mercredi 9 décembre 2015

L'Exposition aux Polluants Atmosphériques a un Impact sur le Cerveau Humain


Des substances chimiques présentes dans l’environnement ont des effets nocifs sur
le fonctionnement du cerveau, les capacités cognitives et les risques de troubles mentaux et psychiatriques


L'air demeure un élément fondamental et indispensable pour les êtres vivants. Ainsi, chaque jour, nous inspirons environ 20 m3 d'air. Celui-ci se compose originellement d'un ensemble de gaz et de particules dont la présence et les concentrations sont telles que la vie est possible, ce qui reste pour l'instant un cas unique dans l'ensemble des planètes connues.

La pollution atmosphérique signifie la présence indésirable d'impuretés ou l'élévation "anormale" de la proportion de certains constituants de l'atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives.

La pollution de l’air est un mélange complexe et en constante évolution de divers éléments chimiques, biologiques et physiques pouvant être toxiques pour l’homme. Chaque jour, un adulte inhale 10.000 à 20.000 litres d’air composé à 99% en moyenne d’oxygène et d’azote, mais qui peut également contenir divers polluants pouvant être à l’origine d’effets sur la santé.

La pollution atmosphérique sévit surtout en milieu urbanisé et dans les zones d'activités, non seulement par suite de la concentration des industries et des foyers domestiques, mais aussi à cause de la circulation des véhicules à moteur.


Effets de la pollution sur le cerveau humain


Selon une vaste étude américaine conduite par des chercheurs de l’Université Columbia, publiée dans PLOS One en décembre 2014, les enfants exposés in utero à des niveaux élevés de deux phtalates présenteraient en moyenne un quotient intellectuel (QI) inférieur de plus de six points à celui d’enfants moins exposés.

Les phtalates sont des composants présents dans de nombreux produits courants : objets en PVC, textiles imperméables, cuirs synthétiques, rouges à lèvres, shampooings. Bien que ces substances soient en partie interdites en Europe comme aux Etats-Unis, elles demeurent présentes dans certains dispositifs médicaux. En juillet 2015 la France est devenue le premier pays à interdire le matériel contenant des phtalates dans les services de néonatalogie, pédiatrie et les maternités.

L’étude américaine a porté sur 328 femmes dont l’urine a été analysée au cours du troisième trimestre de grossesse pour y mesurer la concentration de quatre phtalates. Les tests de QI ont été réalisés auprès de leurs enfants à l’âge de sept ans. Les chercheurs ont découvert que, pour le premier quartile des enfants dont les taux de DnBP et DiBP étaient les plus élevés, le QI était respectivement de 6,6 et 7,6 points inférieur à celui du quartile des enfants dont la mère présentait la concentration la plus basse de ces deux phtalates.

Selon les chercheurs l’ampleur de ces différences de QI est troublante. Une baisse de six ou sept points pourrait avoir des conséquences substantielles sur la réussite scolaire et le potentiel professionnel de ces enfants.


L’impact de l’exposition à long terme sur le cerveau


De certaines substances chimiques présentes dans l’environnement ont des effets nocifs sur la santé, non seulement sur la santé physique mais également sur le fonctionnement du cerveau, les capacités cognitives et les risques de troubles mentaux et psychiatriques.

A cet égard, l’exemple que représente la très forte progression de l’incidence de l’autisme dans le monde représente un véritable défi pour la communauté scientifique.

Selon les dernières données publiées par le Centre Américain de contrôle et de Prévention des Maladies (CDC), l’autisme concernerait à présent un enfant sur 68 aux Etats-Unis, soit une augmentation de l’incidence de 30% en seulement deux ans. Cette incidence globale des troubles autistiques aurait doublé depuis 10 ans et aurait été multipliée par plus de 20 depuis 30 ans, sans qu’il soit possible de fournir une explication scientifique satisfaisante à cette fulgurante progression.

D’autres troubles neuro-comportementaux ont également progressé fortement aux Etats-Unis au cours de ces dernières années. Par exemple, le taux d’enfants souffrant d’hyperactivité et de troubles de l’attention est passé de 7,8% des enfants entre 4 et 17 ans en 2003 à 11% en 2011. Le CDC précise que globalement, un enfant américain sur six est à présent affecté par un trouble du développement ou une pathologie psychiatrique.

Selon la chercheuse Barbara Demeneix, directrice du département Régulations, développement et diversité moléculaire du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), cette progression anormalement rapide de l’incidence des troubles neuro-comportementaux serait essentiellement due à une exposition prolongée de la population générale à certaines pollutions chimiques diffuses.

