jeudi 29 février 2024

La Musique Ralentit le Vieillissement du Cerveau

Écouter de la musique, chanter ou pratiquer un instrument a de multiples 
bénéfices sur le fonctionnement cognitif global du cerveau à tous les âges de la vie


La musique transforme et soigne le cerveau

L
a musique influe sur notre humeur. Bien sûr, un même morceau ne provoquera pas les mêmes émotions chez tout le monde. Mais, en général, dès lors qu’il est structuré, il ne laisse pas indifférent. Si le rythme est lent, les battements du cœur ralentissent, ainsi que la respiration. C’est la “synchronisation cardio-vasculaire” : la tension artérielle se synchronise avec la vitesse de la musique. Et le taux de cortisol – l’hormone du stress – diminue.

À l’inverse, si la musique peut relaxer, elle stimule aussi. Dans la course à pied, par exemple, écouter un morceau permet de caler sa foulée, prolonger l’effort. Et, en plus, de libérer la dopamine, le neurotransmetteur du plaisir. Son effet est tel qu’écouter de la musique est interdit pendant le marathon, sinon ce serait du dopage.


Lien entre le cerveau et la musique

La musique est traitée par de multiples zones du cerveau. L’hippocampe est la région du cerveau qui stocke la mémoire à court terme, et c’est souvent la première à défaillir chez les personnes atteintes de démence. Au fil du temps, les souvenirs sont consolidés et stockés de manière décentralisée dans le cortex cérébral.



Ce qui se passe dans le cerveau quand nous écoutons de la musique

Dire qu’il se passe une véritable “symphonie neuronale” n’est pas du tout exagéré, car l’écoute musicale mobilise de nombreuses régions du cerveau, même pour une personne n’ayant pas fait d’études de musique. Les régions auditives – temporales – établissent un dialogue important avec les régions motrices – régions préfrontales mais aussi sous-corticales, autrement du cortex –, et c’est en cela que la musique nous donne facilement envie de danser.


La musique est aussi continuellement évaluée dans notre cerveau par rapport au plaisir ou au déplaisir qu’elle peut nous procurer, et cela implique un réseau cérébral complexe que l’on appelle “circuit de la récompense”. L’activité de ces régions produit la libération de substances telle que la dopamine lorsque le plaisir est présent, ce qui fait nous sentir bien.

Elle sollicite les régions auditives et immédiatement les régions motrices, naturellement connectées ensemble dans le cerveau. Autrement dit, la musique se ressent… dans le cerveau. Ce qui explique pourquoi une musique pulsée nous donne envie de bouger ou à un bébé de se dandiner alors même qu’il ne sait pas marcher.


Résistance de la mémoire musicale

Activités cérébrales pour une tâche de mémoire musicale (en rouge)
et de mémoire verbale (
en bleu).
En
jaune, les régions cérébrales communes pour la musique et le langage

L’analyse perceptive de la musique s’associe avec un travail de la mémoire, impliquant ainsi des régions du cerveau cruciales dans l’encodage et le rappel des informations telles que les hippocampes. Les études de neuroimagerie réalisées montrent que la mémoire musicale sollicite plus largement le cerveau que la mémoire du langage, ce qui permet déjà d’expliquer la très bonne résistance de cette mémoire lors du vieillissement du cerveau. Cependant, les deux domaines partagent des ressources cérébrales communes, ce qui est d’ailleurs intéressant car les cliniciens comme les orthophonistes s’appuient notamment sur ces capacités musicales pour rééduquer des patients ayant des troubles de la production du langage, ou pour aider les enfants dyslexiques à mieux découper les syllabes et les phrases.

La musique permet ainsi au cerveau de se restructurer plus vite après des traumas, troubles ou lésions. Suite à un AVC, par exemple. Utilisée en début de maladies neuro-dégénératives, comme Alzheimer, elle favorise la plasticité neuronale et retarde donc son impact sur la détérioration de la mémoire.

La pratique musicale peut protéger de la survenue de maladies neuro-dégénératives

De plus en plus de données scientifiques tendent à le montrer. Par exemple, une étude analysant le parcours de santé de grandes populations a montré que chez des jumeaux dont le code génétique est identique, si l’un des deux est musicien (études et pratique musicale régulière) alors il aura moins fréquemment démarré une maladie de type Alzheimer.

