dimanche 29 septembre 2024

Le Covid-19 Affecte le Cerveau et le Quotient Intellectuel chez les Persones Ayant Été Infectées



Le COVID devient un facteur de risque de plus dans l’apparition de la démence


Dès les premiers temps de la pandémie de Covid-19 due au coronavirus SARS-CoV-2, des personnes apparemment remises de la phase aiguë de l’infection se sont plaintes d’être affectées par une sorte de “brouillard mental”. Décrit par les patients comme une sensation de lenteur mentale, de flou ou de manque de clarté intellectuelle, cet état s’est rapidement avéré constituer un problème de santé significatif.

Quatre ans plus tard, il est scientifiquement bien établi que l’infection par le SARS-CoV-2 peut affecter la santé de notre cerveau de diverses manières. En plus du brouillard cérébral, la maladie peut entraîner de nombreux autres troubles : maux de tête, convulsions, accidents vasculaires cérébraux (AVC), perturbation du sommeil, picotements et paralysies, ainsi que différents troubles de santé mentale.


Comment le Covid-19 imprime sa marque sur le cerveau




Voici ce que les chercheurs savent de la façon dont l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2 peut affecter le cerveau, si l’on en croit les travaux scientifiques les plus solides publiés jusqu’à présent sur le sujet :

* Des analyses épidémiologiques de grande envergure ont montré que les personnes ayant eu le Covid-19 présentaient un risque accru de déficits cognitifs tels que des problèmes de mémoire ;

* Des études d’imagerie réalisées chez des personnes avant et après l’infection par le SARS-CoV-2 révèlent une réduction du volume cérébral et une altération de la structure du cerveau après l’infection ;

* Une étude sur des personnes ayant eu un Covid-19 léger à modéré a révélé l’existence d’une inflammation cérébrale prolongée, ainsi que de modifications que l’on estime correspondre à sept années de vieillissement cérébral normal ;

* Dans le cas où l’infection par le SARS-CoV-2 entraîne une forme sévère de la maladie nécessitant une hospitalisation ou des soins intensifs, le résultat peut être bien plus grave : les déficits cognitifs et autres dommages cérébraux peuvent alors équivaloir à 20 ans de vieillissement normal ;

* Des expériences de laboratoire menées sur des organoïdes cérébraux humains ou murins (de souris) – assemblages de cellules destinés à émuler certains aspects du fonctionnement du cerveau – ont révélé que l’infection par le SARS-CoV-2 déclenche la fusion des cellules cérébrales. Ces modifications court-circuitent l’activité électrique du cerveau, et compromettent certaines fonctions cérébrales ;

* Des autopsies de personnes ayant subi une forme sévère de Covid-19, mais décédées plus tard d’une autre cause ont démontré que le virus était encore présent dans le tissu cérébral, et ce des mois après l’infection. Cela prouve que le SARS-CoV-2 n’est pas seulement un virus respiratoire. Loin de s’attaquer seulement au tractus respiratoire, il peut aussi pénétrer dans d’autres organes, dont le cerveau chez certains individus. Cependant les scientifiques ignorent encore si la persistance du virus dans le cerveau est directement à l’origine de certains des problèmes observés chez les personnes ayant eu la maladie ;

* D’autres travaux ont révélé que même lorsque l’infection s’avère “bénigne” et que le virus reste principalement confiné dans les poumons, il peut malgré tout provoquer une inflammation au niveau du cerveau et altérer la capacité des cellules cérébrales à se régénérer ;

* Le Covid-19 peut également perturber la barrière hématoencéphalique et la rendre poreuse. Or, il s’agit du bouclier qui protège le système nerveux central – cerveau et moelle épinière –. Chez des patients hospitalisés suite au Covid-19 et souffrant de brouillard cérébral, des analyses par imagerie ont mis en évidence de tels problèmes ;

* Une analyse préliminaire de grande envergure regroupant des données issues de 11 études différentes – soit au total des données provenant de près d’un million de personnes ayant eu le Covid-19 et de plus de 6 millions d’individus non infectés – a montré que le Covid-19 augmentait le risque de développer une démence chez les personnes de plus de 60 ans.