L’augmentation très forte de la fréquence de l’autisme est très difficilement imputable à la seule génétique et aux progrès en matière de diagnostic et ne peut être expliquée qu’en intégrant les effets des facteurs environnementaux. Il est peu probable que l’augmentation de fréquence de l’autisme relève d’un biais de mesure car le niveau d’incidence en fonction du sexe reste constant et les garçons sont toujours cinq fois plus touchés que les filles.

Selon cette scientifique, l’augmentation forte et globale de l’incidence des troubles du développement pourrait être liée aux effets néfastes de plusieurs molécules de synthèse capables de modifier le fonctionnement de la glande thyroïde et de perturber les hormones thyroïdiennes qui jouent un rôle important dans l’expression des gènes à l’origine de certaines structures cérébrales comme l’hippocampe. Certaines de ces substances, et notamment certains composés chlorés, certaines dioxines, le bisphénol A, certains perfluorés et certains solvants pourraient altérer le comportement ou les capacités cognitives des enfants exposés in utero, ou aux premiers âges de la vie.

L’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), en charge d’établir les protocoles de test des substances chimiques mises sur le marché, prend très au sérieux ce nouveau défi de santé publique et vient de se prononcer pour le développement urgent de nouveaux tests capables de mieux identifier les molécules interférant avec la thyroïde.

Une étude publiée par la Université de South California dans la revue de référence Archives of General Psychiatry en novembre 2012 avait déjà montré que l’exposition in utero à la pollution de la circulation multiplie le risque d’autisme par 2 et, et par 3 durant la première année de vie de l’enfant. Dans ce travail, l’équipe du professeur Volk a travaillé sur 279 enfants atteints d'autisme et 245 enfants-témoins, indemnes de ce trouble. En analysant les lieux de résidence des mères et de leurs enfants, les chercheurs sont parvenus à estimer l’exposition à la pollution pour chaque trimestre de la grossesse et pendant la première année de vie. Ce travail a montré que les enfants qui avaient vécu dans un environnement plus exposé à la pollution atmosphérique liée à la circulation, avaient sensiblement plus de risques de développer un trouble autistique.

Une autre équipe de recherche américaine, de la faculté de santé publique d'Harvard a également travaillé sur les liens possibles entre l'exposition à la pollution et le risque d'autisme. Ces chercheurs ont analysé des données médicales concernant 116.000 femmes suivies pendant plus de 20 ans. Ils ont également passé au crible la qualité de l’air et son évolution dans différents lieux des naissances, tout en intégrant dans leur étude d'autres facteurs environnementaux, comme le tabagisme et le niveau socioprofessionnel des parents.

Ce travail publié en août 2013 a finalement montré que dans les zones plus polluées, le risque de développer des troubles autistiques était multiplié par deux par rapport aux lieux de vie les moins exposés à la pollution. Il semblerait, selon ces travaux, qu'une exposition prolongée à une trop forte concentration de particules fines, notamment émises par les véhicules diesel ou la combustion de bois, pourrait avoir des effets irréversibles sur le développement des fonctions cérébrales des enfants.

Une autre étude américaine de l'Université de Pittsburgh, publiée en octobre 2014, montre également que les enfants atteints de troubles autistiques sont plus susceptibles que les autres d'avoir été exposés à certains polluants atmosphériques pendant la grossesse et pendant leurs deux premières années de vie.

Dans ce travail, les chercheurs ont étudié 217 familles dont les enfants étaient atteints d’autisme. Ils ont comparé leur exposition et celles de deux populations à plus de 30 polluants connus pour causer des perturbations endocriniennes ou des problèmes de développement neurologique. Résultat : les enfants qui avaient été exposés à des niveaux plus élevés de chrome et de styrène (utilisés dans la fabrication des plastiques et également issus de la combustion de l'essence des voitures) étaient 1,4 à 2 fois plus susceptibles que les autres de souffrir d’autisme.

L'Inserm a réalisé, sur plus de trois millions d'enfants suivis pendant 20 ans, un remarquable travail de recherche qui a montré que l'exposition à une forte pollution altérait le système immunitaire des fœtus pendant la grossesse de la mère.

Publiée en 2009, cette étude menée sur 280 femmes enceintes indique que leur exposition aux polluants atmosphériques, notamment ceux issus de la combustion (trafic routier, chauffage), pourrait nuire à la croissance du fœtus. Cette étude a pris en compte, grâce une méthodologie particulière, l’exposition des femmes à la pollution extérieure mais également intérieure.