De même, une publication récente montre que chez des personnes âgées ayant des plaintes de mémoire (mais pas de diagnostic de maladie neuro-dégénérative) à qui l’on propose la participation à des séances de méditation chantées ou d’écoute passive de musique pendant 3 ou 6 mois, une amélioration de leur fonctionnement cognitif et de leur bien-être pour les deux types d’activité.

Le côté étonnant, c’est que la simple écoute de musique produise les mêmes effets, même à long-terme, qu’une activité de méditation beaucoup plus active. La pratique nouvelle de sport (marche, piscine…) produit des résultats similaires. C’est un message positif, car cela montre que l’on peut augmenter la qualité de son vieillissement par des activités de loisirs diversifiées et de niveau d’engagement personnel varié.

De nombreux travaux scientifiques ont montré que le quatrième art est bien plus qu’un ravissement pour les sens. Il s’agit aussi d’un puissant stimulant pour notre cerveau, même quand il commence à prendre de l'âge, comme le révèle une nouvelle étude.


La pratique musicale freine le déclin cognitif chez les seniors


Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE), de la Haute école de santé (HES-SO Genève) et de l’EPFL, dans une étude publiée en NeuroImage: Reports en avril 2023, met en évidence les effets bénéfiques des activités musicales pour contrer le vieillissement normal du cerveau.

Le vieillissement normal s’accompagne inévitablement d’une diminution plus ou moins importante des performances cognitives. Mais on peut entraîner son cerveau pour ralentir ce processus.

L’équipe de de chercheurs a découvert que la pratique et l’écoute active de la musique pouvaient freiner le déclin cognitif chez les seniors en bonne santé, en stimulant la production de matière grise.

Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont suivi durant six mois plus de cent retraités inscrits à des cours de piano et de sensibilisation musicale, qui n’avaient jamais pratiqué jusque-là. Ces résultats ouvrent de nouveaux horizons dans l’accompagnement du vieillissement neuro-cognitif.

Tout au long de l’existence, notre cerveau se remodèle. Sa morphologie et ses connexions évoluent en fonction des expériences et de l’environnement. C’est par exemple le cas lorsque nous intégrons de nouveaux apprentissages ou surmontons les séquelles d’une attaque cérébrale. En vieillissant, cette plasticité cérébrale diminue. Le cerveau perd également de la matière grise, siège de nos précieux neurones. On parle alors d’atrophie cérébrale.

Progressivement, un déclin cognitif apparaît. Il touche en particulier notre mémoire de travail. Elle est à la base de nombreux processus cognitifs. Par exemple, lorsque l’on retient des informations brièvement afin d’atteindre un but, comme retenir un numéro de téléphone le temps de le noter ou encore traduire une phrase issue d’une autre langue. La pratique et l’écoute active de la musique favorisent la plasticité cérébrale et ainsi l’augmentation du volume de matière grise.

Des effets bénéfiques ont également été mesurés sur la mémoire de travail. Cette étude a été menée auprès de 132 retraités âgés de 62 à 78 ans et en bonne santé. L’une des conditions de participation était de ne pas avoir suivi de cours de musique durant plus de six mois au cours de sa vie.

Pratique vs écoute active

Les chercheurs voulaient des personnes dont le cerveau ne portait encore aucune trace de plasticité cérébrale liée à un apprentissage musical. En effet, même un bref apprentissage au cours de l’existence peut laisser des empreintes sur le cerveau, ce qui aurait faussé leurs résultats.

Les participants ont été répartis aléatoirement dans deux groupes, indépendamment de leur motivation ou non à pratiquer un instrument. Les membres du premier groupe ont suivi des cours de piano hebdomadaires. Les membres du second, des cours d’écoute active axés notamment sur la reconnaissance des instruments et l’analyse de la structure d’œuvres, dans une large palette de styles musicaux. Les cours duraient une heure. Les participants des deux groupes devaient fournir du travail à domicile, à raison d’une demi-heure par jour.

Effets positifs dans les deux groupes

Après six mois, les scientifiques ont constaté des effets communs aux deux interventions. La neuroimagerie a révélé, chez l’ensemble des participants, une augmentation de la matière grise dans quatre régions du cerveau impliquées dans le fonctionnement cognitif de haut niveau, notamment dans des zones du cervelet mobilisées dans la mémoire de travail. Leurs performances ont augmenté de 6% et ce résultat était directement corrélé à la plasticité du cervelet. Les scientifiques ont aussi constaté que la qualité du sommeil, le nombre de cours suivis et l’entraînement quotidien avaient un impact sur le degré d’amélioration des performances.

