Aujourd'hui, pour nommer l'ensemble de tous ces produits qui agissent sur le cerveau, que l'usage en soit interdit ou réglementé, on emploie le terme de psychotropes ou de substances psycho-actives.
Les drogues qui
affectent spécifiquement les fonctions du système nerveux central (SNC),
composé du cerveau et de la moelle épinière, sont appelés drogues psychoactives.
Ces substances sont capables d'inhiber la douleur, de modifier l'humeur ou de modifier
les perceptions, par exemple.
Selon l’OMS, une
substance psycho-active s’entend d’une substance qui, lorsqu’elle est ingérée ou
administrée, altère les processus mentaux, comme les fonctions cognitives ou
l’affect.
Cette désignation de
même que son équivalent de psychotrope sont les termes les plus neutres et
descriptifs qui puissent s’appliquer à toute la catégorie des substances,
licites ou non, qui présentent un intérêt pour les politiques de contrôle des
drogues.
Au sein de ces
définitions il y a toutes les substances psycho-actives, qu'elles soient légales
(alcool, tabac, médicaments hypno-sédatifs) ou sont considérées comme illégales
par les conventions et traités sur les substances psychotropes.
Les avancées en
neurosciences ont permis de mieux connaître les processus physiques par
lesquels ces substances agissent.
Poppers
Le mot
"Poppers" est l’appellation commune attribuée à des dérivés du
nitrite. Ces nitrites se présentent tous plus ou moins de la même manière et
ont les mêmes effets à quelques subtilités près.
Le Poppers est un
vasodilatateur – il dilate les vaisseaux sanguins – et permet au sang d’arriver
plus rapidement jusqu’au cœur. Il a été initialement employé par le corps
médical pour traiter certaines maladies cardiaques.
Inventé en 1844 par le
chimiste français Antoine-Jérôme Balard qui synthétise le nitrite d’amyle, il
est utilisé pendant le 19e siècle pour guérir les angines de
poitrine. Dès les années 1970, le Poppers circule d’abord dans les milieux
homosexuels pour ses effets sur la sexualité : augmentation de la durée de
l’érection, amplification des contractions orgasmiques, retard de
l’éjaculation.
Le Poppers se trouve
généralement sous forme de produit chimique liquide transparent jaunâtre très
volatil et inflammable, vendu dans une petite bouteille (ou fiole) colorée
ambre ou brun dont la contenance varie entre 8 et 30 ml. De très nombreuses
appellations commerciales sont utilisées pour le désigner. La consommation de Poppers est légale et autorisée en France.
Les ampoules contenant
ces substances produisaient à l’ouverture un bruit – pop – qui a donné
le nom au produit. Les principaux effets annexes observés étaient de l’euphorie
et un sentiment de relaxation, qui furent détournés pour être utilisés lors de
rapports sexuels entre individus, pour un usage dit “récréatif” en opposition avec
son usage médical. Il peut avoir des
répercussions négatives tant sur la santé que sur les performances sexuelles.
Le Poppers est la
substance la plus couramment expérimentée dans la population adulte après
l’alcool, le tabac et le cannabis. Consommé dans un cadre festif ou pour
agrémenter sa sexualité.
La seule voie
d’utilisation du Poppers est l’inhalation de ses vapeurs par le nez et parfois
par la bouche (mais c’est rare).
Le nitrite d'amyle
détend les muscles lisses involontaires du corps, et notamment ceux qui
entourent les vaisseaux sanguins. Cette vasodilatation élargit les vaisseaux
sanguins, produisant un afflux de sang et d'oxygène dans tout le corps. C'est
ce qui explique son effet euphorisant.
Les effets se font
sentir très rapidement, mais ne durent pas longtemps et se dissipent au bout de
2 à 3 minutes.
L’intensité des effets
varie selon les individus, le contexte dans lequel il est consommé, la quantité
et la qualité du produit inhalé. À court terme le Poppers peut provoquer :
* Une augmentation de
l’excitation sexuelle,
* Un sentiment
d’euphorie et d’ivresse passagère.
