mardi 26 août 2025

Le Bébé Bilingue ou Multilingue




Parler une deuxième langue active le cerveau des enfants et améliore leurs connexions cognitives


L’acquisition du langage chez les enfants constitue l’un des traits les plus fascinants de l’espèce humaine, ainsi que l’un des problèmes les plus ardus de la linguistique et des sciences cognitives.

Loin de faire consensus, ce sujet a en réalité beaucoup divisé les communautés de chercheurs dans ces domaines : le XXe siècle fut marqué par l’idée très influente et controversée de Noam Chomsky selon laquelle l’acquisition de la langue native témoignerait d’une faculté grammaticale universelle et innée chez les humains, les distinguant des autres espèces animales.

La moitié de la population mondiale est bilingue. Les experts estiment non seulement que près de la moitié de la population mondiale serait bilingue, mais encore que le multilinguisme est en fait plus commun que le monolinguisme. Il suffit de se tourner vers quelques-uns des pays les plus peuplés du monde comme l’Inde ou la Chine.

Rien de surprenant qu’un enfant puisse être amené à apprendre plus d’une langue native. Ce serait même quelque chose à encourager, et non à prévenir comme entrave au développement de l’enfant ou à son intégration culturelle et sociale. De nombreux chercheurs ont ainsi souligné les nombreux bénéfices cognitifs et sociaux du bilinguisme tout au long de la vie. Parmi ceux-ci, on peut citer une meilleure mémoire, un déclenchement des maladies neuro-dégénératives plus tardif, ou une meilleure adaptation à des contextes sociaux différents.


Le bilinguisme dans le cerveau du bébé


Quels sont les procédés qui permettent à un enfant d’acquérir une maîtrise complète de sa langue native en à peine quelques années de vie, bien avant d’apprendre à lacer ses chaussures, et à un degré de compétence que les adultes n’égalent presque jamais ?

S’il est aussi impressionnant qu’un bébé puisse apprendre ne serait-ce qu’une seule langue, alors comment expliquer qu’il puisse aller jusqu’à en apprendre deux, trois, voire plus ?

La clé de voûte du bilinguisme chez les enfants semble résider d’une part dans un ensemble d’aptitudes cognitives générales chez les êtres humains de tout âge – telles que l’analogie, l’abstraction et la mémoire encyclopédique –, et d’autre part dans l’étonnante plasticité cérébrale d’un enfant, notamment entre 0 et 3 ans.

Connexions neuronales pour le langage des bébés

Dès la naissance, le cerveau commence à construire sa réalité, et cette réalité n'est pas la même chez tous les bébés, mais dépend de ce qu'il découvre autour de lui dans les mois et les années à venir. L'un des points les plus importants des premières années est le langage. Dès la première minute de vie, le cerveau commence à recueillir des informations sur les voix, les bruits, la musique, etc. Tout l'environnement du bébé créera une réalité dans son cerveau, qui se préparera aux situations qu'il vit à ce moment-là et qui lui sont familières.

Si un bébé écoute naturellement deux langues dès sa naissance, son cerveau créera une réalité différente de celle d'un bébé monolingue. Dans son monde, il est courant d'entendre et de parler deux langues de manière interchangeable, ce qui se traduira par la création de connexions cérébrales spécifiques à la langue. Le cerveau du bébé sera ainsi préparé à accéder à tout moment à des informations provenant des deux langues. De plus, cela se fera sans effort pour l'enfant, car c'est normal pour lui.

Les connexions cérébrales pour le langage commencent à se structurer à partir de la troisième semaine de vie et sont établies sur la base des informations que le cerveau recueille de son environnement, par l'intermédiaire des différents sens. Vers l'âge de 3 ans, la plupart des connexions cérébrales pour le langage sont finalisées. Le cerveau d'un bébé qui a été continuellement exposé à deux langues aura différencié deux formes de communication, qu'il utilisera en fonction de la personne qui s'adresse à lui (son père, sa mère, son grand-père...) et aura créé les connexions nécessaires pour que ce qu'il doit faire quotidiennement, à savoir parler dans deux langues différentes, se fasse sans effort.

Dès la naissance, l'enfant est capable de retenir et de catégoriser des stimuli linguistiques extrêmement riches en informations sur leur prononciation, leur structure et leur sens, ainsi que sur les contextes familiers et sociaux dans lesquels ils sont utilisés. Sur la base de ces informations, un enfant peut très rapidement déduire qu'un ensemble de constructions linguistiques diffère d'un autre en termes de conventions pour deux langues différentes – par exemple, le français et l'espagnol – surtout après la première année.

Les enfants âgés de 3 à 8 ans ont également plus de facilité à apprendre une autre langue et à développer le bilinguisme. La raison en est que les connexions cérébrales sont très récentes et que le cerveau est encore en état permanent d'apprentissage. Ainsi, un enfant de 4 ans aura plus de facilité à apprendre une deuxième langue qu'un enfant de 6 ans, et ainsi de suite.

Il acquiert ainsi une compétence que l’on nomme “alternance codique” (code-mixing), lui permettant de passer facilement d’une langue à l’autre, par exemple en fonction de son interlocuteur, et parfois au sein d’une seule et même phrase.

Laisser du temps à l’enfant

Bien sûr, la facilité que représente le bilinguisme pour un enfant ne signifie pas pour autant que son développement linguistique est tout à fait identique à celui d’un monolingue. Que ce soit pour les enfants qui apprennent deux langues simultanément, ou bien une deuxième langue avant l’âge de trois ans, la maîtrise de deux grammaires alternatives pour des contextes sociaux spécialisés représente une charge cognitive supplémentaire. Il n’est ainsi pas rare pour un enfant bilingue qu’il prenne un tout petit peu plus de temps qu’un monolingue à apprendre pleinement la langue qu’ils ont en commun. Ce léger écart, qui se manifeste parfois par des “mélanges” inter-langues, se résorbe très vite à mesure que l’enfant grandit.