Même en prenant en compte l’effet des facteurs déjà connus, cette étude a montré que l’exposition aux polluants de l’air est associée à une diminution du poids de l’enfant à la naissance ainsi qu’à une diminution de son périmètre crânien dès la fin du deuxième trimestre de grossesse.

La Commission européenne a lancé une consultation publique sur les perturbateurs endocriniens, achevée en janvier 2015. L’objectif de cette campagne est de mieux prévenir les effets néfastes de ces perturbateurs endocriniens. La consultation européenne porte sur l’adoption de critères de définition de ces substances, que l’industrie souhaite très souples, alors que les associations espèrent qu’ils permettront leur interdiction définitive.

L’Agence européenne de l’environnement a alerté sur les conséquences sanitaires, chiffrées, de la pollution atmosphérique en novembre 2015. La pollution reste le premier facteur de risque sanitaire  environnemental en Europe avec pour effet direct, plus de 430.000 décès prématurés en Europe chaque année. Au-delà, la pollution raccourcit aussi l’espérance de vie et réduit la qualité de vie. Enfin, elle coûte très cher à l’Europe, entre 330–940 milliards par an.


L’exposition prénatale à la pollution atmosphérique a un impact sur le cerveau des fœtus


Une nouvelle étude américaine réalisée par des scientifiques de l’Hôpital des enfants de Los Angeles, publiée en mars 2015 dans la revue en ligne Jama Psychiatry, montre que l’exposition prénatale aux polluants de l’air aurait un impact négatif sur le développement de l’embryon, et se ferait ressentir plus tard durant l’enfance, plus précisément au niveau de la cognition et du comportement. Les chercheurs ont également évalué les conséquences de cette exposition sur la structure du cerveau. Elle provoquerait des anomalies visibles chez les enfants en bas-âge.

L’examen a suivi 40 enfants qui habitent la ville, de la période fœtale jusqu’à l’âge de 7 à 9 ans. Les scientifiques ont découvert un lien entre le degré d'exposition prénatale aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et la réduction de la matière blanche au cours de l’enfance. Ces polluants sont des neurotoxiques omniprésents dans l’environnement. Ils sont générés par la combustion de matières fossiles sous forme gazeuse ou particulaire (principalement dans les moteurs diesel, le tabac).

En d’autres termes, plus le cerveau serait exposé à la pollution, plus la matière blanche  située sous la matière grise  dans le cerveau des enfants diminuerait. Les HAP provoqueraient ainsi un déficit de l’attention, des troubles du comportement, comme l’hyperactivité ainsi que des troubles de la conduite, avec des tendances à l’agressivité.

Les chercheurs comptent poursuivre les recherches avec un échantillon d’enfants plus important afin de valider ces résultats. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population est urbanisée et ainsi confrontée à la pollution.


L’exposition aux polluants organiques persistants (POP) environnementaux affecte la croissance des nourrissons


Une étude de l’Institut norvégien de santé publique, publiée dans la revue Environmental Health Perspectives en mars 2015, montre comment 2 polluants organiques persistants vont soit entraîner une croissance rapide dans la petite enfance, soit réduire la croissance en deçà de la courbe normale.

Même si les niveaux de ces 2 polluants environnementaux ont diminué au cours des 20 dernières années, leurs effets néfastes sur le développement des enfants persistent. Il s’agit du :

* biphényle polychloré, un produit chimique largement utilisé dans les fenêtres et les équipements électriques avant d’être interdit dans les années 1990.
* p’-dichlorodiphényldichloroéthylène, un métabolite d’un pesticide dont l’utilisation est aujourd’hui réservée au contrôle du paludisme.

Cependant leur persistance a entrainé une accumulation et une concentration importantes dans la chaîne alimentaire. Les humains y sont toujours exposés via certains aliments, en particulier les fruits de mer et le lait maternel.
Les chercheurs ont d’abord développé un modèle pour estimer l’exposition dans la période de l’allaitement maternel. Puis ils ont analysé les données de 7 cohortes de naissance européennes, portant au total sur 2.500 couples mère-enfant. Ils ont regardé si l’exposition à ces 2 polluants avant et après la naissance était associée à une perturbation de la croissance durant la petite enfance. Ils constatent que,

* les niveaux maternels de DDE soit la dose à laquelle les nourrissons ont été exposés in utero sont significativement associés à une croissance rapide en début de vie,
* les niveaux de PCB153 dans le lait et la part transférée par l’allaitement maternel sont associés à une diminution de la croissance des nourrissons en dessous des courbes de croissance normale.

