Les informations sensorielles ne sont pas traitées par le cerveau
correctement chez les personnes autistes
correctement chez les personnes autistes
Le traitement de l’information sensorielle parfois nommé intégration sensorielle, réfère au processus par lequel le cerveau reçoit un message par le biais des sens et le transforme en réponse comportementale adaptée.
La sensorialité est le domaine qui se rapporte aux
sens, à la façon dont les informations sensorielles sont véhiculées, la façon
dont elles sont traitées et la façon dont on répond.
Un trouble de l’intégration sensorielle (TIS) est
un dysfonctionnement cérébral important qui affecte l’enfant durant son
développement et qui peut être présent dès la naissance. Les enfants atteints
perçoivent mal les stimuli qu’ils reçoivent tous les jours par le toucher, les
sons et le mouvement. Ils peuvent se sentir bombardés d’information
sensorielle, rechercher des expériences intenses ou éprouver d’autres
problèmes, ce qui peut entraîner des troubles de comportement, une mauvaise coordination,
une mauvaise estime de soi, etc. Ces enfants sont souvent mal compris et
étiquetés comme étant agressifs ou maladroits. Ils sont généralement
socialement isolés et éprouvent des difficultés à l’école.
Les problèmes sensoriels entraînent fréquemment
des difficultés sur les plans scolaire et social. Ils ont un impact sur les
interactions avec les pairs, les apprentissages, la concentration, la coordination,
le niveau d’activité, etc.
Nos sens
Quand on parle de sens, on pense immédiatement aux
5 sens externes : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher. Il existe
cependant encore deux autres sens internes : le sens de l'équilibre et la
proprioception.
Nos organes de l'équilibre détectent les rotations
ou les mouvements circulaires du corps dans toutes les directions et ont de ce
fait, un grand effet sur la sensation d'équilibre et de mouvement. Nous avons
des cellules sensorielles internes qui nous donnent des informations sur notre
posture et sur les mouvements que nous faisons avec notre corps ou certaines de
ses parties : c'est ce que l'on appelle la proprioception.
Nous sommes des êtres
sensoriels, nous vivons, échangeons et apprenons par l'intermédiaire de nos
sens.
Chez la personne
autiste, les perceptions sensorielles sont affectées et peuvent être très
perturbantes. Il est très difficile pour les enfants autistes de moduler leurs
influx sensoriels. Ainsi la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher mais
aussi le sens de l’équilibre et la proprioception, qui sont tous deux étroitement
corrélés, oscillent entre hypersensibilité et hypo sensibilité. Ces
dysfonctionnements parfois très handicapants, causent beaucoup de stress et
créent des comportements inadéquats.
Pour comprendre la
sensorialité chez la personne avec autisme, il faut différencier trois
processus :
* La sensation, qui est le recueil des stimuli sensoriels, leur
transmission au cerveau qui va traiter ces informations sensorielles.
* La perception, qui est l'interprétation
de ces informations sensorielles. Pour simplifier c'est le processus qui leur
donne du sens.
* La modulation sensorielle, qui permet de filtrer,
de hiérarchiser ces informations sensorielles.
Les informations
sensorielles ne sont pas traitées par le cerveau correctement chez les
personnes autistes et, qu'en conséquence, la personne va avoir une
perception très perturbée de son environnement et de son propre corps. Les enfants dont le système d’intégration
sensorielle est déficient sont soit hypersensibles soit hypo sensibles aux
stimuli.
De plus, cette sensibilité
peut fluctuer, plus ou moins rapidement, ce qui lui demande une adaptation
constante.
Les personnes
hypersensibles vont développer des "défenses" sensorielles. Les
personnes hypo sensibles, au contraire des hypersensibles, vont stimuler leurs
sens. Leurs hypo ou hypersensibilité peuvent s’exprimer de manière variable.
Parfois elles sont de faible intensité, parfois elles peuvent atteindre la
santé de l’enfant ou encore l’entraver dans son développement ou ses
apprentissages de manière significative.
Troubles du traitement sensoriel
En raison des
difficultés qu’ils éprouvent à traiter l’information sensorielle, un certain
nombre d’enfants ayant ce type de problèmes peut paraître emprunté et maladroit
dans leurs activités quotidiennes. Les enfants dans ce cas deviennent submergés
par un trop-plein d’informations sensorielles, car leur système nerveux perçoit
les choses très rapidement ou intensément. Il leur semble que tout est trop
bruyant, trop rapide ou trop brillant.