Perte de quotient intellectuel

Plus récemment, des chercheurs ont évalué diverses capacités cognitives telles que la mémoire, la capacité à planifier, ou le raisonnement spatial chez près de 113 000 personnes ayant eu le Covid-19. Leurs résultats, publiés dans le New England Journal of Medicine a révélé que ces patients présentaient des déficits significatifs en matière de mémoire et de performances dans les tâches exécutives.

Ce déclin a été mis en évidence non seulement parmi les personnes infectées au début de la pandémie, mais aussi chez celles qui sont tombées malades lorsque circulaient principalement les variants delta et omicron. Ces dernier point indique que le risque de déclin cognitif n’a pas diminué alors que le virus pandémique initial évoluait de la souche ancestrale vers le variant omicron.

Un déclin cognitif équivalent à une perte de trois points de quotient intellectuel (QI) a été mis en évidence chez des personnes ayant contracté des formes légères de Covid-19, et chez qui la maladie avait été guérie sans complication. En comparaison, les patients présentant des symptômes non résolus, ceux souffrant par exemple d’essoufflement persistant ou d’épuisement ont perdu six points de QI. Les individus qui avaient été admis en unité de soins intensifs ont quant à eux perdu neuf points de QI. La réinfection par le virus a contribué à une perte supplémentaire de deux points de QI, par rapport aux personnes n’ayant pas été réinfectées.

Le quotient intellectuel. Pour mettre en perspective les résultats de ces travaux, il faut savoir qu’en général, le QI moyen se situe aux alentours de 100. Les individus très doués ont habituellement des QI supérieurs à 130, tandis qu’un QI inférieur à 70 indique l’existence d’un handicap intellectuel justifiant un soutien sociétal significatif. D’après ces chiffres, un décalage de trois points vers le bas du QI ferait passer le nombre d’adultes américains ayant un QI inférieur à 70 de 4,7 millions à 7,5 millions. Autrement dit, le nombre d’adultes présentant un niveau de déficience cognitive considéré comme nécessitant un soutien sociétal significatif pourrait augmenter de 2,8 millions.

De lourdes implications potentielles

Dans l’ensemble, les résultats de ces études indiquent que le Covid-19 constitue un sérieux risque pour la santé cérébrale, y compris lorsque la maladie se présente sous une forme “légère”. Il semble que les conséquences de cette situation commencent à être décelables à l’échelle des populations.

Ainsi, aux États-Unis, la capacité à se souvenir, à se concentrer ou à prendre des décisions a été évaluée, dans le cadre de la Current Population Survey (CPS) – une enquête menée chaque mois par le Bureau du recensement auprès de ménages américains –. Résultat : si l’on compare avec les 15 ans qui ont précédé l’émergence du SARS-CoV-2, depuis la pandémie un nombre considérable d’enquêtés a affirmé éprouver de sérieuses difficultés dans ces domaines. Pas moins d’un million d’Américains en âge de travailler sont concernés, et le plus préoccupant est que cette situation affecte principalement des adultes jeunes, âgés de 18 à 44 ans.

Les données de l’Union européenne révèlent une tendance similaire – en 2022, 15 % des personnes interrogées résidant dans l’UE ont déclaré rencontrer des problèmes de mémoire et de concentration.


Le brouillard mental post-COVID-19 chez les enfants et les adolescents – Impact sur leur apprentissage



Les séquelles du COVID-19 ont surtout été décrites chez les adultes. Cependant, avec les nouvelles vagues d'infection, les enfants et les adolescents ont commencé à montrer qu'ils étaient également touchés par les conséquences de la maladie. Récemment, des classes européennes ont commencé à détecter que des enfants souffraient également d'un “brouillard mental”, ce qui rend leur apprentissage difficile pour les enseignants.

