Notre cerveau,
éminemment plastique, se serait déjà adapté à l’usage intense de ces nouvelles
technologies, comme il se serait
adapté dans le passé à l’invention de l’écriture ou au développement de la lecture.
Elles auraient modifié le fonctionnement de notre mémoire, de notre attention,
nos rapports à l’apprentissage, et plus profondément notre intelligence, notre
façon d’appréhender le monde et de le penser.
Les recherches récentes
en neurosciences ont démontré que par la plasticité du cerveau, les connexions
neuronales se modifiaient en permanence en fonction des expériences vécues,
mais aussi des outils qu’on utilise.
Passer du temps à jouer en ligne, à naviguer d’un
site à l’autre, à lire ou à entretenir ses réseaux sociaux a des impacts
différents sur le cerveau. Loin d’être figé, celui-ci évolue sans cesse grâce à
sa plasticité.
Le travail du cerveau consiste, schématiquement, à
intercepter, mémoriser et traiter les informations qui lui parviennent depuis
tous les capteurs sensoriels (nez, bouche, oreille). Devant un écran c’est
l’œil qui est mis à contribution. Or, il est établi que la connexion
œil-cerveau est peu adaptée à cette façon de lire : le temps de traitement
d’une information visuelle est augmenté de plus de 30% sur un écran. En
conditions habituelles, lorsqu’il lit, l’œil humain ne peut distinguer que
quatre à six signes à la fois lors d’une “fixation oculaire” qui dure environ
deux cents cinquante milli-secondes. Devant un écran, l’œil s’affole. Les signes
sont beaucoup plus nombreux en termes de formes et de couleurs, ils surgissent,
captent, sont furtifs et demandent une attention accrue.
Internet et le stress
Une étude de PewResearch
réalisée en janvier 2015, constate que l’utilisation d’Internet en général et
l’utilisation des médias sociaux en particulier n’est pas aussi stressante que
certains l’ont affirmé par le passé.
On vit aujourd’hui dans un monde connecté où les
réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et d’autres ont une importance pour
partager et découvrir des expériences numériques. Si certains ont affirmé
qu’ils étaient à l’origine d’une augmentation du stress, les conclusions de
cette étude tempère les choses sans toutefois écarter des conséquences sur la
santé.
Globalement, l’utilisation fréquente d’Internet et
des médias sociaux n’est pas un facteur de stress élevé. Dans le même temps, les
données montrent qu’il y a des circonstances où l’usage social de la
technologie numérique augmente la sensibilisation de l’individu aux événements
stressants de la vie des autres. Ceci veut dire que les utilisateurs qui se
sentent plus stressés ont des niveaux plus élevés de conscience des événements
stressants de la vie des autres.
Ainsi des événements, qui pourraient accroître le
niveau de stress sont par exemple des informations personnelles publiées sur
Facebook ou d’autres réseaux sociaux :
* L’annonce d’un décès d’enfant, d’un proche, d’un
ami ou d’un conjoint,
* L’annonce d’une hospitalisation, de blessures
graves,
* La découverte d’enquêtes policières et des
arrestations.
Internet active de nouvelles zones du cerveau
Le cerveau grâce à son élasticité se développe au
gré des nouvelles informations. À chaque apprentissage ce sont de nouveaux
circuits de neurones qui se mettent en place, permettant au cerveau de
s’adapter aux changements.
Les jeunes seraient plus réactifs, plus aptes à
prendre des décisions et surtout plus créatifs. Les jeunes de cette génération
qui écrivent en langage texto, pensent aussi en langage texto : ils
développent un esprit de synthèse, sont capables de traiter plusieurs sujets en
même temps ; ils approfondissent moins, mais ils associent les idées entre
elles de façon complètement nouvelle. Le cerveau humain est en train de
s’adapter.
Moins d'effort de mémorisation avec Internet
Les personnes qui s’habituent à utiliser Internet
comme source d’informations et de fait, comme mémoire externe, ont tendance à
faire moins d’effort pour mémoriser. La façon d’utiliser la mémoire à court
terme est en train de changer. L’une des conséquences est qu’il y a moins de
transferts d’informations vers la mémoire à long terme, mémoire de stockage qui
nous permet de construire nos valeurs.