Hypersensibilité tactile / toucher
Ainsi l’enfant dont le système tactile transmet mal l’information aura une moindre capacité à bien tenir des objets dans la main. Ces enfants réagissent vivement à toute sensation tactile, comme par exemple les étiquettes des vêtements ou la texture des aliments, trop mous ou trop croquants, d’où le risque pour ces enfants de se montrer difficiles sur la nourriture.
Hypersensibilité visuelle
Toute sensation visuelle produit un effet de sur stimulation chez ces enfants. Ce peut être, par exemple, l’éclairage fluorescent ou intense ou les lieux où les stimuli visuels sont nombreux, comme les salles de classe, les centres commerciaux, les foires.
Hypersensibilité statique
Impression que les choses “vont trop vite” : Ces enfants ont tendance à ressentir les mouvements trop intensément, ce qui fait qu’ils sont souvent malades en voiture ou qu’ils ont peur de pratiquer des activités où l’un des pieds ne touche pas le sol. Ils ne monteront pas à une échelle ou dans un manège.
Hypersensibilité auditive
Ces enfants sont vivement incommodés par le bruit des appareils ménagers, d’une tondeuse à gazon, de l’autobus scolaire ainsi que par tout le bruit à l’intérieur d’une salle de classe ou d’une assemblée d’élèves. Souvent les enfants ayant une hypersensibilité auditive peuvent se mettre à faire eux-mêmes du bruit (par ex. leurs propres sons ou du bruit blanc) pour tenter de noyer tout autre bruit qui les dérange.
Hypo sensibilité sensorielle
Les enfants ayant une
insuffisance de sensibilité sensorielle sont peu remuants et semblent passifs.
Ils ne pas font l’effort d’obtenir une stimulation sensorielle et semblent
accomplir leurs activités quotidiennes de façon léthargique et sans motivation.
Ces enfants semblent avoir besoin de plus de stimuli sensoriels avant de
pouvoir saisir l’information.
Communication et langage
Ils sont marqués par le
défaut – ou l'absence – d'intention communicative verbale et non verbale, par
des retards sévères et/ou l'acquisition de formes déviantes du langage.
La compréhension des
modes de communication non verbale et verbale d'autrui est aussi limitée ;
la compréhension des conversations abstraites, des mots dont la signification
varie avec le contexte, de l'humour, n'est pas accessible à l'enfant autiste.
Les personnes autistes
ont du mal à comprendre et à utiliser la communication non verbale. Ils
ont du mal à établir le contact visuel avec les autres.
Ses capacités de
communication sont altérées : le langage se développe très lentement ou
pas du tout, les mots ne sont pas utilisés avec leur signification habituelle,
les gestes se substituent aux mots, le phénomène d’écholalie – répétition du
langage oral – se manifeste, présence d’un langage non fonctionnel ou répétitif
et suivant un “script”.
Mauvaise coordination motrice
L'activité motrice
spontanée peut être réduite – l'enfant n'a pas ou peu d'initiative motrice, est
inerte, bouge peu – ou augmentée – l'enfant remue beaucoup, est sans cesse en
mouvement –. Des attitudes posturales inhabituelles, une démarche bizarre, peuvent être constatées. Son développement moteur est retardé et ses gestes
sont maladroits, il peut être hyperactif.
Ces retards dans le
développement de la motricité sont liés au système moteur central et ses
médiateurs, y compris le cortex cérébral, le circuit frontal striatal, le
cervelet, les régions impliquées dans la perception visuelle et le système
d'intégration sensoriale-motrice.
Nombreux stéréotypies
motrices – sans sens, sans objectif ou but concret et des mouvements répétitifs –, ont une forte composante sensorielle, elles sont utilisés comme un
stabilisateur ou régulateur, dans certains cas pour contrôler les hyper-stimules,
dans d'autres – comme les dandinements – pour améliorer la sensation spatiale
ou corporelle.
Les particularités
sensorielles vestibulaires peuvent se retrouver dans la recherche ou
l'évitement de certains déplacements, la recherche pour être en hauteur, des
mises en danger en cherchant à être en équilibre ; certains comportements
comme se jeter en arrière, se taper la tête, se balancer.
Audition
Les particularités
sensorielles auditives peuvent entraîner des rejets des bruits du quotidien
comme l'aspirateur, la tondeuse, les bruits de moteur, le téléphone, la
sonnerie de la porte, le mixer, certaines voix ou encore les bruits de foule ou
les ambiances sonores des magasins. Les enfants sont en général plus sensibles
aux basses fréquences comme le bruit du réfrigérateur.