Selon les experts, il n'existe pas encore de données précises sur l'incidence du brouillard mental chez les jeunes, bien qu'ils aient averti que cette pathologie s'ajoute aux conséquences de l'isolement décrété par la pandémie dans plusieurs pays. Ils ont même souligné que cette situation pourrait devenir un tournant pour les écoles afin d'évaluer comment capter l'attention des enfants au milieu d'un monde en pleine mutation.


Comment détecter le brouillard mental chez les enfants et les adolescents ?

Chaque jour, un nouveau symptôme ou une nouvelle séquelle vient s'ajouter à la longue liste des COVID-19. Certains d'entre eux se sont concentrés presque exclusivement sur les adultes, l'un d'entre eux étant ce que l'on appelle le “mental fog“ (brouillard mental). Cette pathologie est principalement décrite dans les cas de COVID long ou COVID prolongé. C'est-à-dire lorsque les symptômes de la maladie persistent pendant un à trois mois après l'infection.

Brouillard mental


Il s'agit d'un terme utilisé pour décrire un ensemble de symptômes liés aux séquelles produites par COVID-19 et qui, fondamentalement, sont liés à la partie cognitive, aux difficultés de concentration et aux troubles de la mémoire, qui sont combinés à des séquelles organiques et physiques.

Le brouillard mental, qui est la sensation de confusion mentale, est surtout décrit chez les adolescents et peut se traduire par un manque de concentration, une altération de la mémoire à court terme, qui peut également s'accompagner de fatigue, de lassitude, de manque d'envie, de sautes d'humeur, de manque d'appétit ou encore d'insomnie, qui peut être associée à cette symptomatologie, car tous ces symptômes affectent également la capacité de concentration.

Ce terme est également associé à d'autres pathologies, et pas seulement au post-Covid-19. Il n'y a pas de pourcentage ou d'incidence chez les patients pédiatriques, mais on sait qu'elle touche une grande partie de la population.

Selon les scientifiques, cette pathologie est généralement détectée chez les patients d'âge moyen, bien que des cas soient également signalés chez les enfants et les adolescents. La cause n'est pas très claire. On suppose parfois que le virus persiste, mais s'il survient après le syndrome inflammatoire multisystémique, cette tempête inflammatoire qui se produit chez certains adolescents, on pense qu'il peut être responsable de la persistance des symptômes.

Le diagnostic est clinique et, pour le détecter, le médecin généraliste ou le pédiatre doit examiner les enfants et, grâce à des tests de laboratoire, exclure, par exemple, l'anémie, car nombre de ces symptômes peuvent également être associés à cette maladie.

Lorsqu'il travaille avec des enfants présentant des troubles de l'attention ou de la mémoire, le pédiatre est très attentif à leur stade d'apprentissage et recherche rapidement une alliance avec un psycho-pédagogue ou un psychologue pour pouvoir agir sur cette altération. Généralement, la première consultation est due à des informations familiales, à une altération du comportement ou à une remarque de l'école. Une évaluation neuro-psychologique ou neuro-cognitive est alors réalisée pour déterminer le type d'altération et aider l'enfant.

L'attention, la mémoire et la concentration en tant qu'éléments du développement

Les experts rappellent que l'attention, la mémoire et la concentration sont des facteurs cognitifs qui se développent dès la naissance. Ils se construisent au fil de la croissance et des relations sociales.

Le développement cognitif, principalement la formation des neurones et des connexions neuronales, est fortement influencé par les trois premières années de la vie, les fameux 1000 premiers jours. En raison du grand nombre de pathologies qui peuvent apparaître chez les jeunes enfants, une détérioration de la concentration, de l'attention ou de la mémoire peut être confondue avec des événements physiologiques spécifiques et secondaires à COVID-19.

Les fonctions d'attention et de mémoire se développent tout au long de la vie. Ce sont des systèmes fonctionnels qui se construisent en fonction des stimuli, du travail, du contexte et des relations.

