jeudi 31 octobre 2024

L'Avenir de la Nutrition Sera Très Personnel



« Vous êtes ce que vous mangez »

L’alimentation future sera personnalisable, pratique et sûre, mais surtout, elle sera plus saine et plus durable.

Les humains sont compliqués et il y a beaucoup de choses qui influent sur notre santé. Certaines que nous ne pouvons pas changer, comme notre âge ou notre constitution génétique, et d'autres que nous pouvons changer, comme notre choix d'aliments et de boissons.

Il y a aussi les billions de bactéries qui vivent dans nos intestins – collectivement connues sous le nom de microbiome – qui ont un impact significatif sur notre santé et notre digestion.

Le microbiome intestinal désigne l'ensemble des micro-organismes – bactéries, virus et champignons – qui peuplent le tractus gastro-intestinal et produisent des métabolites essentiels à la santé humaine.

La nourriture que nous mangeons est un mélange de nombreux nutriments qui affectent l'organisme et le microbiome de différentes façons, de sorte qu'il n'est pas facile de comprendre la relation entre l'alimentation, le métabolisme et la santé.

La diète est un déterminant clé de la variation du microbiome intestinal humain

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La variation quotidienne du microbiome est liée aux choix alimentaires, mais pas aux nutriments conventionnels.

* La variation quotidienne du microbiome dépend d'au moins deux jours d'antécédents alimentaires.

* Des aliments similaires ont des effets différents sur les microbiomes des personnes.

Bien que nous sachions qu'un microbiome plus diversifié est habituellement un indicateur d'une meilleure santé intestinale, nous comprenons peu de choses sur la façon dont les aliments affectent les différentes espèces microbiennes.

Le microbiome est probablement le sujet le plus brûlant en nutrition et en santé à l'heure actuelle. Les chercheurs sont désireux de cartographier et de manipuler nos amis bactériens.

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L'échantillonnage quotidien révèle des associations de diètes-microbiomes personnalisés chez l'homme



Une équipe de chercheurs de l'Université du Minnesota dans une étude, publiée dans Cell Host & Microbe en juin 2019, démontre que des aliments ayant des profils nutritionnels comparables peuvent avoir des effets très différents sur le microbiome.

L'équipe a demandé à 34 volontaires en bonne santé de recueillir des données détaillées sur tout ce qu'ils ont mangé pendant 17 jours, en comparant cette information à la diversité des microbes dans les échantillons quotidiens de selles. Bien que la plupart des participants aient consommé les mêmes aliments – café, fromage cheddar, poulet et carottes – plusieurs choix étaient uniques.

Les chercheurs ont constaté que même si les choix alimentaires de chaque participant avaient une incidence sur son propre microbiome, certains aliments augmentant ou réduisant l'abondance de souches bactériennes, il n'y avait pas de corrélation directe. Par exemple, les haricots ont augmenté la proportion de certaines bactéries chez une personne, mais ils ont eu beaucoup moins d'effet chez une autre.

Curieusement, bien que les aliments étroitement apparentés – comme le chou et le kale, aussi appelé chou frisé – aient tendance à avoir le même impact sur le microbiome, les aliments non apparentés ayant des compositions nutritionnelles très similaires ont des effets étonnamment différents. Cela nous indique que l'étiquetage nutritionnel conventionnel n'est peut-être pas le meilleur moyen de juger si un aliment est susceptible d'être sain.

Les résultats montrent également que faire des recommandations diététiques pour améliorer le microbiome ne sera pas simple. Elles devront être personnalisées en tenant compte des microbes intestinaux qu'on retrouve chez un individu et des effets spécifiques qu'ont certains aliments sur lui.


Des preuves génétiques montrent que la sécrétion d’insuline stimulée par les glucides conduit à l’obésité



Des scientifiques de l’École de médecine de Harvard, montrent dans une étude, publiée par Oxford University Press en janvier 2018, l’effet potentiellement causal de la sécrétion d’insuline sur le poids corporel.

L’un des principes fondamentaux du modèle glucides-insuline de l’obésité est que la sécrétion d’insuline entraîne une prise de poids. Cependant, l’hyperinsulinémie à jeun peut également être provoquée par une résistance à l’insuline induite par l’obésité.

Les chercheurs ont utilisé des instruments génétiques de variation de la sécrétion d'insuline – évaluée par la concentration d'insuline 30 min après la prise orale de glucose –pour estimer la relation causale entre l'augmentation de la sécrétion d'insuline et l'indice de masse corporelle (IMC), en utilisant une analyse de randomisation mendélienne bidirectionnelle d'études d'association pangénomique : analyse de nombreuses variations génétiques chez de nombreux individus, afin d'étudier leurs corrélations avec des traits phénotypiques (héréditaires).

Les sources de données comprenaient les résultats récapitulatifs des plus grandes méta-analyses publiées portant sur la sécrétion d'insuline et l'IMC d'ascendance principalement européenne, ainsi que des données individuelles de la UK Biobank. Les données de l'étude de cohorte de patients cardiologiques et métaboliques du Massachusetts General Hospital ont été utilisées pour valider les associations génétiques avec la sécrétion d'insuline et pour tester l'association observationnelle de la sécrétion d'insuline et de l'IMC.

Résultats. Un taux d’insuline-30 génétiquement déterminé plus élevé était fortement associé à un IMC plus élevé, ce qui concorde avec un rôle causal dans l’obésité. Des associations positives similaires ont été observées dans les analyses de sensibilité utilisant d’autres variantes génétiques comme variables instrumentales. En revanche, un IMC génétiquement déterminé plus élevé n’était pas associé à l’insuline-30.

Conclusions. Les analyses de randomisation mendélienne fournissent la preuve d’une relation causale entre la sécrétion d’insuline stimulée par le glucose et le poids corporel, cohérente avec le modèle glucides-insuline de l’obésité.


PREDICT – Les réponses individuelles aux mêmes aliments sont uniques



PREDICT est la plus grande étude scientifique en cours sur la nutrition, menée par une équipe internationale de scientifiques de premier plan comprenant des chercheurs du King's College de Londres, du Massachusetts General Hospital et de la société de science nutritionnelle ZOE.

Cette étude vise à mesurer et à comprendre les réponses métaboliques uniques à la nourriture – par exemple, comment les niveaux de sucre dans le sang et de graisse changent après avoir mangé – dans un groupe de 1.000 participants.

Les premiers résultats présentés aux réunions de l'American Diabetes Association et de l'American Society for Nutrition en juin 2019, montrent que les réponses individuelles aux mêmes aliments sont uniques, même entre vrais jumeaux.

Moins de 30% de la variation aux réponses glucidiques (carbohydrates) est due à la constitution génétique et moins de 20% à la graisse. De façon inattendue, il n'y avait qu'une faible corrélation entre les deux : avoir une mauvaise réponse à la graisse ne permettait pas de prédire si quelqu'un serait un bon ou un mauvais répondant au sucre.

