Le stress et l'anxiété de la mère peuvent
avoir des répercussions significatives sur l’état de santé de l’enfant
Il arrive que les futures mamans aient des
niveaux de stress plus importants. Chômage, problèmes familiaux ou conjugaux,
deuil, accident… ces événements angoissants peuvent avoir de véritables
répercussions chez la femme enceinte et son fœtus. Il en est de même lors d’un
stress aigu provoqué par une catastrophe naturelle, une guerre… Des travaux
montrent que ces angoisses sont effectivement associées à des complications de
la grossesse : accouchement prématuré, retard de croissance, petits poids
à la naissance.
Le stress durant la grossesse peut avoir
des séquelles durables sur l’enfant, notamment sur son état de santé, le
développement et la fonction de son système immunitaire et son développement
cognitif.
Le stress peut prendre une intensité
variable, depuis le stress léger jusqu’à l’angoisse, l’anxiété et la
dépression. Il peut être causé par des facteurs aussi mineurs que les tracas
quotidiens ou aussi majeurs que des relations dysfonctionnelles ou l’adversité.
Plus d’un quart des femmes en âge de
procréer rapportent ressentir un stress élevé au quotidien. Ceci peut devenir
un problème de santé pour les femmes enceintes, car celles qui travaillent dans
un environnement stressant ou bruyant sont 70% plus susceptibles d’accoucher
prématurément.
La vie moderne peut être stressante. Il
faut identifier des moyens d’aider les femmes enceintes et les nouvelles mères
à gérer leur stress, car ceci peut améliorer leur santé et, de façon ultime, celle
de leurs enfants.
Le stress aigu se définit par un stress
soudain dans l’environnement d’une personne. Certains événements de la vie,
comme le décès d’un conjoint, une guerre ou un désastre naturel, procurent des
conditions très similaires à celles obtenues en laboratoire.
Dans le but d’évaluer pleinement les
effets du stress prénatal, il est important de comprendre la différence entre
le stress objectif et le stress subjectif.
Stress objectif
Le stress objectif se rapporte à une
quantité mesurable d’épreuves difficiles auxquelles doit faire face une
personne. Voici les facteurs pouvant contribuer au stress :
* Nombre de jours sans électricité après
une tempête
* Pertes engagées (financières ou biens
personnels)
* Changements de la vie quotidienne
* Menaces éventuelles (sécurité générale)
* Durée de l’événement
Stress subjectif
Le stress subjectif quantifie la réaction individuelle
à un événement traumatique. Le stress subjectif peut être évalué par des
questionnaires qui déterminent la réponse psychologique aux événements.
La dépression prénatale
La dépression prénatale survient durant la
grossesse. Elle est caractérisée par des sentiments et des comportements
troublants marqués par une humeur dépressive pratiquement au cours de toute la
journée pendant au moins deux semaines.
Les symptômes
La femme déprimée pendant la grossesse se
sent triste, anxieuse avec des crises de larmes sans raison apparente et une
perte de la confiance en soi. D'autres syndromes dépressifs peuvent apparaître
lors de la période entourant la grossesse, notamment les troubles de sommeil ou
de la concentration, la perturbation de l'appétit et la perte de jouissance
pour les activités, des pensées récurrentes de mort ou des pensées suicidaires.
L'un des signes évocateurs de la dépression prénatale est le sentiment de
dissociation d'avec le fœtus.
Les causes
Plusieurs facteurs sont susceptibles de
contribuer à l'apparition d'une dépression pendant la grossesse. Ils peuvent
faire varier l’intensité du stress et par conséquent causer plus ou moins de
dommages. Ce sont des facteurs de risque:
* Des antécédents familiaux ou personnels d'épisodes dépressifs,
* la grossesse
non-planifiée ou non-désirée,
* le manque de soutien social,
* des problèmes
financiers, interpersonnels ou professionnels.
Les
autres causes qui peuvent précipiter la survenue de la dépression chez la femme
enceinte, sont les anomalies fœtales, la perte d'un être cher, l'abus des
stupéfiants.
Cortisol. C’est l’hormone du stress la
plus importante chez l’humain et celle-ci peut avoir des effets néfastes, tant chez la mère que chez
l’enfant qu’elle porte. Pour ce faire, le cortisol dans le corps doit être à un
niveau considéré comme étant élevé, donc la mère doit vivre un stress
relativement soutenu.