Bien que les concentrations de PCB et de DDE aient diminué, l’étude montre que même les niveaux de persistance actuels en Europe peuvent affecter le développement des bébés. A ces effets directs sur la croissance, s’ajoutent les effets indésirables des polluants transférés par le lait maternel qui restent à identifier.

Des résultats qui convergent avec de précédentes études menées sur l’animal, qui ont montré l’association entre ce type d’expositions et le risque d’obésité. En affectant le système endocrinien et les voies neuronales, ces composés chimiques dérèglent le métabolisme. Peu d’études ont encore porté sur les humains hors sur la période intra-utérine / prénatale, et aucune ne prend en compte le transfert de polluants pendant l’allaitement. Les auteurs citent quelques études qui rapportent également ces associations, en particulier avec le poids de naissance.

Il reste, dans ce type d’analyse, le risque de facteurs de confusion non mesurés et inconnus. Aussi, précisent les auteurs, les conclusions, en particulier sur l’allaitement, ont un certain degré d’imprécision d’ailleurs illustré par certaines incohérences entre les cohortes. Cependant, une convergence commence à se dessiner, au fil des recherches qui appelle à poursuivre les actions visant à réduire l’exposition humaine aux polluants persistants.


Effets de la pollution sur le cerveau des adultes


Il existe plusieurs études qui soutiennent la théorie selon laquelle les adultes, dans la dernière partie de leur vie, souffrent d'un déclin cognitif qui est accéléré comme conséquence de la pollution de l'air.

Les particules toxiques atteignent le cerveau par trois voies importantes :

1. Les particules sont si petites, qu'elles n'atteignent pas les poumons, mais  s'infiltrent directement dans le sang, pour circuler ensuite jusqu’au cerveau.

2. les particules voyagent directement du nez au cerveau via le nerf olfactif, contournant ainsi torrent sanguin.

3. Les polluants fonctionnent comme porteurs d'autres molécules toxiques qui peuvent plus facilement se propager par le sang.

Dans tous les cas, lorsque les particules atteignent le cerveau, l’enflamment, causant ainsi des lésions dans le tissu du cerveau.


L’exposition à long terme au bruit de la circulation routière augmente le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC)


Une étude réalisée par des chercheurs de la London School of Hygiene & Tropical Medicine publiée dans European Heart Journal en juin 2015, confirme l’association de l’exposition au bruit de la circulation à un risque accru d’AVC et de décès.

Les chercheurs suggèrent que le bruit pourrait affecter le système neuro-endocrinien et augmenter les niveaux d'hormones de stress favorisant les conditions de développement de l’AVC.

Ils ont analysé des données de 8,6 millions de personnes vivant à Londres durant la période 2003- 2010. Leur analyse montre que :

* Les décès sont 4% plus fréquents chez les participants vivant dans des zones où le bruit de la circulation routière pendant la journée est >60 dB, vs <55dB.
* Ces décès sont plus susceptibles d'être liés à la maladie cardiovasculaire.
* Les adultes vivant dans les zones avec bruit > 60dB sont également 5% plus à risque d’hospitalisation pour AVC,
* La nuit, le bruit du trafic routier est également associé à une augmentation du risque d’AVC, de 5%, chez les personnes âgées.

Selon les auteurs le bruit favorise l’augmentation de la pression artérielle, les troubles du sommeil et le stress.


L’exposition à long terme aux particules fines peut endommager les structures du cerveau


Selon une étude réalisée par des scientifiques du Beth Israel Deaconess Medical Center et de l’École de médecine de l’université de Boston, publiée dans la revue Stroke en avril 2015, la pollution particulaire dans les grandes villes peut endommager les fonctions du cerveau.

Les chercheurs ont montré qu’une exposition à long terme aux particules fines peut endommager les structures du cerveau humain et peut conduire à l’altération des fonctions cognitives chez les personnes âgées. Pour cela, ils ont analysé les IRM du cerveau de plus de 900 personnes de plus de 60 ans et le volume de certaines aires cérébrales individuelles. Cela incluait la totalité du volume cérébral du cerveau, qui est considéré comme un marqueur lié à l’âge pour l’atrophie du cerveau, et le volume de l’hippocampe, qui reflète les changements dans la zone du cerveau qui contrôle la mémoire.

En outre, les chercheurs ont enregistré le volume de l’hypersignal de la substance blanche, qui peut être utilisé comme une mesure de changements pathologiques et des processus de vieillissement. Ils ont aussi cherché des indices sur l’existence de caillots de sang et de petits infarctus. Les sujets qui souffraient de démence ou qui avaient déjà eu un accident vasculaire cérébral furent exclus.

Les données des scanners du cerveau montrèrent aux chercheurs une corrélation avec le lieu de résidence des sujets. La résidence des participants à l’étude près de routes passante faisait varier leur exposition aux particules d’une taille de 2,5 microns (PM 2,5).

On appelle particules fines de minuscules particules dans l’air qui sont imperceptibles à l’œil nu. Lors de conditions météorologiques particulières, on peut voir la poussière sous la forme d’une brume. Les particules dans l’air ne tombent pas aussitôt sur le sol, mais restent un certain temps dans l’atmosphère. En fonction de la taille des particules de poussière, les particules fines sont divisées en fractions.

La poussière fine semble affecter le cerveau humain massivement : les sujets avec des taux de particules fines supérieurs ont en moyenne un volume de cerveau inférieur, leurs cerveaux ont subi un processus de rétrécissement plus rapide que chez les sujets moins soumis aux particules fines. Ils subissent également plus d’infarctus cérébraux silencieux. Ce sont des petites attaques qui ne sont pas perçues par les personnes touchées. Il est connu que les infarctus silencieux augmentent le risque d’AVC majeurs, mais aussi de démence, de problèmes de coordination et de dépression.

Comme les scientifiques le rapportent, il y a même une relation linéaire entre la charge particulaire et ses conséquences : pour chaque augmentation de la pollution atmosphérique par les particules de deux microgrammes par mètre cube d’air, les sujets avaient un risque 46 pour cent plus élevé d’avoir des attaques cérébrales. En outre, l’augmentation de la pollution atmosphérique par les particules de deux microgrammes par mètre cube d’air conduit à une diminution du volume du cerveau des sujets correspondant au volume du cerveau de personnes âgées de 1 an de plus. Ainsi, plus la quantité est importante, plus le cerveau des participants est “vieux“.

La poussière peut résulter de réactions chimiques complexes dans l’atmosphère ou être causée par l’activité humaine. Les facteurs humains comprennent les véhicules à moteur (voitures, camions), les centrales thermiques, les incinérateurs de déchets, les fours et les appareils de chauffage dans les maisons, l’élevage et certains procédés industriels. Dans les zones urbaines, en particulier, la route est une source essentielle de particules fines. Ces particules fines dans l’air ne proviennent pas seulement des moteurs, en particulier des moteurs diesel, mais aussi de l’usure des freins et des pneus, ainsi que la remise en suspension de la poussière sur la surface de la route.

D’une part, la surface des particules fines peut accumuler des substances nocives telles que des métaux lourds ou des hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérogènes. Mais les particules fines elles-mêmes représentent un risque pour la santé : plus les particules sont fines, plus le risque de tomber malade augmente. Les petites particules pénètrent plus profondément dans les voies respiratoires que les grandes. Cela les conduit dans des zones où elles ne sont pas évacuées par l’expiration. Les particules ultra-fines peuvent également pénétrer à travers les alvéoles dans la circulation sanguine et se répandre par le sang dans le corps.

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Néanmoins, on ne peut pas ne pas prendre en compte l’ensemble de ces travaux et études scientifiques récentes concernant l’impact néfaste sur la santé de certains types de substances chimiques présents dans l’environnement. Il est absolument capital et urgent, comme le propose d’ailleurs l’OCDE et l’Union Européenne et comme le préconise également un nombre croissant de scientifiques, de développer et de mettre en place de nouveaux outils et de nouvelles procédures d’analyse biologique et chimique qui permettent de mieux évaluer les effets à long terme d’une exposition de longue durée à certains types de molécules chimiques, même lorsque cette exposition se fait à des niveaux très faibles qui étaient considérés jusqu’à présent comme inoffensifs.



Que faisons-nous aux cerveaux de nos enfants ?


Un corpus de recherche significatif et grandissant suggère que l'exposition à des polluants environnementaux est impliqué dans l'augmentation dérangeante de troubles neurologiques chez les enfants.


Produits chimiques et cerveau


Certains produits  le plomb, le mercure et les pesticides organophosphatés, par exemple  sont reconnus depuis longtemps comme étant des substances qui peuvent avoir un effet durable sur la santé neurologique des enfants.

