La maladie de Lyme ou
"borréliose de Lyme" est une maladie infectieuse répandue
mondialement, due à une bactérie appelée Borrelia burgdorferi, transmise par
l'intermédiaire d'une piqûre de tique infectée. Cette zoonose peut toucher
plusieurs organes et systèmes, la peau mais aussi les articulations et le
système nerveux. Non traitée, elle évolue sur plusieurs années ou décennies en
trois stades de plus en plus graves. Le traitement repose sur la prise
d'antibiotiques, il sera d'autant plus efficace qu'il sera administré
rapidement.
La maladie de Lyme a été
"redécouverte" lors d’une épidémie d’arthrites inflammatoires
infantiles à Old Lyme, au Connecticut (USA). En 1972, il y eu l’apparition des
premiers cas d’arthrite épidémique simulant des poussées de polyarthrite
rhumatoïde chez des sujets jeunes dans trois communes, à l’Est du
Connecticut : Lyme, Old-Lyme et East Haddam, d’où le nom de maladie de
Lyme aux USA et de borréliose de Lyme, en Europe.
Epidémiologie
Cette maladie est
principalement transmise par les piqûres de tiques contaminées. Cette
borréliose montre une répartition limitée à l'hémisphère nord et à une altitude
inférieure à 1000 m.
Le risque – lors de promenade
en forêt ou dans les herbacées – de se faire mordre par une tique augmente
lorsque la température se réchauffe dans les bois au printemps et se poursuit
jusqu'à l'automne. Les tiques peuvent cependant être actives l'hiver, si
celui-ci est doux et qu'il tombe peu de neige.
Le réservoir de germes
est très vaste : tiques, mammifères domestiques (chiens, chevaux, bétail)
et sauvages (écureuils, cerfs, mulots, campagnols).
Les tiques ne sont pas
naturellement infectées, elles se contaminent en se nourrissant du sang des
animaux sauvages infectés. Les tiques ne se déplacent pas loin par elles-mêmes.
Cependant, la propagation des populations de tiques par différents vecteurs
(rongeurs, oiseaux migrateurs, animaux domestiques) fait qu'il est possible de
se faire mordre en dehors des bois et des espaces naturels. Elles peuvent par
exemple se coller aux oiseaux migrateurs et tomber loin de leur emplacement
d'origine.
Les personnes à risque. Les personnes les plus
exposées sont les professionnels travaillant en forêt (forestiers, bûcherons,
gardes forestiers…), et ceux qui y vont pour leurs loisirs : les campeurs,
les chasseurs, les golfeurs, les pêcheurs, les ramasseurs de champignons, les
randonneurs, les campeurs… et les promeneurs du dimanche.
Symptômes et signes de la maladie de Lyme
La maladie de Lyme se
manifeste dans les trois à trente jours après la morsure de la tique par une
plaque rouge, inflammatoire, apparaissant sur la peau autour du point de
piqûre, qui siège le plus souvent aux membres inférieurs. La plaque va
s’étendre parallèlement à la guérison du centre ce qui va donner une espèce
d’anneau en extension, appelé “érythème chronique migrant”. Cette plaque peut
s’accompagner de fièvre, puis disparaître spontanément en quelques semaines.
Après l'inoculation
cutanée de la bactérie lors de la piqûre de tique, la maladie de Lyme évolue en
trois grandes phases, séparées par des périodes asymptomatiques (absence de
signes de la maladie).
Phase primaire
La phase primaire est
caractérisée par une lésion cutanée : l'érythème chronique migrant. Cette
lésion survient ente 3 et 30 jours après la piqûre de tique. Il s'agit d'une
papule érythémateuse (rouge) centrée par le point de piqûre, s'étendant
progressivement de façon centrifuge. Elle est habituellement non prurigineuse
(absence de grattage) et siège préférentiellement aux membres inférieurs
(parfois aux membres supérieurs, voire au visage chez l'enfant).
Des manifestations
générales (maux de tête, douleurs articulaires, légère ascension de la température
corporelle, fatigue) et des ganglions proches de la lésion cutanée peuvent être
associés traduisant la dissémination de la bactérie dans l'organisme. En
l'absence de traitement, l'érythème évolue pendant quelques semaines (extension
progressive) et disparaît sans séquelle.