Le brouillard mental post-COVID peut également être influencé par de nombreuses circonstances, comme, par exemple, les peurs ressenties pendant la maladie. Il n'est donc pas facile de dire s'il s'agit d'une conséquence directe ou d'une cause unique.

Parler de dysfonctionnement implique parler d'un mauvais fonctionnement, mais avec la pandémie, il y a eu un changement dans la systématisation de l'école. En 2020, il y avait une école en ligne ou virtuelle, puis on est passé progressivement au présentiel, mais la forme et les propositions ont été modifiées. Il y a eu une sélection des contenus, une priorisation des formes et des manières de les aborder, ce qui a également influencé l'attention et la mémoire.

La pandémie, en tant qu'événement inattendu et inexplicable, a également été considérée comme une perturbation de ces fonctions cognitives. Il était impensable d'être ‘enfermé’ pendant des mois, ce qui a engendré une peur de l'environnement et du retour dans le monde extérieur. Cela affecte l'attention et la concentration car l'enfant ou l'adolescent pense à la manière de se défendre et non à ce que l'enseignant lui propose. Pour apprendre, ils doivent être calmes.

Traitement ou accompagnement : un nouveau défi face au brouillard mental post COVID-19

Les spécialistes ont averti que cette pathologie n'a pas de traitement pharmacologique, mais qu'il est nécessaire de déployer un accompagnement fort de la part des experts, des familles et de l’école. Une fois le diagnostic posé par des tests formels, on peut rechercher les spécialistes adéquats.

Le brouillard mental peut affecter l'apprentissage, car pour apprendre, il faut être attentif, disposé et motivé. C'est pourquoi les pédiatres doivent être attentifs à détecter ce comportement, de même que les parents et les enseignants, afin de travailler de manière pluridisciplinaire.

Il n'existe pas de traitement spécifique efficace. Des améliorations peuvent être constatées lorsqu'un mode de vie sain est encouragé : au moins 8 heures de repos par jour, une alimentation saine, de l'activité physique et une limitation du temps passé devant les écrans.

Par ailleurs, les troubles de la mémoire et de l'attention ne sont pas seulement centrés sur une pathologie, mais sont également liés au système éducatif dispensé dans les écoles, et plus encore depuis que les salles de classe sont équipées d'écrans à domicile.

La pandémie a créé un avant et un après. Il semble que nous devions revenir au passé, mais avant, il y avait aussi des situations qui n'étaient pas appropriées pour les enfants et les adolescents. Les écoles doivent réfléchir à la qualité de l'éducation et à la quantité de connaissances qu'elles transmettent aux enfants. Les écoles sont souvent pressées de fournir des contenus et perdent de vue le fait que les contenus peuvent être révisés au cours des différentes années, car il s'agit d'un processus qui s'étend dans le temps.

Les spécialistes ont également déclaré que le brouillard mental ou le dysfonctionnement de l'attention ne devaient pas être considérés comme un problème central sans être replacés dans leur contexte, car cela ne donnerait lieu qu'à des solutions partielles. Les parents et les enseignants doivent être attentifs non seulement à voir cette situation, mais aussi à les accompagner et à établir un lien avec eux. Non pas d'un point de vue pathologique, qui relève de la médication, mais d'un point de vue d'écoute et d'accompagnement, car sinon cette situation sera aggravée par l'angoisse.

Les enfants d'aujourd'hui ne sont pas semblables à ceux d'il y a 30 ou 40 ans et tous les enfants ne peuvent pas avoir cette pathologie, nous devons donc parler d'un problème qui ouvre des questions et nous implique en tant que société parce que les voies cognitives ont été modifiées et lorsque l'on prête attention, on a besoin que l'autre nous rende cette attention. Non seulement dans les écoles, mais aussi dans la vie familiale et sociale.

