Le système nerveux est formé de deux grandes catégories de cellules. Les neurones, acteurs majeurs et ultimes en ce qui concerne la transmission de l'influx nerveux, et les cellules gliales appelées aussi gliocytes ou neuroglie, qui jouent le rôle de baby-sitters des cellules nerveuses entre autres. Les cellules gliales sont les partenaires des neurones. Elles les assistent dans leurs diverses fonctions.
Les cellules gliales
sont totalement différentes des neurones : elles ne véhiculent pas
l’information nerveuse et ne possèdent pas ces longs prolongements que sont les
axones et qui permettent aux neurones de transmettre cette information sur des
distances de plusieurs centimètres. Elles
sont incapables d'émettre des signaux électriques.
Les cellules gliales se situent dans le système
nerveux. Une particularité de ces cellules est qu'elles peuvent se reproduire,
en se divisant pour former plusieurs cellules gliales. Elles sont 10 à 50 fois
plus nombreuses que nos 100 milliards de neurones.
Dès leur découverte en 1856 par le médecin
allemand Rudolf Virchow. Ne voyant qu’un magma de cellules, il les rassemble
sous le terme “cellules gliales”, du grec glia qui signifie “glue”.
Les scientifiques ont observé qu'une catégorie de
cellules gliales, les astrocytes, partagent avec les neurones une fonction de
communication, en employant un réseau parallèle appelé ‘communication jonctionnelle’ (junction gap en anglais). Ces découvertes vont révolutionner ce
que l'on sait sur la mémoire et l'apprentissage.
Il faudra attendre les années 90 et les progrès de
l’imagerie cérébrale pour qu’enfin notre vision sur ces cellules commence à
évoluer. Lentement mais surement, les chercheurs se rendent maintenant compte
que les cellules gliales jouent un rôle actif dans la transmission de l’influx
nerveux : elles peuvent influencer et moduler le réseau neuronal. Via une
voie chimique: les neurotransmetteurs – substances biochimiques libérées par
les neurones et qui sont essentielles à la propagation de l’influx nerveux –.
Le cerveau d’Albert Einstein était bel et bien
différent du nôtre. Les circonvolutions du cortex cérébral – couche externe – du père de la théorie de la relativité sont plus complexes que la moyenne dans
certaines zones spécifiques, notamment le cortex préfrontal – raisonnement,
planification –, mais aussi les lobes pariétaux, impliqués dans les capacités
mathématiques et la vision dans l’espace. Le lobule pariétal inférieur gauche – impliqué dans les tâches de raisonnement mathématique et la vision dans
l’espace – contient un plus haut taux de cellules gliales – cellules
nourricières et protectrices des neurones – que la moyenne.
Fonctions des cellules gliales
Longtemps considérées comme les simples “ménagères”
du cerveau, ces cellules sont non seulement indispensables au bon
fonctionnement cérébral, mais elles seraient également reconnues aujourd’hui
comme étant à l’origine du développement cognitif chez l’humain.
* Elles assurent le maintien de l'environnement
ionique des neurones.
* La modulation de la fréquence de propagation des
signaux nerveux.
* La modulation de l'action synaptique (par
contrôle de l'absorption des neurotransmetteurs).
* L'aide à la récupération après lésion du système
nerveux.
Elles assurent l'homéostasie du milieu immédiat
entourant les neurones, contribuant au fonctionnement cérébral, en étroite
synergie avec la fonction neuronale.
Les cellules gliales procurent aux neurones leur
nourriture, les supportent et les protègent. Elles éliminent aussi les déchets
causés par la mort neuronale et accélèrent la conduction nerveuse en agissant
comme gaine isolante de certains axones. Sans elles, les neurones ne
fonctionneraient pas correctement.
Types
des cellules gliales
On distingue 4 types de cellules dans la glie
centrale (tissu de soutien du système nerveux).
Les astrocytes
Ce sont les plus abondants et les plus volumineux
des gliocytes, ils ont une forme étoilée avec plusieurs prolongements. Les
astrocytes ont beaucoup de fonctions dont plusieurs sont encore en phase
d'étude.
* Ils assurent l'approvisionnement des neurones en
oxygène et nutriments.
* Ils contribuent à maintenir un milieu chimique
approprié à la production des potentiels d'action par les neurones.
* Ils captent l'excès des neurotransmetteurs au
niveau de la fente synaptique et participent à leur métabolisme.
* Ils jouent un rôle de soutien en formant un
réseau qui maintient la structure et l'architecture du tissu nerveux.
* Ils détruisent les virus et bactéries qui
voudraient envahir le cerveau.
* Ils réalisent des cicatrices gliales dans les
régions altérées du cerveau.
* Ils permettent aussi de diriger la migration des
neurones jusqu'à leurs localisations définitives lors du développement et
assurent bien d'autres fonctions.
Un neurone consomme, entre autre, beaucoup de glucose
pour fonctionner correctement. Les astrocytes apportent justement tout cela aux
neurones grâce à leur connexion étroite avec les vaisseaux sanguins qui
sillonnent le cerveau et qui lui apportent les nutriments.