Les chercheurs ont cependant noté une différence entre les deux groupes: le volume de matière grise est resté stable dans le cortex auditif primaire droit des pianistes – une région spécialisée dans le traitement des sons – alors qu’il a diminué dans le groupe d’écoute active. Dans tous les cas, un processus global d’atrophie s’est poursuivi chez l’ensemble des participants. Les interventions musicales ne peuvent donc pas rajeunir le cerveau mais uniquement freiner le vieillissement de certaines de ses régions.

Ces résultats révèlent que la pratique et l’écoute de la musique promeuvent la plasticité cérébrale et la réserve cognitive. Les auteurs de l’étude estiment que ces interventions, ludiques et accessibles, doivent devenir une priorité politique majeure pour l’accompagnement du vieillissement en bonne santé. Pour l’équipe, la prochaine étape consistera à évaluer le potentiel de ces interventions chez des personnes touchées par un déclin neuro-cognitif léger, un stade intermédiaire entre vieillissement normal et démence.

Continuer à faire travailler ses neurones à tout âge

Même à un âge avancé, la plasticité cérébrale subsiste, ce qui signifie que l’on peut toujours apprendre. Il n’est jamais trop tard. Les seniors qui partent à la retraite et qui ne stimulent plus leur cerveau subissent un déclin cognitif fulgurant. En effet, le cerveau se comporte un peu comme un muscle. Si on ne s’en sert pas, il se ramollit. Plus scientifiquement: il perd de ses capacités.

S’il semble évident que continuer à apprendre de nouvelles choses, surtout à un âge avancé, est bénéfique, pourquoi la musique serait-elle un meilleur stimulant cérébral que faire du sport ou apprendre une langue étrangère ? La pratique musicale est plus stimulante parce qu'elle est multimodale, sollicitant non seulement l'ouïe, mais également les autres sens et le mouvement. De plus, elle engage pratiquement toutes les capacités cognitives. Après un an de pratique, le groupe ayant joué du piano a d’ailleurs montré de meilleures connexions entre toutes les parties du cerveau qui s’occupent de motricité fine. L’apprentissage d’un art ou d’une activité physique n’est toutefois pas à négliger. L’essentiel est de pratiquer une activité qui passionne et que l’on va faire avec intensité et sur le long terme. C’est ainsi que l’on développe sa capacité cérébrale. Faire des progrès est le plus important pour freiner le déclin cognitif naturel lié à l’âge.

Désinhibiteur pour Parkinson et troubles du langage




La musicothérapie présente un grand intérêt dans le traitement de la maladie de Parkinson. Faire écouter un morceau rythmé aux patients les aide à développer une marche plus fluide et désinhibe leur coordination motrice. Elle est également utilisée par des orthophonistes pour les personnes souffrant d’une aphasie – perte totale ou partielle de la capacité de parler – car elle libère la production du langage. D’ailleurs, les personnes bègues ont souvent une parole fluide dès qu’elles chantent.



Atténuation de la douleur

Si elle provoque du plaisir, la musique atténue aussi la perception de la douleur en la détournant de notre conscience, et en libérant dopamine et endorphine. Son effet est tel qu’elle est utilisée pour les douleurs chroniques et les soins douloureux, dans les services d’urgence, de chirurgie, de réanimation. Pour les soins palliatifs, chez les dentistes, dans les maternités…

Un programme a même été mis au point par une société française : Music Care, application pionnière dans la prise en charge de la douleur par la musique – en complément d’un traitement médicamenteux.

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Personne (ou presque) n’est insensible au pouvoir de la musique. Si les préférences varient, le quatrième art nous touche au plus profond de notre cœur… et de notre cerveau. C’est pourquoi l’écoute et la pratique musicales sont de plus en plus préconisées par la communauté médicale.

De précédents travaux scientifiques ont conclu que le quatrième art stimule presque toutes les formes de mémoire, y compris chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.

Mais peut-on pour autant, dire que la musique préserve du vieillissement cérébral ? Les chercheurs restent prudents sur la question. Ils sont toutefois unanimes sur un point : écouter de la musique, chanter ou jouer d’un instrument a de multiples bénéfices sur le fonctionnement cognitif global du cerveau, y compris à tous les âges. Raison de plus pour encourager l’apprentissage et la pratique de la musique dès le plus jeune âge.