Afin de guider davantage l’enfant et faciliter son acquisition bilingue, on cite souvent l’approche parentale dite “une personne, une langue”. Par exemple, si l’un des parents parle davantage espagnol à l’enfant tandis que l’autre utilise davantage le français, le bébé sera en mesure de plus rapidement distinguer deux systèmes linguistiques et à les convoquer dans des interactions avec des personnes spécifiques, par exemple hispanophones et francophones.

Par ailleurs, un équilibre dans la fréquence d’usage des deux langues à la maison permettra à l’enfant de bien les ancrer cognitivement en vue d’un usage régulier dans les années qui suivront. Si le couple parle deux langues et qu’il veut les transmettre à son enfant, il y a quelques habitudes qu’il peut prendre, mais il n’a pas trop à s’inquiéter : parlez fréquemment ces deux langues à votre enfant, il s’occupera du reste.


L'alternance codique

L'alternance codique, ou code-switching en anglais, est le fait de passer d'une langue à une autre, ou d'un registre de langue à un autre, dans un même discours ou énoncé. C'est un phénomène courant chez les personnes multilingues, où elles utilisent plusieurs langues dans leur communication.

L'alternance codique en effet, se produit lorsqu'un locuteur utilise des éléments de différentes langues ou registres dans sa conversation, que ce soit au sein d'une même phrase, ou en passant d'une phrase à une autre.

Ce phénomène est particulièrement observable chez les personnes bilingues ou multilingues, qui maîtrisent plusieurs langues et peuvent les mobiliser dans des contextes différents.

Fonctions

L'alternance codique peut servir à diverses fins, telles que :

S'exprimer avec plus de précision. Choisir le mot ou l'expression qui convient le mieux pour exprimer sa pensée, même si ce mot appartient à une autre langue.

Marquer son identité. Montrer son appartenance à un groupe social ou culturel particulier.

Renforcer la communication. Faciliter la compréhension mutuelle entre interlocuteurs.

Adapter son discours à la situation. Changer de registre de langue pour s'adapter à son interlocuteur ou au contexte de la conversation.

En résumé, l'alternance codique est un phénomène linguistique courant qui permet aux locuteurs multilingues d'utiliser différentes langues ou registres de langue dans leur communication, soit pour des raisons de précision, d'identité, ou d'adaptation au contexte.

L'alternance codique chez l’enfant

Le mélange de langues, ou alternance de codes, chez les enfants bilingues peut avoir des effets positifs et négatifs sur l'apprentissage des mots, selon le contexte et la manière dont il est utilisé. Si certaines études suggèrent qu'il peut entraver l'apprentissage de nouveaux mots, notamment lorsqu'il est mélangé au sein de phrases, d'autres indiquent qu'il n'est pas toujours préjudiciable et pourrait même être bénéfique dans certaines situations.

Effets négatifs potentiels

Encodage entravé. Des études ont montré que le mélange de langues, notamment au sein de phrases, peut temporairement entraver l'encodage des nouveaux mots qui suivent le segment mixte. Cela suggère que la nature imprévisible du langage mixte peut rendre plus difficile pour les enfants d'établir des liens clairs entre les nouveaux mots et leur signification.

Compréhension du vocabulaire. La recherche indique qu'un taux élevé de mélange linguistique parental peut être corrélé avec des capacités de compréhension du vocabulaire plus faibles chez les enfants, ce qui pourrait suggérer un effet inhibiteur sur l'acquisition d'un nouveau vocabulaire.

Coûts de traitement. Certaines recherches suggèrent que l’alternance codique, même lorsqu'elle est courante dans une communauté bilingue, peut entraîner des coûts de traitement, ce qui pourrait avoir un impact sur l’apprentissage des mots par rapport à l’exposition à une seule langue.

Effets positifs potentiels

Apprentissage statistique. Les enfants bilingues peuvent être plus aptes à apprendre les régularités statistiques du langage, ce qui peut être bénéfique pour l’apprentissage des mots.

Adaptabilité. L’exposition au mélange des langues peut rendre les enfants plus adaptables à un apport linguistique variable, ce qui pourrait les aider à gérer les complexités de l’utilisation du langage dans le monde réel.

Pertinence pour la communauté. Lorsque l’alternance codique correspond aux modèles linguistiques utilisés dans la communauté d’un enfant, elle peut ne pas constituer un obstacle majeur à l’apprentissage des mots.

Facteurs à prendre en compte

Dosage. La fréquence et le contexte du mélange des langues jouent probablement un rôle crucial. L’expositions répétée à des mots nouveaux, même dans des contextes linguistiques mixtes, pourrait atténuer les effets négatifs potentiels.

Distance linguistique. Le degré de similarité ou de différence entre les langues impliquées dans le mélange peut également influencer l’impact sur l’apprentissage des mots.

Statut socio-économique. Des recherches suggèrent que les enfants issus de milieux socio-économiques plus favorisés peuvent avoir de meilleures capacités de traitement du langage, ce qui pourrait influencer leur capacité à naviguer dans le mélange des langues.

Différences individuelles. Les capacités individuelles d'apprentissage du langage des enfants et la qualité de l'apport linguistique des personnes qui s'occupent d'eux peuvent également influencer la façon dont ils réagissent au mélange des langues.

En conclusion. Si le mélange des langues peut poser des problèmes pour l'apprentissage des mots dans certaines situations, il n'est pas négatif en soi. Les effets dépendent de divers facteurs, et les enfants bilingues peuvent toujours acquérir des connaissances linguistiques dans des proportions normales. Il est essentiel que les éducateurs et les parents comprennent ces facteurs pour soutenir efficacement le développement linguistique des enfants bilingues.

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Effets du mélange des langues sur l’apprentissage des mots chez les enfants bilingues



Des chercheurs de Concordia University (Vancouver) dans une étude, publiée en Bililingualism : Language and Cognition en août 2021, ont étudié les effets du mélange des langues sur l'apprentissage de nouveaux mots par les enfants.

Le mélange des langues est courant dans les environnements d'apprentissage des enfants bilingues.