Les chercheurs ont mesuré l'évolution des taux sanguins de marqueurs tels que le sucre, l'insuline et les graisses en réponse à des repas spécifiques, ainsi que des données sur l'activité, le sommeil, la faim et les bactéries intestinales – microbiome – chez des milliers de participants aux États-Unis et au Royaume-Uni, pour la plupart des paires de jumeaux.

Ils ont découvert que les jumeaux identiques ne partageaient qu'environ 37% de leurs microbes intestinaux. Ce chiffre n'est que légèrement supérieur à celui partagé entre deux personnes non apparentées, ce qui souligne l'effet modeste des gènes.

ZOE utilise des techniques d'apprentissage automatique pour analyser cette mine de données nutritionnelles détaillées et développe un test consommateur et une application, donnant aux gens le pouvoir et la confiance de choisir les bons aliments qui optimisent leur métabolisme personnel, contrôlent leur poids et maintiennent une bonne santé.

Cette recherche montre que si vous voulez trouver les aliments qui fonctionnent le mieux avec votre métabolisme, alors vous devez connaître votre réponse nutritionnelle personnelle, quelque chose qui ne peut être prédit par de simples tests génétiques.

L'équipe annonce également une extension majeure de ses travaux en collaboration avec des scientifiques des universités de Stanford et de Tufts. La prochaine phase consistera à recruter plus d'un millier de volontaires à travers les États-Unis, désireux de comprendre leurs réactions personnelles à l'alimentation et de contribuer à la science nutritionnelle de pointe en participant à l'étude chez eux.


Stratégie d’ONU-Nutrition 2022–2030

En 2021, Année d’action pour la nutrition, plusieurs événements – le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) et le Sommet Nutrition pour la croissance tenu à Tokyo – ont souligné l’importance de la nutrition, notamment le rôle de l’alimentation et son impact sur la santé, le climat et la biodiversité.

S’appuyant sur les résultats de ces événements, ONU-Nutrition conduira l’action menée en matière de nutrition, à la fois dans les contextes du développement et de l’aide humanitaire et en tant que passerelle entre les deux.

Cette Stratégie de ONU-Nutrition 2022–2030 jette les bases d’un plaidoyer, d’une coordination et d’une programmation conjoints destinés à améliorer la nutrition dans l’ensemble du système, visant la cohérence des politiques et un impact constant au niveau des pays dans le cadre d’un engagement commun à accélérer les progrès vers l’élimination de toutes les formes de malnutrition.

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Le futur de l’alimentation



Demain, serons-nous tous devenus végétariens ? Les régimes particuliers seront-ils devenus la norme ? Comment cultiverons-nous nos champs ? Nous régalerons-nous avec des plâtrées d’insectes ?

Les scientifiques – Céline Laisney, directrice du cabinet de veille et de prospective AlimAvenir, et Gilles Billen, directeur de recherche au CNRS – analysent sept scénarios d’avenir mêlant biodiversité, agriculture et alimentation.

1. Nous ne mangeons plus de viande – Pas complètement

Les différents régimes excluant tel ou tel produit animal représentent des parts variées selon les pays. Cette part est plus élevée dans les pays anglo-saxons, qu’en France. Mais tout porte à croire qu’elle va augmenter, puisque cette part est plus élevée chez les jeunes dans tous les pays. On constate des progressions des nouveaux régimes ces dernières années, à des rythmes variables selon les pays. Le plus probable, ce n’est pas que l’on ne mange plus de viande du tout, mais qu’on en mange beaucoup moins.

Les études qui se penchent sur l’avenir de l’alimentation montrent que nous aurons de la peine à nous passer complètement de l’élevage. La raison est simple : le passage d’une agriculture conventionnelle à une agriculture biologique implique la mise en place d’une rotation des cultures, qui suppose elle-même la culture de plusieurs types de légumineuses, les comestibles pour les humains et les fourragères pour les animaux, qui produisent de la viande et du lait.

2. Nous mangerons des insectes et des algues – Oui et non

Les start-ups élevant et transformant les insectes ne visent pas forcément l’alimentation humaine. Elles s’adressent surtout au marché de l’alimentation animale, et en particulier l’aquaculture, pour remplacer les farines de poisson. Les insectes peuvent prendre de l’importance dans ce secteur, à condition d’être compétitifs ou d’apporter des avantages nutritionnels supérieurs.

Concernant les algues, c’est différent. Ce sont surtout les micro-algues qui sont riches en protéines, comme la spiruline ou la chlorelle. Pour le moment, elles sont essentiellement consommées sous forme de compléments alimentaires, mais elles commencent à être intégrées dans des aliments, en général en très petite quantité, pour leurs propriétés fonctionnelles : la chlorelle peut remplacer les œufs dans une mayonnaise, par exemple. Le frein est ici plutôt le coût. Les protéines végétales sont beaucoup plus économiques, adaptées aux conditions environnementales et mieux acceptées par les consommateurs.

3. Nous nous passerons d’engrais – Ça dépend lesquels

On ne se passe jamais d’engrais en agriculture. L’agriculture consiste toujours à enlever au sol – avec la récolte qu’on exporte – de l’azote, du phosphore et du potassium. Pour maintenir la fertilité du sol, il est donc indispensable de lui restituer ces éléments. Les déjections animales (fumier, lisiers) constituent aussi une forme d’engrais, qui assurent le recyclage des éléments extraits du sol pour l’alimentation animale.

Par contre, les engrais industriels, utilisés dans l’agriculture conventionnelle, et qui permettent de s’affranchir du recyclage, ne sont produits qu’au prix d’une dépense énergétique considérable.

Le recyclage serait évidemment une solution beaucoup plus intelligente et beaucoup plus économe en termes de ressources énergétiques, en l’utilisant comme engrais pour fertiliser nos champs.

Cela n’a rien d’utopique. Il suffit de l’espace d’une génération pour tout changer. Ce n’est pas non plus très sorcier : il y a 1000 solutions possibles en termes d’installation et de système de collecte, et on en expérimente déjà plusieurs dans différents endroits.

4. L’État influencera le contenu de nos assiettes – On espère bien

En trente ans, nous sommes passés d’une alimentation composée à 30% seulement de protéines animales, et 70% de protéines végétales, à l’inverse. Les habitudes alimentaires ne changent pas d’elles-même au fil des modes. Elles sont le résultat d’une politique concertée.

Rien ne sera possible sans le retour d’une planification centralisée d’État. Mais il n’y aura pas de changement rapide sans une reprise en main d’une autorité démocratique. L’Europe d’ailleurs, entre maintenant en conflit avec les grands groupes privés au sujet du Green Deal et de la Farm to Fork strategy. Elle vise par exemple 25% d’agriculture biologique en Europe, un niveau déjà largement dépassé dans certains pays comme l’Autriche ou la Suède.

5. Nous ferons davantage “table à part” – Pas nécessairement

Même si les “alimentations particulières” se développent, avec l’essor des allergies, intolérances, régimes pour raisons médicales ou religieuses, cela ne compromette pas la convivialité. L’alimentation est “un fait social total”, il ne s’agit pas juste de se nourrir, on partage beaucoup plus que des aliments.