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Cependant, s’il existe aujourd’hui de nombreuses preuves indiquant que le SARS-CoV-2 imprime sa marque indélébile sur nos cerveaux, les voies spécifiques par lesquelles il le fait restent à déterminer, et les traitements curatifs doivent encore être mis au point. Mais les recherches scientifiques se poursuivent, et récemment encore, deux nouvelles études publiées dans le prestigieux New England Journal of Medicine éclairent d’un jour nouveau les profondes conséquences du Covid-19 sur la santé cognitive.


Cognición y memoria del covid-19 en una gran comunidad




Des chercheurs de l'Imperial College London (ICL) ont décidé, dans une étude publiée dans le New England Journal of Medicine en février 2024, d'évaluer le fonctionnement cognitif chez des adultes ayant vécu le COVID-19.

Selon les auteurs, certains déficits cognitifs associés au COVID-19 ont commencé à être signalés dès 2020. Ces premiers cas ont été qualifiés de “brouillard mental”, avec des symptômes tels qu'une mauvaise mémoire, des troubles de la concentration et des difficultés à réfléchir. Cependant, bien que ce phénomène soit désormais confirmé, on manque encore d'informations sur sa persistance dans le temps et sur les domaines du fonctionnement cognitif qui peuvent être les plus touchés.

Les chercheurs ont analysé la relation entre les déficits cognitifs observés et d'autres variables telles que la sévérité et la durée de la maladie. Pour ce faire, ils ont mené une étude de cohorte sur la prévalence de l'infection par le SRAS-CoV-2 chez 3.099.386 personnes âgées de 18 ans et plus. L'échantillon final comprenait 141.583 participants, dont 112.964 ont complété la batterie de 8 tests cognitifs. Ces personnes ont été comparées à des personnes n'ayant pas connu le COVID-19.

Les résultats montrent que le COVID-19 est associé à des déficits cognitifs mesurables, qui peuvent persister à long terme. Les données soutiennent également l'hypothèse des auteurs selon laquelle les personnes présentant des symptômes prolongés de COVID-19 présentent des troubles plus évidents de la mémoire et des fonctions exécutives, notamment un brouillard mental et une mauvaise mémoire.

Les auteurs notent que la souche semble influencer les troubles cognitifs associés en l'absence de traitements efficaces dans les premiers stades. En outre, les réinfections semblent n'avoir aucun effet, tandis que la vaccination (en particulier deux doses ou plus) peut atténuer l'impact des troubles cognitifs.

En raison des limites possibles du biais de l'échantillon, les auteurs encouragent la communauté scientifique à mener d'autres études pour fournir des informations sur les implications à plus long terme de ces résultats.

En conclusion, l'étude fournit des informations cruciales sur les effets possibles à long terme de COVID-19 sur les fonctions cognitives des patients. Il est essentiel de comprendre ces effets pour fournir des soins appropriés et développer des stratégies d'intervention pour les personnes qui présentent des symptômes cognitifs persistants après avoir récupéré de COVID.


La déficience cognitive causée par une infection prolongée par le COVID peut être mesurée




Des chercheurs de l'Imperial College London (ICL) ont constaté dans une étude, publiée dans le New England Journal of Medicine en février 2024, que les personnes atteintes d'un COVID persistant obtenaient des résultats plus faibles aux tests de QI que celles qui n'avaient jamais été infectées.

Dans le cadre de l'étude, près de 113.000 personnes ont passé un test cognitif en ligne au cours des cinq derniers mois de l'année 2022. Le test consistait en huit tâches conçues pour évaluer des compétences telles que la planification spatiale, le raisonnement verbal, la définition des mots et la mémoire. L'étude a mesuré les performances à un moment donné, de sorte qu'il était impossible de savoir si d'autres facteurs de stress dans la vie des personnes avaient joué un rôle dans leurs résultats.

L'étude a révélé que les personnes souffrant de COVID persistant avaient un QI inférieur de six points à celui des personnes n'ayant jamais été infectées par le virus. Même les personnes qui n'ont pas souffert de symptômes persistants après un épisode de COVID ont obtenu des résultats légèrement inférieurs à ceux des personnes qui n'ont jamais été infectées, dans ce cas de 3 points de QI.