Les bienfaits de la musique chez les personnes âgées




La musique, c’est bon pour le moral à tout âge ! Chez les séniors, elle est particulièrement utilisée en thérapie pour les patients atteints de démence… Et devrait faire partie du quotidien de toutes les personnes âgées pour ses bienfaits.

Une chose est sûre, plus vous pratiquez d’un instrument, plus vous bénéficiez de ces effets. Mais l’écoute musicale peut également apporter de nombreux avantages.


Régulation de l’humeur

Les neurosciences cognitives affirment que la musique procure une sensation de plaisir en activant notre circuit de récompense. Ce système, mis en place par la sélection naturelle pour réguler nos désirs et nos émotions, augmente la libération de dopamine, la fameuse "hormone du bonheur". Si bien que la musique est désormais utilisée comme outil thérapeutique dans les établissements de soins.

Stimuler : la musique, c’est la vie !

Avez-vous déjà vécu un de ces moments particulièrement intenses, dont toute l’émotion se cristallise dans la chanson qui passe à ce moment-là ? La musique a cette faculté extraordinaire de véhiculer des souvenirs, heureux ou tristes. Une personne peut ainsi avoir oublié ce qu’elle a fait dans la journée, mais pouvoir chanter par cœur une mélopée d’enfance… Elle est stimulante pour notre cerveau, car elle réactive les capacités neuronales, en faisant resurgir les souvenirs enfouis. Le fait de devoir se rappeler les paroles permet également de travailler la mémoire, et jouer ou danser en rythme est excellent pour la coordination et la concentration. C’est sans doute pour cela que les chorales et les ateliers de danse de salon ont autant de succès… Sans compter qu’ils maintiennent les liens et la sociabilité.

Ralentir certaines maladies – se soigner par les notes

Très utilisée pour les personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives, la musique permet, qu’on l’écoute ou qu’on la pratique, d’activer de nombreuses zones du cerveau : mémoire, créativité, concentration, coordination, mais aussi communication pour être en rythme avec les autres chanteurs, danseurs ou instrumentistes. Elle aide également à améliorer la santé morale et psychique, et ainsi lutter contre la dépression.

S’exprimer – le dire en chantant

Chanter ou écouter une musique ensemble peut être une base pour les personnes ayant des difficultés à communiquer. Cela leur permet d’évoquer leur passé, et d’exprimer leur personnalité : ils ne sont plus réduits à leur maladie ou à leur âge, et peuvent parler de leurs goûts. Cela facilite aussi les échanges, notamment entre générations : une grand-mère chantant des comptines et des berceuses à ses petits-enfants, n’est-ce pas l’un des plus beaux moments partagés en famille ?

Se relaxer – bien-être et sérénité

La simple écoute de musique classique peut être très relaxante, apaiser et améliorer le sommeil. Ses vertus sont reconnues pour tranquilliser les personnes atteintes de troubles neurologiques (démence, Parkinson, Alzheimer…). Cela peut devenir un véritable rituel.



Moins de déclin cognitif, mémoire renforcée, audition plus performante et meilleure habileté manuelle 
font partie des avantages constatés chez des seniors qui se sont mis à la pratique musicale


Voir aussi…

jeudi 25 janvier 2024

L'Importance de la Posture Corporelle sur le Cerveau


Il est souvent difficile de maintenir 
une posture quotidienne adaptée aux besoins de notre corps


Nous commençons maintenant à voir le lien clair entre le cerveau et l'intestin, d'où le grand nombre d'études réalisées en quelques années sur l'importance du microbiote. Nous commençons également à comprendre l'importance de la respiration pour le cerveau. Cependant, la relation entre la posture et le cerveau est également très importante. La posture du corps est un facteur déterminant pour le cerveau.

Selon notre état d'esprit, notre corps adoptera une posture ou une autre. Nous n'en sommes souvent pas conscients. Ce n'est pas la même chose d'être stressé que d'être de bonne humeur, par exemple, de sorte que le corps l'exprime d'une manière ou d'une autre. La posture corporelle influence la cognition, l'attention, la mémoire, les systèmes de nettoyage du corps et même l'humeur.


Expérience en neurosciences : Jeu / Iowa Task

Dans cette expérience, chaque participant dispose de 4 blocs de cartes sur une table. Lorsque les cartes étaient ramassées, certaines permettaient de gagner de l'argent et d'autres d'en perdre. Les cartes devaient être retirées des blocs pour pouvoir finalement conserver l'un de ces blocs. L'objectif était donc pour le patient de trouver rationnellement le bloc qui l'intéressait le plus afin de gagner de l'argent. Dans certains cas, il perdait beaucoup d'argent et en gagnait beaucoup. Dans d'autres, il pouvait gagner petit à petit et gagner de la même manière. En moyenne, il a fallu environ 80 cartes pour déduire quel était le bloc le plus intéressant économiquement.