Peut-être partagerons-nous moins à l’avenir le même plat, mais différents plats façon mezze – ce que l’on voit déjà avec la mode de l’apéritif dinatoire – où chacun pourra piocher ce qui lui plaît et convient. Mais les fêtes (Noël, Pâques, etc.), les sorties au restaurant, les invitations entre amis, perdureront. Certains plats seront peut-être justement réservés à des occasions comme la viande rouge ou les plats traditionnels qui nécessitent une longue préparation, peu adaptés à la vie de tous les jours.

6. Nous reviendrons à la production agricole des années 1950 – Certainement pas

Le passage à une agriculture biologique ne suppose absolument pas d’abandonner toute technologie. Seulement celles qui ne sont pas maîtrisables, ou qui ont des effets secondaires désastreux. Mais on n’abandonne pas l’invention, la technique, l’amélioration, la sélection variétale.

Il y a beaucoup de choses très bonnes dans le progrès technique qu’on a aucune raison de laisser tomber. La mécanisation de l’entretien des champs, même assistée par des caméras, peut rendre beaucoup de services.

7. Nous aurons une sécurité sociale de l’alimentation – L’idée fait son chemin

Le passage à une agriculture biologique et saine est une transformation progressive et structurelle et doit être organisée démocratiquement. La mise en place d’une sécurité sociale alimentaire vise à ce que chacun puisse se nourrir correctement, quels que soient ses revenus. En plus de rappeler que le besoin de manger sainement est un besoin universel, elle permettrait une prise en main collective et démocratique de notre alimentation.

Qu’est-ce qu’on mange ? Qu’est-ce qu’on produit ? Quels sont les produits qui sont conventionnés et remboursés ? Faire trancher ces questions par les citoyens, c’est réintroduire la démocratie dans la manière de produire sa nourriture, de la choisir, et de la fabriquer. C’est le moyen politique idéal de se réapproprier notre alimentation.


La nourriture de demain



Fast-food, OGM, “alicaments”, compléments alimentaires, cultures bio, substituts de repas, tofu, élevages intensifs, additifs… Ces nouveaux modes alimentaires ont fait évolué nos habitudes et continueront encore à le faire dans le futur. Le défi est immense : nourrir les humains de plus en plus nombreux et exigeants avec les ressources de la planète qui s’épuisent.

Aujourd’hui, plus de 500 millions de personnes trop pauvres mangent mal. L'investigation cherche à inventer de nouveaux produits et modes de production qui permettront à chacun de manger à sa faim, en respectant le goût, les habitudes de vie actuelle et l’environnement.

Des consommateurs exigeants en quête de nouveauté

Pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, les industriels de l’alimentation sont obligés de renouveler leurs produits de plus en plus rapidement et d’innover sans cesse. Des nouveaux produits sont développés : le kebab à préparer au micro-ondes, l’huile de coton, l’huile d’olive solidifiée à tartiner, les chips aux poires, les yaourts aux légumes, le fromage à la bière, le champagne en pot, le yaourt qui fait rajeunir, la tapenade en tube, le beurre en spray… Ces nouveaux produits auront-ils un avenir ? Le consommateur choisira…

Les cultures biologiques


Les produits “bio” permettent de produire une alimentation respectueuse de l’environnement qui préserve le goût des aliments. Après les grandes peurs alimentaires des dernières années (vache folle…), l’agriculture bio est rassurante mais son rendement est très faible. Elle ne constitue pas une solution complète même si elle contribue au respect de l’environnement.

Respecter la planète

La population mondiale atteint les 6 milliards de personnes. D’ici 2050, nous serons 3 milliards de plus. Il faudra alors doubler la production alimentaire et augmenter les surfaces cultivées mais ce sera difficile car les terres cultivables, les ressources en eau et la diversité génétique sont chaque jour davantage menacés par la surexploitation . Il faudra changer les modes de productions. Les transformations à apporter sont immenses et doivent se faire vite. La recherche avance et développe notamment les OGM.

Les organismes génétiquement modifiés (OGM)


Les OGM seraient-ils la fin de la faim ? C’est ce que prétendent les industriels qui les conçoivent. Mais un problème économique et éthique se pose. Une peur de la nouveauté et des risques encourus à les consommer est souvent avancée par ceux qui combattent les OGM. Si certains présentent des inconvénients, il faut reconnaître que d’autres ont des avantages notamment en exigeant moins de traitements chimiques. La recherche permettra d’étendre à d’autres plantes des qualités telles que la résistance des plantes à la sécheresse ou à la salinité.

Santé et alimentation

La recherche permet aujourd’hui de créer des substances vaccinantes en modifiant génétiquement certains organismes. Les piqûres pourraient un jour être remplacées en mangeant un végétal. Des chercheurs ont d’ailleurs réussi à protéger des souris de l’hépatite B en les nourrissant de pommes de terre dans lesquelles avait été introduit un gène de la maladie. Les bananes pourraient un jour devenir un moyen de vaccination. Plus facile à transporter que les vaccins actuels qui demandent d’être réfrigérés, les avantages sont énormes pour les pays du tiers monde. Les animaux sont également mis à contribution. Ainsi, du miel permettrait de produire des substances pharmaceutiques en modifiant les plantes butinées.

Mange et tu iras mieux

Si on en juge par la hausse de l’espérance de vie ou encore le cas des Japonais qui ont gagné en hauteur 17 cm en 50 ans, on peut affirmer que santé et nutrition sont liées. Les alicaments ont de l’avenir. Il s’agit d’un produit alimentaire provoquant un effet positif sur la santé humaine. Il regroupe des réalités très variées. Ainsi, dans la vaste famille des alicaments, on trouve des produits issus de l’agriculture bio, des produits dits diététiques, des aliments allégés, enrichis… Si leurs effets ne sont pas toujours prouvés, l’avenir permettra, entre autre, d’y voir plus clair dans ces produits aux effets soit disant miraculeux.

Les substituts de repas et compléments alimentaires

Se nourrir uniquement de pilules sera encore longtemps réservé aux films de science fiction. L’important est d’avoir un équilibre alimentaire. Les carences nutritionnelles dans la population sont assez répandues et les combler grâce aux substituts est un bel objectif pour la santé.

La France est beaucoup plus stricte à l’égard de ces composés que de nombreux autres pays, tels les États-Unis qui autorisent de nombreux compléments. Ces produits alimentaires apportent sous forme pratique et condensée des nutriments qui améliorent le quotidien. Sachons bien les utiliser.


Recherche et innovation dans les produits alimentaires



L’avenir de l’alimentation ressemblera peu au passé. L’impact de la pandémie sur les consommateurs, l’émergence exponentielle de nouvelles technologies et les défis significatifs en matière de durabilité seront cruciaux. Pour y parvenir, elle s’appuiera sur des technologies habilitantes telles que la biotechnologie et l’intelligence artificielle, entre autres.

