ABA aide l’enfant à gérer ses comportements pour qu’il devienne de plus en plus autonome et s’intègre dans la société
L’autisme est un trouble du développement qui affecte la
communication verbale et non verbale, les interactions sociales et le
comportement des enfants qui en souffrent. Les symptômes apparaissent avant
l’âge de 3 ans.
Les enfants qui se développent de façon «normale»
apprendront spontanément dans leur environnement (apprentissage du jeu, du
langage, des relations sociales). Chaque jour, l'enfant expérimente de
nouvelles choses qui lui permettent d'apprendre.
Les enfants autistes sont capables d’apprendre, mais dans un cadre
particulièrement structuré, dans lequel les conditions sont optimales pour
développer les mêmes compétences que les autres enfants acquièrent
naturellement.
Des études scientifiques ont démontré l’efficacité d’une prise en
charge précoce à l’aide de méthodes cognitives ou de méthodes éducatives
comportementales.
L’analyse appliquée du
comportement
C’est une méthode qui existe depuis les années 60 initiée grâce aux travaux
du Norvégien Ivar Lovaas, docteur en psychologie, mais elle vient seulement
d'être reconnue officiellement en 2012 en France, la haute autorité de la santé
ayant reconnu son efficacité. Jusqu'alors l'approche psychiatrique était
privilégiée.
La méthode ABA s'appuie sur les sciences cognitives, l'enfant autiste a
des capacités mais des difficultés à communiquer. Le langage des signes est
utilisé, ou des pictogrammes pour petit à petit lui apprendre les comportements
adaptés en recherchant l'autonomie du quotidien, l'interaction sociale, le
langage.
Une intervention en ABA auprès d'un enfant autiste a pour objectif de
faire émerger et de développer des comportements adaptés dans tous les domaines
comportementaux comme la communication, les interactions sociales, le langage,
l'autonomie, le jeu, les compétences académiques, etc.
La méthode définit des procédures qui vont permettre à l’enfant
d’apprendre des comportements visant une meilleure adaptation. L’intervention
doit être dirigée par des priorités et des objectifs.
Elle doit permettre aux enfants autistes de progresser naturellement
dans leurs apprentissages grâce aux relations qu’ils entretiennent avec leur
environnement. La méthode aide l’enfant à gérer ses comportements pour qu’il
devienne de plus en plus autonome et s’intègre dans la société. L’ABA est une
forme de science comportementale appliquée.
Objectifs éducatifs
Il s’agit d’enseigner des compétences importantes pour les enfants
présentant des troubles envahissants du développement (TED) dans les domaines
suivants : l’attention, le langage réceptif et expressif, l’association,
les habiletés motrices globales et fines, les jeux et loisirs, les compétences
sociales, l’autonomie, l’intégration en communauté, les connaissances
préscolaires et scolaires.
Les objectifs éducatifs du programme concernent :
* Les habiletés nécessaires à l’apprentissage
* L’imitation, les associations et le langage primaire
* La généralisation et le maintien
* Les compétences liées à l’autonomie
* Le langage intermédiaire
* Le langage avancé
* L’enseignement du «oui/non»
* L’entrainement à dire oui et non
* L’enseignement des phrases
* L’intégration à la communauté
* L’enseignement des émotions
* L’enseignement et l’imagination
* L’enseignement de la spontanéité et du contrôle des émotions
* La préparation de l’enfant à l’école.
Efficacité de la méthode
L’ABA, pour les enfants avec autisme, a pour objectif de leur donner
les clés pour être des acteurs à part entière de leur vie, d’avoir la
possibilité de faire leurs choix et de les exprimer. Ceci peut se faire
en favorisant le développement des comportements les plus adaptés et, dans
le même temps, en diminuant les comportements inadaptés qui peuvent constituer
un frein important non seulement à leur développement personnel, mais aussi à
leur intégration dans la société.
Compétence
«généralisée». Il faut que l’enfant puisse
l’utiliser par lui-même dans n’importe quelle situation. Les compétences qui
sont enseignées efficacement durant les exercices d’essais distincts doivent
être répétées dans le cadre naturel de vie. Sinon, l’enfant ne pourra pas les
maîtriser correctement. Passer de la maîtrise à l’appropriation d’une
compétence exige un certain temps et beaucoup de soutien.