Les altérations
auditives observées sont souvent à l’origine des premières interrogations des
parents et constituent le premier motif de consultation puisque l’enfant ne
réagit pas aux bruits très forts et ne répond pas à son prénom.
Il est impossible qu'un enfant autiste se
concentre dans une classe où toutes sortes de bruit lui bombardent le cerveau
comme un moteur à propulsion. La peur d'un bruit qui blesse les oreilles est
souvent la cause de beaucoup de mauvais comportements et de crises de colère.
Ces anomalies peuvent
exacerber les problèmes de communication et interférer avec les capacités
linguistiques.
Vision
Les particularités
sensorielles visuelles se retrouvent dans l'attrait pour les miroirs ou toutes
surfaces réfléchissantes, les alignements d'objets, la fixation ou la fuite des
spots lumineux, le jeux de lumière avec les rayons du soleil, la peur du noir,
l’évitement du regard.
Par ailleurs, il est
estimé qu'environ 30% des personnes autistes ont une photo sensibilité. Il y a
des enfants qui ne supportent pas l’éclairage fluorescent, le scintillement
(théoriquement imperceptible) les met hors de soi. Certains ne supportent pas
la lumière intense, par exemple la lumière du soleil et expérimentent une vraie
douleur à la vue des ces sources intenses de lumière.
L'établissement de
connexions entre les yeux, le cerveau et le corps est défini dans l'ordre avant
même la naissance et se développent durant les premières années de vie de
l'enfant. Il se détermine la séquence du développement moteur de l'enfant avec
la vision et les systèmes vestibulaires et proprioceptifs et en même temps,
cette évolution permet à l'enfant développer correctement le reste de ses sens.
On pourrait dire que
nous apprenons à utiliser notre vision en combinaison avec le mouvement. Dans
les premiers jours de vie le bébé présente des mouvements de type réflexe,
comme si ils étaient marquées par des empreintes génétiques. Au fur et à mesure
que le bébé grandit il prend un plus grand contrôle de ses mouvements, c’est le
système moteur qui tient les rênes et fortifie les aspects visuels. La vision
accompagne ou suit le système moteur.
Il arrive un moment où
la vision du bébé commence à prendre une plus grande importance, dans les
premiers mois de vie c’est le système moteur qui a conduit le système visuel,
mais entre 4 et 6 mois environ, l'enfant commence à utiliser sa vision plus
efficacement et dirige ses mouvements, par exemple, pour atteindre les jouets
qui pendent dans son berceau. L'instruction du mouvement a été dirigée par le
système visuel.
Les aspects moteurs
acquièrent un niveau plus élevé de développement, l'enfant renforce ses muscles
et peut se déplacer avec facilité (se retourner, marcher à quatre pattes et
enfin marcher), mais tous ces mouvements sont coordonnés et dirigés par le
système visuel. Il s'agit d'un moment crucial, cela implique se situer dans
l'espace.
Beaucoup d'enfants
atteints d'autisme, surmontent, d'une manière très basique, cette étape, leur
orientation spatiale associée à des problèmes moteurs est pauvre. Cette
circonstance touchera par la suite de nombreux aspects fondamentaux du
développement. Au fur et à mesure que l'enfant grandit il utilise son système
visuel d'une manière très différente, en raison de ce dysfonctionnement sa
façon d'utiliser la vision est conditionnée à d'innombrables aspects liés au
développement.
Toucher
Les problèmes tactiles
n'affectent pas seulement le bout des doigts. La peau est un organe tactile par
excellence. Et la langue possède aussi une grande capacité tactile. Les stimuli
tactiles peuvent être très extrêmes en cas d'hypersensibilité.
Cette hypersensibilité
tactile peut compliquer des tâches simples et habituelles. Les enfants qui ont
une hypersensibilité seront dans un état d'alerte très élevé, ce qui les conduira
à des états forts d'anxiété.
C'est aussi fréquent
chez les enfants hypo sensibles d’être hypo répondants au niveau proprioceptif.
Ils ne sont pas capables de détecter dans l'espace une sensation tactile dans leurs
corps. Il est normal que chez les enfants avec une faible réponse tactile leur
réponse motrice soit faible aussi, y compris le contrôle de la force quand il
s'agit de manipuler des objets. Cette maladresse peut se manifester de
différentes manières, par exemple une lenteur quand il s'agit d'apprendre à
s'habiller et se déshabiller.
