vendredi 28 avril 2017

Anxiété et Stress Chez l'Enfant





Le stress est une réaction physique, émotionnelle et mentale répondant à des situations difficiles ou exigeantes. Le stress peut être un sentiment diffus, difficile à appréhender.

Les enfants aussi peuvent souffrir de stress. Le stress est la réaction du corps aux différents problèmes et défis de la vie. Les enfants n'ont pas autant d'expérience que les adultes en matière de gestion du stress, et parfois, des événements minimes peuvent être stressants pour eux.

Le manque de compétences de communication chez l’enfant fait qu’il gère et exprime son stress différemment de l’adulte. Le stress des enfants peut être causé par un événement positif ou négatif qui change de ses habitudes quotidiennes, et se manifeste souvent sous la forme de symptômes physiques et/ou par un changement de comportement. Il est possible d’aider l’enfant à réduire son stress.

L’anxiété est une émotion normale en réponse à une impression de danger, de peur devant l’inconnu ou une situation nouvelle, et peut permettre à l’enfant de demeurer prudent dans certaines circonstances.

Il est normal de ressentir de l’anxiété à l’occasion, même pour un jeune enfant, qu'un enfant se sente nerveux dans certaines situations : la première journée d'école, à l'approche d'un examen, s'il doit parler en public, s'il est dans un lieu achalandé.

L’anxiété devient un problème lorsqu’elle suscite une réaction exagérée devant l’inconnu ou la nouveauté, qu’elle génère une grande détresse, qu’elle est difficile à contrôler, qu’elle dure un certain temps et qu’elle fait en sorte que l’enfant évite certaines situations. Si l’anxiété prend trop d’ampleur ou nuit à la vie quotidienne de l’enfant, il est important de trouver des façons d’atténuer ses craintes.

On juge de la santé mentale des enfants en observant leur capacité à réagir de façon positive au monde qui les entoure. On vit de l'anxiété lorsqu'on ne se sent pas bien, lorsqu'on est effrayé ou inquiet.

Ce phénomène n'a de cesse de s'accentuer avec l'accélération du rythme de vie et les changements qui lui sont associés. Si un stress modéré peut jouer un rôle positif dans le développement de l'enfant, un stress répété ou chronique peut avoir des effets dévastateurs.

N’importe quel enfant peut être ébranlé par ces changements de repères, souvent inévitables, qui jalonnent le quotidien : déménagement, arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, séparation des parents, entrée à l’école, période financière difficile pour la famille…

Le cas des enfants anxieux de nature. Chez eux, l’anxiété est un trait de caractère, que l’on peut percevoir parfois dès les premières années de vie. Toutes leurs émotions sont exacerbées, tant les belles que les moins bonnes.


Les causes du stress infantile


Les raisons du stress infantile sont aussi variées que les enfants qui en sont atteints. Même s'il semble exister des prédispositions génétiques à de telles tensions, l'environnement familial et le contexte social restent les causes majeures. Le stress provient le plus souvent de sources extérieures (comme la famille, les amis ou l'école), mais il peut aussi venir de l'intérieur.

Le stress peut affecter n'importe qui, même un enfant, se sentant dépassé par les événements. Un enfant de deux ans, par exemple, peut se sentir stressé parce que la personne dont il a besoin pour se sentir bien (un parent) n'est pas suffisamment présent. Chez les enfants prêts à entrer à l'école, la séparation avec les parents est la plus grande cause d'anxiété.

Quand l'enfant grandit, les pressions académiques et la pression du groupe (en particulier celui dans lequel il souhaite se faire intégrer) provoquent du stress et de l'anxiété. De plus, les parents rajoutent parfois du stress dans la vie de leurs enfants sans s'en rendre compte. Les parents qui poussent leurs enfants à exceller dans le sport ou qui les inscrivent dans trop d'activités peuvent également créer du stress et de la frustration chez leurs enfants si ils ne partagent pas les mêmes envies.

Des facteurs aggravants comme la maladie, la mort d'un proche ou un divorce peut causer du stress chez l’enfant. Même le divorce qui se passerait dans les meilleures conditions possibles entre les parents peut être une expérience difficile à vivre pour les enfants car leur système de protection originel (leur famille) se décompose et va connaître un changement.