Nouveaux aliments et ingrédients sains

L’impact significatif du Covid-19 sur la société a accéléré l‘intérêt des consommateurs pour les aliments qui améliorent notre santé et notre bien-être. Quelques exemples incluent les “superaliments” avec un profil nutritionnel et de qualité équilibré, ou des profils améliorés, avec une teneur réduite en sel, en sucre ou en matières grasses. De plus, les ingrédients et composés bioactifs obtenus à partir de sources naturelles et durables renforcent nos défenses et notre système immunitaire, et aident à prévenir les maladies. Une mention spéciale va aux ingrédients probiotiques, prébiotiques ou postbiotiques avec un énorme potentiel pour l’innovation et la croissance alimentaires.

Nutrition de précision

Analyser et intégrer le génome humain ou l’information génétique, le microbiome intestinal et les habitudes culturelles ou les modes de vie de groupes de population spécifiques, pour comprendre quelles maladies ils pourraient développer et concevoir des régimes qui aident à prévenir leur développement ou influencer positivement leur santé. Les technologies omiques (la somme des constituants d'une cellule) deviennent de plus en plus abordables. Le séquençage d’un génome humain devient moins cher. La société technologique BGI a annoncé qu’elle atteindrait un coût de 100 euros par génome. Il existe déjà des entreprises qui prescrivent des régimes basés sur le génome de l’individu, telles que Habit, DayTwo ou Inside Tracker.

Viande cultivée en laboratoire

Viande cultivée in vitro à partir de cellules animales. Elle s’appuie sur l’application des connaissances et des techniques de culture cellulaire issues de la médecine régénérative et de l’ingénierie tissulaire. Une récente analyse du cycle de vie et une étude de faisabilité technico-économique par CE Delft montrent que la viande cultivée en laboratoire pourrait réduire l’impact climatique de la production de viande de 92%, réduire la pollution de 93%, utiliser 95% moins de terres et 78% moins d’eau. De plus, lorsqu’elle est produite à grande échelle, le coût de production pourrait diminuer jusqu’à 5,66 $ d’ici 2030. Aleph Farms est une entreprise israélienne de premier plan dans le développement de viande cultivée et a réussi à faire pousser le premier steak de ribeye (entrecôte) cultivé en laboratoire au monde en utilisant des cellules animales et la technologie d’impression 3D. D’autres entreprises de premier plan dans cette course incluent Memphis Meats et Mosa Meat.

Plant-based food (Aliments d’origine végétale)

Un aliment “d’origine végétale” provient de sources végétales telles que les fruits, les légumes, les légumineuses, les céréales, les noix, le soja, etc. L’intérêt pour les analogues des produits d’origine animale stimule ce marché. Un exemple notable est le hamburger végétal d’Impossible Foods ou la saucisse de Beyond Meat. Diverses technologies comme la texturisation à sec ou humide permettent de développer une apparence et un goût similaires à ceux de la viande sans compromettre la valeur nutritionnelle. La conception de produits extrudés (la technique agro-alimentaire pour produire snacks, biscuits, céréales petit déjeuner…), avec des textures et des saveurs spécifiques, ainsi que l’optimisation et le contrôle des processus, posent un défi pour la recherche. La tendance “d’origine végétale” s’étend aux alternatives au lait, aux œufs, aux sauces, aux condiments, aux barres, etc., et elle est là pour y rester.

Protéines alternatives

Une autre tendance est l’émergence de sources de protéines alternatives telles que les insectes, les microalgues, les champignons ou de nouvelles espèces végétales. Toutes sont présentées comme plus durables que les protéines d’origine animale et comme une solution potentielle pour répondre à la croissance de la demande d’ici 2050. Certaines entreprises innovantes dans le domaine des insectes incluent Ynsect, BioFly Tech ou Trillions. Les protéines dérivées de champignons ou de mycoprotéines sont également une source alternative très intéressante, avec une production encore plus éco-efficiente que d’autres protéines végétales. Des entreprises comme Prime Roots, Quorn ou Meati travaillent dans ce domaine. D’autre part, Perfect Day Foods produit des protéines de lactosérum et de caséine par “fermentation de précision” et a récemment lancé la marque dérivée Brave Robot pour vendre des glaces sans produits laitiers. Clara Foods crée également des protéines d’œuf en utilisant cette technologie. Enfin, Ainia cultive la lemna, une plante aquatique prête à devenir un nouveau “superaliment”, qui est déjà à la base d’entreprises comme Parabel ou Hinoman.

Impression 3D alimentaire


Technologie d’impression 3D spécialisée dans l’impression de pâtes, de chocolat ou d’aliments avec des formes infinies, pouvant combiner la technologie laser pour la cuisson. Des entreprises comme Natural Machines proposent des machines qui impriment du chocolat, des pâtes, du sucre et même différents aliments, donnant l’opportunité de créer de nouveaux aliments ou plats innovants, sains avec de nouvelles saveurs et textures durables et amusantes. Une opportunité attrayante pour le secteur de la restauration avec des défis futurs concernant son passage à une échelle industrielle.

Alimentation computationnelle

Formulation de produits analogues à ceux d’origine animale à partir de milliers de plantes, y compris des espèces comestibles mais non exploitées. Collecte et traitement des données sur leurs propriétés nutritionnelles, fonctionnelles et sensorielles en utilisant l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique dans le but d’obtenir des produits presque identiques en qualité et en saveur aux produits originaux, avec une utilisation des ressources et un impact environnemental bien inférieurs. Des entreprises comme Just ou NotCo sont à l’avant-garde de ces alternatives avec des mayonnaises ou des laits alternatifs déjà sur le marché.

Agriculture verticale

Technologie de culture de plantes hautement efficace en ressources utilisant très peu d’eau ou d’engrais et occupant très peu de surface en empilant des couches successives verticalement sur des surfaces inclinées et/ou intégrées dans des structures comme de grands bâtiments ou par le biais de conteneurs de culture modulaires proposés par la startup iFarm pour permettre à quiconque de produire ses légumes. Elle adopte des techniques de culture en environnement contrôlé sous des conditions de serre et peut simplifier la chaîne d’approvisionnement pour une empreinte environnementale faible de la nourriture vers les villes ou les environnements avec des terres arables limitées. D’autres exemples d’entreprises incluent Aerofarms ou Agricoo.

Agriculture de précision

Englobe des systèmes de contrôle, des capteurs, de la robotique, des drones, des véhicules autonomes, du matériel et des logiciels automatisés, et tout ce qui rend l’agriculture plus précise et contrôlée. AINIA a développé des plateformes basées sur la robotique mobile et la vision hyperspectrale qui permettent d’optimiser certains processus dans les champs, comme le moment exact de la récolte (degré de maturité), le contrôle des ravageurs ou les processus d’application des engrais, contribuant à une chaîne alimentaire plus durable.

Édition génétique

CRISPR est une technologie d’édition moléculaire de “couper et coller”, avec laquelle un organisme peut être génétiquement modifié en introduisant de nouvelles caractéristiques ou en éliminant celles qui sont nocives. C’est un système simple, économique et rapide qui offre un univers d’applications, y compris l’amélioration des cultures et le contrôle des ravageurs en agriculture. Bien que la transmission de gènes externes ne soit pas nécessaire, l’UE n’a pas fourni un cadre réglementaire différent de celui des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés), ce qui pourrait entraver son développement en Europe par rapport à d’autres parties du monde. Le documentaire Netflix “Human Nature” explique l’importance de cette innovation et le rôle du chercheur espagnol Dr. Francisco Mojica de l’Université d’Alicante dans sa découverte.

