samedi 28 avril 2018

Les Émotions et le Fonctionnement du Cerveau



Le cerveau est l'organe des émotions : il donne naissance à la joie, la tristesse, la peur ou la colère

À mesure de l'avancement des connaissances sur les mécanismes cognitifs et cérébraux mis en jeu dans l'attention, la mémoire, ou encore le raisonnement, neuroscientifiques et psychologues ont progressivement constaté combien les émotions peuvent influencer les processus cognitifs.

L'émotion est une impulsion qui pousse la personne à agir, la racine étymologique du mot vient du latin "e-movere", c'est-à-dire "aller à" qui se résume finalement en : attaque, fuite ou combat.

Les émotions sont des réactions inconscientes que la nature a conçues pour garantir la survie et que, pour notre propre bénéfice, nous devons apprendre à gérer (pas éradiquer).

L'émotion est une réaction qui survient suite à un stimulus perçut par l'individu qui va provoquer des activités synchronisées dans plusieurs parties de l'organisme, comme dans le système lié au traitement des informations et aux systèmes liés au corps.

Les émotions telles que la joie, la colère, la peur, la honte ou le dégout peuvent entrainer un changement de comportement comme :

* Des bonnes ou des mauvaises pensées
* Des expressions motrices (faciales, vocale, gestuelle ou posturale)
* Un changement du rythme cardiaque
* Un déclenchement de motivation
* Un système subjectif

Les émotions varient dans le temps, comprendre leurs variations, leur dynamique et les régions cérébrales impliquées dans ces processus requiert de nouveaux développements d'un point de vue thérapeutique.

Il faut garder à l'esprit que les variations émotionnelles sont un facteur déterminant dans l'apparition de maladies mentales telles que la dépression, le stress post-traumatique et même de graves troubles de la personnalité.

Savoir ce qui se passe en nous lorsque nous ressentons une émotion et comment cette émotion évolue au fil du temps a été le champ d'investigation d'une discipline connue sous le nom de dynamique des émotions.

Les émotions suivent une série de modèles bien connus. Une émotion peut apparaître soudainement ou progressivement, de sorte qu'on parle du degré d'explosivité d'une émotion. Une fois soulevée, la phase de compensation de l'émotion se produit, c'est-à-dire son intensification ou son atténuation dans le temps, évaluée par son degré d'accumulation.

Les bases cérébrales de ces deux phases et leurs éventuelles variations au cours du temps ne sont pas connues, bien que des recherches récentes aient identifié certaines régions du cerveau impliquées dans l'émergence d'émotions, comme le cortex préfrontal médian, l'amygdale ou l'insula.


Cerveau émotionnel et cerveau rationnel


Le cerveau rationnel ou néocortex comprend 2/3 du cerveau humain. C'est ce qui nous donne la qualité d'humain et d’être pensant. Le néocortex est divisé en deux hémisphères ; chacun d'eux est responsable de l'exécution de différents processus mentaux.

On parle de cerveau rationnel et de cerveau émotionnel qui doivent rester en harmonie pour un meilleur équilibre.

Le cerveau émotionnel ou système limbique  situé au-dessous du cortex cérébral  est composé du thalamus, de l'hypothalamus, de l'amygdale et de l'hippocampe.

* L’hypothalamus est un organe du système nerveux qui intervient dans la régulation de certains comportements comme le stress et la défense. Il régule aussi l’alimentation et les fonctions sexuelles.

* L'hippocampe joue un rôle très important dans la mémoire et l'interprétation de ce que nous percevons. L’hippocampe régule le stress et l’anxiété et est responsable de nos capacités de mémorisation.

* Le thalamus permet la régulation du sommeil, de la vigilance et de la conscience. Cette région trie les nouvelles informations envoyées par le cerveau et est capable de produire les émotions transmises ensuite à l’amygdale.

* L'amygdale cérébrale joue un rôle fondamental, c'est elle qui envoie les impulsions qui transmettent les émotions et qui est le centre du contrôle émotionnel, et qui influence directement l'apprentissage et la mémoire.

L’action commune et complémentaire des dites régions constitue un système moteur émotionnel. Les mêmes structures qui traitent les signaux émotionnels participent à d’autres tâches, comme la prise rationnelle de décisions et les jugements moraux.