Odorat et goût
Les enfants ayant des
troubles olfactifs peuvent soit ignorer des odeurs fortes, tout sentir
compulsivement, mettre dans la bouche des choses étranges – hypo-réactif –, ou
bien au contraire, éviter les odeurs et les aliments, les odeurs ordinaires leur
causent des réactions de dégoût et ils ont tendance à être super-sélectifs avec
la nourriture – hyper-réactifs –. Et en ce qui concerne le goût c’est très
semblable.
Cela comprend des
niveaux d’hypo sensibilité qui font qu'ils prennent n’importe quoi dans leur
bouche, ou des enfants qui ne supportent pas que leur sphère oro-faciale soit
touchée.
Les particularités
sensorielles olfactives ou gustatives peuvent jouer un rôle dans les
difficultés alimentaires, concernant les différences de textures, de
température, d’odeur ou de goût des aliments, le refus de certains produits
d’hygiène ou encore l'odeur de certaines personnes.
Vestibulaire
Le système vestibulaire est situé dans l'oreille
interne et il est responsable de l'équilibre et l'orientation spatiale. Notre
cerveau utilise le système proprioceptif et vestibulaire pour traiter les
effets de la dynamique – évolution dans le temps d'un système physique – et la cinématique – les lois du mouvement des corps –, ce qui dans l’ensemble nous permet la
coordination du mouvement en trois dimensions. Et il y a aussi une relation
directe avec la vision, dans ce qu'on appelle le réflexe vestibo-oculaire (RVO).
C’est un mouvement réflexe des globes oculaires, dans le sens inverse du
mouvement de la tête, permettant une stabilisation du regard sur un point fixe.
La perception, le contrôle de l'orientation et des
mouvements corporels n'est possible que grâce à la mise en relation de toutes
les informations issues des récepteurs de l'oreille interne, des yeux, capteurs
musculaires, articulaires et cutanés. C'est ainsi le système nerveux central
qui centralise toutes ces informations et maintient le corps en équilibre.
Dans le cas de l'hyperréactivité vestibulaire l’enfant
vit dans une sorte d'état d'alerte permanent. Un problème dans la gestion de l'équilibre et
le contrôle spatial peut entraîner l'enfant à marcher sur la pointe des pieds
pour tenter d'être en mesure de se situer dans l'espace. Une mauvaise gestion
du système proprioceptif, qui devrait régler nos actions motrices, produit une
sensation étrange de marcher debout, et cette sensation désagréable est
compensée en marchant sur la pointe des pieds.
Beaucoup d'enfants atteints d'autisme adorent le mouvement,
se balancer, car ce mouvement produit une sensation agréable et stimulant pour
l'enfant, c’est un exemple qu'il y a un dysfonctionnement de l'intégration
sensorielle, liée à un problème avec le système proprioceptif et vestibulaire.
Les enfants avec une hypo réponse vestibulaire et
proprioceptive montrent une forte activité motrice, une impulsivité qui, dans
bien des cas, est confondue avec l'hyperactivité, et aussi en général l'enfant réalise
des actions dangereuses dues au manque de sens du risque.
L'hypo et l’hyperréactivité vestibulaire
compliquent le développement de l'enfant, provoquant des états d'anxiété, la
peur, la vivacité d'esprit, qui de toute évidence entravent sa capacité
d'apprentissage. Elles peuvent également provoquer un comportement impulsif,
une sorte de besoin impérieux de réglementer et obtenir la réponse sensorielle dont
l'enfant a besoin. Il y a une forte corrélation entre le vestibulaire, le
visuel et le proprioceptif.
Proprioceptif
La proprioception
désigne la perception, consciente ou non, de la position des différentes
parties du corps. C'est la capacité de notre corps pour bien nous informer de
notre position, la direction et le mouvement par rapport à notre propre corps. Elle
participe activement à notre planification motrice et le schéma de notre corps.
Le traitement adéquat de cette information nous permet que notre coordination
motrice soit correcte. Elle fonctionne grâce à de nombreux récepteurs
sensoriels situés dans l’oreille interne, les muscles et les tendons.
Les enfants atteints de somatodyspraxie ont un
déficit dans le traitement des informations somato-sensorielles (tactile -
proprioceptive) et des troubles fonctionnels liés à des difficultés dans
l'accomplissement de tâches qui requièrent des actes motrices inusuels, tels
que l'imitation des mouvements du corps, le sport, sauter à la corde l’écriture,
des activités de construction, d’habillement et d'hygiène, l’utilisation des
outils et ustensiles ; ne sachant pas quoi faire dans des situations sans
instructions spécifiques. Tout cela va générer une série de problèmes qui
affectent même l'écriture.