Les enfants peuvent également être exposés au plomb qui se trouve dans les peintures, les colorants et les métaux utilisés dans les jouets et à travers des sols contaminés ou d'autres expositions environnementales ainsi que par les plastiques, dans lesquels on utilise le plomb pour rendre les matières plus molles. Les sources d'exposition au mercure sont, entre autres, certains poissons, la pollution aérienne et les vieux thermostats et thermomètres au mercure.

Les scientifiques découvrent également aujourd'hui que les produits chimiques qui sont courants dans l'air extérieur  comme certains composants des gaz d'échappements de véhicules à moteur et des particules fines  ainsi que dans l'air intérieur et dans des produits de grande consommation, peuvent affecter négativement le développement du cerveau.

Parmi les produits chimiques qui sont actuellement en cours d'examen du fait de leur impact neurologique dans les premières phases de la vie, on trouve les matières ignifuges appelées PBDEs, qui ont été largement utilisées dans les mousses pour les meubles, l'électronique et d'autres produits; les phtalates, largement utilisés en tant que plastifiants et dans les parfums de synthèse; le bisphénol A, ingrédient des plastiques polycarbonatés, communément appelé BPA; les composants perfluorés, dont les utilisations comprennent la production de revêtements anti tâches, anti-eau, anti-graisse; et divers pesticides.

Le fœtus n'est pas bien protégé contre les polluants environnementaux qui peuvent facilement traverser le placenta.

Le cerveau d'un nourrisson est également vulnérable à de tels agents de contamination. Aux stades précoces du développement  avant la naissance et durant la petite enfance  les cellules du cerveau peuvent être endommagées facilement par les produits chimiques industriels et d'autres neurotoxiques. De telles interférences peuvent avoir des effets sur le développement structurel et fonctionnel du cerveau  effets qui mènent à des problèmes durables.

Nombre des produits chimiques dont les effets sur le développement du cerveau sont examinés  le BPA, les phtalates, les composés perfluorés, les ignifuges bromés et divers pesticides parmi ceux-là  semblent agir en interférant avec les fonctions des hormones qui sont essentielles pour le développement d'un cerveau sain. Parmi eux on trouve les hormones thyroïdiennes, qui régulent quelle partie du cerveau est impliquée dans une série de fonctions vitales, comme la reproduction, le sommeil, la soif, la faim et la puberté.

La pollution de l'air est une source particulièrement préoccupante d'exposition aux produits chimiques soupçonnés d'endommager le développement des cerveaux des enfants. Cette pollution est un mélange complexe de divers produits chimiques et de particules solides.

La recherche montre de plus en plus que les contaminants aériens peuvent avoir des effets subtils mais significatifs sur le développement neuronal précoce et sur le comportement.


Que faire ?


Pour ce qui est de la réduction des expositions existantes, certains produits peuvent être évités par de choix des consommateurs. Mais c'est souvent difficile, vu que beaucoup de ces produits sont utilisés  comme le BPA sur les tickets de caisse  dans des produits qui ne portent pas de liste d'ingrédients. D'autres, comme les polluants aériens, sont plus difficiles à éviter du fait de leur ubiquité ou du manque d'alternatives.

On ne devrait pas supposer que les produits chimiques non testés sont sans danger pour le développement du cerveau, et les produits actuellement utilisés ainsi que tous les nouveaux doivent en conséquent être testés sur ce plan.

Pendant ce temps, les enfants de par le monde  surtout dans les pays défavorisés  continuent à être exposés à de dangereux neurotoxiques qui sont diffusés par des rejets industriels, se trouvent dans les décharges, ou présents lorsque les enfants travaillent. Les exemples sont nombreux et comprennent l'exposition à des produits chimiques lors du recyclage de matériel électronique en divers endroits de l'Asie et de l'Afrique, à du plomb et du mercure provenant des activités minières, aux pesticides agricoles, aux produits contenant des métaux lourds, comme la nourriture et les bonbons.

Bien que l’on en sache beaucoup plus aujourd'hui sur les neurotoxiques du développement, de telles expositions semblent advenir bien plus qu'auparavant. Il y a un large consensus chez les chercheurs pour dire que les enfants à travers le monde payent le prix de ces expositions. On doit mettre en place un système différent afin de mieux protéger les cerveaux du futur.

Source : Article d’Elizabeth Grossman publié originalement dans le site de Ensia.com, en mai 2015.



Cette question est d’autant plus importante qu’elle ne concerne pas seulement un possible déclin du niveau intellectuel pour les prochaines générations  mais touche également à la santé globale.

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