jeudi 25 juin 2015

Fer et Autisme



Dans le cerveau, le fer est nécessaire pour la synthèse des neurotransmetteurs et de la myéline


Fonctions du fer dans le corps


Le fer est un oligo-élément essentiel pour la nutrition humaine. Il exerce un certain nombre de fonctions importantes dans le corps. Près de deux tiers du fer présent dans le corps se trouve dans l’hémoglobine, la protéine contenue dans les globules rouges qui transportent l’oxygène vers les tissus à partir des poumons.

Le fer est aussi essentiel pour le fonctionnement cognitif, la division cellulaire, le fonctionnement du système immunitaire et le métabolisme énergétique.

La moelle osseuse produit des globules tout au long de son développement. Ces globules rouges contiennent de l'hémoglobine dont l'élément principal est le fer. L'hémoglobine est la substance qui capte l'oxygène dans les poumons. En circulant dans les vaisseaux sanguins, les globules rouges fournissent l'oxygène et l'énergie nécessaires au corps pour les fonctions vitales et les activités quotidiennes.

Il a été prouvé qu'une carence en fer chez la mère avant et après la conception peut entraîner des problèmes de croissance chez son fœtus. Les premier et deuxième trimestres sont des étapes cruciales pour le développement du cerveau et du système neurologique du fœtus.

Une carence en fer de la mère peut augmenter le risque d'autisme pour l'enfant


Une étude réalisée par des chercheurs de l’Institut MIND (Medical Investigation of Neurodevelopmental Disorder) à l’ Université de Californie, publiée en septembre 2014 dans The American Journal of Epidemiology, fait le lien entre la carence en fer pendant la grossesse et l'autisme de l'enfant.

Une femme enceinte présentant une carence en fer est plus susceptible de donner naissance à un enfant autiste que les autres. Selon les chercheurs, une femme âgée de 35 ans ou plus souffrant d’un problème métabolique tel que la pression artérielle ou l’obésité, aurait cinq fois plus de risque de donner naissance à un enfant autiste.

L’étude a porté sur 520 paires de mères d’enfants autistes et 360 mères d’enfants non autistes. Les chercheurs ont étudié le dossier médical des participantes pendant six ans, avant et après l’accouchement. Trois mois avant la conception de l’enfant jusqu’à l’accouchement, les chercheurs ont suivi l’apport en fer de ces femmes (viande, poisson, céréales, crustacés, supplément en fer).  Au terme de l’étude, les chercheurs ont constaté que les femmes ayant un apport de fer important étaient celles dont les enfants n’étaient pas autistes.

Le fer est essentiel au développement du cerveau, notamment en ce qui concerne la production des neurotransmetteurs, la myélanisation et le système immunitaire, trois facteurs en lien avec l'autisme.

Spina bifida
Dans une étude préalable il a été constaté que les enfants de mères qui prenaient des suppléments d'acide folique depuis les premières semaines de la grossesse avaient moins de risque d''autisme. L'acide folique est important pour un bon développement du tube neural et les cordons postérieurs de la moelle, pour éviter chez l'enfant des maladies comme le spina bifida ou le myéloméningoncèle (il se produit quand la partie de tube neural ne se ferme pas complètement pour former le cerveau et la moelle épinière entre le 23 et le 26 jour de grossesse).

Le défaut d'acide folique ou de vitamine B a été lié à un plus grand risque d'autisme. Tant l'acide folique comme le fer sont impliqués dans le développement du cerveau du foetus.


Une carence en fer a des effets sur le développement du cerveau du bébé


Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Rochester, publiée dans la revue scientifique PloS ONE en 2011, une carence en fer en début de grossesse pourrait avoir un effet profond et durable sur le développement du cerveau de la mère et l’enfant.  Car si le manque de fer ne suffit pas à provoquer une anémie grave, il met la santé de la mère en danger.

Les bébés carencés en fer montrent des anomalies cérébrales, comme une plus grande lenteur dans le développement et l’apprentissage. Mais jusqu’à présent, les chercheurs ne connaissaient pas l’association entre le degré de carence en fer pendant la grossesse et ces troubles, et qu’en particulier, c’est sur le système nerveux central que la carence durant la grossesse, a le plus d’impact.

Les chercheurs ont établi que la période critique commence dans les semaines qui précèdent la conception et s’étend durant le premier trimestre et au début du second trimestre. La carence en fer qui commence dans le troisième trimestre ne semble pas nuire au cerveau en développement.

En étudiant la relation entre l’apport en fer chez la mère et le développement du fœtus, l’équipe a été en mesure de cerner les périodes critiques de gestation et la vulnérabilité du système nerveux central.

En utilisant des tests non invasifs ABR (auditory brainstem response analysis) qui permettent de détecter la vitesse de déplacement des informations de l’oreille au cerveau, les chercheurs ont réussi à mieux comprendre les déficiences ou les changements dans la myéline, la matière qui entoure les axones et est nécessaire au fonctionnement normal du cerveau.