Quelques situations qui peuvent être stressantes pour les jeunes enfants :

* l'arrivée d'un nouveau bébé,
* un changement de routine ou un sentiment d'insécurité,
* un changement d'école, d'enseignant ou de conducteur d'autobus,
* une sur stimulation,
* l'apprentissage d'une nouvelle aptitude,
* la prise de décision devant trop de possibilités.


Signes de l’anxiété infantile


Si l'enfant présente fréquemment un ou plusieurs des signes suivants, il est important de trouver des moyens de diminuer son anxiété.

Des symptômes physiques


* Des malaises physiques comme des maux de tête, des maux de ventre, des maux de cœur ou des tensions.
* Des troubles de l’alimentation.
* Des problèmes de sommeil.
* De maladies chroniques (asthme, eczéma), on observe généralement une aggravation des symptômes.

Des symptômes psychologiques


* Un changement soudain de comportement. Par exemple, il est agité, irritable et de mauvaise humeur. Il fait des crises de colère intenses. Il pleure et semble triste ou inquiet.
* Une soudaine introversion.
* Une régression du niveau de la maturité.
* Un besoin constant d’être rassuré.
* Un manque de concentration.
* Des difficultés de concentration.
* Des réactions excessives par rapport à certains événements. Il tente d’éviter certaines situations, comme aller chez des amis, aller à l’école ou se faire garder.
* L’apparition, ou réapparition, de tics.
* Chercher à se dévaloriser, à se dénigrer, à porter sur lui-même un jugement dégradé.

Il n'est pas toujours facile de reconnaître les symptômes du stress chez l'enfant. Des changements de comportement à court terme comme des changements d'humeur, des troubles du sommeil ou même le pipi au lit peuvent être des indicateurs de stress. Certains enfants ressentent même les effets physiques du stress comme les maux d'estomac ou les maux de tête. D'autres ont des problèmes de concentration ou éprouvent des difficultés à faire leur devoir.

Chez le nourrisson, un stress peut s'exprimer par un retard de développement.

Les enfants plus jeunes peuvent réagir au stress en prenant de nouvelles habitudes telles que se mettre à sucer son pouce, se mettre les doigts dans les cheveux pour faire des boucles ou bien encore à se mettre le doigt dans le nez. Les enfants plus âgés peuvent se mettre à mentir ou vouloir défier l'autorité. Un enfant stressé peut faire des cauchemars, avoir des difficultés à se séparer de ses parents, réagir de façon disproportionnée à de petits problèmes ou encore connaître une chute dans leurs notes et résultats scolaires.

Il n’existe pas de marqueurs précis du stress chez l’enfant. Les manifestations du stress étant très différentes d’un enfant à l’autre, ce sont surtout les changements dans l’attitude de l’enfant qui permettent de détecter le stress.

La difficulté de l’enfant d’entrer en contact avec les autres peut aussi être une manifestation du stress. Ainsi, les enfants qui restent à l’écart ou sont renfermés, même très jeunes, ont une plus grande propension à l’anxiété.

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Le stress peut rapidement nuire à la santé des enfants


Selon une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de Floride, publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences en mars 2014, les événements stressants peuvent avoir un impact presque immédiat sur la santé et le bien-être des enfants.

Les chercheurs ont analysé les données de près de 96.000 enfants aux États-Unis qui ont participé à l'Enquête nationale sur la santé infantile. Le sondage a recueilli des informations sur la santé des enfants et les situations stressantes auxquelles ils étaient confrontés, comme les parents divorcés, les violences domestiques et de quartier, les pauvres, les parents ayant des problèmes de santé mentale, l'exposition à l'abus de drogue et un parent en prison.

Les enfants qui ont vécu trois événements stressants ou plus étaient six fois plus susceptibles d'avoir des problèmes de santé physique ou mentale ou un trouble d'apprentissage que ceux qui n'avaient pas d'expérience stressante.

Le stress chronique peut déclencher des changements dans le développement de systèmes neuro-endocriniens et immunitaires d'un enfant qui conduisent à un mauvais contrôle de la réponse au stress et à une capacité réduite à résister à la maladie.