La mémoire à court terme est, avec le Web, plus
vite saturée : à tout moment, l’internaute va chercher des informations
sur différents liens, lire les textes en diagonale, choisir entre tel ou tel
contenu multimédia… De quoi surcharger son cerveau.
C’est aussi vrai pour celui ou celle qui jongle
entre les mails, les réseaux sociaux comme Facebook, les sites de
documentation : être “multitâche” n’aide ni à mémoriser ni à se
concentrer. Pour l'instant, le cerveau ne s'est pas encore adapté aux tâches
simultanées.
Les quelque deux cent mille informations visuelles
qui parviennent au cerveau toutes les secondes sont beaucoup plus difficiles à
mémoriser, parce qu’elles ne lui parviennent pas avec la même cadence, avec la
même cohérence.
Sur Internet beaucoup trop de données font perdre
le fil, interrompent les processus cérébraux. Cela se traduit directement par
une surchauffe de la mémoire de travail.
L’apprentissage scolastique, l’intelligence du
“par cœur“ n’ont plus cours. La question n’est plus de mémoriser le savoir,
d’autant que le savoir est disponible partout, tout le temps.
La lecture à l’écran n’active pas les mêmes zones du cerveau
Lire sur écran sollicite uniquement la zone liée à
la prise de décision et à la résolution de problèmes. Avec les tablettes ou les
smartphones, en passant beaucoup de temps avec des textes sous les yeux, les
zones cérébrales activées sont différentes qu’avec un livre. Tout simplement
parce qu’à l’écran, la lecture est complexe, elle demande des efforts pour savoir
s’il faut ou non cliquer sur un lien pour aller plus loin dans le texte.
En parcourant un livre le cerveau fait appel aux
régions du langage, de la mémoire et du traitement visuel.
Internet crée une dépendance
Selon l'étude menée par l'université de Salford en
Angleterre pour l'organisme Anxiety UK en juillet 2012, 45% des personnes interrogées se déclarent
"inquiètes ou mal à l'aise" quand elles ne parviennent pas à accéder
à leur compte Facebook ou à leur boîte mail. Et 60% ressentent le besoin d'éteindre
leur téléphone, ordinateur ou smartphone pour avoir la paix. Une personne sur
trois avoue qu'elle doit le faire plusieurs fois par jour. Une dépendance qui
joue sur le sommeil, puisque 66% des sondés ont des difficultés pour s'endormir
après avoir surfé sur un réseau social.
Selon une étude Mobile Mindset portant sur 750
personnes en Californie, la plupart des moins de 50 ans vérifient leur SMS,
mails et comptes "tout le temps" ou "toutes les 15
minutes". Il s'est avéré que les utilisateurs étudiés présentaient les
traits d'un caractère "compulsif". 73% des personnes paniqueraient si
elles perdaient leur portable.
D’après les études menées en psychiatrie, il y
aurait tout de même un trait commun à tous les cyber-dépendants : en plus
de cette addiction, ils souffrent de troubles du comportement tels qu’une
phobie sociale ou des crises de panique.
Consulter Internet de façon compulsive peut
entraîner une dépendance. On guette l’information ou le message excitant, qui,
lorsqu’il arrive, fonctionne comme une récompense. Et cela donne envie d’y
retourner toujours davantage au risque de se couper de la vraie vie.
De plus, la moindre contrariété comme un courriel
qui n’arrive pas ou un manque de temps pour aller surfer sur la Toile, peut
rendre la personne irritable, l’empêcher de se concentrer sur son travail ou
sur ses études.
La nomophobie est une
relation de dépendance relative, voire d’addiction des personnes angoissées à
l’idée de se retrouver sans leur téléphone fétiche.
La nomophobie et également le phénomène FOMO (Fear
of Missing Out) qui est le fait de contrôler en permanence ses réseaux
sociaux de peur de rater quelque chose, sont assimilables à une forme de
dépendance.