Pendant le jeu, le neuroscientifique Antonio Damásio a décidé d'évaluer ce qui se passait dans le cerveau et le corps de chaque participant. Lorsque la personne s'approchait du bloc qui allait perdre de l'argent, le corps commençait à émettre des signaux : il y avait des contractions musculaires, de la chair de poule et le corps se courbait. En revanche, lorsque la personne s'approchait du bloc gagnant, la posture était plus droite, le corps réagissait d'une manière totalement différente.

Cela signifie qu'à 10 cartes, le corps savait déjà quel était le bon bloc. D'où ce que l'on appelle un marqueur somatique : des changements corporels qui reflètent un état émotionnel, un état de conscience, un état cognitif. Si les gens savaient écouter leur corps, il ne serait pas nécessaire – dans le cas de l'expérience – de prendre 80 cartes, car à la dixième carte, le corps aurait découvert avant l'esprit le bloc gagnant.

Selon le chercheur, le corps chuchote (parfois crie), mais nous ne sommes pas habitués à l'entendre. "Le corps sait ce que l'esprit n'a pas encore réalisé".

Notre corps parle à travers la posture corporelle

Le corps ne ment pas. Ses mouvements sont inconscients. Contrairement au langage verbal, le corps manque d'intentionnalité et d'ironie. Même chez les personnes souffrant de lésions cérébrales, le corps exprime ce que la personne n'est pas en mesure d'exprimer verbalement.

Le cerveau donnera toujours la priorité aux informations qu'il reçoit de la posture du corps. Le mot sera accompagné du geste du corps. Si vous demandez "Comment vas-tu ?" et que la réponse est "bien" avec une posture défaite, contre "mal" avec une posture droite, le cerveau détectera qu'il y a une incongruence entre ce qui est dit et l'information qu'il reçoit du corps. Il donne donc la priorité à la réponse qui montre la posture du corps de la personne qui visualise. De cette manière, on transmet beaucoup plus que ce qui est exprimé verbalement.

La posture corporelle influence les émotions et la cognition


À la fin du XIXe siècle, le philosophe et psychologue américain William James soulignait déjà l'influence du corps sur la régulation des émotions et de la cognition avec sa célèbre citation: "Je ne pleure pas parce que je suis triste, je suis triste parce que je pleure". Il considérait ainsi que nous utilisons le corps pour donner un sens à des concepts abstraits, comme la tristesse. Sans sensation corporelle, il n'y a pas d'émotion.

Sans expression corporelle, une émotion n'a pas de sens. Le chercheur souligne que nous utilisons le corps pour donner un sens à des concepts abstraits, comme la tristesse. Peut-on avoir une émotion s'il n'y a pas d'expression corporelle ? Il affirme que non. Le cerveau et le corps ne font qu'un, tout le corps est nécessaire pour s'exprimer.


Expériences sur la relation entre la posture du corps et le cerveau

La posture corporelle influence la mémoire

Étude menée aux États-Unis en 2014. Une série de volontaires ont été exposés à un écran d'ordinateur sur lequel apparaissait une série de mots. Certains avec un contenu positif et d'autres avec un contenu négatif. Dans certaines séries de mots, l'ordinateur était posé sur le sol – rappelant une posture plus défaite – et dans d'autres, l'ordinateur était au niveau des yeux de la personne. Lorsqu'elle était en position verticale, la personne se souvenait de plus de mots positifs que de mots négatifs. En revanche, lorsque l'ordinateur était posé sur le sol, la personne se souvenait de plus de mots négatifs que de mots positifs.

Les chercheurs ont constaté qu'en position verticale, la zone hippocampique du cerveau était activée, ce qui permettait de se souvenir d'un plus grand nombre de mots. En revanche, si les épaules étaient affaissées dans une posture voûtée, cette zone était moins activée. Aujourd'hui, les chercheurs étudient l'influence de la position du regard sur le téléphone portable - toujours vers le bas.