Le stress ressenti à l'enfance peut augmenter les risques de maladie cardiaque et diabète à l'âge adulte


Des chercheurs de l’École de médecine de l'université de Harvard dans une étude publiée dans le Journal of the American College of Cardiology en septembre 2015, préviennent que le stress psychologique ressenti à l'enfance augmente le risque de maladie cardiaque ou de diabète plus tard pendant la vie.


Ces conclusions découlent de l'étude, pendant 45 ans, de quelque 7000 personnes nées en l'espace d'une semaine au Royaume-Uni. Des données concernant le stress et la santé mentale des participants ont été récoltées quand ils avaient 7, 11, 16, 23, 33 et 42 ans.

Les chercheurs ont également mesuré, à l'âge de 45 ans, neuf marqueurs biologiques qui témoignent du risque de maladie cardiaque ou de diabète  ce qu'on appelle le risque cardio-métabolique.

L'étude démontre que les gens les plus stressés pendant leur vie ont aussi le risque cardio-métabolique le plus élevé. Dans certains cas, le risque était plus élevé que celui associé à l'embonpoint pendant l'enfance.


Le stress affecte le développement cognitif des enfants


Une étude réalisée par l'Université du Wisconsin-Madison, publiée dans le Journal of Neuroscience en juin 2012, a montré que le stress peut affecter la capacité cognitive des enfants, à la fois dans l'espace  mémoire responsable de la capture de l’environnement et l'emplacement  comme à court-terme  mémoire qui contient peu de données , puisque pendant la petite enfance le cerveau est encore en développement et est affectée par des facteurs externes tels que le stress.

Les chercheurs ont mené des entrevues avec 61 enfants de 9 à 14, leur posant des questions sur des événements stressants tout au long de leur vie.

Ils ont aussi utilisé l'imagerie par résonance magnétique (IRM) pour scanner le cerveau de chaque participant. La recherche du cortex cingulaire antérieur, qui se trouve dans le cortex préfrontal, a pris moins de place chez les enfants qui subissent de grands efforts. Le cortex cingulaire antérieur joue un rôle dans une série de tâches cognitives et émotionnelles, y compris la mémoire de travail spatiale ou la station de travail de toutes sortes, où l’information spatiale peut être traitée et être rapidement accessible.

Les chercheurs ont montré que les enfants avaient un déficit dans leur mémoire spatiale et à court-terme. En outre, certaines régions ne se sont pas développées comme le cortex. L'exposition à des niveaux très élevés de stress pourrait changer les produits chimiques importants dans le cerveau et le corps comme le cortisol et la dopamine. L’hormone cortisol a tendance à augmenter avec le stress et peut affecter les cellules cérébrales.

Toutefois, ces effets ne sont pas irréversibles, à savoir qu'il ne touche pas le cerveau pour la vie, étant donné que les effets sont temporaires, ils peuvent être éradiqués avec un traitement approprié, après un événement stressant. Certains des avantages qui a le cerveau sont sa flexibilité, car il peut être changé ou réadapté, surtout chez l'enfant.

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Comment réduire le stress


Le repos adéquat et une bonne nutrition, ainsi qu’une bonne éducation, peuvent augmenter les compétences nécessaires pour faire face aux situations de stress.

Au fur et à mesure que les enfants grandissent, le temps de qualité est important. Pour certaines personnes, il est vraiment difficile après le retour du travail, de s’accroupir et de jouer avec leurs enfants ou juste parler avec eux sur leur journée, surtout quand ils ont eu eux-mêmes une journée stressante. Mais les parents en exprimant intérêt sur la journée de leurs enfants, leur montrent qu’ils sont importants.

Les parents peuvent aider aussi s’ils s’avancent à des situations éventuellement stressantes et préparent leurs enfants à y faire face. Toutefois, ils doivent tenir compte du fait que, probablement, les plus jeunes enfants ne nécessitent pas beaucoup de préparation à l’avance. Leur donner beaucoup d’informations peut causer plus de stress. La sécurité est la clé.

Ne pas oublier que certain niveau de stress est normal ; leur faire savoir que c’est bien de sentir la colère, la peur, la solitude ou l’anxiété et que d’autres personnes partagent ces sentiments.