Prévalence au niveau mondial


L’Organisation mondiale de la santé considère que la carence en fer représente le principal trouble nutritionnel au monde et constitue un problème de santé publique aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés.

Entre quatre et cinq milliards de personnes souffrent de carence en fer (UNICEF 2008) et près de deux milliards de personnes, soit plus de 30 % environ de la population mondiale, sont anémiques (OMS, 2008).

Les nourrissons de plus de six mois, les enfants, les adolescents et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables à la carence en fer. La carence en fer est très courante parmi les groupes de personnes issus des couches socio-économiques défavorisées

Au niveau mondial, les carences en micronutriments les plus courantes qui ont une importance du point de vue de la santé publique sont les carences en vitamine A, en iode et en fer. Comme ces carences coexistent souvent au sein de la même population, leurs conséquences néfastes s’en trouvent accentuées.

Le fer joue un rôle important pour de nombreuses fonctions essentielles du corps. De faibles consommations peuvent entraîner une carence en fer, qui constitue la carence en nutriments la plus répandue au monde. L’anémie engendre non seulement un risque de mortalité, maternelle surtout, mais a des effets considérables sur le développement des facultés cognitives, la capacité d’apprentissage et la capacité de travail.

Fer et fonctionnement cognitif. Bien que cette carence comporte des stades variés, les conséquences liées au stade final, c’est-à-dire l’anémie par carence en fer, sont la réduction de la fonction cognitive et du développement physique chez les enfants, ainsi que la réduction de la productivité au travail et la diminution de la résistance aux maladies infectieuses chez les adultes.

Plusieurs grossesses accroissent le manque de fer. En France, la Haute Autorité de Santé préconise la supplémentation en fer afin de prévenir une anémie ferriprive (carence en fer.) Mais ce régime n’est pas recommandé de façon systématique chez toutes les femmes enceintes. Seules celles qui présentent un risque de carence martiale en bénéficient. Les facteurs responsables d’une anémie ferriprive sont nombreux : antécédents, saignements récents, femmes multipares, grossesses rapprochées, apport alimentaire insuffisant.

La carence en fer, un «mal» commun en Afrique. La malnutrition due à la carence en micro-nutriments est un problème répandu partout en Afrique, où elle touche un grand nombre de personnes de tous les âges et de toutes les couches socio-économiques. Cependant, les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et les femmes allaitantes y sont particulièrement exposés.


La fortification des aliments


Il existe des stratégies efficaces pour prévenir et lutter contre les carences en micro-nutriments, notamment par la supplémentation, la diversification du régime alimentaire, des mesures de santé publique et la fortification des aliments de base consommés couramment et accessibles au plus grand nombre.

La fortification des aliments, notamment celle des aliments disponibles sur le marché, peut être une solution importante pour assurer une large couverture des populations cibles en micro-nutriments. L’iodation du sel offre une bonne illustration d’un programme national de fortification qui a permis de réaliser une couverture quasi-universelle.

Les besoins de fer pendant la grossesse


L’apport nutritionnel recommandé pour femme âgée de 18 à 50 ans est de 18 mg. Chez la femme enceinte, ce besoin est de 27 mg et de 30 à 50 mg à partir du 6ème mois de grossesse.

Pour assurer son bon développement, le fœtus dépend des nutriments absorbés par sa mère. De sa conception à sa naissance, le fœtus humain croît de façon exponentielle à un rythme incroyablement rapide.

Pour assurer cette croissance rapide, le corps humain requiert de grandes quantités de vitamines et de minéraux, plus particulièrement du fer.


Les aliments qui sont de bonnes sources de fer




* Poissons et des fruits de mer : des moules, palourde, coque, huîtres, sardines, anchois, calmars, poulpe, langoustines, crevettes, merlan, bar.
* Légumineuses et céréales : des pois chiches, lentilles, haricots, fèves, haricots verts, petits pois, riz complet, pain complet et soja. Les céréales au petit déjeuner sont une bonne option, certains contiennent du fer ajouté.
* Légumes et fruits : des épinards, bettes, scarole, ail, brocoli, persil, choux, artichauts, betterave, radis, poireaux et fraises.
* Viandes : bœuf, cheval, porc, agneau, lapin, canard, poulet, dinde, veau et foie.
* Laitages : des œufs, yaourt, lait et fromage.
* Fruits secs : des amandes, pistaches, noisettes, noix, fruits déshydratés (prunes, dattes).

Les aliments riches en vitamine C aident l’organisme à mieux absorber le fer des aliments, tandis que le thé et le café bloquent l'absorption de ce minerai. Il est recommandé de les éviter une heure avant et une heure après les repas.

Suppléments en fer. S’ils ne produisent pas de rejet, l'idéal c’est de les prendre à jeun avec une boisson riche en vitamine C comme un jus d'orange, par exemple, pour faciliter son absorption.



1 commentaire: