L’allaitement est l’une des meilleures façons d’assurer la santé du nouveau-né, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon cette entité, l’allaitement maternel sauve 1,5 millions de vies chaque année.
Le lait maternel
Le lait maternel est un
aliment vivant et frais qui passe de la mère à l’enfant, sans intermédiaire. Il
est parfaitement adapté aux besoins de l’enfant : il stimule son développement
physique et intellectuel et contribue à la maturation de son système digestif
et de son système immunitaire. Chaque mère produit un lait adapté aux besoins
de son enfant.
Il est très facile à digérer
grâce à toutes les enzymes actives non allergènes qu’il contient, et grâce à
ses protéines parfaitement absorbées par l’enfant. Il fournit la quantité de
minéraux et de vitamines nécessaires au bébé sans nuire à ses reins. Il fournit
également tous les types de gras dont l’enfant a besoin : acides gras
oméga-3 et autres acides gras essentiels, qui contribuent au développement du cerveau
du bébé et de sa vision.
Riche
en anticorps à la naissance de l'enfant, le lait maternel voit sa composition
évoluer un mois après afin de s'adapter à ses besoins. Il contient 200 molécules de
sucre : vitamines, immunoglobulines, oligosaccharides.
Les molécules de sucre
prennent différentes formes et servent à renforcer l'immunité, stimuler la
croissance et façonner le microbiote intestinal de l'enfant. La première fonction du lait maternel est de
favoriser la colonisation de l'intestin par des bactéries capables de digérer
les molécules de sucre. Les
nourrissons naissent sans bactérie dans leurs intestins, mais en quelques
jours, ils en possèdent des millions, et une semaine seulement après leur
naissance, des milliards.
Les composants nutritifs favorisant la neurogénèse et la pousse dendritique
Les glucides
Parmi
les glucides (ou sucres), on en trouve plusieurs types selon le nombre de
sucres simples accrochés les uns au autres.
Lactose.
Le lait humain est l’un des plus riches en lactose, particulièrement utile pour
le développement du tissu cérébral.
Oligosaccharides ou
oligosides. Le lait des premiers jours – colostrum – est plus riche en oligosides que le lait mature, ce qui correspond aux besoins plus importants du
nourrisson pour la maturation cérébrale.
Les lipides
Un acide
gras, est un acide carboxylique dont la chaîne carbonée est très longue. Parmi
les graisses essentielles pour le cerveau : l’acide arachidonique, le DHA
(acide docosahexaénoïque) et le cholestérol.
Le
cholestérol. Il joue un rôle dans le développement cérébral notamment la
myélinisation et l’intégrité
membranaire.
L’acide
arachidonique et le DHA sont des molécules très concentrées dans les
membranes cellulaires de la rétine et du cerveau, elles s’y accumulent très
rapidement pendant la période de développement cérébral.
Globalement,
le lait artificiel ne contient pas de DHA mais contient des précurseurs. Encore
faut-il que les enzymes qui les transforment en DHA soient actifs chez le
nourrisson.
Les protéines
Peu
riche en protéines, car le cerveau humain a surtout besoin de sucres, mais leur
qualité est spéciale.
Taurine.
Acide aminé constituant les protéines est en grande proportion, il joue un rôle
important dans la construction du cerveau et le fonctionnement des cellules
cérébrales.
Leptine.
Est une protéine composée de 167 acides aminés, elle régule les réserves de
graisses, joue sur l’appétit en contrôlant la satiété; il a été montré qu’elle
est aussi impliquée dans la régulation de la fonction cognitive en influençant
le mécanisme mis en jeu lors de l’apprentissage et la mémoire.
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Depuis
les années 70 la recherche médicale a fait de très grands progrès. On a vu se
multiplier des études biochimiques sur la composition du lait maternel et sur les
effets (in vivo et in vitro) de tel ou tel de ses
composants, études épidémiologiques (rétrospectives et de suivi), études
cliniques, etc. La recherche en matière d'allaitement a également bénéficié des
recherches et découvertes en matière d'immunologie, hormonologie, étude des
maladies infectieuses, étude des mécanismes de l'allergie, etc.
Les
études les concernant sont très nombreuses, et aboutissent toutes à la même
conclusion : la mortalité et la morbidité sont bien moindres chez les bébés
allaités. Ces derniers risquent 10 fois moins d'être hospitalisés pour une
quelconque infection bactérienne sévère, et 4 fois moins de présenter une
bactériémie ou une méningite. La différence est particulièrement dramatique
dans les pays pauvres où les maladies infectieuses sont responsables de
l'immense majorité des morts infantiles.
L'allaitement maternel aiderait le développement du cerveau de bébé
Des
chercheurs de la Brown University (Etats-Unis), dans une étude publiée dans la
revue NeuroImage en juin 2013, ont découvert que l'allaitement maternel
permettait un meilleur développement du cerveau qu'avec du lait de synthèse.
Les
chercheurs ont utilisé une forme d'Imagerie à résonance magnétique (IRM)
adaptée aux enfants, afin d'observer la croissance du cerveau de 133 bébés âgés
de 10 mois à 4 ans pendant leur sommeil. Auparavant, les enfants avaient été
séparés en trois groupes: ceux dont les mamans déclaraient les avoir nourris au
sein pendant les trois derniers mois; ceux dont les mamans alternaient lait
artificiel et lait naturel; et ceux uniquement nourris au lait artificiel.
Les scientifiques
ont particulièrement observé le développement de la substance blanche dans le
cerveau des enfants. Au sein du système nerveux, c'est elle qui relie les
différentes parties de la substance grise, où se situent les neurones. Ainsi,
plus la substance blanche est développée, plus les connexions cérébrales se
font rapidement.
Les
enfants uniquement nourris au lait maternel bénéficiaient d'une croissance en
substance blanche bien plus élevée que ceux nourris alternativement de lait
artificiel et de lait maternel, qui eux-mêmes présentaient des résultats
supérieurs aux bébés seulement nourris au lait de synthèse. La différence de
développement de cette substance entre les bébés uniquement nourris au lait
naturel et ceux uniquement nourris au lait artificiel était même de 20 à 30%.
Les
principales zones cérébrales concernées par cette croissance plus rapide de la
substance blanche furent celles du langage, des émotions et de la connaissance.
Des observations confirmées par une série de tests de comportement effectués en
aval par les chercheurs.
Contraste entre un enfant de 1 an (à gauche) et un enfant de 3 ans (à droite). La zone de couleur, représentant la substance blanche, est bien plus développée. |
Les
enfants les plus âgés ont été dissociés des plus jeunes afin de comprendre
équitablement l'augmentation du taux de substance blanche dans chaque groupe,
qui est différente en fonction de l'âge.
Examiner
séparément les enfants les plus âgés et les plus jeunes permet aussi de
comprendre à partir de quel âge se creuse le fossé dans le développement de la
substance blanche. Les différences peuvent se creuser quasiment dès les
premiers instants de la vie.
Les
chercheurs ont aussi étudié les contrastes sur le long terme en comparant les
enfants nourris au lait maternel depuis plus d'un an et ceux suivant le même
régime mais seulement depuis trois mois. Les écarts de croissance du cerveau
étaient largement à l'avantage des bébés nourris au lait maternel depuis un an.
Le lait maternel favorise le développement du cerveau des bébés prématurés
Selon
une étude présentée par des chercheurs de
l'université de Washington à la réunion
annuelle de la Pediatric Academic
Societies à Baltimore (Etats-Unis) et publiée sur le site Eurekarlet
en avril 2016, les bébés prématurés nourris pour moitié au lait maternel auraient un cerveau
mieux formé et développé que les autres.
La
prématurité est une des causes majeures des problèmes neurologiques chez les
enfants et est souvent liée à des troubles psychiatriques plus tard. Les chercheurs
ont suivi 77 nourrissons prématurés (d'au moins 10 semaines) à travers leurs
premières années de vie pour voir comment ils grandissaient, en se concentrant
sur leur développement moteur, cognitif et social par IRM. Ils ont aussi
analysé si l'alimentation au lait maternel a modifié ou pas le développement du
cerveau.
Les
scientifiques ont constaté que les bébés prématurés dont l'alimentation
quotidienne était d'au moins 50% de lait maternel avaient un tissu cérébral et
un cortex plus développés en volume que les bébés prématurés qui avaient reçu
moins de lait maternel, au même
âge.
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*
Le lait maternel est bénéfique pour le cerveau
Le cerveau des bébés nourris au sein se
développe plus vite que celui de ceux nourris au lait en poudre. Les
enfants allaités seraient légèrement plus précoces que les autres, pour le
langage à l’âge de 2 ans et sur le plan psychomoteur à 3 ans. Le lait maternel
est très riche en acides gras essentiels, oméga 3 et oméga 6, indispensables au
développement cérébral. Ces acides gras sont de bonne qualité et très bien
assimilés par l’enfant. Plus l’allaitement est long, plus il est profitable.
Selon
une étude Israélienne le lait maternel permettrait de prévenir le développement de l’hyperactivité chez l’enfant. Les
chercheurs supposent que cet effet serait dû, soit à la composition même du
lait maternel, soit au lien tissé entre la mère et son enfant pendant la
période d’allaitement.
Renforce l’immunité du nourrisson
Le
lait maternel a pour fonction de poser les premières pierres du système
immunitaire du nouveau-né. Dès sa naissance, le lait est riche en anticorps et
en molécules ralentissant la croissance de bactéries nocives et coordonnant
l'activité des globules blancs. Après un mois, le niveau d'anticorps maternels
baisse de plus de 90%, probablement car l'enfant commence à développer son
propre système immunitaire. Le lait humain contient des protéines
spécifiques qui anéantissent certaines
bactéries et transportent le fer.
Plusieurs
études épidémiologiques ont démontré un effet protecteur de l’allaitement
maternel sur les infections digestives (vomissement, diarrhées) ou
respiratoires (rhinites, otites) dans la petite enfance et sur certaines
allergies. L’allaitement préviendrait
par exemple l’asthme sous réserve qu’il soit exclusif et prolongé au
moins de 4 mois. Les enfants allaités au sein seraient aussi moins exposés au risque d’obésité pendant l’enfance et
l’adolescence. Ce phénomène s’explique par le fait que dans le cas d’un
allaitement au sein, l’enfant est le plus souvent nourri à la demande. Il
apprend donc à auto réguler son alimentation plus tôt que l’enfant nourri au
biberon. Les enfants allaités auraient aussi moins tendance à avoir de diabète.
Des bénéfices pour la mère
L’allaitement
réduit le risque d’hémorragie après l’accouchement; il diminue les probabilités
que la mère souffre d’anémie (en retardant le retour de ses menstruations) et
il réduit le besoin d’insuline des femmes diabétiques. À long terme, il diminue
aussi le risque de souffrir d’ostéoporose, d’un cancer du sein, de l’ovaire ou
de l’utérus. Enfin, il agit sur le plan hormonal et abaisse le niveau de stress
de la maman.
La perte de poids se révèle plus rapide
au cours des six mois qui suivent l’accouchement. L’allaitement permet de
perdre plus facilement les kilos en
puisant dans les graisses accumulées au cours de la grossesse.
Sur
le plan psychoaffectif,
l’allaitement maternel joue un rôle important dans l’épanouissement, voire la santé mentale, de la mère. Comme le
souligne l’Organisation Mondiale de la Santé, l’allaitement maternel permet de nouer des liens physiques et
émotionnels uniques, bénéfiques pour la santé à la fois de la mère et de
l’enfant. Ce corps à corps permet à la mère de s’instaurer dans son rôle de mère.
Durée de l’allaitement
L’Organisation
mondiale de la Santé, l’UNICEF et la Société canadienne de pédiatrie
recommandent de ne nourrir les
bébés que de lait maternel les 6 premiers mois de leur vie.
