moins il lui en
restera pour jouer et interagir avec les autres.
De
plus en plus d’études scientifiques mettent en garde contre certains risques
liés à une durée d’utilisation trop importante : par exemple des problèmes
de retard de langage et de
concentration chez les plus jeunes, de sommeil chez les adolescents, et
globalement un déficit d’activité physique.
Un avis de l’Académie des Sciences
“
L’Enfant et les écrans” est un travail de l’Académie des Sciences publié en
janvier 2013. Des chercheurs se sont interrogés sur la construction des
fonctions cérébrales au regard des sollicitations extérieures sensorielles,
affectives et culturelles dont l’exposition aux écrans numériques.
Les
scientifiques qui ont coordonné cet avis (Jean-François Bach, Olivier Houdé,
Pierre Léna et Serge Tisseron) tentent de répondre à ces questions que bien des
adultes, parents, enseignants, animateurs multimédia, médecins et personnels de
santé, associations, institutions se posent sur les risques de dépendance ou de
phénomènes régressifs chez un enfant face aux écrans, la place des tablettes
interactives et autres nouveaux supports dans l’apprentissage et la
transmission des savoirs, comment réguler l’accès aux écrans sans l’interdire.
De
cette nouvelle culture des écrans de la petite enfance à la fin de l’adolescence,
l’Académie a rendu un Avis, assorti de 26 recommandations, sur les effets de
l’utilisation des technologies par les enfants.
L’originalité
de cet Avis est d’intégrer les données scientifiques les plus récentes de la
neurobiologie, de la psychologie et des sciences cognitives, de la psychiatrie
et de la médecine avec la réalité rapidement évolutive des technologies et de
leur utilisation. Les auteurs invitent à la prise de conscience de la
révolution en cours et du choc entre la traditionnelle culture du livre et la
nouvelle culture du numérique. Ce texte présente les enjeux, les bénéfices et
les risques de ce bouleversement en insistant sur la nécessité d’une pédagogie
différenciée selon les âges.
Ils
expliquent que l’utilisation de l’Internet et d’outils numériques variés a
transformé d’abord les loisirs, puis l’apprentissage, l’éducation et la
formation culturelle des enfants de tous âges. Cette évolution, qui apparait
aujourd’hui irréversible, a des effets positifs considérables en améliorant
l’acquisition des connaissances et des savoir-faire, mais aussi en contribuant
à la formation de la pensée et à l’insertion sociale des enfants et des
adolescents.
L’avis
met en garde contre une utilisation trop précoce et une sur-utilisation des
écrans qui a des conséquences délétères durables sur la santé, l’équilibre et
les activités futures – intellectuelle, culturelle et professionnelle – ; un continuum existe entre les troubles de la concentration, du manque de sommeil
et de l’élimination des autres formes de culture, et la pathologie des écrans,
qui provoque d’éventuels comportements dangereux.
Le
document inclut 26 recommandations qui esquissent les bonnes pratiques d’une
éducation progressive, adaptée à chaque âge – avant 2 ans, entre 2 et 6 ans,
entre 6 et 12 ans –, pour préparer les adolescents (après 12 ans) à auto-réguler
leur rapport au monde numérique. Les 6 dernières recommandations concernent les
risques pathologiques d’un mauvais usage des écrans et la question de la
violence.
De
la tablette tactile à la télévision en passant par le Smartphone, l’Avis passe
en revue la palette des écrans. Il prône une démarche de prévention et
d’éducation pour protéger les enfants dans leur pratique d’utilisation et en
appelle à la co-responsabilité – famille, enseignants, éditeurs-créateurs,
pouvoirs publics – dans la conception et l’accessibilité de l’offre numérique – support et contenu – proposée aux enfants.
Risque
de développer une pensée “zapping”. Revers
de la médaille de ces jeux et d'Internet, ils risquent de développer une pensée
trop rapide et superficielle – un effet zapping – et de créer un désintérêt pour tout ce qui n'est pas numérique. Pour Serge Tisseron, la première erreur à éviter est de considérer que nos enfants ont les technologies
numériques dans le sang et les laisser se débrouiller. Sinon, on arrive à la situation
catastrophique actuelle où trop d'enfants découvrent les technologies
numériques tout seuls, au prix de douloureuses erreurs. Il ne faut pas
non plus considérer les enfants comme
des petits êtres à protéger, mais plutôt les prendre comme des partenaires, avec des capacités et des
désirs. Il souhaite enfin mettre en avant les nombreux aspects
créatifs et socialisants des nouvelles technologies, pas seulement les dérives.