Si la maladie de Lyme
n’est pas traitée à ce stade, les signes peuvent néanmoins s’estomper
spontanément et, pendant une période de latence clinique, l’infection va
diffuser et activer le système immunitaire.
Phase secondaire
La phase secondaire
survient plusieurs semaines ou mois après la disparition de l'érythème mais
peut révéler la maladie. Cette phase se caractérise par :
* Des manifestations
cutanées : il s'agit de lésions semblables à celles observées lors de la
phase primaire de la maladie ;
* Des manifestations
articulaires : douleurs articulaires fréquentes. Les arthrites sont moins
fréquentes et touchent les grosses articulations (genou) ;
* Des manifestations
cardiaques : syncopes (perte de connaissance), palpitations (sensation de
battement cardiaque dans la poitrine), douleurs thoraciques et surtout troubles
de la conduction auriculo-ventriculaire (le "courant électrique"
circulant normalement des oreillettes aux ventricules est interrompu de façon
sporadique pouvant entraîner de graves problèmes cardiaques). Ces
manifestations cardiaques évoluent le plus souvent vers la guérison sans
séquelle ;
* Des manifestations
neurologiques : la radiculite hyper algique (inflammation très douloureuse
des racines des nerfs innervant le territoire de la piqûre de tique). Le nerf
facial est fréquemment touché. Une méningite peut également s'observer.
Phase tertiaire
Elle se manifeste des
mois ou des années après le début de l'infection par :
* Des atteintes cutanées :
la maladie de Pick Herxheimer (inflammation cutanée évoluant vers une atrophie
de la peau), le lymphocytome cutané bénin (nodules violacés, arrondis, à
contours nets, fermes, localisés sur le front, le lobe de l'oreille et
régressant spontanément en quelques mois) ;
* Des atteintes
articulaires : identiques à celles observées dans la phase
secondaire ;
* Des atteintes
neurologiques : touchant la moelle épinière ou le cerveau (manifestations
neuro-psychiatriques diverses).
Ce stade de la maladie
correspond à des séquelles qui sont peu régressives et vont durer des années.
Après l’infection aiguë,
qui est surtout cutanée, l’infection non soignée peut passer par une phase
dormante puis affecter la plupart des organes (articulations, cœur, ganglions
et système nerveux), de manière aiguë et/ou chronique, avec des effets
différents selon les organes et les patients (rôle non négligeable de
l’immunité).
Des séquelles et
rechutes sont possibles et il peut y avoir un chevauchement entre les phases.
La maladie, au fil des “cycles infection-inflammation-cicatrisation”, peut
aboutir finalement à des cicatrices responsables de handicaps physiques et
mentaux définitifs.
Les signes les plus fréquents de la maladie de Lyme
Ces signes varient en
fonction du stade de la maladie, avec la possibilité de chevauchement des
stades, et en fonction du terrain immunitaire.
Il peut y avoir une
absence totale de symptômes chez certaines personnes. D'autres peuvent éprouver
des symptômes graves, mais des semaines seulement après la morsure.
Les principaux signes
seront une association à différents degrés de : fatigue, fièvre (avec ou
sans des frissons), gros ganglions, éruption cutanée, maux de tête, faiblesse
musculaire, engourdissements ou picotements, douleurs articulaires ou
arthrites, troubles du système nerveux (paralysies), trouble de la cognition
(difficultés à penser) et un rythme cardiaque irrégulier.
En l'absence de
traitement antibiotique, les signes peuvent durer des mois, voire des années.
Diagnostic et tests
La difficulté du diagnostic
de la maladie de Lyme vient du fait qu’elle atteint de nombreux organes et que,
quand la plupart des signes apparaissent, la morsure de tique est
habituellement guérie et oubliée. Les personnes atteintes ne font pas
nécessairement le lien entre la maladie et une morsure de tique.
Ces atteintes
infectieuses de différents organes et systèmes peuvent se manifester seules ou
de manière associée, ce qui complique le diagnostic. D’autant, qu’à ce stade,
le diagnostic est souvent difficile car il n’y a plus de trace de piqûre.
Le diagnostic de la maladie
de Lyme repose essentiellement sur les signes cliniques observés.
Afin de préciser le
diagnostic, il est possible de réaliser des examens pouvant mettre en évidence
dans le sang des anticorps – sérologies – témoignant d’une réponse de l’organisme à l’infection bactérienne.