L’allaitement peut ensuite se poursuivre pendant 2 ans et au-delà, si on
intègre aussi dans le régime du bébé des aliments complémentaires.
Les
effets bénéfiques de l’allaitement sur la santé de la mère et sur celle de
l’enfant sont liés à sa durée et à son exclusivité : plus la durée de
l’allaitement est longue (en nombre de mois) et plus il est exclusif (enfant
nourri au sein seulement), plus ses effets bénéfiques sont importants. Cela
explique pourquoi on recommande si fortement d’allaiter exclusivement le bébé
pendant les 6 premiers mois de sa vie.
L'allaitement
et le travail – Extraire et conserver son lait maternel
Durant
les premiers mois qui suivent la naissance, l'allaitement maternel joue un rôle
primordial dans le développement harmonieux du nouveau-né. Cependant, il n'est
pas toujours possible pour la nouvelle maman de répondre quotidiennement, et à
chaque fois que nécessaire, à cette exigence. Différentes circonstances peuvent
éloigner temporairement la mère de son bébé, compliquer périodiquement la
tétée, ou encore rendre momentanément le lait impropre à la consommation. En
prévision de ce genre de situations, les nouvelles mamans peuvent opter pour
une solution alternative, à mi-chemin entre allaitements naturel et artificiel
: tirer leur lait et le conserver.
Il
est préférable de commencer à stocker le lait quatre ou cinq jours avant la
date à laquelle il sera nécessaire de se séparer du bébé, afin d’éviter le
stress.
Le
lait maternel est un produit très
stable, qui se conserve très bien. Étant un aliment frais et vivant, il
convient de bien se laver les mains et le matériel avant le recueil pour éviter
toute contamination.
Conservation du lait maternel
* Utiliser des contenants bien lavés et stérilisés.
* Maintenir la chaîne du froid aussi longtemps que possible.
* Congeler convenablement le lait qui ne va pas être utilisé.
* Garder le lait en petites quantités (50-100 ml) pour pouvoir décongeler uniquement ce que l’enfant a besoin à chaque prise.
* Étiqueter les contenants de lait avec la date et l'heure d’expression de
manière à décongeler toujours le lait le plus vieux.
* Une fois décongelée, remuer le lait pour l’homogénéiser.
Transport du lait
Le
placer dans un contenant isotherme avec un pain de glace. Le trajet ne doit pas
durer plus d'une heure et, une fois à destination, mettre le lait immédiatement
au réfrigérateur.
Décongeler et chauffer le lait
Le
lait non-réchauffé doit être consommé dans l'heure qui suit sa sortie du
réfrigérateur ; s'il a été chauffé, il doit être consommé dans les 30
minutes. Il faut éviter de remettre au frais du lait qui a déjà été réchauffé
une fois.
Durée de conservation
* À
la température ambiante, jusqu'à 6 heures
* Au
réfrigérateur, jusqu'à 3 jours environ
* Au
congélateur, jusqu'à 3 mois environ
* Dans
un congélateur coffre, jusqu'à 6 mois environ
Des procédures telles que l’extraction, le stockage et le chauffage du lait maternel, qui déjà ne provient pas de la poitrine et les ustensiles utilisés pourraient changer une des principales caractéristiques bénéfiques du lait maternel : sa stérilité.
Si les
tire-lait, téterelles, flacons,
cuillères, verres et autres ustensiles utilisés pour l’alimentation du bébé ne
sont pas stérilisés, des infections gastro-intestinales, pharyngite, laryngite,
et même des affections buccales pourraient apparaître. Ces situations peuvent
causer des dommages graves pour la santé du bébé.
"Si chaque enfant était mis au sein dans l’heure qui suit la naissance, si on ne lui donnait que du lait maternel pendant les six premiers mois et si l’allaitement maternel était maintenu jusqu’à l’âge de deux ans, on sauverait près de 800.000 vies d’enfants chaque année", écrit sur son site l'Organisation Mondiale de la Santé, qui promeut activement ce mode d'alimentation au niveau mondial.
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