Des études sur l’effet du stress et l’anxiété pendant la grossesse
Les études explorant les effets du stress
prénatal sur l’enfant à naître se développent depuis une quarantaine d’années.
D’abord centrées sur la période périnatale, les recherches explorent désormais
les effets à plus long terme sur le développement de l’enfant au niveau
cognitif et psychoaffectif.
Sur le plan cognitif, les résultats
montrent des effets du stress prénatal sur les capacités intellectuelles,
langagières et attentionnelles de l’enfant.
Sur le plan psychoaffectif, l’impact du
stress prénatal sur le tempérament de l’enfant ainsi que sur le risque psychopathologique
a été mis en évidence.
Il ressort que le moment de survenue du
stress a une incidence notable sur les effets qu’il produira sur l’enfant à
venir, effets qui peuvent aussi varier en fonction du sexe du fœtus. Des
hypothèses physiologiques et de programmation du développement fœtal peuvent en
partie expliquer ces résultats. Toutefois, d’autres variables peuvent pondérer
les effets du stress prénatal sur la femme et sur le développement de l’enfant.
Le stress maternel prénatal influe sur le
développement du cerveau du fœtus. L’activité et la sensibilité de l’axe
hypothalamo-hypophyso-surrénalien peuvent ainsi être intégrées à la théorie de
la programmation fœtale (théorie de Barker). Ainsi, un haut risque de déclarer
une maladie psychique peut être préprogrammé, et celle-ci pourra alors survenir
dans la vie future.
Des implications de la théorie de la programmation
Les investigations les plus récentes
démontrent que le stress et l'anxiété de la mère peuvent avoir des
répercussions significatives sur la santé mentale infantile. En somme il semble
probable que l'anxiété maternelle dans la deuxième moitié de la grossesse peut
produire des changements persistants dans le système d'adaptation au stress de
l'enfant – au niveau de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien – des
changements qui le rendront plus vulnérable et augmenteront considérablement le
risque de souffrir des dérangements de conduite, émotifs ou d'une
hyperactivité. Cette découverte confirme la nécessité de prévenir, de
diagnostiquer et de traiter précocement les troubles d'anxiété durant la
grossesse.
Le développement du système limbique et du
cortex préfrontal semblent être aussi affectés par l'anxiété prénatale et le
stress. Tout cela semble appuyer la théorie de la programmation fœtale, selon
laquelle quelques structures cérébrales comme l'hypothalamus ou l'hypophyse
resteraient programmées pour la vie adulte lors de quelques semaines critiques
du troisième trimestre de la grossesse : le stress maternel pendant ces
semaines pourrait donc avoir des conséquences ineffaçables. À cause de cela il
est nécessaire de développer des programmes d'intervention destinés à prévenir
et à diminuer le stress et l'anxiété des mères enceintes ainsi qu'à la détection
et au traitement précoce de ces troubles.
Un autre aspect à tenir en compte c'est
l'évolution et la continuité de l'anxiété après l’accouchement. Les femmes ayant
été très anxieuses durant la grossesse ont trois fois plus de probabilité
d'avoir une dépression post-partum. Il convient que ces mères reçoivent un
suivi psychologique pendant les premières semaines après l’accouchement.
L'autre implication de la théorie de la
programmation fœtale concerne la méthode de soins des nouveau-nés prématurés. Les
enfants prématurés, de par leur fragilité et les soins qu’ils nécessitent, sont
soumis à de nombreux facteurs de stress au cours de leurs premiers mois de vie,
tels que l’adaptation à l’environnement, ou les stimulations visuelles,
auditives et tactiles intenses. Le bruit ambiant, la lumière, les interventions
des infirmières, les manipulations et les procédures de soin, de même que
certains syndromes inhérents à la santé du bébé, tels que les détresses
respiratoires ou les entérocolites ulcéro-nécrosantes (perte de tissu de la muqueuse intestinale), sont la source d’un
stress intense vécu par les bébés prématurés.
La méthode de contact peau à peau
Cette méthode «kangourou» de
contact peau contre peau entre l’enfant et sa mère, comme son nom l’indique,
applique le principe de croissance extra-utérine des bébés kangourous à l’être
humain. L’enfant né prématurément est positionné sur le ventre de sa mère, tête
en haut, conservant un contact direct de la peau de la mère avec celle du bébé.