Les stéréotypies
Ce sont des actes que
l'enfant répète indéfiniment. Elles peuvent être verbales, gestuelles,
posturales... Les stéréotypies vocales sont fréquentes, l'enfant émet toujours
le même son, avec la même intensité. C'est pour l'enfant un moyen de résister
au changement.
L'enfant a souvent
recours aux stéréotypies pour se défendre face à un apprentissage, à une
nouvelle tâche, c'est pour lui une situation de confort. Elles permettent à
l'enfant d'exprimer son émotion, son ennui, et fonctionnent à défaut du
langage.
La plupart des
stéréotypies exprimées par l’enfant présentant un autisme concernent des auto-stimulations
sensorielles. La stéréotypie a souvent une fonction d’évacuation de
stress, ou d’angoisse.
Quelques symptômes
Un enfant présentant un
profil neuro-sensoriel altéré peut avoir un ou plusieurs symptômes.
* hypo ou hypersensible
dans un champ sensoriel,
* des
comportements de retrait, de frustration, ou d’agressivité inhabituels,
* facilement distrait,
* des difficultés
à s’adapter aux situations nouvelles,
* se fatiguer vite,
* des troubles du
langage,
* du retard dans
les acquisitions motrices,
* des difficultés
d’apprentissage,
* une mauvaise
coordination des mouvements et un équilibre insuffisant.
Recherche
Une molécule pourrait réguler les troubles
sensoriels
Des chercheurs de l'Inserm, dans une étude publiée
dans la revue scientifique Nature
Neuroscience en novembre 2014, expliquent avoir découvert un moyen de
traiter l'anomalie des perceptions sensorielles dont souffrent les patients
autistes.
Ils ont étudié chez des souris une autre maladie
neuro-développementale : le Syndrome de l'X Fragile. Cette pathologie
présente également des anomalies dans le traitement des informations
sensorielles par le néocortex, la partie du cerveau responsable de la
perception sensorielle. Dans ce cas, le néocortex de ces souris est
hyper-excité au contact de stimulations sensorielles tactiles.
Les chercheurs ont trouvé que certains canaux
ioniques – les molécules qui déterminent la façon dont les neurones traitent
les signaux électriques – "déraillent" au sein du compartiment
dendritique, une structure qui intègre les informations au sein des neurones.
Une molécule est parvenue à mimer un des canaux
ioniques. Cela a permis de corriger l'hyperexcitabilité des neurones ainsi que
les anomalies de l'intégration neuronale et l'hypersensibilité aux stimuli
sensoriels.
Cette découverte faite sur la souris offre un
nouvel espoir pour un traitement sur mesure des aspects sensoriels du Syndrome
de l'X Fragile et des troubles du spectre autistique.
L'hypersensibilité sensorielle mieux comprise
Des chercheurs du Neuro-centre Magendie à Bordeaux (Inserm)
dans une étude publiée dans Science Advances en novembre 2015, ont observé des différences dans les
connexions neuronales, expliquant en partie la façon atypique dont les
informations visuelles sont traitées par les personnes atteintes de troubles du
spectre autistique.
Le cerveau des personnes atteintes de troubles du
spectre autistique (TSA) présente une hyper-connexion de neurones à un niveau
local dans certaines parties du cerveau. En revanche, une vue d'ensemble du
cerveau montre que les différentes zones du cortex sont en partie
déconnectées les unes des autres. Or les communications entre ces différentes
zones cérébrales sont celles qui permettent
d’intégrer des informations plus complexes provenant de parties du cerveau qui
traitent souvent d’aspects différents.
Réorganisation neuronale des connexions locales et à longue portée sur une souris modèle (à droite) et sur une souris sauvage !à gauche) |
Le néocortex est la zone étudiée par les
chercheurs, notamment impliqué dans les perceptions sensorielles, les
commandes motrices volontaires ou le raisonnement spatial.
Les chercheurs expliquent que l'ensemble des connexions cérébrales
fonctionne comme une autoroute, permettant la distribution du trafic aux
différentes parties d’une agglomération, mais également à d’autres villes et
villages extérieurs. Mais dans le cas de l'X fragile, c'est un peu comme
si les petites communautés étaient déconnectées les unes des autres faute
d'autoroutes faisant le lien. Un maillage défaillant conduisant à une
interprétation atypique des informations sensorielles : un traitement augmenté des détails fins ou
des structures au détriment de l’image entière.