Les chercheurs ont testé deux groupes d’enfants bilingues âgés de 3 ans : Français-anglais (expérience 1) et Espagnol-anglais (expérience 2). Les enfants ont appris deux nouveaux mots, l'un dans des phrases unilingues (“Regarde ! Tu vois le chien sur le teelo ?”) et l'autre dans des phrases mixtes avec un changement de langue en milieu de phrase (“Regarde ! Tu vois le chien/perro sur le walem ?”).

Pendant la phase d'apprentissage, les enfants ont correctement identifié les nouvelles cibles lorsqu'ils entendaient des phrases unilingues et mixtes. Cependant, lors du test, les bilingues français-anglais n'ont pas réussi à reconnaître le mot rencontré dans les phrases mixtes. Les bilingues espagnol-anglais n'ont reconnu aucun des deux mots, ce qui souligne l'importance d'examiner des populations bilingues multiples.

Cette recherche suggère que le mélange des langues peut parfois entraver l'encodage par les enfants de mots nouveaux apparaissant en aval, mais laisse en suspens plusieurs mécanismes sous-jacents possibles.

L’étude démontre aussi que si les parents mélangent les langues devant leurs enfants, ils risquent d'affecter la compréhension des deux langues par leurs enfants. Cela se produit parce que plus le mélange des langues est important, plus il est difficile pour les enfants d'apprendre de nouveaux mots.


Les effets du bilinguisme sur l'apprentissage intersituationnel des mots par les enfants dans différentes conditions de variabilité



Des chercheurs de la Boston University dans une étude, publiée par le Journal of Experimental Child Psychology en janvier 2023, ont examiné si la durée de l'expérience bilingue et les compétences linguistiques contribuaient à l'apprentissage de mots en situation (XSWL) chez les enfants bilingues espagnol-anglais d'âge scolaire.

L'apprentissage intersituationnel des mots (XSWL) est un mécanisme par lequel les individus apprennent le sens des mots en suivant les schémas de co-occurrence entre les mots et leurs référents potentiels lors d'expositions multiples. Il s'agit essentiellement de comprendre le sens d'un mot en observant les objets ou les événements auxquels il a tendance à être associé dans différentes situations.

Les chercheurs ont comparé les performances dans une condition de variabilité élevée, où les enfants étaient exposés à plusieurs locuteurs et exemplaires simultanément ; aux performances dans une condition où les enfants n'étaient exposés à aucune variabilité, que ce soit au niveau des locuteurs ou des exemplaires.

Les résultats ont révélé des effets graduels du bilinguisme et des capacités linguistiques sur le XSWL dans des conditions de variabilité accrue. Plus précisément, le bilinguisme a favorisé l'apprentissage lorsque la variabilité était présente dans l'entrée (input), mais pas lorsque la variabilité était absente de l'entrée (input). De même, des capacités linguistiques solides ont favorisé l'apprentissage dans des conditions de variabilité élevée.

En revanche, les enfants ayant des compétences linguistiques plus faibles ont appris plus d'associations mot-objet dans la condition sans variabilité que dans la condition avec variabilité élevée. L'ensemble des résultats suggère que la variation chez l'apprenant et la variation dans l'input interagissent et modulent les mécanismes d'apprentissage lexical chez les enfants.

Les enfants bilingues ont tendance à montrer un avantage dans l'apprentissage des mots, en particulier lorsqu'ils sont confrontés à la variabilité dans l'entrée ; par exemple, différents locuteurs, différents exemples du même objet. Cela suggère que leur expérience de l'apprentissage des langues peut les rendre plus aptes à extraire des correspondances mot-objet à partir de données bruyantes ou complexes.

Voici une analyse plus détaillée :

La variabilité est importante. Lorsque les enfants sont exposés à des mots qui varient dans la façon de les prononcer – différents locuteurs – ou l'aspect des objets – différents exemples –, cela peut constituer un défi pour l'apprentissage des mots.

L'avantage du bilinguisme. Les enfants bilingues montrent souvent une plus grande capacité à apprendre des mots dans ces conditions variables que les enfants monolingues.

Apprentissage statistique. Cet avantage pourrait provenir de la capacité accrue des enfants bilingues à utiliser des mécanismes d'apprentissage statistique pour identifier des modèles dans l'input, même lorsqu'il est complexe ou bruyant.

Modulation par l'expérience linguistique. Les résultats suggèrent que l'expérience d'un bilingue avec plusieurs langues peut influencer la façon dont il traite et apprend de la variabilité de l'entrée.

Mécanismes potentiels. Certaines théories proposent que le bilinguisme améliore les compétences cognitives telles que l'attention et la mémoire de travail, ce qui pourrait faciliter l'apprentissage des mots face à la variabilité.

Il n'y a pas toujours de différence. Bien que les avantages du bilinguisme soient souvent signalés, certaines études ne révèlent pas de différences significatives dans l'apprentissage des mots entre les enfants monolingues et les enfants bilingues, en particulier lorsque la variabilité est absente ou contrôlée.

Importance du contexte. L'impact du bilinguisme sur l'apprentissage des mots peut dépendre de divers facteurs, notamment le type spécifique de variabilité, l'âge de l'enfant, ainsi que la quantité et la qualité de l'exposition à la langue.


Flexibilité sociale bilingue



Des scientifiques de l’Université du Connecticut dans une étude, publiée par Cambridge University Press en septembre 2017, cherchent à savoir si le bilinguisme offre également un avantage en termes de flexibilité sociale.

Le bilinguisme est-il meilleur que le monolinguisme ? Des travaux antérieurs montrent que les bilingues ont un avantage sur les monolingues en termes de flexibilité cognitive, c'est-à-dire la capacité à passer d'un ensemble d'idées à un autre.

Les chercheurs définissent la flexibilité sociale comme la capacité à passer facilement d'un environnement social à l'autre et à s'y adapter ; et à lire avec précision les indices sociaux dans l'environnement.

Des données ont été recueillies auprès de 465 monolingues et 206 bilingues. Les bilingues ont fait état d'une plus grande flexibilité sociale que les monolingues. Les analyses de médiation ont démontré que la flexibilité sociale des bilingues leur donnait un avantage sur les monolingues en ce qui concerne la fréquence déclarée des interactions sociales.