Le stress des enfants n’augmente pas seulement par ce qui se passe dans leurs propres vies. Les parents devraient faire attention à la façon dont ils parlent de leurs problèmes lorsque leurs enfants se trouvent à proximité, car les enfants vont reconnaître l’anxiété des parents et commencer à s’inquiéter.

La plupart des parents ont les compétences nécessaires pour résoudre le stress de leurs enfants. Ils doivent obtenir des soins professionnels si tout changement dans le comportement persiste, si le stress provoque anxiété sévère ou si le comportement crée des problèmes importants à l’école ou à la maison.

Quand un enfant montre des signes physiques et comportementaux, la façon la plus efficace pour réduire son stress consiste à gérer la cause ayant entraîné le stress lui-même, plutôt que de tenter de soigner ou corriger les symptômes.

Les parents peuvent aider leurs enfants à traverser les périodes d’anxiété et à faire face aux angoisses passagères de plusieurs façons


* Restez à son écoute et posez-lui des questions si vous croyez qu’il ne se sent pas bien. Aidez votre enfant à mettre des mots sur ses émotions.

* Ne dramatisez pas la situation que vit votre enfant, mais ne la minimisez pas non plus. La peur de votre enfant est réelle. Faites-lui sentir que vous le prenez au sérieux et que vous ne vous moquez pas de ses craintes.

* Rassurez-le. Proposez une période de temps dans la journée où il pourra vous parler de ses craintes. Invitez-le à respecter ce moment, et profitez-en pour le rassurer. En offrant cette occasion à votre enfant, vous lui permettez d’exprimer ses craintes sans que celles-ci envahissent son quotidien.

* N’évitez pas les situations qui lui font peur, car plus il les évitera, plus elles seront angoissantes pour lui. Apprenez-lui plutôt à leur faire face doucement et graduellement. Il apprivoisera ainsi ce qui le rend anxieux.

* Invitez votre enfant à s’exprimer par le dessin ou le jeu. Faites des mises en situation en recréant par le jeu la situation qui l’angoisse.

* S’il a peur d’un changement à venir, prenez le temps de lui expliquer ce qui se passera.

* Soulignez ses succès. Par exemple, rappelez-lui les peurs qu’il avait lorsqu’il était petit et qu’il a réussi à surmonter.

* Assurez-vous que votre enfant mange et dort bien. S’il a des cauchemars, essayez d’en trouver la cause.

* Faites de la relaxation avec votre enfant pour l’aider à se détendre et à gérer son stress. Par exemple, apprenez-lui à faire des respirations abdominales.

* Travaillez sur vos propres angoisses pour ne pas l’influencer. Au besoin, allez chercher de l’aide pour vous.

L'enfant peut également contrôler son stress en suivant ces conseils


* Parler à ses parents au sujet de son problème et si ce n’est pas possible, à une personne de confiance.

* Se détendre : en écoutant de la musique douce, en prenant un bain chaud, en fermant les yeux et en respirant profondément et lentement, même en pratiquant le yoga pour enfants.

* Prendre le temps pour être seul ou passer quelques minutes pour profiter de son activité préférée : la lecture, la peinture, jouer d' un instrument, la danse, etc.

* Faire du sport.

* Très important, se fixer des objectifs réalistes et mener ses activités le mieux possible, toujours en se rappelant que personne n’est parfait et qu’il est impossible de tout faire correctement.

Il est important que les enfants prennent conscience de leurs tensions pour les dépasser à l'aide d'exercices corporels et mentaux relaxants. Chez soi ou à l'école quelques minutes de ces exercices-jeux évitent bien des énervements. Ils apportent une meilleure écoute, une vraie concentration ainsi qu'une réelle harmonie générale.




Exercices d’éveil pour petits chatons. Conçu à partir de techniques orientales issues et adaptées du yoga, du zen, du tai-chi, des mandalas (mais sans jamais les citer), et aussi à partir d’exercices psychologiques et de visualisation, cet album original donne des exercices faciles à exécuter et des conseils pratiques précieux pour relaxer et concentrer les enfants, que ce soit en classe ou à la maison.