Cependant, les différences de scores étaient minimes et les experts ont souligné que les résultats ne signifiaient pas que le COVID entraînait des déficits profonds de la pensée et de la mémoire. Ces résultats émergents et coalescents soulignent globalement que des troubles cognitifs surviennent chez les survivants à long terme de la COVID.

Heureusement, l'étude suggère que si les symptômes de COVID à long terme disparaissent d'eux-mêmes, les troubles de la pensée qui y sont liés peuvent également être atténués. Les volontaires de l'étude qui ont souffert de COVID pendant des mois avant de finalement se rétablir, ont obtenu des résultats aux tests similaires à ceux des personnes ayant connu une guérison rapide.

Il est important de noter que la variation standard d'un score de QI est d'environ 15 points, de sorte qu'un changement de 3, voire 6 points, n'est généralement pas considéré comme significatif.

En général, les scores les plus bas ont été observés chez les personnes ayant contracté des infections au début de la pandémie, avant que les vaccins et les traitements antiviraux ne soient disponibles. Par ailleurs, les personnes vaccinées ont obtenu des résultats légèrement meilleurs que les autres.


Le COVID peut provoquer des changements dans le cerveau même dans les cas bénins



Des chercheurs du Nuffield Department of Clinical Neurosciences de l'Université d'Oxford ont constaté, dans une étude publiée dans la revue Nature en mars 2022, que l'infection provoque des effets à long terme, tels que des troubles cognitifs accrus. En outre, ils ont observé des altérations dans les zones liées à l'odorat et une réduction de la taille des organes cérébraux.

Les études précédentes portant sur l'impact de COVID-19 sur le cerveau se sont principalement concentrées sur les patients hospitalisés souffrant d'une maladie grave et se sont limitées à des données post-infection. Jusqu'à présent, les effets du SRAS-CoV-2 sur le cerveau de patients plus légers et plus courants étaient inconnus, et l'étude de ces cas pourrait révéler des mécanismes possibles contribuant à la maladie ou aux lésions cérébrales.

Les scientifiques ont étudié les changements survenus dans le cerveau de 785 participants à la UK Biobank, une base de données biomédicales à grande échelle et une ressource pour la recherche. Les participants étaient âgés de 51 à 81 ans et ont subi deux scanners cérébraux, à 38 mois d'intervalle en moyenne, ainsi que des tests cognitifs.

L'étude a mis en évidence un certain nombre d'effets chez les participants infectés par le SRAS-CoV-2, en moyenne 4,5 mois après l'infection, notamment une réduction plus importante de l'épaisseur de la matière grise dans les régions du cerveau associées à l'olfaction.

Les participants ont montré des signes de lésions tissulaires accrues dans les régions liées au cortex olfactif primaire, une zone liée à l'odorat, et une réduction de la taille du cerveau entier.

En moyenne, les participants ont également montré une plus grande déficience cognitive entre leurs deux scanners, associée à l'atrophie d'une partie spécifique du cervelet, une structure cérébrale liée à la cognition.

Les chercheurs ont constaté que 96% des participants présentaient une perte de volume de matière grise et des lésions tissulaires plus importantes. Ils ont également constaté un déclin plus important de leurs capacités mentales à effectuer des tâches complexes, et ce déclin mental était en partie lié à ces anomalies cérébrales. Tous ces effets négatifs étaient plus marqués à un âge avancé.

Ces résultats pourraient permettre de mieux comprendre les caractéristiques de la propagation dégénérative de COVID-19, que ce soit par les voies liées à l'odorat, à l'inflammation ou à la réponse immunitaire du système nerveux, ou par le manque d'informations sensorielles dû à la perte d'odorat. La vulnérabilité future des régions cérébrales affectées chez ces participants doit faire l'objet de recherches plus approfondies.