Cette étude apporte la première preuve d'un avantage des bilingues en matière de flexibilité sociale et suggère que lorsque les bilingues alternent entre deux langues, ils peuvent également alterner entre deux mondes culturels, fournissant ainsi des outils pour s'adapter à différents environnements sociaux et facilitant la fréquence des interactions sociales.

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Avantages, inconvénients et implications du mélange de langues et du changement de code



Une étude menée dans le circuit Sibbinda en Namibie a conclu que les enfants qui mélangent les langues ou changent de code peuvent comprendre plus facilement ce qu'ils apprennent. Les étudiants interrogés dans le cadre de cette étude ont montré plus d’intérêt pour les leçons, ont pu relier les mots à leur signification plus facilement et ont montré une meilleure compréhension des leçons.

De plus, ces actions ont un impact positif sur les enseignants, car ils peuvent les utiliser à leur avantage et aider les élèves en difficulté à améliorer leurs compétences d’apprentissage.

Cette étude a également révélé que le changement de code aide les enseignants à expliquer la grammaire de la nouvelle langue. En général, ces ressources sont positives, mais il est également important de savoir quand les utiliser.

Le National Center on Cultural and Linguistic Responsiveness (USA) (Centre national pour la réactivité culturelle et linguistique) recommande le mélange des langues et l'alternance codique dans des situations très particulières, telles que :

* Pour améliorer la relation que vous entretenez avec vos enfants.

* Pour encourager les enfants à essayer de nouvelles choses et à ne pas avoir peur lorsqu'ils accomplissent une tâche difficile.

* Pour que les enfants soient plus impliqués dans la classe.

Une erreur très courante consiste à répéter la même phrase dans deux langues. Cela se produit lorsqu'on répète une phrase dans une langue, puis dans l'autre. Cela n’aide pas le développement du langage des enfants.

En fait, ils ne prennent que les informations de la langue qu'ils maîtrisent le mieux et ignorent la seconde. Il vaut mieux mélanger les langues.

Une étude menée par des professionnels de l'Université Concordia, à Vancouver, démontre que si les parents mélangent les langues devant leurs enfants, ils risquent d'affecter la compréhension des deux langues par leurs enfants. Cela se produit parce que plus le mélange des langues est important, plus il est difficile pour les enfants d'apprendre de nouveaux mots. Les mots que les parents connaissent peuvent leur être inconnus.

Cependant, les experts soulignent que les environnements bilingues n'ont pas d'impact sur l'apprentissage des enfants. Même si l’exposition au mélange des langues est initialement difficile pour l’acquisition du vocabulaire, elle présente probablement des avantages à long terme.

Importance de soutenir le bilinguisme des enfants

Parler une deuxième langue active le cerveau des enfants et améliore leurs connexions cognitives. C’est pourquoi les parents doivent encourager leurs enfants à apprendre une nouvelle langue dès leur plus jeune âge.

Une meilleure compréhension de la société qui les entoure, une communication plus étendue avec leur famille ou leurs amis, une ouverture d’esprit, la possibilité d’avoir un avenir meilleur et une carrière professionnelle plus prometteuse… Ce ne sont là que quelques-uns des avantages d’être bilingue.

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Les avantages d'être un bebé bilingue



Développement cognitif amélioré. Les enfants bilingues développent une meilleure flexibilité mentale, une capacité à jongler avec différentes tâches et règles, et une aptitude à changer de perspective plus facilement.

Compétences linguistiques accrues. Ils peuvent avoir une meilleure compréhension et expression verbale dans les deux langues, ainsi qu'une plus grande aisance avec l'écriture et la communication en général.

Ouverture culturelle et sociale. Le bilinguisme favorise une plus grande ouverture aux autres cultures, une empathie accrue, et une meilleure capacité à interagir avec des personnes d'horizons différents.

Avantages sur le marché du travail. Dans un monde de plus en plus mondialisé, les compétences linguistiques sont très recherchées par les employeurs, offrant aux bilingues un avantage certain.

Meilleure performance académique. Des études suggèrent que les enfants bilingues peuvent obtenir de meilleurs résultats dans certains domaines scolaires, comme les mathématiques et les sciences, grâce à leur capacité à penser de manière plus abstraite et à résoudre des problèmes de manière innovante.

Retardement possible de certaines démences. Des recherches scientifiques suggèrent que le bilinguisme pourrait retarder l'apparition de certaines formes de démence.


Le bilinguisme précoce offre un large éventail d'avantages cognitifs, 
sociaux, et potentiellement professionnels, faisant des enfants bilingues des individus plus 
adaptables, ouverts d'esprit, et prêts à naviguer dans un monde de plus en plus diversifié



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mercredi 30 juillet 2025

Importance de l'Équilibre entre Oméga-3 et Oméga-6 : Acides Gras Essentiels




Le rapport idéal est de deux oméga-6 pour un oméga-3 ou trois pour un
Une consommation excessive d'oméga-6 peut empêcher l'organisme de profiter des bienfaits des oméga-3


Les acides gras oméga-3 et oméga-6 sont dit essentiels, car notre corps ne peut pas les produire lui-même, c’est pourquoi ils s'obtiennent grâce à l’alimentation. Ces deux acides gras sont nécessaires à la croissance et à la guérison, mais ils peuvent également être utilisés pour produire d'autres acides gras.

Le corps humain peut produire tous les acides gras dont il a besoin, à l'exception de deux : l'acide linoléique (AL), un acide gras oméga-6, et l'acide alpha-linolénique (ALA), un acide gras oméga-3. Ces derniers doivent provenir de notre alimentation, d'où leur nom d’acides gras essentiels.

Dans notre alimentation, l'apport en acides gras oméga-6 et en acides gras oméga-3 est trop déséquilibré, ce qui augmente le risque d’obésité et pourrait aussi favoriser certains troubles cognitifs.