La consommation de Poppers entraine en quelques secondes une activation accrue du rythme cardiaque,
une détente musculaire et une forte sensation de chaleur, notamment au niveau
de la peau. Ils sont connus aussi pour dilater le sphincter, rendant alors le
sexe anal plus facile.
Des pertes de la vision
ont été associées à des consommations même occasionnelles de Poppers. Elles
sont réversibles mais durent parfois plusieurs mois.
Les effets
désinhibiteurs du produit augmentent la probabilité d’avoir des relations
sexuelles non protégées. Ses effets relaxants, qui facilitent les pénétrations
sexuelles, peuvent empêcher de ressentir les irritations ou les lésions lors
des relations, favorisant ainsi la transmission de maladies sexuellement
transmissibles.
Effets secondaires
Lors d’un usage occasionnel. Vertiges, maux de tête,
étourdissements, transpiration, rougeurs de la peau, irritation des yeux,
sensibilité à la lumière, baisse de la tension artérielle, brûlure des narines.
Usage régulier. Éternuements,
écoulement nasal et inflammation des muqueuses nasales, problèmes
cutanés : éruptions, croûtes autour du nez ou de la bouche (par des brûlures).
A forte dose. Le Poppers peut provoquer des vertiges,
des évanouissements, des asphyxies, des accidents cardiovasculaires ou
entraîner une hyper-ventilation, risquant de conduire à une crise de tétanie.
Les effets sont parfois mortels, les personnes souffrant de troubles cardiaques
étant les plus à risque. Le mélange avec des médicaments favorisant l’érection
et contenant du sildénafil est également particulièrement dangereux et
éventuellement fatal.
Les Poppers ne
provoquent pas de dépendance physique ni d’accoutumance, l’accoutumance étant
le besoin d’augmenter les doses pour obtenir le même effet. Néanmoins, le
consommateur peut devenir fortement dépendant psychologiquement du produit,
particulièrement s’il le consomme pour accompagner ses pratiques sexuelles.
Précautions
Toute consommation
expose à des risques. Il est toujours préférable de s’abstenir, en tout cas de
reporter la consommation, quand on se sent fatigué, stressé, mal ou qu’on
éprouve de l’appréhension. Il est également préférable de consommer avec des
gens de confiance, dans un contexte rassurant.
Des précautions extrêmes
doivent être prises car ce médicament réduit le fonctionnement du système
immunitaire. En outre, la combinaison de Poppers avec des stimulants tels que
l'alcool et d'autres drogues telles que la cocaïne augmente les risques.
Son effet en tant que
médicament sexuel récréatif peut empêcher le consommateur de ressentir de
l'irritation ou des déchirures pendant les rapports sexuels et, par conséquent,
augmente non seulement le risque de traumatisme corporel, mais aussi la
transmission du VIH et d'autres maladies vénériennes. Sa consommation produit
que les muqueuses corporelles soient plus exposées aux infections par la
syphilis, la chlamydia ou le VIH.
Le Poppers est un acide :
s'il tombe sur la peau et les muqueuses (y compris l'anus), il provoque des
blessures. En cas d’éclaboussures accidentelles, la peau doit être lavée avec
beaucoup d'eau. Il est recommandé de ne pas inhaler la substance par la bouche,
de ne jamais la boire ou l'injecter.
C'est un produit
hautement inflammable et une étincelle minimale de cigarettes, briquets, etc.,
peut provoquer un incendie rapidement.
Contre-indications
Les personnes ayant des
problèmes cardiaques, l'anémie, le glaucome (haute pression dans l'œil) ou les
changements de pression artérielle ne doivent pas ingérer ce type de substance.
La consommation de Poppers a son côté dangereux lorsqu'il est mélangé avec d'autres médicaments
qui interfèrent également avec le rythme cardiaque, comme la cocaïne ou
l'ecstasy.
L'inhalation de Poppers
est interdite aux personnes souffrant de problèmes cardiaques et en particulier
ceux qui ont pris du Viagra dans les dernières 24 heures, cette combinaison
peut être fatale.
Le Poppesr a un risque
supplémentaire pour les personnes ayant un système immunitaire affaibli, des
problèmes cardiaques, une pression artérielle élevée ou basse, des antécédents
d'hémorragies cérébrales, l'anémie.