La contraction des muscles faciaux ne se contente pas de refléter les émotions, elle contribue à les ressentir

Expérience de rétroaction faciale. Dans cette expérience, on a montré à des volontaires des dessins de blagues de bandes dessinées. Ils l'ont fait de différentes manières : certains ont dû tenir un stylo entre leurs lèvres de manière à ce que le stylo pointe vers l'extérieur – simulant sans le savoir un visage en colère –, d'autres ont tenu le stylo entre leurs lèvres en position horizontale – simulant sans le savoir et sans le vouloir un sourire – et d'autres encore les ont lues avec leur visage normal. À partir de là, il leur a été demandé d'évaluer si les vignettes étaient drôles ou non. Sur la base d'une note de rire de 7 pour une caricature, ils ont constaté que ceux qui tenaient le stylo à l'horizontale – simulant un sourire – donnaient à la caricature une note de 9, tandis que ceux qui avaient lu la caricature avec le stylo tenu à l'extérieur lui donnaient une note comprise entre 4 et 5.

Face à la même image, on voyait que la personne interprétait ce qu'elle voyait de manière différente parce que les muscles du visage étaient l'un ou l'autre.

L'expression "quand vous souriez, le monde vous sourit". Percevoir, c'est interpréter la réalité. Le cerveau ne perçoit pas la réalité de manière objective, mais nous interprétons constamment la réalité, à partir de notre corps.

Lorsque nous sourions, l'amygdale du cerveau, qui est liée au système émotionnel du cerveau, se détend. En revanche, lorsque nous fronçons les sourcils, l'amygdale est fortement activée et stresse le cerveau.

La position du corps influence le système endocrinien

Dans cette étude, on a demandé à des volontaires de se tenir dans différentes positions. L'une d'entre elles consistait à s'asseoir, les jambes étendues sur une table et les bras reposant sur la tête. Une autre position consistait à s'asseoir les jambes croisées, les mains croisées sur les genoux et rétrécissant. Dans ces positions, une prise de sang a été effectuée pour mesurer le taux de cortisol, une hormone sécrétée en réponse au stress.

Il a été constaté que dans la première posture, les niveaux de testostérone et de cortisol augmentaient. Quelques secondes après la deuxième posture, les taux de testostérone et de cortisol chutent. Une position de supériorité augmente la production de testostérone et de cortisol, alors qu'elle diminue dans une position de soumission.

Elle influence également l'hippocampe, la zone du cerveau responsable de la cognition et de la mémoire. Une position corporelle plus droite active donc davantage l'hippocampe, ce qui nous permet de nous souvenir et d'apprendre plus facilement.

La position dans laquelle nous dormons ou la façon de marcher nous rend plus ou moins sujets à la maladie d'Alzheimer


Dans la maladie d'Alzheimer, le cerveau commence à générer des plaques de bêta-amyloïde, c'est-à-dire qu'il se remplit d'une sorte de déchets neuronaux. Le système glymphatique du cerveau – le système de nettoyage du cerveau – est particulièrement actif lorsque nous dormons. Le cerveau "rétrécit" en déplaçant les fluides et le système glymphatique nettoie. Si nous dormons sur le dos, sur le ventre ou sur le côté, le système glymphatique n'agit pas de la même manière, il ne nettoie pas de la même façon. C'est en dormant sur le côté qu'il se nettoie le mieux.

Une étude de l'université de Harvard, en ce qui concerne la maladie d'Alzheimer,  a également établi que la façon dont nous marchons est l'un des facteurs prédictifs de la maladie d'Alzheimer. Les chercheurs ont évalué un certain nombre de personnes de manière longitudinale – c'est-à-dire sur plusieurs années – afin d'extraire des prédicteurs de la maladie d'Alzheimer.

En d'autres termes, comment savoir, avant l'apparition de la maladie d'Alzheimer, quelles personnes sont susceptibles de la contracter et lesquelles ne le sont pas. Ils ont étudié l'imagerie cérébrale, le liquide céphalo-rachidien, le microbiote, les bactéries et bien d'autres choses encore. Et parmi d'autres, l'université de Harvard a conçu un projet qui consistait à marcher sur une très courte distance devant une caméra. Et ainsi de suite, répétée au fil des années.

La façon de marcher a été établie comme l'un des principaux prédicteurs de cette maladie. La maladie et l'évolution de la maladie d'Alzheimer influencent la posture du corps.