Les lipides


Communément appelés “graisses”, les lipides constituent, avec les protéines et les glucides, une des trois grandes familles de macro-nutriments, c’est-à-dire l’un des constituants des aliments qui contribuent à l’apport énergétique.

Les lipides jouent deux rôles majeurs dans l'organisme :

* Un rôle de stockage de l’énergie. Dans ce cas les lipides sont sous forme de triglycérides, présents notamment dans les tissus adipeux.

Un rôle structural. Dans ce cas, ils sont sous forme de phospholipides et entrent dans la composition des membranes des cellules. Ils y jouent assurant notamment leur fluidité.

Les triglycérides et phospholipides de l’organisme sont constitués notamment d’acides gras qui sont apportés par l'alimentation et, pour certains d'entre eux, synthétisés par l'organisme.

Le cholestérol fait également partie des lipides. Il est le précurseur des hormones stéroïdiennes – œstrogènes, testostérone, etc. –. C’est également un élément important des membranes cellulaires, notamment au niveau du cerveau.

Dans l’organisme, il provient soit de l’alimentation, soit d’une synthèse endogène, par l’organisme lui-même. Dans l’alimentation, le cholestérol est exclusivement apporté par les produits animaux.


Les oméga-3


Les oméga-3 sont des acides gras polyinsaturés nécessaires au développement et au bon fonctionnement du corps humain, mais que notre corps ne sait pas fabriquer. Ils peuvent néanmoins être fabriqués à partir de leur précurseur s'il est apporté par l'alimentation.

Bienfaits des oméga-3 pour la santé

La protection cardiaque

* diminution des risques cardiovasculaires,

* diminution du risque de récidive d'infarctus,

* diminution du taux de triglycérides,

* maintien d'une pression sanguine normale.

Les oméga 3 contribuent à favoriser la fluidité sanguine et la dilatation des vaisseaux sanguins. Ils aident à limiter les processus de formation de caillots. Riches en EPA et DHA, ils sont reconnus pour aider à réguler les taux de triglycérides (graisses néfastes) et à s’opposer aux mécanismes de formation de dépôt des graisses.

Les oméga 3 aident à diminuer la tension, notamment en favorisant les mécanismes de dilatation des artères et en s’opposant aux molécules qui agressent la paroi des artères.

Ils contribuent aussi à augmenter le taux de HDL – fraction de "bon" cholestérol – qui favorise l’excrétion du cholestérol vers la bile.

Le rôle préventif dans la vision

* Contribue à diminuer le risque de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).

* Aide à prévenir le syndrome des yeux secs.

La rétine est composée de 35% de DHA et les photorécepteurs en contiennent près de 56%.

L’action dans le bien-être émotionnel et le maintien de la bonne humeur

* Lutte contre la dépression et troubles anxieux.

* Réduit les effets de la dépression post-partum.

Le rôle dans la bonne santé du cerveau et les fonctions cognitives

* Facilite l'apprentissage.

* Améliore la mémoire.

* Limiterait l’apparition des effets de la maladie d’Alzheimer.

Du fait de leur rôle physiologique, les oméga-3 servent également de support au bon fonctionnement cérébral. En tant que constituant principal des neurones, le DHA, sous forme de phospholipides, participe à la libération de l’influx nerveux et des neurotransmetteurs. Il est impliqué dans l’activité intellectuelle – mémoire, concentration –, il est favorable à un bon équilibre mental avec l’EPA et à la régulation du sommeil.

L'effet sur les inflammations et gênes articulaires

* Améliore la souplesse articulaire.

* Soulage l'arthrite rhumatoïde.

Par ailleurs :

Le rôle dans la prévention du diabète et de l'obésité.

L’effet sur la bonne santé des membranes cellulaires et le maintien de leur plasticité.

Les bénéfices apportés à la beauté et l'éclat, la beauté de la peau et la réduction des manifestations dermatologiques dues au psoriasis.

L’action bénéfique pendant la grossesse sur le développement du fœtus, de sa rétine et de son cerveau en particulier. Les femmes enceintes et allaitantes sont d’ailleurs vivement incitées à entreprendre une cure d’oméga-3.

Les principales sources d'oméga 3

* Les poissons gras comme le saumon, le thon, le maquereau, la sardine, l’anchois.

* Les crustacés et en particulier l’huile de krill, une petite crevette très riche en oméga-3.

* Dans le monde végétal, mais à des concentrations plus faibles : les graines de lin, les huiles de colza, de lin, de soja. Les noix, les graines de citrouille, les graines de chia, les légumes à feuilles vert foncé, le soja, le tofu et les algues.

Il est recommandé d'en consommer régulièrement dans l'alimentation mais aussi sous forme de compléments. Ainsi selon des études, les personnes qui consomment une abondance d'acides gras oméga-3 sont mieux protégées contre le risque de maladies cardiovasculaires.

Les oméga-3 doivent être consommés par la majeure partie de la population. Les enfants pourront trouver un apport nutritionnel par le biais de l'alimentation, tandis que les adolescents, les femmes enceintes (encadrées par leur médecin), les sportifs et les personnes âgées pourront bénéficier d'un dosage journalier par le biais d'une supplémentation.


Les oméga-6



Ce sont des acides gras essentiels qui contribuent au système immunitaire et à la santé du cœur.

Ils se trouvent principalement dans les huiles végétales, telles que l'huile d'olive, l'huile de germe de blé, l'huile de tournesol, l'huile de maïs, l'huile de sésame, l'huile d'arachide. De grains de maïs, de pépins de raisin ou d’argan.

Principaux rôles et bienfaits des oméga-6 pour la santé

* Ils sont importants pour le système immunitaire et aident à maintenir des niveaux normaux de lipides sanguins.

* Ils contribuent au développement mental et cognitif.

* Ils sont importants pour une fonction vasculaire.

* Ils favorisent l'élasticité et la jeunesse de la peau, aident à maintenir son hydratation.

* Ils agissent sur la modulation de la structure membranaire, caractérisée par une double couche lipidique et des protéines.

* Ils jouent sur la régulation du transport et de la synthèse du cholestérol.

