Des millions d'enfants ainsi que des adultes
souffrent d'un Trouble de déficience de l'attention avec ou sans hyperactivité
(TDAH). Cette pathologie est pour ceux qui en sont atteints comme pour leurs
proches une véritable souffrance. Le TDAH, également appelé trouble
hyperkinétique – terme utilisé par l'OMS – se traduit par plusieurs
manifestations de déficit d'attention, d'hyperactivité ou, paradoxalement,
d'apathie, d'impulsivité et de manque de concentration.
Le fer est un métal essentiel impliqué dans de
nombreux processus biologiques, y compris les processus cérébraux. La carence
en fer est très répandue dans le monde et peut provoquer des troubles du
cerveau structurales et fonctionnelles qui incluent l’effet sur le métabolisme
de la dopamine et la myélinisation, entre autres.
Ces dernières années, plusieurs études montrent
qu’il existe une relation fer-dopamine-TDAH, des preuves chaque fois plus évidentes
qu’il existe une relation entre le TDAH et le métabolisme du fer.
De faibles concentrations en fer au niveau du cerveau détectées chez les enfants atteints de TDAH
Selon
une étude publiée par le Medical University of South Carolina Center for
Biomedical Imaging dans la revue Radiology
en juin 2014, les enfants atteints du trouble de déficit d’attention avec ou
sans hyperactivité auraient un déficit en fer dans certaines zones du cerveau.
En outre, ces taux pourraient être normalisés par les psycho-stimulants.
Les
faibles concentrations en fer au niveau du cerveau pourraient servir de
biomarqueurs physiologiques du TDAH et pourraient aider au diagnostic, en
particulier dans les cas limites.
L’étude
a inclus 27 sujets témoins et 22 patients atteints de TDAH dont 12 qui
n’avaient jamais reçu de psycho-stimulants et 10 qui en avaient reçu. Les
participants étaient âgés de 8 à 18 ans. Les groupes ne différaient pas
significativement en fonction de leur âge, du sexe, du QI et de l’ethnie.
Toutefois, il y avait un peu plus de filles dans le groupe contrôle.
Les
concentrations sériques en fer étaient similaires entre les différents groupes.
En revanche, au niveau du cerveau, les méthodes d’IRM spécifiques – corrélation
de champs magnétique (CCM) – montrent que les patients atteints de TDAH et qui
n’ont pas reçu de psycho-stimulants auparavant ont des concentrations de fer
plus faibles au niveau du thalamus et du striatum, que les sujets contrôles et
que les patients TDAH qui ont reçu des psycho-stimulants.
Ces
données suggèrent que les psycho-stimulants pourraient normaliser les
concentrations en fer cérébral.
Les
chercheurs expliquent que l’absence de différence des concentrations sériques
de fer entre les différents groupes suggère que c’est l’absorption du fer dans
le cerveau qui pourrait être défectueuse chez les patients atteints de TDAH.
Ils
ajoutent que si d’autres études sont menées et sont concluantes, mesurer le fer
cérébral à l’aide de méthodes d’IRM comme la corrélation de champs magnétique
pourrait être réalisé en routine. Le temps d’acquisition est raisonnable
(environ 7 minutes) et le post-traitement minimal.
Le fer est efficace dans le traitement du TDAH
Recherche
du Service de neurologie infantile de l’hôpital de l’Enfant Jésus à Madrid
Dans
l’étude, publiée dans les Annales de la pédiatrie en août 2013, un lien
possible a été trouvé entre une ferropenia (carence en fer) et des symptômes
d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité chez les enfants atteints de
TDAH, ainsi que les avantages possibles du traitement avec du fer. La
ferropenia en fer est fréquente chez les enfants atteints de TDAH.
Les
chercheurs ont analysé l’impact de la ferropenia chez les patients présentant
des symptômes de TDAH et le profit possible de la correction au moyen de
suppléments ferreux des dépôts de fer dans le contrôle des symptômes de ce
trouble.
L’étude
est prospective et inclus tous les patients de 6-17 ans diagnostiqués avec TDAH.