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Pas de régimes pour tous

Nous avons tous des goûts et des préférences personnels lorsqu'il s'agit d'aliments. Il est donc logique de supposer que nos métabolismes et nos réactions aux aliments que nous mangeons devraient également être différents. Mais cette intuition commence tout juste à être validée par la recherche scientifique, prouvant que chacun est unique et qu'il n'existe pas de véritable régime qui fonctionne pour tous.



Bien sûr, il y a des messages prônant une alimentation saine qui s'appliquent à 
tout le monde, comme manger plus de fibres, augmenter la diversité des aliments
 végétaux et réduire la consommation de produits ultra-transformés. Mais 
le message à retenir est qu'il n'y a pas une seule façon de manger qui fonctionne
 pour tout le monde, malgré ce que nous disent les guides alimentaires,
 les organismes gouvernementaux et les gourous glamour d'Instagram


Voir aussi…




dimanche 29 septembre 2024

Le Covid-19 Affecte le Cerveau et le Quotient Intellectuel chez les Persones Ayant Été Infectées



Le COVID devient un facteur de risque de plus dans l’apparition de la démence


Dès les premiers temps de la pandémie de Covid-19 due au coronavirus SARS-CoV-2, des personnes apparemment remises de la phase aiguë de l’infection se sont plaintes d’être affectées par une sorte de “brouillard mental”. Décrit par les patients comme une sensation de lenteur mentale, de flou ou de manque de clarté intellectuelle, cet état s’est rapidement avéré constituer un problème de santé significatif.

Quatre ans plus tard, il est scientifiquement bien établi que l’infection par le SARS-CoV-2 peut affecter la santé de notre cerveau de diverses manières. En plus du brouillard cérébral, la maladie peut entraîner de nombreux autres troubles : maux de tête, convulsions, accidents vasculaires cérébraux (AVC), perturbation du sommeil, picotements et paralysies, ainsi que différents troubles de santé mentale.


Comment le Covid-19 imprime sa marque sur le cerveau




Voici ce que les chercheurs savent de la façon dont l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2 peut affecter le cerveau, si l’on en croit les travaux scientifiques les plus solides publiés jusqu’à présent sur le sujet :

* Des analyses épidémiologiques de grande envergure ont montré que les personnes ayant eu le Covid-19 présentaient un risque accru de déficits cognitifs tels que des problèmes de mémoire ;

* Des études d’imagerie réalisées chez des personnes avant et après l’infection par le SARS-CoV-2 révèlent une réduction du volume cérébral et une altération de la structure du cerveau après l’infection ;

* Une étude sur des personnes ayant eu un Covid-19 léger à modéré a révélé l’existence d’une inflammation cérébrale prolongée, ainsi que de modifications que l’on estime correspondre à sept années de vieillissement cérébral normal ;

* Dans le cas où l’infection par le SARS-CoV-2 entraîne une forme sévère de la maladie nécessitant une hospitalisation ou des soins intensifs, le résultat peut être bien plus grave : les déficits cognitifs et autres dommages cérébraux peuvent alors équivaloir à 20 ans de vieillissement normal ;

* Des expériences de laboratoire menées sur des organoïdes cérébraux humains ou murins (de souris) – assemblages de cellules destinés à émuler certains aspects du fonctionnement du cerveau – ont révélé que l’infection par le SARS-CoV-2 déclenche la fusion des cellules cérébrales. Ces modifications court-circuitent l’activité électrique du cerveau, et compromettent certaines fonctions cérébrales ;

* Des autopsies de personnes ayant subi une forme sévère de Covid-19, mais décédées plus tard d’une autre cause ont démontré que le virus était encore présent dans le tissu cérébral, et ce des mois après l’infection. Cela prouve que le SARS-CoV-2 n’est pas seulement un virus respiratoire. Loin de s’attaquer seulement au tractus respiratoire, il peut aussi pénétrer dans d’autres organes, dont le cerveau chez certains individus. Cependant les scientifiques ignorent encore si la persistance du virus dans le cerveau est directement à l’origine de certains des problèmes observés chez les personnes ayant eu la maladie ;

* D’autres travaux ont révélé que même lorsque l’infection s’avère “bénigne” et que le virus reste principalement confiné dans les poumons, il peut malgré tout provoquer une inflammation au niveau du cerveau et altérer la capacité des cellules cérébrales à se régénérer ;

* Le Covid-19 peut également perturber la barrière hématoencéphalique et la rendre poreuse. Or, il s’agit du bouclier qui protège le système nerveux central – cerveau et moelle épinière –. Chez des patients hospitalisés suite au Covid-19 et souffrant de brouillard cérébral, des analyses par imagerie ont mis en évidence de tels problèmes ;

* Une analyse préliminaire de grande envergure regroupant des données issues de 11 études différentes – soit au total des données provenant de près d’un million de personnes ayant eu le Covid-19 et de plus de 6 millions d’individus non infectés – a montré que le Covid-19 augmentait le risque de développer une démence chez les personnes de plus de 60 ans.

Perte de quotient intellectuel

Plus récemment, des chercheurs ont évalué diverses capacités cognitives telles que la mémoire, la capacité à planifier, ou le raisonnement spatial chez près de 113 000 personnes ayant eu le Covid-19. Leurs résultats, publiés dans le New England Journal of Medicine a révélé que ces patients présentaient des déficits significatifs en matière de mémoire et de performances dans les tâches exécutives.

Ce déclin a été mis en évidence non seulement parmi les personnes infectées au début de la pandémie, mais aussi chez celles qui sont tombées malades lorsque circulaient principalement les variants delta et omicron. Ces dernier point indique que le risque de déclin cognitif n’a pas diminué alors que le virus pandémique initial évoluait de la souche ancestrale vers le variant omicron.

Un déclin cognitif équivalent à une perte de trois points de quotient intellectuel (QI) a été mis en évidence chez des personnes ayant contracté des formes légères de Covid-19, et chez qui la maladie avait été guérie sans complication. En comparaison, les patients présentant des symptômes non résolus, ceux souffrant par exemple d’essoufflement persistant ou d’épuisement ont perdu six points de QI. Les individus qui avaient été admis en unité de soins intensifs ont quant à eux perdu neuf points de QI. La réinfection par le virus a contribué à une perte supplémentaire de deux points de QI, par rapport aux personnes n’ayant pas été réinfectées.

Le quotient intellectuel. Pour mettre en perspective les résultats de ces travaux, il faut savoir qu’en général, le QI moyen se situe aux alentours de 100. Les individus très doués ont habituellement des QI supérieurs à 130, tandis qu’un QI inférieur à 70 indique l’existence d’un handicap intellectuel justifiant un soutien sociétal significatif. D’après ces chiffres, un décalage de trois points vers le bas du QI ferait passer le nombre d’adultes américains ayant un QI inférieur à 70 de 4,7 millions à 7,5 millions. Autrement dit, le nombre d’adultes présentant un niveau de déficience cognitive considéré comme nécessitant un soutien sociétal significatif pourrait augmenter de 2,8 millions.