Différences physiques entre le cerveau rationnel et émotionnel


La recherche a trouvé des différences physiques entre les cerveaux des personnes qui réagissent émotionnellement aux sentiments et celles qui répondent plus rationnellement.

Les gens ayant un haut niveau d'empathie affective sont ceux qui ont souvent peur quand ils regardent un film d'horreur, ou qui commencent à pleurer pendant une scène triste. Inversement, ceux qui ont une forte empathie cognitive sont plus rationnels, par exemple lorsqu'un psychologue clinicien conseille un patient.


Fonctionnement dans le cerveau

Le tronc cérébral est la partie la plus primitive du cerveau et régule les fonctions de base telles que la respiration, le rythme cardiaque ou le métabolisme.

Immédiatement au-dessus du tronc se trouve le système limbique, siège des émotions, grâce auquel les premiers êtres humains ont pu réagir pour s'adapter aux exigences d'un environnement changeant, et développer la capacité d'identifier les dangers et de les éviter.

Amygdales cérébrales
Le système limbique est lié à la mémoire et à l'apprentissage. Dans cette région se trouve l'amygdale, siège de la mémoire émotionnelle et cela nous permet de donner un sens à nos expériences, en reconnaissant les choses que nous avons déjà vu et leur donner de la valeur.

Au-dessus du système limbique est le néocortex, qui nous différencie du reste des espèces, parce qu'il nous permet d'avoir les sentiments, le langage, la compréhension des symboles, l’art, la culture, la civilisation... Autrement dit, cela nous permet de survivre et de donner un sens à notre vie.

La partie de notre cerveau dédiée aux pensées s'est développée à partir de la région émotionnelle. Ces zones cérébrales sont encore étroitement liées par des circuits neuronaux, ce qui signifie qu'il existe une relation entre les pensées, les sentiments et les émotions.

Le néocortex nous permet de lire, d'interpréter et de contrôler nos émotions. Mais avoir la capacité de contrôler les émotions ne signifie pas être rationnel avec nos sentiments et connaître les causes de tous les comportements.

Il arrive qu'il y ait beaucoup d'émotions gérées par le système limbique, où le cerveau finit par prendre des décisions indépendamment des lobes frontaux, notre cerveau se laisse emporter par l'activation du système limbique, empêchant le néocortex de faire son travail. Cela conduit à dire des choses que nous ne voulions pas dire, à les regretter.


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Recherche


Grâce à l'essor des techniques de neuro-imagerie non invasives, et parallèlement au développement des méthodologies expérimentales des neurosciences cognitives, l'étude des structures cérébrales impliquées dans la réponse émotionnelle a acquis ses lettres de noblesse et constitue aujourd'hui un domaine de recherche à part entière : les neurosciences des affects (Affective Neuroscience).

Les émotions évoluent au cours du temps

Une équipe des chercheurs de l’Institut du cerveau (ICM) en France, de l’université KU Leuven (Belgique) et de l’Université de Maastricht (Pays-Bas) dans une étude collaborative, publiée dans la revue Social Cognitive and Affective Neuroscience (SCAN) en avril 2017, met pour la première fois en évidence que les bases cérébrales des émotions varient en fonction du temps.

Pour savoir comment l’activité de ces différentes régions du cerveau varie-t-elle au cours des différentes phases d’une expérience émotionnelle, les chercheurs ont réalisé une expérience sur 31 participants. Ils leur ont demandé de rédiger plusieurs textes courts sur des sujets personnels comme leurs rêves ou les aspirations. Ces textes étaient ensuite lus par des juges qui en déduisaient la personnalité des participants. En réalité, tous les participants recevaient les mêmes retours négatifs ou neutres sur leur personnalité, indépendamment de leurs textes.

Les chercheurs ont ensuite demandé aux participants de lire et de réfléchir à ces retours pendant 90 secondes et de notifier les changements émotionnels ressentis au cours du temps. En parallèle, l’activité de leur cerveau était enregistrée par IRM fonctionnelle, qui permet d’observer en temps réel l’activation des différentes régions du cerveau.

Les chercheurs ont ainsi pu étudier les régions du cerveau impliquées dans l’explosivité et l’accumulation des réponses émotionnelles suite à une expérience sociale négative, connue pour générer des réponses émotionnelles qui durent dans le temps et qui permettent donc de bien différencier les deux phases.