Le nombre de patients inclus dans l’étude était de 60 : 12 filles et 48 garçons.
La
ferropenia est déterminée par le biais de la quantification du sérum de la
ferritine, c’est un composé qui se rapporte au total des réserves de fer de
l’organisme, étant le marqueur le plus précoce de la carence en fer. Un 63,3 %
des patients atteints de TDAH ont montré des taux de ferritine sérique
inférieure 30ng/m.
Ce qui
détermine le besoin d’un traitement avec des suppléments ferriques est la quantité
de fer dans le liquide céphalo-rachidien, qui se trouve sous la forme de
ferritine.
La
ferropenia modifie le fonctionnement du système dopaminergique dans le système
nerveux central et contribue à l’apparition de symptômes d’inattention, d’hyperactivité
et d’impulsivité caractéristiques de patients souffrant de TDAH.
Il
s’agit de la première étude publiée qui explore la relation entre une carence
en fer sur la base de différents sous-types de TDAH. Il y a eu une relation
évidente entre les faibles concentrations de ferritine et le sous-type
inattentif, de manière que les TDAH inattentifs étaient ceux qui présentaient
le plus fréquemment une ferropenia et qui répondaient le mieux au traitement
avec suppléments ferriques.
La ferritine
est une protéine intracellulaire particulièrement abondante dans le tissu
hépatique, qui a pour mission “d’emmagasiner” le fer qui s’accumule dans les
cellules.
Le projet Brain Iron in ADHD
Le projet Brain Iron in ADHD, financé par l'Union
européenne, a été initié afin de déterminer le rôle du fer dans cette
pathologie. Les scientifiques ont évalué les taux de fer au niveau du cerveau
parallèlement aux taux de ferritine sérique pour une plus grande précision,
étant donné que les valeurs de la ferritine – une mesure de quantité de fer
dans le sang – ne reflètent pas complètement les taux de fer dans le cerveau,
qui seraient impliqués dans la TDAH. Pour mesurer le niveau de fer dans le
cerveau, ils ont utilisé une nouvelle technique de corrélation de champ
multiple.
Les partenaires du projet ont réalisé leur étude
sur des enfants traités dans deux instituts, l'un aux États-Unis, l'autre en
Italie. Les taux de ferritine sérique et de fer dans le cerveau ont été mesurés
chez des enfants atteints ou non de la TDAH.
Dans l'étude américaine, on a découvert que les
enfants atteints de TDAH présentaient des taux de fer dans le cerveau plus
faibles que chez les enfants non atteints de TDAH.
L'étude italienne s'est penchée sur les
conséquences possibles de la carence en fer dans le cerveau. Plus
particulièrement, elle s'est concentrée sur l'association des taux de fer dans
le cerveau au fonctionnement et à la qualité/quantité du sommeil, à l'aide de l'imagerie
à résonance magnétique, l'électroencéphalogramme, les potentiels
somato-sensoriels évoqués et la polysomnographie.
Une corrélation significative a ainsi pu être
démontrée entre une faible concentration en fer cérébral et des mouvements
périodiques involontaires pendant le sommeil. Cela suggère que de faibles taux
de fer dans le cerveau peuvent perturber le sommeil qui, à son tour, contribue
à des déficits cognitifs et aggrave davantage les symptômes de la TDAH.
Surtout, aucune différence n'a au contraire pu
être observée au niveau de la concentration de la ferritine sérique chez les
enfants souffrant ou non du syndrome de déficit de l'attention avec hyperactivité.
Cette pathologie touche environ 5% des enfants et les résultats de cette étude montrent qu'environ 15% d'entre eux présentent une carence en fer cérébral. Ces enfants pourraient largement profiter d'une diminution des symptômes de TDAH par une supplémentation en fer et ainsi améliorer considérablement leur qualité de vie. La possibilité d'une supplémentation en fer pendant la grossesse ou la petite enfance pour prévenir le syndrome du déficit de l'attention devra être analysé dans de prochaines études.
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