De lourdes implications potentielles

Dans l’ensemble, les résultats de ces études indiquent que le Covid-19 constitue un sérieux risque pour la santé cérébrale, y compris lorsque la maladie se présente sous une forme “légère”. Il semble que les conséquences de cette situation commencent à être décelables à l’échelle des populations.

Ainsi, aux États-Unis, la capacité à se souvenir, à se concentrer ou à prendre des décisions a été évaluée, dans le cadre de la Current Population Survey (CPS) – une enquête menée chaque mois par le Bureau du recensement auprès de ménages américains –. Résultat : si l’on compare avec les 15 ans qui ont précédé l’émergence du SARS-CoV-2, depuis la pandémie un nombre considérable d’enquêtés a affirmé éprouver de sérieuses difficultés dans ces domaines. Pas moins d’un million d’Américains en âge de travailler sont concernés, et le plus préoccupant est que cette situation affecte principalement des adultes jeunes, âgés de 18 à 44 ans.

Les données de l’Union européenne révèlent une tendance similaire – en 2022, 15 % des personnes interrogées résidant dans l’UE ont déclaré rencontrer des problèmes de mémoire et de concentration.


Le brouillard mental post-COVID-19 chez les enfants et les adolescents – Impact sur leur apprentissage



Les séquelles du COVID-19 ont surtout été décrites chez les adultes. Cependant, avec les nouvelles vagues d'infection, les enfants et les adolescents ont commencé à montrer qu'ils étaient également touchés par les conséquences de la maladie. Récemment, des classes européennes ont commencé à détecter que des enfants souffraient également d'un “brouillard mental”, ce qui rend leur apprentissage difficile pour les enseignants.

Selon les experts, il n'existe pas encore de données précises sur l'incidence du brouillard mental chez les jeunes, bien qu'ils aient averti que cette pathologie s'ajoute aux conséquences de l'isolement décrété par la pandémie dans plusieurs pays. Ils ont même souligné que cette situation pourrait devenir un tournant pour les écoles afin d'évaluer comment capter l'attention des enfants au milieu d'un monde en pleine mutation.


Comment détecter le brouillard mental chez les enfants et les adolescents ?

Chaque jour, un nouveau symptôme ou une nouvelle séquelle vient s'ajouter à la longue liste des COVID-19. Certains d'entre eux se sont concentrés presque exclusivement sur les adultes, l'un d'entre eux étant ce que l'on appelle le “mental fog“ (brouillard mental). Cette pathologie est principalement décrite dans les cas de COVID long ou COVID prolongé. C'est-à-dire lorsque les symptômes de la maladie persistent pendant un à trois mois après l'infection.

Brouillard mental


Il s'agit d'un terme utilisé pour décrire un ensemble de symptômes liés aux séquelles produites par COVID-19 et qui, fondamentalement, sont liés à la partie cognitive, aux difficultés de concentration et aux troubles de la mémoire, qui sont combinés à des séquelles organiques et physiques.

Le brouillard mental, qui est la sensation de confusion mentale, est surtout décrit chez les adolescents et peut se traduire par un manque de concentration, une altération de la mémoire à court terme, qui peut également s'accompagner de fatigue, de lassitude, de manque d'envie, de sautes d'humeur, de manque d'appétit ou encore d'insomnie, qui peut être associée à cette symptomatologie, car tous ces symptômes affectent également la capacité de concentration.

Ce terme est également associé à d'autres pathologies, et pas seulement au post-Covid-19. Il n'y a pas de pourcentage ou d'incidence chez les patients pédiatriques, mais on sait qu'elle touche une grande partie de la population.

Selon les scientifiques, cette pathologie est généralement détectée chez les patients d'âge moyen, bien que des cas soient également signalés chez les enfants et les adolescents. La cause n'est pas très claire. On suppose parfois que le virus persiste, mais s'il survient après le syndrome inflammatoire multisystémique, cette tempête inflammatoire qui se produit chez certains adolescents, on pense qu'il peut être responsable de la persistance des symptômes.

Le diagnostic est clinique et, pour le détecter, le médecin généraliste ou le pédiatre doit examiner les enfants et, grâce à des tests de laboratoire, exclure, par exemple, l'anémie, car nombre de ces symptômes peuvent également être associés à cette maladie.

Lorsqu'il travaille avec des enfants présentant des troubles de l'attention ou de la mémoire, le pédiatre est très attentif à leur stade d'apprentissage et recherche rapidement une alliance avec un psycho-pédagogue ou un psychologue pour pouvoir agir sur cette altération. Généralement, la première consultation est due à des informations familiales, à une altération du comportement ou à une remarque de l'école. Une évaluation neuro-psychologique ou neuro-cognitive est alors réalisée pour déterminer le type d'altération et aider l'enfant.

L'attention, la mémoire et la concentration en tant qu'éléments du développement

Les experts rappellent que l'attention, la mémoire et la concentration sont des facteurs cognitifs qui se développent dès la naissance. Ils se construisent au fil de la croissance et des relations sociales.

Le développement cognitif, principalement la formation des neurones et des connexions neuronales, est fortement influencé par les trois premières années de la vie, les fameux 1000 premiers jours. En raison du grand nombre de pathologies qui peuvent apparaître chez les jeunes enfants, une détérioration de la concentration, de l'attention ou de la mémoire peut être confondue avec des événements physiologiques spécifiques et secondaires à COVID-19.

Les fonctions d'attention et de mémoire se développent tout au long de la vie. Ce sont des systèmes fonctionnels qui se construisent en fonction des stimuli, du travail, du contexte et des relations.

Le brouillard mental post-COVID peut également être influencé par de nombreuses circonstances, comme, par exemple, les peurs ressenties pendant la maladie. Il n'est donc pas facile de dire s'il s'agit d'une conséquence directe ou d'une cause unique.

Parler de dysfonctionnement implique parler d'un mauvais fonctionnement, mais avec la pandémie, il y a eu un changement dans la systématisation de l'école. En 2020, il y avait une école en ligne ou virtuelle, puis on est passé progressivement au présentiel, mais la forme et les propositions ont été modifiées. Il y a eu une sélection des contenus, une priorisation des formes et des manières de les aborder, ce qui a également influencé l'attention et la mémoire.

La pandémie, en tant qu'événement inattendu et inexplicable, a également été considérée comme une perturbation de ces fonctions cognitives. Il était impensable d'être ‘enfermé’ pendant des mois, ce qui a engendré une peur de l'environnement et du retour dans le monde extérieur. Cela affecte l'attention et la concentration car l'enfant ou l'adolescent pense à la manière de se défendre et non à ce que l'enseignant lui propose. Pour apprendre, ils doivent être calmes.

Traitement ou accompagnement : un nouveau défi face au brouillard mental post COVID-19

Les spécialistes ont averti que cette pathologie n'a pas de traitement pharmacologique, mais qu'il est nécessaire de déployer un accompagnement fort de la part des experts, des familles et de l’école. Une fois le diagnostic posé par des tests formels, on peut rechercher les spécialistes adéquats.