Les résultats montrent que les phases de déclenchement et de compensation des émotions sont les deux principaux constituants des changements émotionnels au cours du temps et sont associés à des régions distinctes dans le cerveau.

Les différences au niveau de l’explosivité du déclenchement de l’émotion sont liées à une activité dans le cortex préfrontal médian. Cette région est supposée être impliquée dans la perception que l’on a de soi-même. Ici, son activation pourrait donc refléter la différence entre l’évaluation donnée par les juges et l’idée que les participants ont d’eux-mêmes.

Les différences au niveau de l’accumulation sont, elles, liées à l’activation de la partie postérieure de l’insula, une région connue pour jouer un rôle clé dans l’intégration des signaux émotionnels.

Il s’agit de la première étude montrant que l’activité des régions du cerveau qui orchestrent la réponse émotionnelle varie au cours du temps. Elle souligne par là même l’importance de prendre en compte cette dimension temporelle pour comprendre les bases cérébrales de l’évolution des émotions, du déclenchement à l’intensification ou à l’atténuation, à la suite d’un processus d’exclusion sociale. Ces résultats pourraient avoir des conséquences sur les traitements des troubles de la santé mentale.

Flore intestinale et émotions sont liées

Selon une étude réalisée par des chercheurs de l'université de Californie, publiée dans Psychosomatic Medicine : Journal of Behavioural Medicine en juin 2017, la flore intestinale influence à la fois notre santé physique et notre état émotionnel. Sa composition est liée à la densité de certaines zones cérébrales et au comportement humain.

Les chercheurs ont établi le profil intestinal de 40 femmes en bonne santé, grâce à des échantillons fécaux. Ils ont aussi observé le cerveau de ces femmes par IRM pendant qu’elles regardaient des images qui devaient provoquer chez elles des réponses émotionnelles. Les femmes ont été séparées en deux groupes en fonction de la composition de leur flore intestinale : 33 d’entre elles avaient plus de bactéries Bacteroides, et les 7 autres avaient plus de Prevotella.

Dans le groupe “Bacteroides”, l’épaisseur de la matière grise dans le cortex frontal et insulaire, deux régions impliquées dans le traitement de l’information, était plus importante. L’hippocampe, une région impliquée dans la mémoire, avait aussi un volume plus important.

Chez le groupe “Prevotella”, il y avait plus de connexions entre les régions cérébrales impliquées dans les émotions, l’attention, les sens, alors que le volume de certaines régions comme l’hippocampe était moins important. Lorsque les femmes “Prevotella” regardaient des images négatives, leur hippocampe était moins actif et elles montraient plus de sentiments négatifs (anxiété, irritabilité) que les autres.

Ces résultats renforcent l’idée qu’il existe des interactions entre cerveau et intestin chez les humains. On peut imaginer améliorer l'humeur de quelqu'un en modifiant sa flore intestinale, ce qui pourrait éviter les effets secondaires des antidépresseurs et anxiolytiques.

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Le zéro émotionnel


Ce concept définit le point où les circuits neuronaux ont été formés, qui détermineront comment un enfant traitera des situations du point de vue émotionnel tout au long de sa vie. De cette façon le circuit fermé y reste et bien que l'expression et le contrôle des émotions puissent être appris a posteriori, il faudra toujours partir de la base neuronale qui se forme jusqu'à l'âge de deux ans.

La clé pour favoriser le développement émotionnel chez l'enfant sera dans les relations d'intersubjectivité qui s'établissent entre l'enfant et les personnes avec lesquelles il est apparenté.

Le lien physique et émotionnel entre les parents et leurs enfants est très important. C'est le fondement du développement émotionnel de l'enfant. Lorsque l'enfant se sent en sécurité avec son environnement, l'estime de soi de l'enfant est renforcée. L'enfant se sentira en sécurité et fera attention à l'environnement et commencera à explorer et à apprendre. Lorsque les enfants ne reçoivent pas d'amour à la maison, ils perdent l'estime de soi et cela entraîne des problèmes sociaux et émotionnels à l'avenir.

Dans la figure : Activation de différentes régions du cerveau, dans un contexte émotionnel positif, qui facilitent la mémoire. Ce sont les gyrus droits : linguale (GL), hippocampe postérieur (pGH), hippocampe antérieur (aGH) et fusiforme (GF).