Transposés à l'homme, ces
résultats pourraient permettre de changer la manière d’évaluer de nouvelles
approches thérapeutiques pour traiter les personnes atteintes de l'X fragile ou de troubles du spectre
autistique.
Altérations du cortex insulaire associées aux troubles sensoriels de l'autisme
Des scientifiques de l'Université Harvard et
l'Institut Max-Planck de neurobiologie à Martinsried, dans une étude publié
dans la revue Neuron en juillet 2014,
décrivent des altérations de molécules inhibitrices dans le traitement
d'intégration du cortex insulaire dans des souris modèles génétiquement modifiés,
directement associées aux troubles sensoriels de l’autisme.
Les scientifiques ont recherché des modifications
de circuits neuronaux communs dans les souris modèles de l'autisme. Ils se sont
concentrés sur le cortex insulaire, une structure du cerveau qui contribue à
des fonctions sociales, émotionnelles et cognitives.
Le cortex insulaire des souris saines intègre des
stimuli de différentes modalités sensorielles et réagit plus fortement lorsque
deux stimuli différents sont présentés de façon concomitante (par exemple, un
son et une touche). Cette capacité de combiner des stimuli sensoriels a été
systématiquement affectée dans tous les modèles de l'autisme. Fait intéressant,
souvent un seul sens a suscité une telle réaction forte que l'ajout d'un
deuxième stimule n'a pas ajouté plus d'informations.
Ce est très semblable à la réminiscence de l'hyperréactivité
sensorielle vécue par de nombreux patients autistes. Les scientifiques ont
découvert en outre que le cortex insulaire des souris modèles adultes
ressemblait aux schémas d'activation observés chez les souris de contrôle (non autistes)
très jeunes, comme si le cortex insulaire des souris autistes n'aurait pas bien
mûri après la naissance.
Ces résultats suggèrent que le déséquilibre entre
excitation et inhibition peut être un facteur important dans la neuro-pathologie
de l'autisme. Cependant, les thérapies futures devront être soigneusement
adaptés à chaque sous-groupe particulier de l'autisme.
Son et image coïncident mal dans le cerveau des
autistes
Une étude menée à l'université de Vanderbilt
(Tennessee) et publiée dans la revue Journal of Neurosciences en
janvier 2014, suggère que les déficits
de langage et de communication des enfants autistes seraient liés à une
mauvaise capacité à intégrer des informations auditives et visuelles.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont
demandé à des enfants autistes, dits de haut niveau (c'est-à-dire sans
déficience intellectuelle), âgés de 6 à 18 ans de réaliser certaines
tâches mobilisant simultanément l'audition et la vision.
Les participants à l'étude ont travaillé à travers
un ensemble de tâches différentes. Les chercheurs ont utilisé différents types
de stimulus visuel, comme de simples étincelles et des sons ; des stimuli
environnementaux plus complexes, comme un marteau frappant un clou et des
stimuli de langage. Et on a demandé aux participants de dire si les événements
visuels et auditifs ont eu lieu en même temps.
L'étude a révélé que les enfants atteints
d'autisme ont une hypertrophie dans une région connue comme la fenêtre de
l'union temporaire, c'est-à-dire le cerveau présente des problèmes pour
associer des événements auditifs et visuels qui se produisent dans un certain
laps de temps.
Les enfants atteints d'autisme ont des difficultés
à traiter l'entrée simultanée par les canaux audio et visuels. C'est-à-dire ils
rencontrent des problèmes pour intégrer l'information simultanée de leurs yeux
et oreilles.
Dans une deuxième partie de l'étude, les
scientifiques ont découvert que les enfants autistes démontrent aussi des
faiblesses quant à la force de consolidation ou association des stimuli du
langage audiovisuel. Une des images classiques des enfants autistes est qu'ils mettent
leurs mains sur leurs oreilles. Il y a une situation d'une mauvaise “syntonisation”
des différents canaux sensoriels, générant donc un traitement erroné de ces
informations.
Les résultats montrent que, chez ces enfants, il
existe un délai entre le traitement de l'information vue et celle qui est
entendue. Cette difficulté à intégrer son et image pourrait avoir des
conséquences importantes sur les capacités de communication des enfants et
leurs interactions sociales.
Le traitement des différents types d'information
que notre cerveau reçoit en permanence de l'extérieur se fait dans des régions
corticales différentes. Une bonne intégration nécessite que la communication
cérébrale soit efficace.