De plus, les astrocytes communiquent avec les
neurones et peuvent même les aider à communiquer entre eux. On dit qu’ils
modulent l’information. Chaque astrocyte est en contact intime avec plusieurs
dizaines de neurones et va ainsi pouvoir transmettre la même information à
tous.
Les oligodendrocytes
Les oligodendrocytes sont plus petits et ont moins
de prolongements que les astrocytes. Ils jouent également un rôle de réseau de
soutien pour les neurones du système nerveux central mais assurent surtout leur
myélinisation.
Les épendymocytes
Les épendymocytes ont une forme cubique ou
cylindrique, ils sont souvent ciliés et forment un épithélium simple qui
tapisse les cavités centrales du système nerveux central. Ils assurent la
sécrétion du liquide céphalo-rachidien et favorisent sa circulation.
Les microglies
Les microglies sont des petites cellules étoilées
ayant peu de prolongements, elles ont les mêmes origines embryonnaires que les monocytes
et les macrophages.
Les microglies protègent les cellules du système
nerveux central contre les agressions infectieuses et toxiques. Elles peuvent
migrer vers les régions lésées et éliminer les débris des cellules mortes. Leur
rôle protecteur revêt une grande importance car les cellules du système
immunitaire n'ont pas accès au système nerveux central.
*
* *
Remodelage de circuits neuronaux
Des neuroscientifiques de l’École de médecine de
l’Université Stanford, dans une étude publiée dans la revue Nature en novembre 2013, ont découvert
un nouveau rôle joué par les astrocytes. Ces cellules redéfinissent les
circuits en éliminant des contacts synaptiques un peu comme un sculpteur enlève
le surplus de matière pour en faire une œuvre d’art.
L’étude a été effectuée sur des tissus du cerveau
de souris, mais cette découverte est susceptible de s’appliquer aussi à l’être
humain. La découverte s'ajoute à d'autres analyses montrant qu'un cerveau
adulte rénove, de façon constante, ses circuits cérébraux, et que les
astrocytes sont des “maîtres-sculpteurs”. Les astrocytes jouent un rôle actif
dans l'élagage des synapses.
Les conclusions soulèvent également la question de
savoir si des médicaments pourraient être conçus pour éviter la perte de cette
capacité de remodelage, qui pourrait expliquer certaines maladies neuro-dégénératives
telles que la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson.
Des souris retrouvent la mémoire grâce à une greffe de cellules souches
Selon une étude réalisée par une équipe de
l'université du Wisconsin à Madison, publiée dans la revue Nature
Biotechnology en avril 2013, il est possible de restaurer la mémoire
de souris en leur greffant des cellules souches nerveuses humaines.
Chez les souris utilisées, une région particulière
du cerveau, appelée le septum médian, a été détruite. Cette zone est impliquée
dans la connexion entre le septum et l'hippocampe qui joue un rôle central dans
la mémoire, grâce à des neurotransmetteurs GABA et l'acétylcholine. Ce circuit
est fondamental pour les facultés d'apprentissage et de mémorisation. En
conséquence, ces souris avaient des défauts fonctionnels importants.
Des cellules souches embryonnaires humaines
ont été cultivées en laboratoire et différenciées en cellules souches
nerveuses, à la base de toutes les cellules cérébrales comme les neurones ou
les cellules gliales. Elles ont ensuite été transplantées dans l'hippocampe du cerveau
des souris.
Après la transplantation, la mémoire des rongeurs
s'améliore, et ils sont capables de passer avec succès toute une batterie
d'épreuves comme le labyrinthe de Morris, un test très utilisé en neuroscience
pour évaluer la mémoire animale.
Un nouvel espoir pour les malades atteints de la sclérose en plaques
Des scientifiques de la George Washington
University School of Medicine and Health Sciences aux Etats-Unis, dans une étude parue dans le magazine Neuron en 2014, ont annoncé avoir
identifié une molécule clé impliquée dans le développement de la sclérose en
plaques. La découverte de cette molécule prometteuse pourrait amener à
l’élaboration d’une nouvelle thérapie efficace.
Sclerose en plaques |
Les oligodendrocytes présents dans le système
nerveux fabriquent et réparent la gaine
de myéline lorsqu’elle est dégradée ou détruite. Néanmoins, chez les
personnes atteintes de sclérose en plaques, cette fonction n’est pas remplie.
L’équipe de chercheurs a obtenu des résultats
prometteurs suite à une série de tests sur une souris, en améliorant la
croissance de ces cellules. Les chercheurs ont utilisé une nouvelle approche et
se sont intéressés de près aux
astrocytes.
Ils ont pu observer une activation importante de
l’expression du gène. Par des pratiques biochimique, neurologique et génétique
sur la souris, ils ont découvert que cette protéine inhibait le processus
régénératif spontané permettant la production de nouvelles couches de myéline
dans le système nerveux. De manière plus simple : elle empêche les oligodendrocytes de bien faire
leur travail et de réparer les gaines de myéline détériorées par la maladie.
Néanmoins, en bloquant son action, les scientifiques ont pu rétablir la
réparation de la myéline et le passage de l’influx nerveux chez la souris.