Les neurosciences ont montré que les émotions entretiennent la curiosité, nous servent à communiquer et sont essentielles dans les processus de raisonnement et de prise de décision, c'est-à-dire que les processus émotionnels et cognitifs sont inséparables. En outre, les émotions positives facilitent la mémoire et l'apprentissage, tandis que dans le stress chronique, l'amygdale  l'une des régions cérébrales clés du système limbique ou “cerveau émotionnel”  empêche le passage de l'information de l'hippocampe au cortex préfrontal, siège des fonctions exécutives.

Les neuroscientifiques définissent l'empathie comme une capacité socio-émotionnelle qui permet de percevoir, de partager et de comprendre les états émotionnels des autres.

Apprendre à connaître les émotions


Les émotions sont très présentes dans la vie de l'individu, il est donc important d'apprendre à les connaître et à les gérer, car les émotions affectent d'autres capacités humaines, telles que penser, résoudre des problèmes ou prendre des décisions. Donc, si nous sommes pleins d'émotions positives, il sera plus facile d'obtenir quelque chose de positif à la suite de nos comportements. Par exemple, deux personnes ayant les mêmes compétences peuvent avoir différents niveaux de succès et cela dépend de l'émotion que chacun d'eux porte lorsqu'il agit.

Si nous ne gérons pas bien les émotions, en particulier celles qui sont négatives, nous ne serons pas capables d'accomplir nos tâches quotidiennes, comme se concentrer, se souvenir, apprendre et prendre des décisions.

La conscience émotionnelle est définie comme l’intensité avec laquelle nous apprécions notre propre ressenti émotionnel, afin d’en évaluer les conséquences, le sens, mais aussi dans quelle mesure nous sommes capables de percevoir, d’analyser et d’intégrer les émotions de notre entourage. Une conscience émotionnelle avertie va contribuer à un bon niveau de compétences émotionnelles.


Cerveau émotionnel : Nourriture, Système immunitaire, Sommeil et Stress

Le microbiome est lié à nos émotions. Le nom scientifique de l'axe qui les relie est appelé l'axe microbiote-intestin-cerveau. C'est un système merveilleux, complexe et compliqué, de haut en bas et de bas en haut, de connexions réciproques du cerveau à l'intestin et de l'intestin au cerveau à travers les hormones, le système immunitaire, le système nerveux sympathique et le nerf vague.

Le système entérique est un réseau de plusieurs millions de neurones qui régulent le péristaltisme  le transit intestinal  et qui fonctionnent grâce à plusieurs neurotransmetteurs, mais principalement à la sérotonine (90% de la sérotonine se trouve dans la région abdominale, pas dans le cerveau). Ce neurotransmetteur est très impliqué dans les émotions et le sommeil. Quand nous dormons bien et que nous nous sentons heureux c'est une expression de la sérotonine.

Le système microbiote-intestin-cerveau est ce qui nous fait ressentir des émotions à travers le corps. Tout est connecté, les viscères et le cerveau, et cette connexion peut aller dans deux directions : cerveau-intestin ou intestin-cerveau. Les micro-organismes peuvent modifier indirectement l'homéostasie cérébrale.

Lorsque nous sommes en situation de stress, nous avons un taux élevé de cortisol, la barrière imperméable des bactéries se détériore et s'il y a contact avec le sang, il peut être à l'origine de plusieurs maladies auto-immunes.

Pour éviter cela, le régime méditerranéen, le sport et une bonne gestion du stress par l'intelligence émotionnelle  la gestion de nos émotions  sont fondamentaux. L'anxiété et la dépression, parmi d'autres pathologies, trouvent leur origine dans un pourcentage non négligeable du “second cerveau” et du microbiote.

Les fruits, les légumes, les produits laitiers fermentés (yogourt ou kéfir), entre autres, sont des aliments pré et probiotiques qui aident à créer une barrière imperméable aux bactéries qui recouvre l'intestin grêle.

Le stress, et sa principale hormone liée, le cortisol, ainsi que l'alcool, les antibiotiques, le tabac et l'excès de sucre (entre autres facteurs) aident à détruire cette barrière, provoquant l'entrée de certains microorganismes pathogènes dans la circulation sanguine provoquant une réponse immune-inflammatoire  les cytokines  qui vont atteindre le cerveau, modifiant in extremis la quantité de sérotonine que nous produisons dans le noyau raphé dorsal et ventrale du tronc-encéphale. D'où la relation entre ”le second cerveau” présent dans nos intestins, le microbiote et les émotions.