Intensité de la méthode. L'enfant réalise des séances de travail intensif avec un éducateur
spécialisé, seul et dans un contexte scolaire, au moins 30 à 40 heures par
semaine. Pendant ces séances, l'éducateur va faire des demandes à l'enfant,
observer et analyser son comportement et réagir en conséquence.
L’ABA comporte un programme de techniques de modification du
comportement et de développement de compétences. Elle se compose
essentiellement de deux types d’enseignements :
L’enseignement «structuré».
L’apprentissage est décomposé initialement en séances, répétées en successions
rapides – Essais Distincts Multiples – jusqu’à ce que l’enfant réussisse à
répondre correctement sans guidance ou aide particulière.
Chaque essai ou étape consiste en :
* une demande ou directive donnée à l’enfant pour qu’il effectue une
action,
* un comportement ou réponse de l’enfant,
* une conséquence/réaction de l’intervenant.
L’enseignement «incidental».
s’applique partout – à l’école, à la maison, à l’extérieur –et à tout moment
possible.
Il s’agit de guider l’enfant :
* lors d’activités, de jeux, de loisirs afin de l’aider à jouer, à
expérimenter et à découvrir son environnement,
* lors des moments propices à l’apprentissage de l’autonomie
personnelle comme les repas, la toilette, la propreté,
* lors des moments concernant l’autonomie et l’intégration sociale
comme les repas en collectivité, les activités de groupe, les sorties en
société.
Les renforçateurs
Afin d’augmenter la fréquence d’un comportement (ex : dire merci,
faire ses devoirs, faire son lit), la méthode ABA préconise l’utilisation de
renforçateurs ou récompenses. Une des premières choses à faire est de
déterminer quels sont les renforçateurs qui motivent l’enfant.
Les renforçateurs peuvent être alimentaires, des activités
renforçatrices (jouer dehors, jouer à l’ordinateur, faire de la balançoire),
des bons points (gommettes, jouet préféré, ballons) ou de type social (câlins,
chatouilles, félicitations verbales).
Afin de rendre efficace l’utilisation de renforçateurs, il convient de
respecter certaines règles : l’immédiateté, la répétition, la variété des
renforçateurs utilisés, une explication verbale doit toujours expliquer le
renforçateur.
Apprendre un nouveau comportement
Lorsque l’enfant doit apprendre un nouveau comportement, la méthode
fait appel à deux procédures : le façonnage et le chaînage.
Le façonnage permet progressivement d’atteindre le comportement
souhaité par approximations successives. On récompense l’enfant sur ses
progrès.
Le chainage permet de décomposer un apprentissage en plusieurs
sous-unités comportementales qui s’enchaînent selon un ordre défini. On peut
avoir un chainage avant et un chainage arrière (on commence l’apprentissage par
la dernière étape).
A l’opposée, pour diminuer la fréquence d’un comportement, la méthode
préconise 3 procédures : l’extinction de ce comportement (on l’ignore), le
«time-out» (mise à l’écart) et la sur-correction (on corrige un
comportement par un autre).
Application de la thérapie
Avant toute mise en place, une évaluation des aptitudes et déficits de
l’enfant autiste est effectuée. L’enfant est pris en charge chez lui par des
intervenants (psychologue ou étudiants en psychologie) qui ont le rôle
d’éducateurs. L’objectif est d’apprendre à l’enfant les tâches du quotidien de
manière progressive et en se calant sur les étapes du développement de
l’enfant. Chaque enfant progresse à son rythme. On modifie le comportement par
la manipulation de l’environnement.
Le programme se concentre autour d’exercices dits «par
essais distincts», que l’enfant pratique avec un thérapeute pour
apprendre à parler, à jouer et à se comporter avec les autres. Ces exercices
sont conçus pour lui. Chaque objet utilisé pour un apprentissage particulier
est choisi en fonction de l’enfant, selon ses goûts, ses envies, ses habitudes
et ses centres d’intérêt.
L’enseignement se fait par petites étapes : Chaque compétence que l’on
souhaite développer chez l’enfant est analysée en petites unités mesurables et
enseignées une étape à la fois.