La glie déclenche l’élimination synaptique au cours du développement neuronal
Une étude développée par le Laboratoire de
Neurobiologie Cellulaire et Moléculaire de l'Université de Barcelone et
l'Institut de recherche biomédicale Bellvitge (IDIBELL), publiée dans Proceedings
of National Academy of Sciences (PNAS) en octobre 2015, montre qu'une protéine sécrétée par les
cellules gliales est un déclencheur pour l’élimination de la synapse.
La protéine SPARC est un déclencheur pour l'élimination des synapses dans le processus de l'élagage synaptique |
Les scientifiques expliquent que, dans le but
d'acquérir une bonne fonctionnalité neuronale, les connexions doivent être
correctes en termes de nombre et de l'emplacement. Un plus grand nombre de
synapses n'améliore pas toujours leur fonctionnalité. Par conséquent, la connaissance
à la fois de la création et des mécanismes d'élimination pourrait être utile
pour traiter les maladies qui incluent des problèmes de connexion synaptique.
L’élagage synaptique. L'étude a identifié la protéine SPARC, sécrétée
acide et riche en cystéine comme un déclencheur pour l'élimination des synapses
dans le processus d'élagage synaptique. Les neurones répondent à des
concentrations élevées de cette protéine en produisant un processus autonome
d'élimination synaptique. Cependant, la glie sécrète de nombreuses molécules
et, par conséquent, SPARC pourrait être le premier composant d'un grand groupe
de protéines capables de mettre en place le processus d'élagage synaptique. L'étude
met l'accent sur le rôle clé que la glie joue dans le processus synaptique, qui
était inconnu jusqu'à présent.
Les cellules gliales régulent également l’apprentissage et la mémoire
Des chercheurs de
l'Université de Tel-Aviv, dans une étude publiée dans PLoS Computational
Biology en décembre 2011, annoncent que les cellules gliales sont au cœur
de la plasticité du cerveau.
Les cellules gliales sont abondantes dans l’hippocampe
du cortex cérébral, les deux parties du cerveau qui ont le plus de contrôle sur
la capacité du cerveau à traiter l’information, d’apprendre et de mémoriser. En
effet, pour chaque cellule de neurone, il y a deux à cinq cellules gliales.
Selon les chercheurs un mécanisme à l'intérieur
des cellules gliales trie également des informations à des fins
d'apprentissage. Les cellules gliales sont comme les superviseurs du cerveau.
En régulant les synapses, elles contrôlent le transfert de l'information entre
les neurones, affectant la façon dont le cerveau traite l'information et
apprend.
Parce qu'il est à la base de l’apprentissage et la
mémoire, l'élucidation de ses mécanismes est d'une importance cruciale dans de
nombreux aspects de la fonction normale et pathologique du cerveau.
Les chercheurs explorent une forme plausible de la
modulation de la plasticité à court terme par les astrocytes en utilisant un
modèle de calcul biophysique réaliste.
Par conséquent, leur modèle suggère que les
astrocytes peuvent transitoirement déclencher des interrupteurs entre la
dépression double choc et la facilitation. Cette propriété explique plusieurs
observations expérimentales difficiles et a un impact profond sur notre
compréhension du transfert de l'information synaptique.
Les messages peuvent provenir de neurones, qui utilisent
les synapses comme leur système d’alimentation, mais la glie sert de médiateur
en général, de régulateur des messages qui sont envoyés et quand. De ce fait, les
cellules gliales sont les gardiens des processus d’apprentissage et de
mémorisation, l’orchestration de la transmission d’informations pour le
fonctionnement optimal du cerveau.
* *
*
En comprenant comment et pourquoi communiquent les
cellules gliales, les scientifiques sont en train de repenser le mode de
fonctionnement du cerveau et comment le traiter quand quelque chose ne
fonctionne pas correctement. Les cellules gliales ont été associées à divers
troubles neurologiques tels que la dyslexie, autisme, bégaiement, surdité,
douleur chronique, l’épilepsie, troubles du sommeil et même le mensonge pathologique.
Les neurones et les cellules gliales établissent
une relation symbiotique et elles ont besoin les unes des autres pour un
fonctionnement correct. Leur étude doit être faite en parallèle, sans oublier
une des parties. La recherche sur les cellules gliales qui aura lieu dans les
prochaines années aidera à effacer les autres inconnues sur le rôle de ces
cellules dans le cerveau et va résoudre de nombreuses questions qui, même au
21ème siècle, n’ont toujours pas de réponse, telles que : Pourquoi dans l’homme les astrocytes
sont plus grands, complexes et impliquent plus des synapses que celles de toute
autre espèce animale ? Quelle est la contribution de la glie aux divers
processus pathologiques du cerveau ? Quel est le sens de réseaux de
communication établis entre elles et les neurones ?
Il y a de fortes chances que lorsque les cellules gliales vont mal, les neurones qui les entourent vont mal fonctionner. Certaines maladies du cerveau semblent dues à un mauvais fonctionnement des cellules gliales, notamment des astrocytes, et des nouveaux traitements sont à l’étude pour essayer de soigner ces cellules trop longtemps négligées.
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