C'est pourquoi Harvard a commencé à mettre en place des protocoles de médecine préventive. Il s'agit notamment d'apprendre aux gens à prendre soin de leur posture corporelle, car celle-ci influence le bien-être, la cognition, la mémoire, l'attention, le contrôle de l'anxiété, la dépression, mais aussi la prévention de certaines maladies.


L'interaction de notre cerveau


Depuis quelques années, les neurosciences connaissent une véritable révolution scientifique sur leur principal objet d'étude : le cerveau. Les recherches ont montré que le cerveau n'est pas isolé du corps mais qu'il interagit avec les organes ; les spécialistes parlent de "cerveau incarné" : L'influence de la posture corporelle sur le cerveau

La prise de décision dans la vie réelle

Cette relation a été démontrée par une étude connue sous le nom de "Iowa Task" menée aux États-Unis par le chercheur Antonio Damasio et visant à simuler une prise de décision dans la vie réelle.

Changements corporels. C'est ce que le chercheur a appelé le marqueur somatique, des changements corporels qui reflètent un état de conscience qui, si les volontaires avaient su l'interpréter et l'écouter, leur aurait évité de soulever le reste des 70 cartes en moyenne : "Le corps sait ce que l'esprit n'a pas encore réalisé".

Notre cerveau perçoit également comment nous sommes, comment nous nous sentons, mais aussi comment est la personne qui interagit avec nous à travers sa posture, ses gestes... notre corps se prépare avant que le cerveau ne le fasse.

Cela nous aide à anticiper pour mieux contrôler nos réactions et celles des autres. Si nous lisons ces potentiels préparatoires, nous pouvons anticiper l'état dans lequel notre corps va nous amener, c'est la base de l'intelligence émotionnelle car il est plus facile de gérer l'émotion à un stade précoce que lorsqu'elle est déjà débordante.

L'impact avec le mental


Nos 5 sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher et le goût. Ces 5 sens nous permettent d'interagir avec l'environnement. Savoir apprécier quelque de chose de bon pour nous : musique, art, câlin, nourriture... Ils nous servent également à nous prévenir d'un danger. Si vous voyez un feu, vous vous en éloignez. Si un caillou vous fait mal dans la chaussure, vous prenez conscience d'un – petit – danger potentiel.

Pas 5 sens mais 7

Les neurosciences admettent que nous avons 7 sens. Aux 5 habituels s'ajoutent :

* L'interoception. La perception de ce qui se passe dans l'organisme, dans nos organes.

* La proprioception. La posture, les gestes, les sensations que nous avons dans notre corps.

Et il s'avère que ces 2 sens sont bien plus importants pour le cerveau que les 5 sens historiques.

Notre posture et notre visage envoient des signaux importants à notre cerveau, et c'est à ces informations que notre cerveau réagit. Si j'ai un visage en colère, le cerveau interprète ce visage comme étant en colère et active donc les mécanismes de colère. De la même manière, lorsque le corps a une posture triste, le cerveau commence à activer les mécanismes neuronaux de la tristesse.

Le cerveau a une représentation de l'organisme au niveau du cortex somato-sensoriel. Ainsi le cerveau donne plus d'importance à certaines parties du corps qu'à d'autres, et ce à quoi le cerveau donne plus d'importance dans l'ensemble du corps, c'est le visage, les mains et la courbure du corps.

Et au-delà de la posture, il y a aussi le visage. Le cerveau attache une importance considérable à ce qui se passe sur le visage.

Les personnes qui froncent les sourcils – et c'est quelque chose que nous faisons beaucoup avec les téléphones portables qui ont de petits écrans – activent une zone liée à l'amygdale. C'est une partie du cerveau qui se trouve dans les zones profondes et qui est plus impliquée dans les émotions.

L'amygdale, qui ressemble à une amande, est une zone qui s'active lorsqu'une situation stressante arrive, elle se développe davantage. C'est un domaine où il vaut mieux rester calme. En essayant d'adoucir cette partie, le froncement de sourcils, désactive un peu notre amygdale, elle se détend.

Par extension, on peut se dire que le phénomène se double s'il y a des douleurs dans le corps. L'interoception va envoyer des informations "négatives" au cerveau, et la crispation du visage liée à la douleur va doubler ce circuit.

La courbure du dos

Le cerveau possède une zone exclusivement dédiée à la vision de la posture du corps. Être affaissé est quelque chose qui vient avec le fait d'être triste. Nous sommes tous affaissés ces derniers temps, car nous passons, entre autres, huit heures par jour devant un ordinateur. Le télétravail a modifié le comportement de bons nombres de personnes : les home-offices sont loin d'être tous aussi ergonomiques qu'au travail et évitent la coupure travail/maison.