Il est de plus en plus évident que l'adversité de l'environnement social chez l'enfant augmente la probabilité de développer un niveau élevé de détresse. Par conséquent, les stratégies de prévention et d'intervention précoce devraient se concentrer à la fois sur le petit et son environnement.


samedi 22 avril 2017

Des Changements dans le Cerveau de l'Enfant Liés à la Technologie



Le style de vie numérique des enfants modernes génère des changements dans leur cerveau


Le style de vie numérique des enfants modernes génère des changements dans leur cerveau. Actuellement, le besoin de “contact social“ est si prenant que l’on ne peut pas s’empêcher de lire un e-mail, un message sur Facebook ou de répondre à un message de texte. Si pour les adultes il est difficile d'éviter les distractions, pour les enfants, dont l'esprit est plus susceptible d'être constamment distrait, c’est très inquiétant.

Les enfants, aujourd’hui, ne grandissent pas du tout dans le même environnement que les parents ont connu dans leur jeunesse. Jeu, imagination, activité, nature… tous les sens étaient sollicités.

Les enfants d’aujourd’hui ont encore ces options de jeu idyllique au bout des doigts, mais les écrans de toutes sortes ont fait leur apparition  téléviseur, ordinateur, téléphone intelligent, tablette  dans lesquels ils plongent enchantés, souvent même avant de savoir parler. Dès leur entrée à l'école, ils passeront en moyenne cinq heures quotidiennes avec eux. Au collège, ils auront tous un portable avec lequel ils enverront, dans une novlangue de leur cru, en moyenne 83 SMS par jour.

L'influence des écrans sur les premiers temps de la vie. C'est dans ces années cruciales que se forme le cerveau. Il est alors particulièrement plastique, fragile, hypersensible à tout ce qu'il voit, touche, ressent. Les neurones, générés avant la naissance, vont se connecter durant cette période, puis connaître un regain d'activité au moment de la puberté. Les réseaux, les autoroutes par lesquelles circule l'information, vont se former en fonction de l'environnement du sujet.

Lorsque l’enfant entre dans l’adolescence, le temps excessif passé devant l’écran semble perturber la structure et la fonction cérébrale. Les dommages se produisent principalement dans le lobe frontal du cerveau, qui subit des changements considérables. Le développement du lobe frontal joue un rôle crucial dans tous les secteurs de la vie  du sentiment de bien-être à la réussite scolaire et du succès professionnel aux qualités relationnelles .

On a remarqué chez les adolescents passionnés de jeux vidéo (derrière leur écran plus de neuf heures par semaine) une augmentation du volume d'une partie centrale du cerveau, le striatum, liée au système de récompense. On peut dire que ces jeux vidéo stimulent l'une des zones les plus primitives du cerveau, vers laquelle convergent les informations venues du cortex.


Être multitâche altère la mémoire et les capacités du cerveau


Des chercheurs de l'Université de Californie à San Francisco dans une étude, publiée par la National Academy of Sciences en avril 2011, ont démontré que les personnes qui pratiquent la multitâche utilisent une partie différente du cerveau quand ils apprennent quelque chose, par rapport aux non-aptes à la multitâche.

Les ‘multitaskers’ utilisent la mémoire procédurale, qui codifie ce que l'on apprend comme une routine, tandis que ceux qui se concentrent sur ce qu'ils font sans distractions utilisent l'hippocampe, une partie du cerveau qui joue un rôle important dans la formation de nouveaux souvenirs d'événements vécus. Il est utilisé par exemple, dans une classe de mathématiques pour appliquer des règles abstraites sur un nouveau problème.

Or les gens concentrés peuvent appliquer une nouvelle compétence plus largement que ceux qui exercent les multitâches. Le mode de vie en multitâche serait parfait si les enfants allaient travailler sur des lignes d'assemblage, mais pour la pensée de haut niveau nécessaire pour des emplois bien rémunérés, ce serait mieux d’exercer leur hippocampe.

Cela ne signifie pas que les gens devraient s’isoler pour travailler et cesser d'utiliser des applications telles que les appareils électroniques et les réseaux. Ce serait comme cesser d'utiliser les voitures de peur des accidents et de la pollution. Ce qu'il faut faire est rationaliser l'utilisation de la technologie et acquérir de bonnes pratiques.