La flore ou microbiote intestinal est composée de l'ensemble des bactéries qui vivent dans l'intestin, la plupart d'entre elles jouant un rôle bénéfique pour la santé, car elles favorisent l'absorption des nutriments et sont essentielles à la synthèse de certains composés, tels que la vitamine K et autres du complexe B.

On estime que l'être humain a environ 2000 espèces bactériennes différentes, dont seulement 100 peuvent devenir nocives. La flore agglutine toutes les bactéries du système gastro-intestinal et constitue la plus grande réserve de microbiote de tout l'organisme humain.

Les chercheurs en ont déduit que malgré des psychologies différentes entre individus, les schémas d’activation cérébraux restent sensiblement identiques et que les émotions ont une signature caractéristique lisible dans différentes zones du cerveau.

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mardi 17 avril 2018

Substances Psycho-actives : Poppers – Captagon





Aujourd'hui, pour nommer l'ensemble de tous ces produits qui agissent sur le cerveau, que l'usage en soit interdit ou réglementé, on emploie le terme de psychotropes ou de substances psycho-actives.

Les drogues qui affectent spécifiquement les fonctions du système nerveux central (SNC), composé du cerveau et de la moelle épinière, sont appelés drogues psychoactives. Ces substances sont capables d'inhiber la douleur, de modifier l'humeur ou de modifier les perceptions, par exemple.

Selon l’OMS, une substance psycho-active s’entend d’une substance qui, lorsqu’elle est ingérée ou administrée, altère les processus mentaux, comme les fonctions cognitives ou l’affect.

Cette désignation de même que son équivalent de psychotrope sont les termes les plus neutres et descriptifs qui puissent s’appliquer à toute la catégorie des substances, licites ou non, qui présentent un intérêt pour les politiques de contrôle des drogues.

Au sein de ces définitions il y a toutes les substances psycho-actives, qu'elles soient légales (alcool, tabac, médicaments hypno-sédatifs) ou sont considérées comme illégales par les conventions et traités sur les substances psychotropes.

Les avancées en neurosciences ont permis de mieux connaître les processus physiques par lesquels ces substances agissent.

Poppers

Le mot "Poppers" est l’appellation commune attribuée à des dérivés du nitrite. Ces nitrites se présentent tous plus ou moins de la même manière et ont les mêmes effets à quelques subtilités près.

Le Poppers est un vasodilatateur  il dilate les vaisseaux sanguins  et permet au sang d’arriver plus rapidement jusqu’au cœur. Il a été initialement employé par le corps médical pour traiter certaines maladies cardiaques.

Inventé en 1844 par le chimiste français Antoine-Jérôme Balard qui synthétise le nitrite d’amyle, il est utilisé pendant le 19e siècle pour guérir les angines de poitrine. Dès les années 1970, le Poppers circule d’abord dans les milieux homosexuels pour ses effets sur la sexualité : augmentation de la durée de l’érection, amplification des contractions orgasmiques, retard de l’éjaculation.

Le Poppers se trouve généralement sous forme de produit chimique liquide transparent jaunâtre très volatil et inflammable, vendu dans une petite bouteille (ou fiole) colorée ambre ou brun dont la contenance varie entre 8 et 30 ml. De très nombreuses appellations commerciales sont utilisées pour le désigner. La consommation de Poppers est légale et autorisée en France.

Les ampoules contenant ces substances produisaient à l’ouverture un bruit  pop  qui a donné le nom au produit. Les principaux effets annexes observés étaient de l’euphorie et un sentiment de relaxation, qui furent détournés pour être utilisés lors de rapports sexuels entre individus, pour un usage dit “récréatif” en opposition avec son usage médical.  Il peut avoir des répercussions négatives tant sur la santé que sur les performances sexuelles.

Le Poppers est la substance la plus couramment expérimentée dans la population adulte après l’alcool, le tabac et le cannabis. Consommé dans un cadre festif ou pour agrémenter sa sexualité.

Effets

La seule voie d’utilisation du Poppers est l’inhalation de ses vapeurs par le nez et parfois par la bouche (mais c’est rare).