Que faire ? Consulter un professionnel adapté – un chiropracteur – qui va "reprogrammer" le système nerveux et améliorer la communication corps/cerveau pour vous permettre de vous redresser sans difficulté. Il va aussi vous donner des astuces pour que cela soit plus facile et gérable pour vous.

Vous sentirez ainsi que votre mental s'améliore. Une amélioration de votre prise de recul, une meilleure concentration, plus de joie de vivre.

À présent, nous savons scientifiquement pourquoi.

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Comment votre posture affecte votre vie


De nos jours, vous passez probablement plus de temps que jamais à votre bureau. Avec de longues journées devant un ordinateur, il est facile de négliger sa posture. Cependant, saviez-vous qu'une mauvaise posture n'affecte pas seulement vos maux de dos ?

Améliore les niveaux d'énergie

La fatigue du zoom ne concerne peut-être pas seulement vos yeux et votre cerveau ; elle peut en fait être attribuée à votre dos. Le fait d'être affaissé peut considérablement réduire votre énergie. Comme les muscles de votre corps et de votre dos doivent travailler plus fort pour soutenir votre corps, vous risquez d'être plus fatigué que vous ne le seriez autrement. Essayez de vous étirer ou de faire attention à votre posture tout au long de la journée. Vous pouvez également changer de position ou travailler à un bureau debout pour donner à votre dos un répit nécessaire.

Affecte votre santé mentale

Votre posture peut en fait affecter votre humeur et votre état mental. Les personnes qui marchent ou s'assoient dans une position avachie ont souvent des sentiments accrus de dépression et de malheur. Alors, tenez-vous droit et vous vous sentirez peut-être plus attentif, plus heureux et plus confiant.

Affecte les fonctions corporelles

Votre posture affecte en fait de nombreuses fonctions de votre corps. Lorsque vous avez une bonne posture, vous empêchez vos organes d'être écrasés et vous permettez à votre corps de fonctionner plus normalement, qu'il s'agisse de la digestion, de la circulation ou de la respiration.

Aide votre carrière et votre vie sociale

Ce n'est un secret pour personne : le langage corporel est important. Une bonne posture vous rend plus accueillant et chaleureux, alors qu'une mauvaise posture peut indiquer que vous n'êtes pas intéressé et que vous êtes fermé. De même, une bonne posture peut se traduire par une carrière plus réussie. En vous tenant droit, vous communiquez votre confiance et votre compétence. Cela vous aidera certainement à vous sentir plus sûr de vous, mais ce n'est pas seulement dans votre tête : vos hormones de stress diminueront et votre taux de testostérone augmentera.


Techniques d'entraînement

L'entraînement nous permet de mieux contrôler notre corps et notre cerveau.

Les meilleures techniques pour y parvenir sont celles qui régulent la perception de soi en observant les pensées et l'état du corps, comme le yoga, la méditation, le tai chi et le chi kung, car elles visent à équilibrer la relation entre le corps et l'esprit.

Une bonne posture est évidemment importante, mais comment l'améliorer ? L'exercice est un moyen facile. Des exercices tels que la course ou la marche peuvent améliorer la solidité des os, ce qui est bon pour la posture, et des exercices de renforcement du tronc peuvent renforcer les muscles du dos et de l'abdomen pour maintenir la colonne vertébrale droite. S'asseoir avec des appareils électroniques et placer son bureau à la bonne hauteur sont également des solutions importantes et faciles à mettre en œuvre pour améliorer la posture. Le fait d'avoir des appareils électroniques sur les genoux ou à la mauvaise hauteur peut vous faire pencher vers le bas et exercer une pression sur votre cou et votre dos.

Accordez plus d'attention à votre corps et privilégiez votre esprit

Il est temps d'accorder plus d'attention et d'importance au langage corporel afin que l'esprit puisse mieux l'interpréter, apprendre à l'écouter et accroître l'intelligence émotionnelle, favoriser la prise de décision, augmenter l'attention, la mémoire et la capacité d'expression.

On sait aujourd'hui que la posture corporelle est un facteur déterminant pour le cerveau. Il est recommandé de soigner la posture corporelle par l'ostéopathie crânio-sacrée et par la pratique du tai-chi et du chi kung.


Cela confirme l'importance d'une posture saine
 et d'habitudes d'hygiène mentale


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