Il a été démontré que cette méthode possède les mêmes propriétés de régulation
de la chaleur qu’un incubateur.
Le contact peau à peau entre l’enfant et
sa mère génère de nombreuses stimulations sensorielles, émotionnelles,
tactiles, proprioceptives, vestibulaires, auditives, visuelles et thermales,
dans un style interactif unique.
Dans ce sens les études réalisées avec la
méthode de la mère kangourou sont révélatrices : les prématurés séparés de
leurs mères présentent des niveaux de glucocorticoïdes (cortisol) dans le sang
jusqu'à 10 fois de plus que s'ils restaient en contact peau à peau.
Étant connus les effets hautement neurotoxiques
des hormones du stress pour le bébé pendant le troisième trimestre de la
grossesse, il semble urgent de remodeler les services de néonatologie afin d’instaurer
dans tous la méthodologie de la mère «kangourou», tel qu’il est recommandé
par l'Organisation mondiale de la Santé.
La dépression de la mère fait la
dépression de l’Enfant
Une étude menée par des chercheurs des
Universités de Bristol, de Londres, d’Oxford et de Rochester (USA), présentée
dans les Archives of Psychiatry du
Journal of the American Association (JAMA) en octobre 2013, conclut que si
certaines femmes se sentent déprimées pendant ou après la grossesse, leurs
enfants auront un risque accru de dépression à l'âge adulte.
Les chercheurs ont examiné si la
dépression prénatale et postnatale chez les femmes est associée à un risque
accru de dépression chez les enfants à l'adolescence, à partir des données de
la cohorte ALSPAC (Avon Longitudinal
Study of Parents and Children) de 8.937 femmes pour lesquelles les
informations sur la dépression prénatale et postnatale étaient disponibles.
Ils suggèrent que la dépression prénatale pourrait augmenter les niveaux d'hormones
de stress qui pourraient influer sur le développement du bébé, mais d’autres
facteurs génétiques et environnementaux sont à prendre également en compte. Des
résultats qui rappellent l’importance de détecter et prendre en charge la
dépression prénatale chez les parents pour prévenir la dépression de leurs
enfants à l'âge adulte. Avec un effort particulier vis-à-vis des parents les
moins favorisés.
Le développement psycho-physique du fœtus est
affecté par le stress maternel
Les expériences stressantes vécues par la
maman durant la grossesse affectent le bébé dès les premiers mois de la
conception et peuvent même entraîner des problèmes de développement.
Des études ont démontré que le cortisol
sécrété par les glandes surrénales pour aider dans une situation d’urgence peut
se retrouver présent dans le liquide amniotique, substance dans laquelle le
fœtus baigne tout au long de sa vie intra-utérine. En grossissant, le bébé se
retrouve de plus en plus en contact avec le cortisol présent dans le liquide.
Il a été démontré que le niveau de stress maternel élevé durant la grossesse
affecte la fonction cérébrale, l’intelligence et le comportement de l’enfant. À
long terme, le cortisol entraîne de la fatigue, de la dépression et rend les
individus plus vulnérables à la maladie.
Les chercheurs Vivette Glover du Collège
Imperial à Londres et Pampa Sarkar de l’hôpital Washam Park, à Berkshire, en
Angleterre, dans une étude publiée dans le journal Clinical Endocrinology, ont mesuré le taux du cortisol chez 267
femmes enceintes. Le stress vécu par une femme pendant la grossesse peut
affecter son bébé à naître dès les 17 semaines après la conception, avec des
effets potentiellement nocifs sur le cerveau et le développement.
Les scientifiques ont prélevé des
échantillons de sang des femmes enceintes de 17 semaines ainsi que du liquide
amniotique entourant le bébé dans leur utérus. Ce liquide est produit
principalement par le fœtus et fournit des informations précieuses sur l’exposition
du bébé à plusieurs substances, incluant les hormones. Les chercheurs ont
découvert une corrélation entre le taux de cortisol présent dans le sang des
mamans et celui détecté dans le liquide amniotique. La recherche démontre que
le fœtus est exposé au cortisol sécrété par sa mère. Plus le fœtus grandit dans
l’utérus, et plus le taux de cortisol dans le liquide amniotique tend à être
aussi élevé que celui détecté dans le sang de la maman.