Les progrès, les encouragements constants, les félicitations vont
donner à l’enfant une image valorisante et structurante de lui-même ce qui
contribuera encore à favoriser son développement et son envie d’apprendre.
Ce travail doit être complété au quotidien, dans toutes les
circonstances et à tout moment par l'intermédiaire des parents qui vont
également guider l'enfant.
L’ABA est une intervention globale, menée partout, à tout moment
possible
Les interventions doivent être dirigées et supervisées par des éducateurs
spécialement formés à l’Analyse Appliquée du Comportement et ayant une
expérience avec de jeunes enfants avec autisme.
Il faut des personnes formées et entraînantes (parents, professionnels,
proches, pairs) pour aider à renforcer les comportements appropriés dans un
grand nombre de cadres divers, pour passer de la maîtrise de la compétence, à
l’appropriation.
Les interventions doivent utiliser les techniques comportementales pour
la mise en place d’un développement harmonieux chez le jeune enfant (procédures
de renforcement positif). Elles doivent porter sur tous les domaines du
développement (langage, moteur, cognitif, social, etc.). On établit ainsi un curriculum
propre à chaque enfant et doivent être soumises à des évaluations fréquentes.
L’observation directe et la mesure des performances individuelles doivent être
utilisées pour déterminer les progrès qui apparaissent, et ajuster les
programmes d’apprentissage.
Les interventions doivent prendre en compte les parents comme co-thérapeutes.
Les parents recevront une formation de base à l’ABA et devront travailler en
étroite collaboration avec le psychologue afin d’appliquer au quotidien les
programmes.
Les parents pourront participer activement en recevant conseils et
orientation du psychologue et du personnel encadrant ainsi qu’éventuellement
une formation spécifique pour pouvoir appliquer le programme à domicile dans un
but de généralisation, de continuité et de cohérence. C’est la généralisation
des apprentissages concrets acquis dans l’établissement et extrapolés dans l’environnement
quotidien/social qui viendra participer au développement et renforcement des
mécanismes et compétences recherchés.
Des professionnels habilités
En France, seuls les psychologues ayant obtenus un Master 2 d’Analyse
Appliquée du Comportement à Lille III sont habilités à mettre en place des
prises en charge ABA. Les professionnels sont rares actuellement.
Aux États-Unis et dans certains pays d’Europe, c’est un organisme de
formation appelé BACB qui délivre un titre de professionnel habilité à mettre
en place des programmes ABA. Plusieurs niveaux d’expertise existent : BCBA et
BCaBA, le BCBA ayant plus d’expertise que le BCaBA, mais sont tous deux
habilités à mener des prises en charge. Le BCaBA doit travailler sous la
supervision d’un BCBA.
Il existe neuf établissements ABA en France recevant environ 400
enfants, alors qu'aux alentours de Londres on en dénombre 80. Pour l'instant
les centres ABA sont considérés comme pilotes et nommés «expérimentaux».
Avantages de la méthode
* L’ABA permet de mettre en place une prise en charge individualisée,
personnalisée aux problématiques de chaque enfant.
* C’est une approche globale de l’enfant, tous les domaines de
compétences peuvent être travaillés (autonomie, langage, communication, interactions
sociales, compétences de jeu, imitation, motricité, apprentissages scolaires,
comportement, etc.).
* Le choix des objectifs éducatifs repose sur les possibilités de
l’enfant et sur ce qui est fonctionnel pour lui au moment présent.
Inconvénients de la méthode
* L’ABA demande un investissement important et quotidien de la part des
parents puisqu’ils doivent appliquer eux-mêmes certains programmes éducatifs et
comportementaux. Cela peut être très lourd émotionnellement pour les familles.
* L’utilisation des renforçateurs peut être mal perçue et mal comprise
par les personnes extérieures à la prise en charge.
* Dans le cas d’une prise en charge à domicile, l’investissement
financier est très important. Il y a un coût que les familles ne peuvent souvent
pas supporter seules.
* Il existe une grande difficulté à trouver des professionnels formés à
l’ABA.
Même si cette approche comportementale ne guérit pas de l’autisme, elle permet de développer les capacités verbales des enfants autistes et de réduire les troubles du comportement. Une prise en charge précoce, dès l’âge de 4 ans, permettrait ainsi de réintégrer dans le milieu scolaire près de 50% des enfants.
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