Le brouillard mental peut affecter l'apprentissage, car pour apprendre, il faut être attentif, disposé et motivé. C'est pourquoi les pédiatres doivent être attentifs à détecter ce comportement, de même que les parents et les enseignants, afin de travailler de manière pluridisciplinaire.

Il n'existe pas de traitement spécifique efficace. Des améliorations peuvent être constatées lorsqu'un mode de vie sain est encouragé : au moins 8 heures de repos par jour, une alimentation saine, de l'activité physique et une limitation du temps passé devant les écrans.

Par ailleurs, les troubles de la mémoire et de l'attention ne sont pas seulement centrés sur une pathologie, mais sont également liés au système éducatif dispensé dans les écoles, et plus encore depuis que les salles de classe sont équipées d'écrans à domicile.

La pandémie a créé un avant et un après. Il semble que nous devions revenir au passé, mais avant, il y avait aussi des situations qui n'étaient pas appropriées pour les enfants et les adolescents. Les écoles doivent réfléchir à la qualité de l'éducation et à la quantité de connaissances qu'elles transmettent aux enfants. Les écoles sont souvent pressées de fournir des contenus et perdent de vue le fait que les contenus peuvent être révisés au cours des différentes années, car il s'agit d'un processus qui s'étend dans le temps.

Les spécialistes ont également déclaré que le brouillard mental ou le dysfonctionnement de l'attention ne devaient pas être considérés comme un problème central sans être replacés dans leur contexte, car cela ne donnerait lieu qu'à des solutions partielles. Les parents et les enseignants doivent être attentifs non seulement à voir cette situation, mais aussi à les accompagner et à établir un lien avec eux. Non pas d'un point de vue pathologique, qui relève de la médication, mais d'un point de vue d'écoute et d'accompagnement, car sinon cette situation sera aggravée par l'angoisse.

Les enfants d'aujourd'hui ne sont pas semblables à ceux d'il y a 30 ou 40 ans et tous les enfants ne peuvent pas avoir cette pathologie, nous devons donc parler d'un problème qui ouvre des questions et nous implique en tant que société parce que les voies cognitives ont été modifiées et lorsque l'on prête attention, on a besoin que l'autre nous rende cette attention. Non seulement dans les écoles, mais aussi dans la vie familiale et sociale.

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Cependant, s’il existe aujourd’hui de nombreuses preuves indiquant que le SARS-CoV-2 imprime sa marque indélébile sur nos cerveaux, les voies spécifiques par lesquelles il le fait restent à déterminer, et les traitements curatifs doivent encore être mis au point. Mais les recherches scientifiques se poursuivent, et récemment encore, deux nouvelles études publiées dans le prestigieux New England Journal of Medicine éclairent d’un jour nouveau les profondes conséquences du Covid-19 sur la santé cognitive.


Cognición y memoria del covid-19 en una gran comunidad




Des chercheurs de l'Imperial College London (ICL) ont décidé, dans une étude publiée dans le New England Journal of Medicine en février 2024, d'évaluer le fonctionnement cognitif chez des adultes ayant vécu le COVID-19.

Selon les auteurs, certains déficits cognitifs associés au COVID-19 ont commencé à être signalés dès 2020. Ces premiers cas ont été qualifiés de “brouillard mental”, avec des symptômes tels qu'une mauvaise mémoire, des troubles de la concentration et des difficultés à réfléchir. Cependant, bien que ce phénomène soit désormais confirmé, on manque encore d'informations sur sa persistance dans le temps et sur les domaines du fonctionnement cognitif qui peuvent être les plus touchés.

Les chercheurs ont analysé la relation entre les déficits cognitifs observés et d'autres variables telles que la sévérité et la durée de la maladie. Pour ce faire, ils ont mené une étude de cohorte sur la prévalence de l'infection par le SRAS-CoV-2 chez 3.099.386 personnes âgées de 18 ans et plus. L'échantillon final comprenait 141.583 participants, dont 112.964 ont complété la batterie de 8 tests cognitifs. Ces personnes ont été comparées à des personnes n'ayant pas connu le COVID-19.

Les résultats montrent que le COVID-19 est associé à des déficits cognitifs mesurables, qui peuvent persister à long terme. Les données soutiennent également l'hypothèse des auteurs selon laquelle les personnes présentant des symptômes prolongés de COVID-19 présentent des troubles plus évidents de la mémoire et des fonctions exécutives, notamment un brouillard mental et une mauvaise mémoire.

Les auteurs notent que la souche semble influencer les troubles cognitifs associés en l'absence de traitements efficaces dans les premiers stades. En outre, les réinfections semblent n'avoir aucun effet, tandis que la vaccination (en particulier deux doses ou plus) peut atténuer l'impact des troubles cognitifs.

En raison des limites possibles du biais de l'échantillon, les auteurs encouragent la communauté scientifique à mener d'autres études pour fournir des informations sur les implications à plus long terme de ces résultats.

En conclusion, l'étude fournit des informations cruciales sur les effets possibles à long terme de COVID-19 sur les fonctions cognitives des patients. Il est essentiel de comprendre ces effets pour fournir des soins appropriés et développer des stratégies d'intervention pour les personnes qui présentent des symptômes cognitifs persistants après avoir récupéré de COVID.


La déficience cognitive causée par une infection prolongée par le COVID peut être mesurée




Des chercheurs de l'Imperial College London (ICL) ont constaté dans une étude, publiée dans le New England Journal of Medicine en février 2024, que les personnes atteintes d'un COVID persistant obtenaient des résultats plus faibles aux tests de QI que celles qui n'avaient jamais été infectées.

Dans le cadre de l'étude, près de 113.000 personnes ont passé un test cognitif en ligne au cours des cinq derniers mois de l'année 2022. Le test consistait en huit tâches conçues pour évaluer des compétences telles que la planification spatiale, le raisonnement verbal, la définition des mots et la mémoire. L'étude a mesuré les performances à un moment donné, de sorte qu'il était impossible de savoir si d'autres facteurs de stress dans la vie des personnes avaient joué un rôle dans leurs résultats.

L'étude a révélé que les personnes souffrant de COVID persistant avaient un QI inférieur de six points à celui des personnes n'ayant jamais été infectées par le virus. Même les personnes qui n'ont pas souffert de symptômes persistants après un épisode de COVID ont obtenu des résultats légèrement inférieurs à ceux des personnes qui n'ont jamais été infectées, dans ce cas de 3 points de QI.

Cependant, les différences de scores étaient minimes et les experts ont souligné que les résultats ne signifiaient pas que le COVID entraînait des déficits profonds de la pensée et de la mémoire. Ces résultats émergents et coalescents soulignent globalement que des troubles cognitifs surviennent chez les survivants à long terme de la COVID.

Heureusement, l'étude suggère que si les symptômes de COVID à long terme disparaissent d'eux-mêmes, les troubles de la pensée qui y sont liés peuvent également être atténués. Les volontaires de l'étude qui ont souffert de COVID pendant des mois avant de finalement se rétablir, ont obtenu des résultats aux tests similaires à ceux des personnes ayant connu une guérison rapide.