Ce nouvel aperçu des effets néfastes de COVID-19 contribuera à la compréhension globale de la manière dont la maladie se propage dans le système nerveux central. La question de savoir si ces effets persistent à long terme ou s'ils sont partiellement inversés est une autre question qui doit faire l'objet de recherches plus approfondies.


Un consortium international pour découvrir comment le virus COVID-19 parvient à affecter le cerveau

Des chercheurs de l’Alzheimer's Association aux États-Unis étudient l’apparition de signes de démence chez certains patients de 60 ans et plus.

L’anxiété ainsi que des signes de psychose et de démence font partie d’une longue liste de pathologies et de symptômes persistants chez des personnes atteintes du syndrome post-COVID-19. Ces effets mettent en lumière la nature complexe du coronavirus, qui ne se contente pas d’attaquer les voies respiratoires.

Les données actuelles montrent qu’environ 20 % des patients de plus de 60 ans qui ont eu le COVID ont éprouvé des symptômes de démence, comme des pertes de mémoire ou de la confusion.

Cet organisme sans but lucratif américain s’est joint en 2023, à des chercheurs provenant de plus de 30 pays – avec l’appui technique de l’Organisation mondiale de la santé – pour mettre sur pied un consortium international. L’objectif de cet imposant effort scientifique est de comprendre comment le virus de la COVID réussit à pénétrer dans le cerveau, mais surtout d’évaluer le risque qu’il y engendre, à moyen ou long terme, des atteintes durables, notamment des maladies neuro-dégénératives comme l’Alzheimer.

Le docteur Gabriel de Erausquin, neurologue, psychiatre et chercheur dans le domaine des maladies neuro-dégénératives à l’Université du Texas, dirige ce consortium, qu’il a mis sur pied. Pour lui, le COVID deviendra un facteur de risque de plus dans l’apparition des démences.

Depuis le début de la pandémie, les chercheurs ont en effet confirmé par des autopsies que le virus pénètre par la cavité nasale et s’infiltre dans les neurones jusqu’au bulbe olfactif, situé dans le cerveau, une porte d’entrée vers le reste des structures. On a démontré qu’il pourrait également faire son chemin depuis le sang jusque dans le système nerveux, car il s’attaque à la barrière hémato-encéphalique. Cette barrière naturelle bloque l’entrée de toxines et de pathogènes du sang vers les cellules du cerveau. Le virus COVID causerait une réaction inflammatoire qui la rendrait moins imperméable.

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La pandémie de SRAS-CoV-2 a entraîné dans son sillage des millions de personnes touchées par le COVID persistant, dont certaines ont souffert ou souffrent actuellement de troubles cognitifs. Il est essentiel de mieux comprendre la biologie du dysfonctionnement cognitif consécutif à l'infection par le SRAS-CoV-2 et la meilleure façon de le prévenir et de le traiter pour répondre aux besoins des personnes touchées et préserver la santé cognitive des populations.

À l’avenir, il sera donc crucial d’identifier quels sont les individus les plus à risque. Mieux comprendre comment cette situation pourrait affecter les résultats scolaires des enfants et des jeunes, ainsi que la productivité économique des adultes en âge de travailler, sera également primordial. Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que l’épidémiologie de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies menant à la démence pourraient être affectées, bien que l’on ignore encore dans quelle mesure.

Une chose est certaine : un nombre croissant de recherches confirme désormais que le Covid-19 doit être considéré comme un virus ayant un impact significatif sur le cerveau. Les implications d’un tel constat sont vastes, et concernent non seulement la santé des individus, mais aussi celle des populations et de nos sociétés, de par l’impact potentiel sur l’économie.



Lever le voile sur les causes de ces troubles cognitifs, et en particulier sur l’origine du brouillard cérébral, nécessitera des années, voire des décennies d’efforts concertés, associant des chercheurs du monde entier. Malheureusement, confrontés à cette situation sans précédent, tant que le virus continuera à circuler, nous serons tous des cobayes

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