* Ils sont également utiles contre la polyarthrite rhumatoïde, le diabète, le syndrome prémenstruel et la tension mammaire.


Respecter un certain ratio oméga-6/oméga-3


Chaque fois que nous optons pour des aliments riches en oméga-6, telles que certaines huiles végétales et des aliments ultra-transformés – par exemple les plats cuisinés que l’on retrouve en supermarché, les biscuits sucrés et biscuits apéritifs, les chips ou les soupes instantanées –, nous favorisons également une inflammation chronique qui peut affecter notre cerveau de manière insidieuse et ainsi favoriser certains troubles neurologiques comme l’anxiété.

Notre alimentation est trop riche en oméga-6. Les huiles végétales riches en oméga-6 sont largement utilisées dans les produits de boulangerie et les snacks, ce qui explique un déséquilibre fréquent observé chez les occidentaux. Or, une consommation excessive d'oméga-6 peut empêcher l'organisme de profiter des bienfaits des oméga-3.

Quels liens entre acides gras, obésité et neuro-inflammation ?

Syndrome métabolique
L’obésité est le résultat d’une interaction complexe entre des causes génétiques et environnementales, dans laquelle l’alimentation joue un rôle majeur.

Cette pathologie est associée à de nombreuses co-morbidités telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, l’arthrose, les cancers et des troubles neurologiques (anxiété, dépression, troubles cognitifs).

Une consommation excessive de calories entraîne une dysfonction métabolique, appelée aussi syndrome métabolique qui se caractérise notamment par un tour de taille élevé, une anomalie des taux de sucres et de lipides dans le sang, de l’hypertension artérielle.

On sait désormais qu’elle est également responsable d’une inflammation chronique au niveau du système nerveux central et, en particulier du cerveau, qui est connue sous le nom de neuro-inflammation.

Une inflammation qui touche différentes régions clés du cerveau

Cette neuro-inflammation constatée dans l’obésité affecte plusieurs régions du cerveau, notamment le cortex – responsable de la motricité, la sensibilité, la sensorialité, le langage –, l’amygdale – qui coordonne le centre des émotions, le bonheur, la peur, la colère, l’anxiété –, l’hippocampe – qui régit la cognition, notamment l’apprentissage, la mémoire – et l’hypothalamus.

L’hypothalamus est la principale région cérébrale qui contrôle le comportement alimentaire ainsi que l’équilibre entre les entrées d’énergie – via l’alimentation – et les dépenses énergétiques – homéostasie énergétique –. On pense ainsi que la neuro-inflammation constatée au niveau du cerveau contribue aux dysfonctionnements cognitifs et métaboliques observés dans l’obésité.

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La composition en acides gras alimentaires entraîne une neuro-inflammation et des troubles du comportement chez les personnes obèses


Des chercheurs de l’Université Côte d’Azur, CNRS, INSERM (France) dans une étude, publiée par Elsevier en mars 2024, ont émis l'hypothèse que les régimes obéso-gènes riches en graisses et dont la composition en acides gras, notamment le rapport oméga-6/ oméga-3 varie, ont des effets variés sur le métabolisme énergétique, la neuro-inflammation et le comportement.

La composition nutritionnelle des régimes obéso-gènes pourrait influencer la gravité des troubles associés à l'obésité, tels que l'insulino-résistance et l'inflammation chronique.

Des travaux chez l’animal pour comprendre les effets chez l’humain

Les chercheurs ont mené une étude dans laquelle ils se sont intéressés, chez des souris soumises à différents régimes alimentaires, au développement de l’obésité, au métabolisme du glucose, à l’inflammation et au comportement.

Travailler sur des souris plutôt que sur des humains offre la possibilité d’explorer directement les effets de la consommation d’acides gras sur le cerveau et son fonctionnement.

Dans les études chez les souris, il est possible de contrôler précisément l’alimentation en acides gras, ce qui est difficile à réaliser chez les humains pour des raisons d’éthique et de suivi. De plus, les souris ont une durée de vie courte et se reproduisent rapidement, ce qui permet des études longitudinales et génétiques difficiles à réaliser chez l’être humain.

Enfin, en tant que modèle biologique, la souris partage de nombreux gènes et voies métaboliques avec notre espèce, ce qui en fait un modèle pertinent pour étudier les effets des acides gras sur le cerveau et leur impact sur la santé neurologique.

La santé et le comportement de souris altérés par des régimes déséquilibrés

Les chercheurs ont nourri les souris pendant cinq mois avec des régimes alimentaires qui contenaient des apports identiques en lipides, glucides et protéines, mais qui présentaient des rapports différents entre les acides gras oméga-6 et oméga-3.

Un premier groupe était nourri avec un régime bénéfique enrichi en huile de colza, caractérisé par un rapport oméga-6/oméga-3 bas, inférieur aux préconisations des organismes de référence en santé.

Un deuxième groupe était alimenté avec un régime proche de ce qui est retrouvé dans l’alimentation humaine occidentale, à base d’huile de soja et d’huile de maïs – rapport oméga-6/oméga-3 moyen –.

Un troisième groupe suivait un régime extrêmement délétère, très enrichi en huile de tournesol – rapport oméga-6/oméga-3 très élevé –.

Ils ont constaté que les souris nourries avec un régime riche en acides gras oméga-6 par rapport aux acides gras oméga-3 ont montré une propension accrue à l’obésité. Cette tendance à l’accumulation de graisse corporelle s’est accompagnée d’une altération des capacités de régulation du taux de sucre dans le sang (ou glycémie), un facteur qui est clé dans le développement du diabète de type 2 chez l’humain.

Des résultats à confirmer sur l’humain

Leur étude a également révélé que les souris exposées à des rapports élevés d’acides gras oméga-6/oméga-3 – via un apport très important en huile de tournesol – présentaient une inflammation accrue dans différents organes, notamment dans le foie et les tissus adipeux, en cohérence avec ce que l’on sait des complications métaboliques associées à l’excès de graisse corporelle chez l’humain.