La clé est de ne pas aller à l'autre extrême. Selon les chercheurs il a été montré que la performance est réduite  et le stress augmente  avec un nombre croissant de tâches. Mais nous savons aussi qu'un peu de stimulation augmente les performances,  mais l'excès les réduit. En substance, il faut trouver un équilibre.

Une autre étude de l'Université de Stanford menée en 2009 a relevé que les personnes soumises en permanence au régime multitâche ont beaucoup plus de mal à passer successivement d'une tâche à l'autre par rapport à ceux qui ne le sont qu'occasionnellement.

Cette observation souligne l'impact du mode de vie en multitâche sur la capacité de passer naturellement d'une chose à l'autre en raison de la réponse instinctive du cerveau aux distractions qui surgissent. Distractions vis-à-vis desquelles les “non multitâches” sont naturellement moins sensibles.


L’impact des multitâches sur la structure du cerveau


On appelle “multitâche” le fait d’exécuter plusieurs tâches mentales qui possèdent une charge de superposition assez élevée quant aux ressources cognitives qu’elles consomment (comme par exemple écouter de la musique et avoir une discussion avec quelqu’un).

La société de consommation, productive et impulsive, assume que quelqu’un qui est “fort en multitâche” est capable de produire plus lorsqu’il fait beaucoup en même temps, et qu’il est même capable de brasser plusieurs problèmes parallèlement.

Les spécialistes affirment que la vigilance et l'efficacité diminuent dès que l'on fait plus d'une tâche à la fois, puisque chaque alternance de tâche nécessite une pause cérébrale.

Tout indique que nous n’avons pas été sélectionnés pour être obligés de faire deux activités en même temps et moins encore nous avons des garanties pour dire que nous allons exécuter les deux tâches de manière efficace. Nous avons effectivement quelques signes qui montrent que l’on peut faire l’aller-retour entre deux tâches sans beaucoup de coût cognitif, mais c’est un peu soutenir l’attention sur une tâche, exécuter l’autre, retourner à la première.

C’est-à-dire, nous ne sommes pas en train de faire plusieurs choses en même temps, mais nous passons d’une tâche à l’autre, ce qui est couramment appelé task switching dans les neurosciences.

Ce processus que nous imaginons en parallèle et multi-rail est en effet un couloir étroit où les choses passent une par une, et les réorganiser n’est pas gratuit. Alors, chaque changement ou switch de tâche entraîne un certain coût cognitif, car au cerveau on ne lui fait pas de cadeau. Dans la plupart des scénarios possibles, la productivité se réduit en fonction du nombre de changements ou switches qui se sont déroulés; en prenant en compte que, lorsque la tâche devient de plus en plus complexe, la productivité diminue de plus en plus selon l’arrivée de chaque changement.

Tout cela ne veut pas dire que nous soyons complètement incapables d’exécuter plusieurs tâches en parallèle, mais que l’on devrait probablement apprécier un peu moins la capacité de faire beaucoup en même temps et apprécier un peu plus la capacité à élaborer des schémas d’action basés sur des priorités, ce qui permet la concentration sur une tâche spécifique.

Diminution des capacités de mémorisation et de concentration. Lorsqu'une personne normale fait deux choses en même temps, les informations ne rejoignent pas le bon endroit dans le cerveau, le système nerveux fonctionne différemment et il devient plus difficile de retenir les informations et de les exploiter.

Diminution de la tolérance face à la complexité. Les personnes multitâches ont en effet tendance à abandonner une tâche ou à la mettre de côté quand elle devient un peu trop difficile, au lieu de persévérer et réfléchir à la solution pour y arriver.


La technologie bien utilisée joue un rôle clé dans l'amélioration de la capacité intellectuelle


Les progrès récents en neurosciences ont montré que le cerveau a une grande plasticité: l'être humain peut générer des neurones tout au long de la vie et augmenter les liens entre eux  même dans la vieillesse  et peut également améliorer sa concentration (par exemple, par la méditation, qui va jusqu'à produire des changements physiques positifs dans le cerveau).