Cette étude est la première à faire la
preuve que les fœtus réagissent aux hormones de stress aussitôt durant la
grossesse. Des recherches précédentes réalisées avec des animaux démontraient
qu’un niveau de stress maternel élevé durant la grossesse pouvait affecter la
fonction du cerveau, le quotient intellectuel et le comportement des rejetons.
Les chercheurs affirment que de nouvelles études sont nécessaires pour mieux
comprendre l’impact du stress sur le développement du fœtus et du bébé.
Le stress prénatal serait à l'origine des
problèmes de sommeil des bébés
Selon une étude menée par des chercheurs
de l'University of Rochester Medical Center (Etats-Unis), publiée dans la revue
Early Human Development en 2009, les
futures mères en état d'anxiété ou dépressives augmentent le risque de voir
leur bébé souffrir de troubles du sommeil. La qualité de sommeil chez un
nouveau-né influe considérablement sur sa santé et son développement.
Cette étude est basée sur le suivi de
14.000 femmes enceintes vivant à Avon en Angleterre. Celles-ci ont répondu à un
questionnaire sur leur état d'anxiété et de dépression durant leur grossesse.
Après la naissance de leur enfant, elles ont ensuite rapporté aux chercheurs
combien de temps leur enfant dormait, combien de fois il se réveillait et quels
types de problèmes de sommeil étaient rencontrés (cauchemar, refus de dormir,
problème d'endormissement, etc.). Et ce lorsque leur enfant avait 6, 18 et 30
mois.
Les résultats montrent que parmi les mères
ayant été anxieuses durant 18 semaines au cours de leur grossesse, 40% d'entre
elles avaient un bébé de 18 mois qui refuse d'aller dormir, se lève tôt et
tente de sortir du lit. Ces problèmes ont même perduré jusqu'à l'âge de 30
mois. Un effet similaire a été constaté chez les femmes enceintes dépressives.
Des études montrent par ailleurs que ce
stress, associé à une forte exposition d'hormones du stress, comme la cortisol,
peut perturber la formation de cellules nerveuses chez l'enfant comprises dans le noyau suprachiasmatique. Ces dernières agissent comme un système de signaux
réglant l'horloge interne du bébé. Ce système aide à réguler correctement les
rythmes quotidiens du réveil, du sommeil et même de la faim.
Le stress prénatal aurait des effets sur les
structures cérébrales du bébé
L’exposition d’une femme enceinte à des
situations de stress peut influer sur le développement cognitif, comportemental
et physique des enfants. Par ailleurs, il peut en résulter un risque accru de
troubles de santé mentale, comme l’autisme et la dépression.
L’équipe de recherche de Suzanne King à l’Institut Douglas a mené un projet de recherche dont les résultats indiquent que le
stress objectif nuit davantage au fœtus en développement que le stress
subjectif.
Le Projet Verglas a débuté en 1998, année où
le Québec a été frappé par l'une des pires tempêtes de verglas de son histoire.
Son principal objectif était d'étudier les conséquences développementales du
stress maternel prénatal chez les enfants, notamment aux niveaux cognitifs,
comportementaux, moteurs et physiques.
La réponse au stress fait intervenir
divers organes et systèmes de l’organisme: du cerveau aux organes spécialisés,
comme les glandes surrénales qui coiffent les reins.
Le processus se met en branle lorsqu’un
motif de stress stimule le cerveau, lequel évalue la menace et enclenche une
réponse appropriée, physiologique et comportementale. Les surrénales libèrent
des corticoïdes dans la circulation sanguine, comme le cortisol et les
gluco-corticostéroïdes. Déclenchés sous des conditions de stress, les
corticoïdes sont des molécules qui provoquent une réaction «d’attaque ou de
fuite».
Le cortisol est le lien entre le stress
prénatal et le devenir du nourrisson. Le stress maternel prénatal est associé à
des taux accrus de cortisol chez la mère. L’on croit que cette molécule exerce
un effet direct sur le fœtus. Par ailleurs, puisqu’un lien linéaire existe
quant aux taux de cortisol chez la mère et le fœtus, des hausses relativement
faibles de cortisol chez la mère se traduisent par des taux relativement élevés
de cortisol chez le fœtus.