Polémique : Laisser les enfants devant les écrans est préjudiciable
Des
chercheurs, dirigés par Michel Desmurget, directeur de recherche en
neurosciences à l'Inserm, affirment que l'Académie des sciences a tort de
minimiser les effets de la télévision, d'Internet et des jeux vidéo sur les
jeunes.
Une
grande partie des affirmations avancées dans ce rapport sont dénuées de tout
fondement scientifique et ne reflètent que les préjugés ou opinions des
auteurs. Des milliers
de recherches scientifiques signalent des influences délétères importantes de
la télévision, d'Internet ou des jeux vidéo sur le développement intellectuel,
la sociabilité et la santé, bien au-delà des premiers âges de la vie et pour
des consommations largement inférieures à deux heures quotidiennes.
Quelques
travaux montrent que certains jeux vidéo peuvent améliorer certaines capacités
périphériques d'attention et de sélection visuelle. Cependant, selon les termes
mêmes de l'avis, ces jeux vidéo sont "souvent" des "jeux
violents".
Or,
les jeux vidéo violents, déconseillés pour la plupart aux moins de 16 ans,
voire 18 ans, sont associés, comme l'indique l'Académie américaine de pédiatrie
à une variété de problèmes physiques et
mentaux chez les enfants et les adolescents.
Pas
sûr, dès lors, que le rapport bénéfice/risque soit positif. Les auteurs de
l'avis négligent à la fois de citer la moindre étude corroborative et de
prendre en compte une masse imposante de résultats contraires à leurs propos.
Par
exemple, rien n'est dit de toutes les études scientifiques et
institutionnelles, comme celle du Programme for International Student Assessment (PISA), liant causalement la
consommation numérique, interactive ou non, des enfants et adolescents avec
l'existence de troubles de l'attention et de difficultés scolaires.
Rien
non plus sur les évaluations indépendantes du département de l'éducation
américain montrant que les onéreux logiciels éducatifs sont parfaitement
inefficaces. Rien encore sur le fait qu'aux Etats-Unis, face à ces
observations, des écoles initialement en pointe dans le domaine numérique
retirent aujourd'hui les ordinateurs des salles de classe.
Rien
sur la sédentarité et ses effets sur l'espérance de vie, rien sur l'alcoolisation
et le tabagisme (la télévision est le premier facteur d'entrée dans le
tabagisme des adolescents), rien sur les troubles du comportement alimentaire,
rien sur la violence scolaire, etc. Des milliers d'études, de revues de la littérature
et de méta-analyses (impliquant jusqu'à 130 000 individus) confirment cette
influence, dont l'ampleur est comparable à celle qui associe cancer du poumon
et tabagisme.
*
* *
Les
écrans – télévision, ordinateur, tablette et téléphone intelligent – font maintenant partie du quotidien de la plupart des familles. Bien qu’ils soient
divertissants et pratiques dans certaines situations, les écrans peuvent
comporter plusieurs désavantages pour la santé et le développement des enfants.
C’est pourquoi il est conseillé d’en encadrer l’usage.
Une
trop grande exposition aux écrans diminue le temps que les enfants passent à
bouger au quotidien. En effet, l’utilisation des écrans se fait souvent au
détriment des activités physiques et du jeu libre.
Le
manque d’activité physique et la sédentarité pourraient également nuire au
développement des habiletés motrices comme marcher, courir, lancer, sauter,
ramper, etc. Ces habiletés motrices sont indispensables au développement global
de l’enfant.
Les autres effets sur le développement
* au développement du langage;
* à la qualité du sommeil;
* à l’attention;
* au comportement (agressivité, passivité, estime de soi);
* à la réussite scolaire;
* à la santé en général (outre l’obésité et le surplus de poids : fatigue,
maux de tête, problèmes de posture, mauvaise alimentation, hypertension,
diabète de type 2, problèmes cardiovasculaires à long terme, etc.).
Nouvelles recommandations de l’Académie américaine de pédiatrie (octobre 2016)
Le
principe “pas d’écran avant 2 ans” reste d’actualité. Un conseil qui
remonte à 1999, avant l’introduction des tablettes et qui concernait surtout
les postes de télévision, devant lesquels les enfants sont passifs. La seule
exception indiquée par l’AAP, ce sont les vidéo-chats comme Skype.