Une inflammation accrue était aussi détectée de façon caractéristique dans leur cerveau, en particulier dans l’hypothalamus et dans l’hippocampe, des régions respectivement impliquées dans la régulation de la prise alimentaire et de la mémoire. Il est alors possible que cette inflammation cérébrale, appelée neuro-inflammation, soit à l’origine du déclenchement des comportements anxieux et des déficits de mémoire spatiale qu’ils ont observés chez ces souris, suggérant une corrélation entre l’excès d’acides gras oméga-6 et les altérations neurologiques.


Un mauvais ratio oméga-6 / oméga-3 augmente le risque de surpoids et d’obésité

En revanche, les souris nourries avec un régime riche en acides gras oméga-3 caractérisé par un apport important en huile de colza, présentaient une réduction de l’obésité, avec une accumulation moindre de graisse corporelle et une meilleure régulation du taux de glucose. De plus, ces souris montraient une réduction de l’inflammation dans leurs tissus périphériques – foie et tissus adipeux – ainsi qu’au niveau du cerveau. Sur le plan comportemental, ces souris se sont avéré moins souffrir de symptômes d’anxiété et avoir de meilleurs scores de mémoire spatiale.

Impact sur le cholestérol LDL. La réduction du cholestérol LDL est un résultat positif car le cholestérol LDL est considéré comme le "mauvais" cholestérol, et son excès dans le sang peut contribuer au développement de maladies cardiovasculaires.

Absence d'effet sur le cholestérol HDL. L'absence d'effet sur le cholestérol HDL suggère que la consommation d'amandes ne modifie pas significativement le niveau de ce cholestérol "bon", qui est utile pour la santé du cœur.


L'effet de la consommation d'amandes sur le profil lipidique – une revue systématique et une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés


Des chercheurs de Harvard Medical School et de l’University of Medical Sciences (Iran), dans une étude, publiée dans Food & Function en mars 2021, examinent les effets de la consommation d'amandes sur le profil lipidique, en se basant sur une revue systématique et une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés.

Les chercheurs ont analysé 18 essais contrôlés randomisés pour observer son impact sur le cholestérol, les triglycérides et le cholestérol HDL. L'étude a utilisé une approche de revue systématique et méta-analyse, ce qui signifie qu'elle a regroupé et analysé les données de plusieurs études cliniques pour arriver à des conclusions générales.

Les résultats montrent des effets positifs significatifs sur le cholestérol total et le cholestérol LDL, avec une absence d'effet sur le cholestérol HDL.

Ces résultats soutiennent l'idée que la consommation d'amandes, dans le cadre d'une alimentation équilibrée, peut contribuer à la santé cardiovasculaire en améliorant le profil lipidique.

Les amandes peuvent aider à réduire les risques de maladies cardiaques en contribuant à maintenir des niveaux de cholestérol sains.


La consommation de noix réduit les concentrations sanguines de cholestérol et de triglycérides



Des chercheurs du CIBEROBN (Réseau du Centre de recherche biomédicale Physiopathologie de l'obésité et de la nutrition) de l'université Rovira i Virgili (Espagne), en collaboration avec l'université de Harvard, dans une étude publiée par The American Journal of Clinical Nutrition en juillet 2018, ont entrepris de mettre à jour la méta-analyse de 2009 dans le but d'évaluer les effets des régimes enrichis en noix sur le profil lipidique et sur un type de protéine qui transporte les lipides dans le sang, les apolipoprotéines.

Ils sont allés plus loin et ont également évalué leurs effets sur le poids corporel et d'autres facteurs de risque cardiovasculaire.

26 études d'intervention et plus de 1.000 participants

Après avoir analysé les résultats de 26 études d'intervention nutritionnelle, incluant un total de 1.059 participants, les chercheurs ont conclu que, par rapport aux régimes de contrôle, les régimes supplémentés en noix réduisent le cholestérol total de 6,99 mg/dL, le cholestérol LDL de 5,51 mg/dL et les triglycérides de 4,69 mg/dL. Cependant, la consommation de noix ne semble pas avoir d'effet sur le poids corporel ou la pression artérielle par rapport aux régimes de contrôle.

Selon les chercheurs, la présente étude fournit des preuves solides des avantages de la consommation de noix sur le profil lipidique sans effet négatif sur le poids corporel ou la pression artérielle. Bien qu'il s'agisse d'un aliment à forte densité énergétique, la consommation de noix ne favorise pas la prise de poids et, par conséquent, les noix peuvent être incorporées dans le cadre d'un régime alimentaire sain pour la prévention cardiovasculaire.

Bien que le mécanisme d'action exact par lequel les noix peuvent améliorer le profil lipidique ne soit pas connu, il semble que leur teneur élevée en stérols végétaux, en acides gras α-linolénique et linoléique et en polyphénols puisse en être la cause. Ces nutriments ont des propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires élevées et peuvent également interférer avec l'absorption du cholestérol.

Conclusions. L’incorporation de noix dans l’alimentation a amélioré le profil lipidique sanguin sans affecter négativement le poids corporel ou la pression artérielle.

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Amandes, noix et autres fruits à coque : leurs effets sur la santé



La consommation de fruits à coque a été limitée pendant de nombreuses années en raison de leur forte densité énergétique. Toutefois, au cours des dernières décennies, les résultats d'importantes études d'intervention nutritionnelle ont suggéré que, malgré leur teneur élevée en matières grasses, les fruits à coque n'ont pas d'effet négatif sur le poids corporel et peuvent même avoir des effets bénéfiques sur divers facteurs de risque cardiovasculaire, tels que la résistance à l'insuline, l'inflammation, la pression artérielle ou même le profil lipidique.

La composition nutritionnelle des fruits à coque est très différente d'une espèce à l'autre. Les noix sont particulièrement riches en acides gras α-linoléniques et linoléiques. On a émis l'hypothèse que cette composition nutritionnelle unique d'acides gras dans les noix pourrait être responsable de la diminution des concentrations de cholestérol total et de triglycérides observée dans diverses études nutritionnelles.