Les chercheurs ont suivi des femmes
enceintes et leurs enfants durant et après la tempête. Les enfants ayant été
exposés à des niveaux élevés de stress prénatal objectif ont présenté des
habiletés cognitives et linguistiques moindres comparativement aux enfants nés
de mères ayant été exposées à de faibles niveaux de stress. Cette tendance a
été observée à l’âge de 2, 5 ½ et 8 ½.
Les deux premiers trimestres constituent
les périodes les plus sensibles au stress prénatal. Deux périodes sont
particulièrement critiques :
* À la semaine 10, l’embryon devient un
fœtus et commence à bouger. Les organes vitaux sont maintenant solidement
constitués. Durant cette période, le cerveau produit quelque 250.000 neurones
chaque minute. C’est ce que l’on appelle la neurogenèse.
* Des semaines 24 à 30, la connexion
cellulaire entre neurones se multiplie. Guidés par des signaux chimiques, les
processus nerveux repèrent leur cible et établissent le contact. La
communication s’amorce entre les neurones. À la naissance il y a une
surproduction initiale de connexions nerveuses; celles qui ne sont pas
utilisées dégénèrent. C’est ce que l’on appelle la synaptogenèse.
Le stress prénatal objectif élevé est
associé à un fonctionnement intellectuel et linguistique plus faible chez
l’enfant à l’âge de deux ans. Cet effet était observé uniquement chez les
enfants ayant été exposés durant le premier ou le deuxième trimestre.
Le stress traverse le placenta
Deux études américaines réalisées par des chercheurs de l'Université de Pennsylvanie, présentées au
Congrès annuel Neuroscience de San Diego
en mars 2013, apportent de nouvelles précisions sur la transmission du stress
de la mère à l’enfant.
Les bactéries vaginales
et une protéine spécifique du placenta pourraient communiquer le stress de la
mère au bébé et augmenter le risque de troubles neurologiques, comme
l'autisme ou la schizophrénie.
Les auteurs de la première étude, dirigée
par le Pr Tracy L. Bale, ont montré que le stress prénatal précoce bouleverse,
chez la mère et chez l’enfant, les niveaux de lactobacillus, une bactérie
produisant de l'acide lactique impliqué dans la chimie du système nerveux. Des niveaux trop élevés auraient un impact sur le
développement neurologique du cerveau.
Les chercheurs de la seconde étude ont
démontré qu’une protéine présente dans le placenta, l’OGT
(O-linked-N-acetylglucosamine transferase), peut elle aussi affecter le
développement cérébral de l’enfant, en fonction de sa concentration, plus
faible chez les mamans stressées.
Stress et grossesse : des risques d'asthme
pour le bébé
Des scientifiques de Bristol ont présenté,
dans le cadre du congrès européen de pneumologie 2008, une étude qui relie le
stress pendant la grossesse à un risque d'avoir un enfant asthmatique.
Pour évaluer l'effet du stress avant la
naissance de l'enfant, l'équipe s'est appuyée sur le suivi d'une vaste cohorte
de femmes enceintes vivant dans l'ancien comté d'Avon et qui devaient accoucher
entre le premier avril 1991 et le 31 décembre 1992. Au total, 5 810 des
couples mère/enfant ont été retenus pour explorer les liens entre stress
prénatal et asthme infantile.
L'anxiété maternelle a été évaluée par des
auto-questionnaires remplis à 18 et 32 semaines de grossesse. Les femmes ont
ainsi été réparties en 4 groupes d'anxiété croissante. L'asthme infantile a été
recherché vers l'âge de 7,5 ans grâce à des questionnaires soumis à la mère.
Sur le plan clinique, une recherche d'hyperréactivité bronchique et des tests
cutanés (destinés à déterminer si l'asthme était d'origine allergique et à
quels allergènes) ont été réalisés. Un asthme a été mis en évidence chez près
de 13% des enfants.
Mais cette proportion passe à 17% si la
mère était stressée à 32 semaines de grossesse et à 14% pour un stress à 18
semaines. Le lien entre asthme et stress prénatal est encore plus flagrant
lorsque la future mère fait partie du groupe des mères les plus
anxieuses : le risque d'asthme peut alors augmenter de + 65% pour un
stress maximal à 32 semaines, et de + 53% pour une forte anxiété à 18
semaines de grossesse.