Il est important de noter que la variation standard d'un score de QI est d'environ 15 points, de sorte qu'un changement de 3, voire 6 points, n'est généralement pas considéré comme significatif.

En général, les scores les plus bas ont été observés chez les personnes ayant contracté des infections au début de la pandémie, avant que les vaccins et les traitements antiviraux ne soient disponibles. Par ailleurs, les personnes vaccinées ont obtenu des résultats légèrement meilleurs que les autres.


Le COVID peut provoquer des changements dans le cerveau même dans les cas bénins



Des chercheurs du Nuffield Department of Clinical Neurosciences de l'Université d'Oxford ont constaté, dans une étude publiée dans la revue Nature en mars 2022, que l'infection provoque des effets à long terme, tels que des troubles cognitifs accrus. En outre, ils ont observé des altérations dans les zones liées à l'odorat et une réduction de la taille des organes cérébraux.

Les études précédentes portant sur l'impact de COVID-19 sur le cerveau se sont principalement concentrées sur les patients hospitalisés souffrant d'une maladie grave et se sont limitées à des données post-infection. Jusqu'à présent, les effets du SRAS-CoV-2 sur le cerveau de patients plus légers et plus courants étaient inconnus, et l'étude de ces cas pourrait révéler des mécanismes possibles contribuant à la maladie ou aux lésions cérébrales.

Les scientifiques ont étudié les changements survenus dans le cerveau de 785 participants à la UK Biobank, une base de données biomédicales à grande échelle et une ressource pour la recherche. Les participants étaient âgés de 51 à 81 ans et ont subi deux scanners cérébraux, à 38 mois d'intervalle en moyenne, ainsi que des tests cognitifs.

L'étude a mis en évidence un certain nombre d'effets chez les participants infectés par le SRAS-CoV-2, en moyenne 4,5 mois après l'infection, notamment une réduction plus importante de l'épaisseur de la matière grise dans les régions du cerveau associées à l'olfaction.

Les participants ont montré des signes de lésions tissulaires accrues dans les régions liées au cortex olfactif primaire, une zone liée à l'odorat, et une réduction de la taille du cerveau entier.

En moyenne, les participants ont également montré une plus grande déficience cognitive entre leurs deux scanners, associée à l'atrophie d'une partie spécifique du cervelet, une structure cérébrale liée à la cognition.

Les chercheurs ont constaté que 96% des participants présentaient une perte de volume de matière grise et des lésions tissulaires plus importantes. Ils ont également constaté un déclin plus important de leurs capacités mentales à effectuer des tâches complexes, et ce déclin mental était en partie lié à ces anomalies cérébrales. Tous ces effets négatifs étaient plus marqués à un âge avancé.

Ces résultats pourraient permettre de mieux comprendre les caractéristiques de la propagation dégénérative de COVID-19, que ce soit par les voies liées à l'odorat, à l'inflammation ou à la réponse immunitaire du système nerveux, ou par le manque d'informations sensorielles dû à la perte d'odorat. La vulnérabilité future des régions cérébrales affectées chez ces participants doit faire l'objet de recherches plus approfondies.

Ce nouvel aperçu des effets néfastes de COVID-19 contribuera à la compréhension globale de la manière dont la maladie se propage dans le système nerveux central. La question de savoir si ces effets persistent à long terme ou s'ils sont partiellement inversés est une autre question qui doit faire l'objet de recherches plus approfondies.


Un consortium international pour découvrir comment le virus COVID-19 parvient à affecter le cerveau

Des chercheurs de l’Alzheimer's Association aux États-Unis étudient l’apparition de signes de démence chez certains patients de 60 ans et plus.

L’anxiété ainsi que des signes de psychose et de démence font partie d’une longue liste de pathologies et de symptômes persistants chez des personnes atteintes du syndrome post-COVID-19. Ces effets mettent en lumière la nature complexe du coronavirus, qui ne se contente pas d’attaquer les voies respiratoires.

Les données actuelles montrent qu’environ 20 % des patients de plus de 60 ans qui ont eu le COVID ont éprouvé des symptômes de démence, comme des pertes de mémoire ou de la confusion.

Cet organisme sans but lucratif américain s’est joint en 2023, à des chercheurs provenant de plus de 30 pays – avec l’appui technique de l’Organisation mondiale de la santé – pour mettre sur pied un consortium international. L’objectif de cet imposant effort scientifique est de comprendre comment le virus de la COVID réussit à pénétrer dans le cerveau, mais surtout d’évaluer le risque qu’il y engendre, à moyen ou long terme, des atteintes durables, notamment des maladies neuro-dégénératives comme l’Alzheimer.

Le docteur Gabriel de Erausquin, neurologue, psychiatre et chercheur dans le domaine des maladies neuro-dégénératives à l’Université du Texas, dirige ce consortium, qu’il a mis sur pied. Pour lui, le COVID deviendra un facteur de risque de plus dans l’apparition des démences.

Depuis le début de la pandémie, les chercheurs ont en effet confirmé par des autopsies que le virus pénètre par la cavité nasale et s’infiltre dans les neurones jusqu’au bulbe olfactif, situé dans le cerveau, une porte d’entrée vers le reste des structures. On a démontré qu’il pourrait également faire son chemin depuis le sang jusque dans le système nerveux, car il s’attaque à la barrière hémato-encéphalique. Cette barrière naturelle bloque l’entrée de toxines et de pathogènes du sang vers les cellules du cerveau. Le virus COVID causerait une réaction inflammatoire qui la rendrait moins imperméable.

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La pandémie de SRAS-CoV-2 a entraîné dans son sillage des millions de personnes touchées par le COVID persistant, dont certaines ont souffert ou souffrent actuellement de troubles cognitifs. Il est essentiel de mieux comprendre la biologie du dysfonctionnement cognitif consécutif à l'infection par le SRAS-CoV-2 et la meilleure façon de le prévenir et de le traiter pour répondre aux besoins des personnes touchées et préserver la santé cognitive des populations.

À l’avenir, il sera donc crucial d’identifier quels sont les individus les plus à risque. Mieux comprendre comment cette situation pourrait affecter les résultats scolaires des enfants et des jeunes, ainsi que la productivité économique des adultes en âge de travailler, sera également primordial. Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que l’épidémiologie de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies menant à la démence pourraient être affectées, bien que l’on ignore encore dans quelle mesure.

Une chose est certaine : un nombre croissant de recherches confirme désormais que le Covid-19 doit être considéré comme un virus ayant un impact significatif sur le cerveau. Les implications d’un tel constat sont vastes, et concernent non seulement la santé des individus, mais aussi celle des populations et de nos sociétés, de par l’impact potentiel sur l’économie.



Lever le voile sur les causes de ces troubles cognitifs, et en particulier sur l’origine du brouillard cérébral, nécessitera des années, voire des décennies d’efforts concertés, associant des chercheurs du monde entier. Malheureusement, confrontés à cette situation sans précédent, tant que le virus continuera à circuler, nous serons tous des cobayes

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