Le nitrite d'amyle détend les muscles lisses involontaires du corps, et notamment ceux qui entourent les vaisseaux sanguins. Cette vasodilatation élargit les vaisseaux sanguins, produisant un afflux de sang et d'oxygène dans tout le corps. C'est ce qui explique son effet euphorisant.

Les effets se font sentir très rapidement, mais ne durent pas longtemps et se dissipent au bout de 2 à 3 minutes.

L’intensité des effets varie selon les individus, le contexte dans lequel il est consommé, la quantité et la qualité du produit inhalé. À court terme le Poppers peut provoquer :

* Une augmentation de l’excitation sexuelle,
* Un sentiment d’euphorie et d’ivresse passagère.

La consommation de Poppers entraine en quelques secondes une activation accrue du rythme cardiaque, une détente musculaire et une forte sensation de chaleur, notamment au niveau de la peau. Ils sont connus aussi pour dilater le sphincter, rendant alors le sexe anal plus facile.

Des pertes de la vision ont été associées à des consommations même occasionnelles de Poppers. Elles sont réversibles mais durent parfois plusieurs mois.

Les effets désinhibiteurs du produit augmentent la probabilité d’avoir des relations sexuelles non protégées. Ses effets relaxants, qui facilitent les pénétrations sexuelles, peuvent empêcher de ressentir les irritations ou les lésions lors des relations, favorisant ainsi la transmission de maladies sexuellement transmissibles.

Effets secondaires

Lors d’un usage occasionnel. Vertiges, maux de tête, étourdissements, transpiration, rougeurs de la peau, irritation des yeux, sensibilité à la lumière, baisse de la tension artérielle, brûlure des narines.

Usage régulier. Éternuements, écoulement nasal et inflammation des muqueuses nasales, problèmes cutanés : éruptions, croûtes autour du nez ou de la bouche (par des brûlures).

A forte dose. Le Poppers peut provoquer des vertiges, des évanouissements, des asphyxies, des accidents cardiovasculaires ou entraîner une hyper-ventilation, risquant de conduire à une crise de tétanie. Les effets sont parfois mortels, les personnes souffrant de troubles cardiaques étant les plus à risque. Le mélange avec des médicaments favorisant l’érection et contenant du sildénafil est également particulièrement dangereux et éventuellement fatal.

Dépendance

Les Poppers ne provoquent pas de dépendance physique ni d’accoutumance, l’accoutumance étant le besoin d’augmenter les doses pour obtenir le même effet. Néanmoins, le consommateur peut devenir fortement dépendant psychologiquement du produit, particulièrement s’il le consomme pour accompagner ses pratiques sexuelles.

Précautions

Toute consommation expose à des risques. Il est toujours préférable de s’abstenir, en tout cas de reporter la consommation, quand on se sent fatigué, stressé, mal ou qu’on éprouve de l’appréhension. Il est également préférable de consommer avec des gens de confiance, dans un contexte rassurant.

Des précautions extrêmes doivent être prises car ce médicament réduit le fonctionnement du système immunitaire. En outre, la combinaison de Poppers avec des stimulants tels que l'alcool et d'autres drogues telles que la cocaïne augmente les risques.

Son effet en tant que médicament sexuel récréatif peut empêcher le consommateur de ressentir de l'irritation ou des déchirures pendant les rapports sexuels et, par conséquent, augmente non seulement le risque de traumatisme corporel, mais aussi la transmission du VIH et d'autres maladies vénériennes. Sa consommation produit que les muqueuses corporelles soient plus exposées aux infections par la syphilis, la chlamydia ou le VIH.

Le Poppers est un acide : s'il tombe sur la peau et les muqueuses (y compris l'anus), il provoque des blessures. En cas d’éclaboussures accidentelles, la peau doit être lavée avec beaucoup d'eau. Il est recommandé de ne pas inhaler la substance par la bouche, de ne jamais la boire ou l'injecter.

C'est un produit hautement inflammable et une étincelle minimale de cigarettes, briquets, etc., peut provoquer un incendie rapidement.

Contre-indications

Les personnes ayant des problèmes cardiaques, l'anémie, le glaucome (haute pression dans l'œil) ou les changements de pression artérielle ne doivent pas ingérer ce type de substance.

La consommation de Poppers a son côté dangereux lorsqu'il est mélangé avec d'autres médicaments qui interfèrent également avec le rythme cardiaque, comme la cocaïne ou l'ecstasy.