De nombreuses
expériences et témoignages d’utilisateurs de ces technologies montrent que la
privation de ces objets et plus largement de l’accès à internet affecte les
individus à différents niveaux. Car l’objet n’est pas simplement un outil de
communication mais il est devenu le support d’un nombre important des données
personnelles et une fenêtre qui les connecte constamment à leurs proches et
amis, ce qui leur donne le sentiment de ne plus être complet quand ils en sont
privés.
Cela favorise ainsi la création d’un lien fort
d’appartenance psychologique qui peut même aller jusqu’au lien affectif avec
l’objet. Des psychologues de services
d’addictologie ont ainsi constaté chez les utilisateurs les plus accros et
notamment chez les plus jeunes, l’apparition de sentiments d’isolement et un
repli sur soi ainsi qu’une angoisse liée au fait d’en être coupé.
Chez les
enfants. C’est ainsi qu’on peut
devenir dépendant de son smartphone, avec le besoin de le consulter en
permanence, de façon compulsive. L’attention des enfants doit plus que jamais
être éduquée, pour apprendre au cerveau à hiérarchiser ses priorités, et se
concentrer sur l’activité la plus pertinente : un texte qu’on est en train
de lire par exemple.
Les jeux vidéo et les réseaux sociaux
La consommation excessive d'écrans à l'adolescence
n'est, en règle générale, pas le signe de troubles psychologiques. En revanche,
c'est vrai que la fréquentation excessive des écrans peut nuire à d'autres
activités, et les parents doivent la réguler.
L'Académie américaine de pédiatrie a proposé en 1999
un guide pour les parents :
* Pas d'écran avant 2 ans. Les spécialistes
s'accordent aujourd'hui à parler de 3 ans).
* Une heure par jour entre 3 et 6 ans, 2 heures
entre 6-9 ans et 3 heures au-delà.
Mais il s'agit de temps réel global, incluant la
télévision, l'ordinateur pour jouer, l'ordinateur pour travailler, la console
portable.
Les parents
doivent cadrer le temps de jeu parce qu'à l'adolescence, les jeunes n'ont pas
encore acquis la possibilité de réguler eux-mêmes leurs impulsions. Ils ont de
la difficulté à suivre les décisions qu'ils jugent pourtant les plus
raisonnables pour eux. C'est pourquoi les parents doivent veiller à ce que les
jeux vidéo n'occupent qu'une partie du temps de loisirs.
Mais en même temps, cadrer est totalement
insuffisant. Parce que les jeux vidéo comportent beaucoup d'aspects positifs et
que les parents ont tout à gagner à s'y intéresser. Quand les
parents accompagnent en s'intéressant aux jeux de leurs enfants, ils savent
cadrer avec beaucoup plus d'intelligence et d'efficacité. Cadrer sans
accompagner est aussi inutile que vouloir accompagner sans cadrer. Les deux
sont indispensables.
La pratique des jeux vidéo, comme celle des
nouveaux réseaux sociaux, modifie le rapport à l'espace, au temps, à la
construction de l'identité, et à la place que l’on donne aux activités
partagées et aux activités solitaires.
Une semblable révolution a déjà accompagné
d'autres grandes innovations comme l'invention de l'écriture, et, dans une
moindre mesure, de la diffusion du livre grâce à l'imprimerie.
Entre 3 et 6 ans, des études ont montré qu'il est
essentiel que l'enfant ait des activités impliquant l'utilisation de ses dix
doigts. C'est pour cela que traditionnellement, l'enfant à cet âge était invité
à réaliser des découpages, des pliages, des collages, des coloriages... C'est
cette activité des dix doigts qui permet la maturation des régions cérébrales
qui permettent l'appréhension des objets en trois dimensions. C'est pourquoi il
vaut mieux éviter le plus possible que l'enfant à cet âge-là utilise une
console de jeu qui ne mobilise que deux ou quatre doigts.
Tout ce qui socialise l'enfant à travers l'écran
et tout ce qui l'invite à se poser des questions et à résoudre des problèmes
imprévus, favorise son développement. A l'inverse, toutes les activités de jeu
répétitives, stéréotypées, et plus encore solitaires, sont inquiétantes.