Bien que plusieurs études aient évalué les effets de la consommation de noix sur le profil lipidique – cholestérol total, mauvais cholestérol connu sous le nom de LDL, bon cholestérol connu sous le nom de HDL et triglycérides –, il existe des controverses. Déjà une étude de 2009 concluait que les régimes supplémentés en noix réduisaient le cholestérol LDL par rapport à d'autres régimes.

D’un point de vue nutritionnel, ces fruits à coque se caractérisent notamment par des taux élevés (50 à 75 %) d’acides gras insaturés – qui ont la réputation d’être de “bonnes graisses” –, des teneurs non négligeables de protéines (10 à 25 %), la présence de minéraux (cuivre, magnésium, potassium), vitamines (B3, B9, B6, E), fibres alimentaires, antioxydants et stérols végétaux.

Un faisceau d’indices suggère qu’ils pourraient nous aider à bien vieillir, en nous protégeant de diverses pathologies chroniques.

Un taux de “mauvais” cholestérol réduit

S’il est un domaine dans lequel les oléagineux ont fait leurs preuves, c’est celui de la maîtrise du cholestérol. La réduction des apports en graisses d’origine animale ou la consommation de fibres solubles ont certes prouvé leur intérêt s’agissant de réduire les taux de cholestérol LDL (LDL-C), c’est-à-dire de “mauvais cholestérol”. Mais de nombreux travaux ont également mis en évidence l’impact favorable d’une poignée quotidienne d’amandes. Ceci semble être vrai pour l’ensemble des fruits oléagineux.

Du gras qui ne fait pas prendre de poids

Côté énergie, 30 g d’amandes, de cacahuètes, pistaches ou noix de cajou nous apportent 180 kcal, et il faut compter 220 à 230 kcal avec des noix, noix de pécans, noix du brésil. C’est à peu près l’équivalent de 30 à 40 g de chocolat au lait. Or les calories étant essentiellement le fait des graisses, on peut être porté à croire qu’il faut se méfier des oléagineux si l’on veut surveiller sa ligne.

En effet, une récente étude “Consommation de noix et risque de syndrome métabolique et de surpoids/obésité : une méta-analyse d'études de cohorte prospectives et d'essais randomisés” (Nut consumption and risk of metabolic syndrome and overweight/obesity: a meta- analysis of prospective cohort studies and randomized trials), publiée par Nutrition & Metabolism en juin 2018, a passé au crible de l’analyse six études de cohorte prospectives et 62 essais d’alimentation randomisés. Or d’après ses conclusions, la consommation régulière de fruits à coque pendant un laps de temps plus ou moins long – entre 3 et 336 semaines – s’accompagne en moyenne d’une très légère perte de poids (200 g en moyenne), et d’un tour de taille qui tend à diminuer (environ – 0,5 cm).

Si les raisons de ces observations contre-intuitives ne sont pas parfaitement expliquées, plusieurs hypothèses sont proposées. D’une part, la matrice qui englobe les graisses du fruit à coque limite partiellement leur absorption au niveau intestinal : en clair, une partie des matières grasses est éliminée dans les selles plutôt que d’être assimilée. D’autre part, grâce à leur effet sur la satiété, les amandes et autres noix réduisent la prise alimentaire lors des repas, si bien que l’apport calorique total n’est pas augmenté, et peut même diminuer.

Moins de maladies neuro-dégénératives

Les graisses sont essentielles pour le cerveau. Après le tissu adipeux, c’est en effet l’organe du corps le plus riche en lipides, lesquels se trouvent dans les membranes de neurones et de leurs cellules de soutien, mais aussi dans la myéline grâce à laquelle l’influx nerveux se propage rapidement. Aussi, plusieurs équipes scientifiques ont-elles cherché à évaluer les bénéfices des fruits à coques pour le système nerveux central.

On y découvre notamment qu’après 8 semaines d’un régime alimentaire plus ou moins enrichi en noix, les performances psychomotrices de rats de 19 mois sont modifiées : une alimentation à 2 % de noix améliore la marche sur tige, à 6 % la marche sur planche, et à ces deux taux la mémoire de travail est meilleure. Ces résultats ont été confirmés sur une plus courte durée (28 jours), avec une amélioration significative de l’apprentissage et la mémoire des rongeurs.

PREDIMED (Prevención con Dieta Mediterránea) est un vaste essai clinique espagnol qui a étudié l'impact du régime méditerranéen sur la prévention primaire des maladies cardiovasculaires réalisé par l’Hospital Clinic Barcelona et l’Université de Navarra (España) en juin 2018.

Quant à l’être humain, l’essai d’intervention diététique PREDIMED a montré qu’un régime méditerranéen enrichi en noix améliore la mémoire de travail. Il a aussi été mis en évidence, sur le plan biologique, un risque diminué de faible taux plasmatique de BDNF, une protéine qui encourage la croissance et la différenciation de nouveaux neurones.

Les noix semblent pouvoir se révéler bénéfiques dans la prévention du déclin cognitif lié à l’âge. Mais on manque toutefois de preuves directes pour affirmer qu’en manger régulièrement réduit le risque de maladies neuro-dégénératives.

Au bilan, les fruits à coque présentent à première vue tous les attributs permettant de les considérer comme des alliés de notre santé. S’ils sont riches en calories et en matières grasses, 30 g par jour semblent en effet réduire le taux de “mauvais cholestérol” et nous protéger des maladies cardiovasculaires, sans avoir d’effet sur le poids. Les arguments ne manquent pas qui suggèrent un impact positif tant sur d’autres pathologies que sur le déclin cognitif lié à l’âge.

De bonnes raisons pour recommander à chacun d’inclure chaque jour dans son régime une poignée quotidienne d’amandes, noisettes ou autres noix – évidemment sans sucre ou sel ajouté.


L’alimentation joue un rôle clé dans notre santé et notre bien-être. 
Pour répondre aux besoins de l’organisme, il est essentiel d’adopter une alimentation équilibrée,
 riche en macro-nutriments (protéines, lipides, glucides) et en micro-nutriments (vitamines, minéraux).



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