En
raison de l’immaturité de leur cerveau, les tout-petits n’arrivent pas à
transférer la vision bi-dimensionnelle de l’écran au monde réel. Ils ont besoin
d’une exploration tactile et d’une interaction sociale avec des adultes de
confiance pour acquérir le langage, développer des compétences cognitives, des
capacités motrices et socio-émotionnelles.
Là
où l’académie révise son texte, c’est concernant le temps passé devant les
écrans par les enfants âgés entre 2 et 5 ans, passant de deux
heures à une heure par jour – et toujours en compagnie d’un adulte. Elle ne
fixe en revanche pas de limite pour les enfants plus âgés, mais suggère
d’éteindre les appareils une heure avant qu’ils se couchent, de les débrancher
pendant les repas et de créer dans la maison des zones “interdites aux écrans”.
* Eviter toute utilisation d’écran si l’enfant est âgé de moins de 18 mois, et
privilégier des programmes éducatifs pour introduire les 18-24 mois aux écrans,
en les accompagnant pour leur expliquer le contenu.
* Pour les 2-5 ans, il est important d’imposer une limite de temps : une
heure d’écran par jour maximum. Toujours en les accompagnant pour les aider à
comprendre ce qu’ils regardent.
* Pour les enfants de 6 ans et plus, imposer des limites cohérentes sur le temps
consacré à l’utilisation des écrans, contrôler le type d’écran utilisé, et
faire en sorte qu’ils ne prennent pas la place d’un sommeil suffisant, de
l’activité physique et d’autres comportements essentiels à la santé.
* Imposer des moments obligatoires sans écrans ensemble, par exemple au moment du
dîner, sur la route en voiture et dans la chambre à coucher.
* Avoir une communication permanente sur la citoyenneté et la sécurité en ligne,
y compris sur le respect des autres en ligne et hors ligne, et sur la
protection de la vie privée.
Les écrans sont officiellement nocifs pour le cerveau des enfants
Dans
un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de
l'environnement et du travail (Anses) publié en juillet 2016, les ondes
électromagnétiques peuvent avoir un effet sur les fonctions cognitives des
enfants et en particulier sur la mémoire, l’attention et la coordination.
L'ANSES incite à modérer l’utilisation des écrans connectés chez les moins
de 13 ans.
Des effets néfastes sur les fonctions cognitives
Le
crâne d’un enfant est moins épais que celui d’un adulte et en constante croissance.
Leur cerveau est plus exposé aux effets néfastes des ondes électromagnétiques.
Certaines zones des hémisphères sont plus touchées comme celles de la
mémorisation, de la coordination et de l’attention.
Outre
l’effet des ondes, la simple utilisation d’un téléphone mobile altère le
bien-être des enfants. Dépression, fatigue, stress et anxiété, troubles de
l’humeur et du sommeil, peuvent résulter d’un usage trop fréquent des
Smartphones.
Des effets sur le développement encore méconnus
En
raison du manque de données et d’études relatives à l’utilisation des
Smartphones chez les enfants, l’Anses ne peut faire de conclusions quant aux
effets sur le comportement, les fonctions auditives, le développement, le
système reproducteur ou immunitaire ou le développement de cancer.
Elle
recommande une exposition modérée aux tablettes tactiles et Smartphones pour
les enfants de moins de 13 ans. Elle conseille aussi d’utiliser un kit main
libre lors d’appels téléphoniques, d’éviter les communications le soir qui
perturbent le rythme du sommeil ainsi que de modérer l’utilisation des produits
connectés et ceux émettant des radiofréquences destinés aux enfants (les jouets
radio télécommandés, les baby-phones, les walkie-talkies, les robots
interactifs).
L’utilisation appropriée de la technologie permet d’accéder à une plus grande connaissance et de divertissement. Cependant, il est important de mettre en évidence que l’impact positif résulte du bon usage et prudent de la technologie. Les enfants qui grandissent devant les écrans non seulement courent un plus grand risque de tomber dans un style de vie sédentaire, mais courent également le risque de subir des retards de développement et à l’avenir, avoir du mal avec les relations interpersonnelles. Les parents devraient donc jouer un rôle actif dans la planification du temps d’écran de leurs enfants et tout en le faisant, analyser leur propre temps d’écran.
Voir aussi…
Les téléphones portables affectent le cerveau
L'utilisation des mobiles intelligents – Smartphones – modifie le cerveau
Des changements dans le cerveau de l'enfant liés à la technologie
Changement cérébral causé par la technologie
L'utilisation d'appareils mobiles provoque des changements cérébraux chez les enfants
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