L'inhalation de Poppers est interdite aux personnes souffrant de problèmes cardiaques et en particulier ceux qui ont pris du Viagra dans les dernières 24 heures, cette combinaison peut être fatale.

Le Poppesr a un risque supplémentaire pour les personnes ayant un système immunitaire affaibli, des problèmes cardiaques, une pression artérielle élevée ou basse, des antécédents d'hémorragies cérébrales, l'anémie.

Chez la femme enceinte, la consommation de Poppers peut provoquer une maladie du fœtus appelée syndrome du bébé bleu.

Les Poppers avaient été interdits par le gouvernement en 2011, mais ils sont à nouveau disponibles en vente libre depuis 2013 à la suite d'une décision du Conseil d'Etat qui a estimé qu'aucune étude scientifique n'avait permis d'établir que les produits contenant des nitrites d'alkyle  comme c'est le cas des Poppers  présentaient  un risque de pharmacodépendance ou d'abus.


Captagon

Le Captagon est un dérivé de deux molécules, la théophylline et l’amphétamine. C’est un médicament qui servait notamment au départ pour le traitement de la grippe. Il est constitué de fénéthylline, une amphétamine inscrite sur la liste des substances psychotropes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 30 ans.

Le captagon ou fénéthylline, à l’origine prescrit pour calmer l’hyperactivité et la narcolepsie, est un médicament composé d’amphétamines et de caféine.

Commercialisé à la fin des années 1950, il a été utilisé comme drogue récréative dans le milieu artistique des années 1970 puis comme stimulant dans le milieu sportif jusqu’aux années 1990. Il était prescrit par certains médecins pour lutter contre la fatigue et aider les patients à supporter de fortes fièvres. A cause de la grande dépendance qu’il crée, il a été interdit en 1981 aux Etats-Unis et en 1986 dans la plupart des pays.

Le Captagon est fabriqué dans plusieurs sites, en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Le Liban était jusqu’en 2011, le principal centre de fabrication du Captagon.

Depuis, le produit serait fabriqué en Syrie et en Bulgarie pour seulement quelques dollars. Et cette drogue serait revendue ensuite entre 5 et 20 dollars l'unité ou même échangée contre des armes.

Effets

Le Captagon a un effet énergisant, c’est un stimulant qui génère une absence de douleur et d’empathie. A forte dose il procure en outre une sensation de bien-être et a un effet désinhibant. Parmi ses effets secondaires on constate une transpiration abondante et une incapacité à s’endormir. Il y a aussi des risques cardiovasculaires à consommer du Captagon.

Au niveau moléculaire, la fénéthylline pénètre dans les neurones et chasse deux neurotransmetteurs, la noradrénaline et la dopamine, présentes dans les vésicules. La libération de noradrénaline hors des neurones augmente la vigilance et réduit le sentiment de fatigue. La dopamine, elle, agit notamment sur le circuit de la récompense, responsable de la sensation de plaisir et, à haute dose, de l'addiction.

Les effets de cette drogue ne sont pas cantonnés au cerveau. Le captagon augmente la libération du glucose, ce qui permet de prendre du muscle sans fournir d'effort. De plus, la libération de noradrénaline accélère significativement le rythme cardiaque.

Mais tous ces effets restent temporaires. Les neurones doivent fabriquer de nouveau l'adrénaline et la dopamine rapidement libérées des vésicules neuronales, et seul le repos le permet. En l'absence de sommeil les individus ressentent une fatigue intense, une psychose, des fonctions mentales altérées, l'alternance de phases d'euphorie et de dépression.

Une fois les effets du Captagon diminués, c’est une forme de psychose, d’altération des fonctions mentales, d’euphorie, suivie de dépression qui s’installe. Un état physique durant lequel aucune douleur ni aucune peur ne sont ressenties.


Le captagon, la drogue des djihadistes

Avec le sentiment d’invincibilité et l'euphorie qu'il procure, le Captagon serait consommé en grande quantité par les djihadistes de Daesh. Une drogue puissante qui, couplée à un état mental fragile, renforcerait chez eux la violence et l’illusion de toute-puissance.