En outre, le cerveau peut être exercé pour réduire la détérioration intellectuelle qui arrive avec l'âge, pour diminuer le risque de maladies telles que la maladie d'Alzheimer, ou pour améliorer ses capacités dans certaines zones, et cette technologie peut y aider.

Après l'invention de l'imprimerie s'est développée à grande échelle une intelligence réfléchie, linéaire, lente, cumulative. Avec l'écran, on est dans un nouveau mode : fluide, rapide, fragmenté, automatique. Ce sont plutôt les régions postérieures du cerveau, les parties visuelle, sensorielle, l'intelligence élémentaire, qui sont activées. On sollicite moins, ou trop rapidement, le cortex préfrontal, la partie la plus noble, que l'on appelle parfois "l'organe de la civilisation", siège de la synthèse personnelle, du recul, de l'abstraction.

Des études ont montré que certains programmes éducatifs peuvent accélérer l'apprentissage de la lecture, que des jeux vidéo améliorent même l'attention sélective et la capacité de contrôle. A condition de savoir les consommer avec modération.

Par exemple, l'Internet est crucial aujourd'hui pour aider à créer l'environnement enrichi dont les élèves ont besoin pour augmenter leur capacité intellectuelle. La recommandation des médecins d'exercer le cerveau afin qu'il ne vieillisse pas si vite est à l’origine d’une nouvelle industrie des jeux et des applications en ligne pour garder l'esprit éveillé, tels que Brain Age pour la console portable Nintendo DS, ou plusieurs applications disponibles pour l'iPhone et autres Smartphones.

Bien que les scientifiques reconnaissent la nature addictive des moyens de divertissement et autres gadgets qui nous encombrent la vie, le monde dans lequel nous évoluons exige de nous un haut niveau de connectivité et de productivité en mode multitâche.

Il faut laisser notre cerveau se déconnecter afin d’activer le réseau de neurones appelé “réseau par défaut. Ce dernier s’active quand on ne fait rien, quand on n’est pas concentré sur une tâche (par exemple lorsque l’on conduit sur une route que l’on connaît bien, par beau temps et sans trafic). Ce réseau joue un rôle fondamental pour la synthèse de notre mémoire.

Les stimulations externes remplacent peu à peu les stimulations internes. Les enfants ne savent plus jouer. Si un enfant n'apprend pas à jouer, il est amputé de la capacité d'imaginer, de développer son sens de l'humour, ce qui le prive d'un moyen puissant d'éviter la dépression.

Pour que l'esprit de l'enfant soit plus concentré, ait plus de discipline et soit habitué à éviter toutes sortes de distractions, on doit considérer trois étapes :

* Une tâche à la fois. L'enfant doit faire une seule tâche à la fois et se concentrer sur cette tâche jusqu'à la fin. S’il utilise l'ordinateur, alors il doit avoir seulement une fenêtre ouverte pour l'activité en exécution.

* Rationaliser les réseaux sociaux. Après avoir terminé ses exercices de mémoire, on lui permettra pendant quelques minutes de revoir son Facebook ou toute autre site Web.

* Modules thématiques. L’aider à organiser des modules thématiques d’une durée de 20 minutes, 30 minutes ou 40 minutes, afin qu’il se concentre sur une seule activité dans ce module.

Il est primordial que le très jeune enfant soit accompagné dans son exploration numérique par un adulte qui maîtrise lui-même les “codes” de ce monde, une sorte de code de la route. Cela ne signifie par forcément que l’adulte doit être en permanence derrière l’enfant, mais qu’il doit au moins superviser l’expérience.

Dès lors, les écrans ne devraient pas être totalement exclus du développement du petit enfant tant qu’ils tiennent une place mesurée, contrôlée, et qu’ils côtoient d’autres activités : dessiner, courir, jouer au ballon, parler, écouter une histoire… Il faudrait les éduquer le plus tôt possible au numérique, avec parcimonie, afin de développer leur sens critique, aider leur cerveau à s’accommoder de ces mondes nouveaux et leur donner une place, ni démesurée ni reniée, dans leur environnement concret.

Tous, parents, chercheurs, enseignants, doivent réagir pour continuer de transmettre à leurs enfants, à côté de leur intelligence, rapide, fluide, fragmentée, le mode de pensée plus lent, plus profond.