Au laboratoire, le
diagnostic biologique repose sur deux tests réalisés en deux étapes : une
étape de “screening ” – dépistage – par une technique ELISA, confirmée obligatoirement par une seconde réaction appelée immuno-empreinte ou “Western-Blot”
selon les recommandations.
Un examen par PCR
(Polymerase Chain Reaction), est la technique de référence : elle permet
de mettre en évidence l’ADN de la
bactérie. La PCR est indiquée dans les cas douteux, en particulier les maladies
avec discordance entre la clinique et la sérologie.
En cas d’atteinte du
système nerveux, la recherche d’anticorps dans le liquide qui entoure le
cerveau – liquide céphalo-rachidien – par ponction lombaire (dans le bas du dos) peut aider à poser le diagnostic en cas de méningo-radiculite ou de
méningo-encéphalité.
Traitement de la maladie de Lyme
Lors de la première
phase de la maladie, le traitement a pour but d'assurer la disparition des
premiers symptômes de la maladie et de prévenir la survenue des manifestations
tardives en éradiquant le germe des organes pouvant être infectés.
Ainsi, pour chaque phase
et selon la sévérité de la maladie, le traitement peut varier et peut
nécessiter une hospitalisation. Il consiste à administrer un antibiotique (amoxicilline
ou doxycycline) éventuellement associé à un corticoïde.
En l’absence de traitement, la maladie peut
causer, quelques semaines, mois ou années plus tard, des douleurs articulaires
ou des arthrites et d’autres lésions cutanés, cardiaques ou neurologiques en
cas de troubles de la conduction auriculo-ventriculaire.
La phagothérapie
La Borrelia responsable de cette maladie se soigne
par antibiotiques, mais les traitements sont lourds et ne l’éliminent pas toujours.
Faisant partie des bactéries les plus rapides et les plus mobiles que l’on
connaisse, elle capable de se loger dans tous les tissus du corps humain, se
rendant comme invisible et, de ce fait, inatteignable par les antibiotiques. Pendant
toute la durée du traitement, elle peut se localiser sous forme de kyste
spongieux, attirant les globules blancs qui finissent par s’agglutiner et ainsi
la dissimuler. La bactérie s’en sort saine et sauve en laissant des lésions
créées par l’amas de globules blancs.
Les bactériophages ne peuvent pas véritablement
tuer Borrelia, mais ils permettent en revanche de grandement la fragiliser. En
la délogeant, le phage aide à exposer la bactérie à l’action des antibiotiques
qui peuvent ensuite la détruire.
Prévention de la maladie de Lyme
La meilleure façon de se
protéger de la maladie de Lyme consiste à éviter les morsures de tiques.
Lors d’une promenade
dans les zones boisées ou envahies par la végétation, du printemps à l’automne,
il vaut mieux porter des chaussures fermées, des pantalons et des chandails à
manches longues. Il peut même être conseillé de rentrer les jambes de pantalon
dans les chaussettes dans les zones où la maladie de Lyme sévit tout
particulièrement. Dans ces circonstances, il peut même être nécessaire
d’utiliser un insectifuge à appliquer sur la peau découverte.
Il est généralement
conseillé de porter des vêtements de couleur claire afin de repérer les tiques
plus facilement et de les faire tomber avant qu’elles ne pénètrent sous les
vêtements.
Les tiques se fixent à
la peau mais leur élimination dans les 24 à 36 heures prévient
habituellement l'infection. Il faut effectuer des inspections sur le corps des
enfants et des chiens à la recherche de tiques après une promenade en forêt. La
prise d’une douche ou d’un bain après la sortie est une bonne manière de le
faire.
Réduire la présence des tiques près de sa maison
Pour empêcher les tiques
de s'établir près des maisons d'habitation (si elle sont situées près d’une
zone sauvage ou d’un bois), il est conseillé de tondre régulièrement la pelouse
et d’entretenir la cour. Il faut aussi retirer les feuilles mortes, les
broussailles et les mauvaises herbes en bordure de la pelouse et près des murs
de pierre.
Il faut empêcher
l'activité des rongeurs en nettoyant et en scellant les murs de pierre et les
petites ouvertures autour de la maison.
Il faut empêcher les
animaux domestiques, et particulièrement les chiens, d'aller dans les bois et
mettre éventuellement des répulsifs à tiques sur les animaux domestiques.
Voir aussi…