Il a récemment été montré que les connexions dans
le cerveau des patients autistes seraient supérieures à celles d'enfants sans
TSA, mais uniquement à l'échelle locale. Les connexions dites de longue
distance, c'est-à-dire entre régions éloignées, seraient, elles, moins
efficaces. Une différence qui pourrait expliquer les perturbations sensorielles
décrites.
*
* *
Thérapie
d’intégration sensorielle
L’intégration sensorielle se réfère au processus
neurologique impliquant la réception, la modulation et l’intégration des
informations sensorielles. Le système nerveux transforme les sensations en
perceptions en organisant les informations sensorielles provenant du corps et
de l’environnement (fournies par les différents systèmes sensoriels :
tactile, auditif, visuel, gustatif/olfactif, vestibulaire, proprioceptif) afin
d’utiliser efficacement le corps.
La thérapie
d’intégration neurosensorielle est une intervention focalisée sur les réponses
sensorielles dysharmoniques exprimées par des enfants présentant des
troubles du développement et l’accompagnement à leur régulation.
Le développement harmonieux du jeune enfant est
fortement dépendant de ce processus neuro-développemental. L’intégration neurosensorielle
se développe de manière naturelle et adaptée pour la plupart des individus. Cependant, pour certaines personnes, le
développement de la planification ou la coordination motrice ou encore
l’adaptation aux stimuli de l’environnement ne va pas de soi.
Langage de signes versus système de communication augmentatif et alternatif (CAA)
Les langages
des signes désignent les langues gestuelles produites par les mouvements
des mains, du visage et du corps dans son ensemble. Les techniques d’interventions focalisées dans le langage visent à
améliorer le langage oral de l’enfant en utilisant plusieurs canaux comme le
geste, le symbole visuel, l’écrit…
À gauche: langage des signes À droite: Picture Exchange Communication System |
Elle ne désigne pas seulement plusieurs modes ou
systèmes de communication non orale, mais aussi une gamme de stratégies et de
techniques d'intervention dans le but de permettre une communication efficace
au moyen de symboles et d'aides. Son but étant de soutenir les enfants dans le
développement de compétences en communication efficace et d'aptitudes
scolaires.
Plusieurs auteurs expliquent que la difficulté des
enfants atteints d'autisme à apprendre le langage gestuel est en raison de
problèmes moteurs. L'utilisation de CAA favorise un développement beaucoup
plus riche et facile de la communication fonctionnelle et du développement du
langage et le discours.
Le langage des signes n'est pas une intervention
appropriée pour relancer le développement de la communication et l'utilisation
de CAA est beaucoup plus appropriée et efficace.
Modèles neuro-moteurs
PROMPT for Restructuring Oral Muscular Phonetic Targets (restructuration de cibles phonétiques musculaires orales) est une
technique qui intègre des principes neuro-moteurs, des informations
kinesthésique et proprioceptive, ainsi que des informations auditives et
visuelles.
En plus de la manipulation de structures de
production sonore, PROMPT attache beaucoup d'importance au mouvement du corps
et à la stabilité.
Une session typique comprend des activités basées
sur le jeu ou d'origine naturelle qui peut encourager les initiations d'interaction
de l'enfant. Ces manipulations comprennent le toucher, la pression, des
emplacements spécifiques, ainsi que la sensibilisation auditive et visuelle pour
promouvoir l'intégration structurelle au sein de l'appareil vocal de l'enfant.
Auditory-Motor Mapping. C’est une forme d’intervention
pour faciliter la sortie vocale en non-verbale. La formation de la cartographie auditive-moteur (AMMT) utilise les forces
musicales des enfants autistes pour se concentrer sur les compétences de la
parole. Il contribue à développer la parole par la formation de l'enfant à
associer des sons avec des actions motrices utilisées pour la communication.
Le système est basé sur
la combinaison d'une certaine intonation, accompagnée par le son d'une paire de
tambours, cette forme facilite le mappage audio-moteur. C'est très semblable au
système utilisé pour les bébés pour la création de statistiques et les modèles
de langage. Le thérapeute introduit des mots ou des phrases sous forme de
chanson pendant qu'il joue les tambours en forme rythmique. Cet acte est très
structuré et répétitif. Cette réponse positive est liée à l'intérêt et la
qualité d’empathie de l'enfant atteint d'autisme vers la musique et fait de la
thérapie quelque chose de plaisant pour l'enfant.
Le binôme chant-percussion
active des régions du cerveau impliquées dans les aspects visuel, auditif, moteur
et des représentations mentales de telles actions. Cette implication affecte le
lobe temporal, les régions frontale, postérieure et médiane, qui sont
vraisemblablement celles liées aux neurones miroirs. La région fronto-pariétale
est liée à la partie motrice, qui, selon la théorie des neurones miroirs, est
activée non seulement lorsque nous exécutons l'action, mais quand nous la voyons
ou entendons.