Chez la femme enceinte,
la consommation de Poppers peut provoquer une maladie du fœtus appelée syndrome
du bébé bleu.
Les Poppers avaient été
interdits par le gouvernement en 2011, mais ils sont à nouveau disponibles en
vente libre depuis 2013 à la suite d'une décision du Conseil d'Etat qui a
estimé qu'aucune étude scientifique n'avait permis d'établir que les produits
contenant des nitrites d'alkyle – comme c'est le cas des Poppers – présentaient un risque de
pharmacodépendance ou d'abus.
Captagon
Le Captagon est un dérivé de deux molécules, la théophylline et l’amphétamine. C’est
un médicament qui servait notamment au départ pour le traitement de la
grippe. Il est constitué de fénéthylline, une amphétamine inscrite sur
la liste des substances psychotropes de l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) depuis 30 ans.
Le captagon ou
fénéthylline, à l’origine prescrit pour calmer l’hyperactivité et la
narcolepsie, est un médicament composé d’amphétamines et de caféine.
Commercialisé à la fin
des années 1950, il a été utilisé comme drogue récréative dans le milieu
artistique des années 1970 puis comme stimulant dans le milieu sportif
jusqu’aux années 1990. Il était prescrit par certains médecins pour lutter
contre la fatigue et aider les patients à supporter de fortes fièvres. A
cause de la grande dépendance qu’il crée, il a été interdit en 1981 aux Etats-Unis
et en 1986 dans la plupart des pays.
Le Captagon est fabriqué
dans plusieurs sites, en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Le Liban était
jusqu’en 2011, le principal centre de fabrication du Captagon.
Depuis, le produit serait
fabriqué en Syrie et en Bulgarie pour seulement quelques dollars. Et cette
drogue serait revendue ensuite entre 5 et 20 dollars l'unité ou même échangée
contre des armes.
Effets
Le Captagon a un effet
énergisant, c’est un stimulant qui génère une absence de douleur et d’empathie.
A forte dose il procure en outre une sensation de bien-être et a un effet
désinhibant. Parmi ses effets secondaires on constate une transpiration
abondante et une incapacité à s’endormir. Il y a aussi des risques
cardiovasculaires à consommer du Captagon.
Au
niveau moléculaire, la fénéthylline pénètre dans les neurones et chasse deux
neurotransmetteurs, la noradrénaline et la dopamine, présentes dans les
vésicules. La libération de noradrénaline hors des neurones augmente la
vigilance et réduit le sentiment de fatigue. La dopamine, elle, agit notamment
sur le circuit de la récompense, responsable de la sensation de plaisir et, à
haute dose, de l'addiction.
Les effets de cette
drogue ne sont pas cantonnés au cerveau. Le
captagon augmente la libération du glucose, ce qui permet de prendre du muscle
sans fournir d'effort. De plus, la libération de noradrénaline accélère
significativement le rythme cardiaque.
Mais tous ces effets
restent temporaires. Les neurones doivent fabriquer de nouveau l'adrénaline et
la dopamine rapidement libérées des vésicules neuronales, et seul le repos le permet.
En l'absence de sommeil les individus
ressentent une fatigue intense, une psychose, des fonctions mentales altérées,
l'alternance de phases d'euphorie et de dépression.
Une fois les effets du Captagon diminués, c’est
une forme de psychose, d’altération des fonctions mentales, d’euphorie, suivie
de dépression qui s’installe. Un état physique durant lequel aucune douleur ni
aucune peur ne sont ressenties.
Avec le sentiment
d’invincibilité et l'euphorie qu'il procure, le Captagon serait consommé en
grande quantité par les djihadistes de Daesh. Une drogue puissante qui, couplée
à un état mental fragile, renforcerait chez eux la violence et l’illusion de
toute-puissance.
Le Captagon est aujourd’hui vendu aussi bien aux
combattants de l’Armée syrienne libre qu’à ceux du Front al-Nosra ou du groupe
Etat islamique. Un commerce des plus lucratifs pour les trafiquants de drogue
de la région, facilité par le chaos qui règne en Syrie.