Internet demande au cerveau de développer son adaptabilité
Le cerveau des nouvelles générations, et
d'ailleurs de tous ceux qui sont gros consommateurs de nouvelles technologies,
ne fonctionne plus comme par le passé. Le désir d'obtenir une réponse rapide,
le fait de passer rapidement d'un sujet à un autre, la difficulté de
concentration, tout cela fait partie des nouvelles façons de fonctionner.
Si le cerveau change, alors il change également
pour le meilleur, car, avec ses chemins multiples, avec l’infinité des sources
disponibles, le web entraîne à développer un esprit critique, une capacité à
développer un point de vue et à le confronter aux autres. Les données changent,
deviennent obsolètes et nécessitent des mises à jours régulières, une mise en
doute permanente.
Il faut redéfinir ce qu’est l’intelligence.
Jusqu’à présent, elle était définie, dans les tests de QI, par une suite de
réponses à des questions fermées, qui se corrélaient entre elles. Cette forme
de cohérence n’est plus pertinente. Il faut apprendre à vivre avec des
informations instables, des réponses partielles, dans un monde mouvant.
Des facultés cognitives ou réflexes peuvent se voir renforcés et améliorés par l’utilisation régulière
L’utilisation des smartphones mobilise ce qu’on
appelle la mémoire transactive ou procédurale qui réside dans les habiletés
techniques et les savoirs faire, ce qui a inévitablement pour corrélation de les
renforcer. Les individus se familiarisent et s’approprient très aisément ces
technologies et les modes de navigation qui y sont inhérents.
Si la mémoire de travail – la mémoire immédiate – peut saturer, la mémoire longue, là où les souvenirs sont stockés est
merveilleusement extensible. La quantité d'informations qui peuvent être
stockées dans la mémoire à long terme est virtuellement sans limite.
En ce qui concerne le cortex préfrontal, c'est
surtout son rôle dans la mémoire à court terme qui est très sollicité, car on
peut surfer sans vraiment prendre de décision, en se laissant guider par les
liens hyper-texte. Le "surf ", comme les mots croisés, serait ainsi
très bénéfique aux seniors, car il permet d'exercer l'agilité de l'esprit.
À l’école, les terminaux mobiles sont de plus en
plus utilisés pour rendre l’apprentissage plus ludique et l’on constate que les
enfants on toutes les facilités du monde à les utiliser, et ce de manière
intuitive.
L'école doit expliquer aux enfants dès l'école
primaire les trois règles de base d'Internet : tout ce qu'on y met peut
tomber dans le domaine public; tout ce qu'on y met y restera éternellement; et
tout ce qu'on y trouve est sujet à caution, parce qu'il est impossible de
repérer les images de la réalité des images falsifiées.
Avant d'être un lieu où l'on utilise les nouvelles
technologies, l'école doit être un lieu où les enseignants les connaissent
suffisamment pour mettre les enfants en garde contre leurs dangers et leurs
pièges.
Bien utiliser Internet
Faire un bon usage d’Internet demande de savoir
repérer ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. D’où l’importance de
développer son sens critique pour choisir les informations, repérer et retenir
les sites qui semblent les plus fiables, notamment en indiquant leurs sources.
Bien utilisé, Internet peut aider à améliorer les
résultats scolaires : dans ce cas, les jeunes développeraient certaines
stratégies mentales leur permettant mieux que d’autres d’ordonner leurs
connaissances.
Les réseaux sociaux dépriment
L'addiction à Internet et aux réseaux sociaux
L'utilisation excessive de nouvelles technologies affecte la santé
L'utilisation des mobiles intelligents – Smartphones – modifie le cerveau
L'enfant et les écrans
Des changements dans le cerveau de l'enfant liés à la technologie
Changement cérébral causé par la technologie
L'addiction à Internet et aux réseaux sociaux
L'utilisation excessive de nouvelles technologies affecte la santé
L'utilisation des mobiles intelligents – Smartphones – modifie le cerveau
L'enfant et les écrans
Des changements dans le cerveau de l'enfant liés à la technologie
Changement cérébral causé par la technologie
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