Stimulation électromagnétique
Deux techniques différentes sont analysées : Transcranial
Direct Current Stimulation (tDCS) et Transcranial Magnetic
Stimulation (TMS).
La stimulation transcrânienne par courant direct ou
tDCS, est une stimulation cérébrale non invasive. Cette technique consiste
à manipuler les fonctions cérébrales et peut être utilisée pour améliorer les
déficits langagiers.
La stimulation
magnétique transcrânienne ou TMS, est une technique médicale utilisée
dans le diagnostic et dans le traitement de certaines affections psychiatriques
et neurologiques.
Ce sont des techniques non invasives. Un courant
électrique intracrânien de faible intensité est appliqué sur le cortex cérébral.
Ces méthodes sont relativement nouvelles et sont encore en phase
d'expérimentation. Les deux techniques à petits essais ont rapporté des
résultats positifs, même s'il est important de noter qu'elles semblent
seulement être efficaces dans l'autisme de haut niveau et l'Asperger.
Interventions
dirigées à des activités de synchronisation
motrice
Ces méthodes sont axées sur l'intervention des modèles
de jeux dirigés. Les objectifs sont destinés à la communication, les activités
sociales, l’interaction avec les pairs et le développement du langage.
La recherche approfondie et à grande échelle a
montré que ces interventions peuvent améliorer les compétences du langage et de
la communication spontanées et généralisées, améliorer les conditions sociales
et les compétences de jeux, réduire les comportements inappropriés et améliorer
la motivation et la performance académique.
Early Start Denver Model (ESDM)
Le “Early Start Denver Model” (ESDM) est un
programme élaboré spécifiquement pour l’intervention auprès d’enfants atteints
d’autisme âgés de 12 à 48 mois (le programme peut toutefois être utilisé
jusqu’à l’âge maximal de 60 mois).
Tous les domaines du développement de l’enfant
font l’objet d’une évaluation et d’une intervention : communication
(réceptive et expressive), compétences sociales, imitation, jeu, cognition,
motricité (fine et globale) et autonomie. Une évaluation régulière des
compétences de l’enfant est effectuée, toutes les 12 semaines, à l’aide de la “Curriculum
Checklist”.
Le jeu et l’affect positif sont au cœur de
l’intervention. L’intervenant suit la motivation et les intérêts de l’enfant,
c’est donc ce dernier qui effectue le choix des activités. Le travail de
l’intervenant est alors d’insérer, au sein du jeu de l’enfant, un apprentissage
des compétences déterminées par les objectifs. Le jeu est rythmé par une
succession de tours de rôles entre l’intervenant et l’enfant, aussi bien dans
l’imitation que dans l’élaboration de l’activité. Les interactions sociales
sont continuellement sollicitées.
L’entraînement par imitation réciproque
C’est une intervention focalisée sur les interactions
sociales passant par l’imitation. Dans l’approche de l’entraînement par imitation
réciproque, on travaille avec l’enfant
sur une imitation spontanée via des jeux symboliques rappelant la vie
quotidienne, des comptines et des échanges entre pairs.
L’entraînement par imitation réciproque cherche à généraliser les compétences
d’imitation spontanée des jeunes enfants dans des situations de jeu
courantes centrées sur le développement des interactions sociales.
La capacité d’imitation sous-entend un certain
nombre de compétences cognitives et une sollicitation importante des fonctions
exécutives. L’imitation permet d’apprendre de nouveaux gestes ou
comportements en reproduisant ce qu’ils voient.
Dans l’ESDM, tout comme dans la méthode PRT (Pivotal Response Training), les intérêts
de l’enfant guident les séances, les tentatives de communication et de
participation aux activités sont renforcées même lorsqu’elles n’aboutissent pas
et les compétences acquises sont continuellement sollicitées dans le but
d’assurer leur maintien. C’est aussi par l’imitation
que le jeune enfant développe son langage et sa communication.
Les résultats des études sont très prometteurs dans la mesure où ils présentent des méthodes efficaces et qui génèrent des progrès significatifs et durables. De même, le fait que les troubles moteur et sensoriel font partie du problème, mais aussi de la solution, gagne de plus en plus de pertinence. Et chaque fois plus, les techniques de travail s’écartent des modèles purement comportementaux, pour devenir des modèles combinés d'intervention.
Voir aussi…
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