Un autre facteur clé de la drogue dans la guerre
est le facteur économique. En raison de son faible coût et prix élevé, ainsi
que de ses propriétés, c'est un produit avec beaucoup d'avantages. Pour cette
raison, il est utilisé par des organisations criminelles – et parfois liées à
l'appareil gouvernemental des pays en conflit – pour générer de l'argent qui
nourrit l'économie de la guerre.
Une drogue “populaire” dans le monde arabe. Si le Captagon est devenu l’apanage des
kamikazes, cette drogue est depuis longtemps très courante dans le monde arabe.
Il y a une quinzaine d’années, ces petites pilules blanches produites en
Turquie et en Syrie avaient pour destination principale les pays de la
Péninsule arabique. Selon un rapport de l'UNODC (United Nation Office on Drugs and Crime), la pilule coûte quelques
centimes au Liban et elle se revend plusieurs dizaines de dollars dans les pays
du golfe Persique.
Effets des
substances psycho-actives sur le cerveau
Les substances psycho-actives perturbent la
communication entre les cellules du cerveau. Les neurones communiquent entre
elles grâce à une série de messagers biologiques appelés neurotransmetteurs.
Ces neurotransmetteurs sont libérés par le neurone qui envoie le message et s’attachent
aux récepteurs du neurone qui le reçoit.
Certaines substances psycho-actives sont capables
d’imiter les effets des neurotransmetteurs. D’autres interfèrent avec le
fonctionnement normal du cerveau en le bloquant, ou en perturbant la manière
dont les neurotransmetteurs sont stockés, libérés et éliminés.
Une substance psycho-active dont la structure
moléculaire ressemble à celle d'une substance produite naturellement par
l'organisme peut se fixer à la place de celle-ci sur les récepteurs
spécifiques.
Pour exercer leurs effets, les substances
psycho-actives ont différentes façons d’agir sur le cerveau. Elles s’associent à
différents types de récepteurs, et peuvent augmenter ou diminuer l’activité des
neurones par toute une série de mécanismes. Par conséquent, elles ont
différents effets sur le comportement, différentes vitesses d’apparition de la
tolérance, différents symptômes de sevrage, et différents effets à court et à
long terme.
Malgré leurs différences, les diverses substances
psycho-actives présentent des similarités dans leur manière d’agir sur les
régions du cerveau impliquées dans les processus motivationnels, autrement dit
la motivation, ce qui joue un rôle dans l’apparition de la dépendance à la
drogue.
Les substances
psycho-actives présentant un risque de dépendance agissent sur un circuit du
cerveau dont la fonction est de favoriser les fonctions vitales (système de
récompense). Il est impliqué dans la
récompense (plaisir cérébral) des comportements liés à la nutrition et à la
reproduction de l'espèce. Il participe ainsi à la satisfaction de vivre. Les
substances psycho-actives stimulent anormalement ce circuit naturel et
engendrent à terme la possibilité d'un déséquilibre plus ou moins permanent.
La toxicité potentielle
des substances psycho-actives, comme celles de tout médicament, est liée à la
quantité consommée. Elle varie d'un produit à l'autre. Donc plus on consomme un produit à des doses
toxiques, plus on en subit les conséquences. À l'inverse, moins on consomme un
produit, ou si on le consomme à des doses non toxiques, moins on en subit les
conséquences néfastes.
À mesure que le cerveau s'adapte à la présence du
médicament, d'autres circuits cérébraux seront affectés et modifiés. Le premier
d'entre eux et plus étroitement lié au circuit de récompense sera le circuit de
la mémoire et de l'apprentissage. Ce sera le responsable de la création
d'habitude et de dépendance.
L'apprentissage de la recherche du plaisir est
instinctif, très fort et résistant à l'oubli. Tout ce qui implique l'obtention
et l'administration du médicament sera fortement imprégné dans le cerveau, le
rendant automatique, compulsif et inconscient.
Ce conditionnement du comportement peut durer de
nombreuses années et provoquer un certain stimulus (ou mémoire) pour conduire à
vouloir de la drogue même après une longue période d'abstinence.
Avec une consommation prolongée de ce type de substances qui affectent directement le cerveau, une détérioration prématurée de cet organe vital qui est chargé de nous faire travailler dans le monde, est atteinte.
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