Le Captagon est aujourd’hui vendu aussi bien aux combattants de l’Armée syrienne libre qu’à ceux du Front al-Nosra ou du groupe Etat islamique. Un commerce des plus lucratifs pour les trafiquants de drogue de la région, facilité par le chaos qui règne en Syrie.

Un autre facteur clé de la drogue dans la guerre est le facteur économique. En raison de son faible coût et prix élevé, ainsi que de ses propriétés, c'est un produit avec beaucoup d'avantages. Pour cette raison, il est utilisé par des organisations criminelles  et parfois liées à l'appareil gouvernemental des pays en conflit  pour générer de l'argent qui nourrit l'économie de la guerre.

Une drogue “populaire” dans le monde arabe. Si le Captagon est devenu l’apanage des kamikazes, cette drogue est depuis longtemps très courante dans le monde arabe. Il y a une quinzaine d’années, ces petites pilules blanches produites en Turquie et en Syrie avaient pour destination principale les pays de la Péninsule arabique. Selon un rapport de l'UNODC (United Nation Office on Drugs and Crime), la pilule coûte quelques centimes au Liban et elle se revend plusieurs dizaines de dollars dans les pays du golfe Persique.


Effets des substances psycho-actives sur le cerveau

Les substances psycho-actives perturbent la communication entre les cellules du cerveau. Les neurones communiquent entre elles grâce à une série de messagers biologiques appelés neurotransmetteurs. Ces neurotransmetteurs sont libérés par le neurone qui envoie le message et s’attachent aux récepteurs du neurone qui le reçoit.

Certaines substances psycho-actives sont capables d’imiter les effets des neurotransmetteurs. D’autres interfèrent avec le fonctionnement normal du cerveau en le bloquant, ou en perturbant la manière dont les neurotransmetteurs sont stockés, libérés et éliminés.

Une substance psycho-active dont la structure moléculaire ressemble à celle d'une substance produite naturellement par l'organisme peut se fixer à la place de celle-ci sur les récepteurs spécifiques.

Pour exercer leurs effets, les substances psycho-actives ont différentes façons d’agir sur le cerveau. Elles s’associent à différents types de récepteurs, et peuvent augmenter ou diminuer l’activité des neurones par toute une série de mécanismes. Par conséquent, elles ont différents effets sur le comportement, différentes vitesses d’apparition de la tolérance, différents symptômes de sevrage, et différents effets à court et à long terme.

Malgré leurs différences, les diverses substances psycho-actives présentent des similarités dans leur manière d’agir sur les régions du cerveau impliquées dans les processus motivationnels, autrement dit la motivation, ce qui joue un rôle dans l’apparition de la dépendance à la drogue.

Les substances psycho-actives présentant un risque de dépendance agissent sur un circuit du cerveau dont la fonction est de favoriser les fonctions vitales (système de récompense). Il est impliqué dans la récompense (plaisir cérébral) des comportements liés à la nutrition et à la reproduction de l'espèce. Il participe ainsi à la satisfaction de vivre. Les substances psycho-actives stimulent anormalement ce circuit naturel et engendrent à terme la possibilité d'un déséquilibre plus ou moins permanent.

La toxicité potentielle des substances psycho-actives, comme celles de tout médicament, est liée à la quantité consommée. Elle varie d'un produit à l'autre. Donc plus on consomme un produit à des doses toxiques, plus on en subit les conséquences. À l'inverse, moins on consomme un produit, ou si on le consomme à des doses non toxiques, moins on en subit les conséquences néfastes.

À mesure que le cerveau s'adapte à la présence du médicament, d'autres circuits cérébraux seront affectés et modifiés. Le premier d'entre eux et plus étroitement lié au circuit de récompense sera le circuit de la mémoire et de l'apprentissage. Ce sera le responsable de la création d'habitude et de dépendance.

L'apprentissage de la recherche du plaisir est instinctif, très fort et résistant à l'oubli. Tout ce qui implique l'obtention et l'administration du médicament sera fortement imprégné dans le cerveau, le rendant automatique, compulsif et inconscient.

Ce conditionnement du comportement peut durer de nombreuses années et provoquer un certain stimulus (ou mémoire) pour conduire à vouloir de la drogue même après une longue période d'abstinence.

Avec une consommation prolongée de ce type de substances qui affectent directement le cerveau, une détérioration prématurée de cet organe vital qui est chargé de nous faire travailler dans le monde, est atteinte.

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