Les scientifiques rappellent que des
études conduites chez l'animal ont mis en évidence qu'un stress prénatal
entraîne une perturbation de l'axe hypothalamo-hypophysaire – qui contrôle les
hormones liées aux grandes fonctions de l'organisme – et du système immunitaire. Selon eux, ces bouleversements prédisposeraient la progéniture à
une inflammation des voies aériennes et à une hyperréactivité bronchique, c’est
à dire à souffrir d'asthme.
Le stress maternel prénatal pourrait
influencer le microbiote intestinal du nourrisson
Une étude menée par l’Institut des
sciences du comportement de l’Université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas,
parue dans le journal Psychoneuroendrocrinology
en mars 2015, a apporté quelques éclaircissements au sujet de ce lien entre le
stress des femmes enceintes et le microbiote (flore intestinale) de leurs
bébés.
Selon les auteurs de l’étude, les bébés de mères ayant subi des niveaux de stress élevés pendant de longues périodes
au cours de leur grossesse ont davantage de probabilités d’être atteints de
troubles intestinaux et de réactions allergiques.
Les scientifiques ont recruté 56 femmes
enceintes et ont évalué le niveau de stress de la mère au moyen d’un
questionnaire et de l’analyse de leur salive pour mesurer la concentration en
cortisol. Les chercheurs ont par la suite prélevé des échantillons de selles
des nourrissons de 7 jours à 4 mois après leur naissance, afin d’examiner leur
microbiote.
Il
existerait une corrélation entre les mères enceintes soumises à un niveau élevé
de stress et la composition du microbiote dans l’intestin des nouveau-nés. Ces
enfants avaient des concentrations relativement plus élevées de bactéries du
groupe des Proteobacteria,
famille qui contiendrait davantage d’agents pathogènes (Escherichia, Serratia et Enterobacter)
et moins de bactéries lactiques telles que Lactobacillus, Lactococcus, Aerococcus et Bifidobacterium.
Les experts considèrent que cette somme de
facteurs est liée à des risques plus
élevés d’inflammation. Ce modèle de colonisation atypique a été lié
également à une présence plus importante de symptômes gastro-intestinales et de
réactions allergiques. Ils ont aussi remarqué qu’en dépit de sa capacité pour
augmenter la proportion des microbes bénéfiques dans l’intestin grâce au
contenu prébiotique du lait, l’allaitement ne suffisait pas à protéger le
nourrisson des effets négatifs du stress de sa mère.
Les chercheurs spéculent sur le fait que
le cortisol pourrait interférer avec la production de bile, ce qui à son tour
influerait sur les bactéries intestinales. Ils soulignent également que cette
hormone du stress pourrait traverser le placenta et augmenter les niveaux de
cortisol du fœtus, affectant ainsi le développement du tractus
gastro-intestinal.
Les résultats suggèrent qu’il existerait
un possible mécanisme par lequel le stress maternel prénatal influencerait le
développement du fœtus. Mais celui-ci demeure cependant inconnu à ce jour et sa
compréhension nécessiterait de recherches plus poussées. Les découvertes
pourraient ouvrir la voie à de nouvelles interventions bactériennes dans le but
d’améliorer la santé et le développement des nouveau-nés issus de mères
stressées.
Interventions possibles en matière de
stress maternel prénatal
Favoriser un environnement relaxant permet
de réduire l’exposition d’une femme enceinte à un stress aigu. Certaines
interventions peuvent modérer la réponse que pourrait avoir une femme enceinte
en situation de crise. Ces interventions visent à abaisser le niveau d’anxiété
et à procurer la sensation de maîtrise des événements.
Les interventions en situation de crises
peuvent inclure une thérapie, une démarche de résolution de problèmes à l’aide
de conseils, le recours à des groupes d’entraide, des séances de formation et
une psychothérapie.
Comment gérer le stress ?
Bien qu'il ne soit pas toujours facile de
contenir son anxiété, certaines mesures peuvent être prises pour en limiter les
effets. Il est avant tout primordial d'avoir une hygiène de vie saine, qui
pourra aider à se sentir mieux et en meilleure forme.
Prendre le temps de se reposer
Garder du temps pour soi. Au travail,
essayer de surélever les pieds et de se détendre vraiment pendant la
pause-déjeuner. Une fois à la maison, limiter, si possible, les tâches
ménagères.
Si on se sent épuisée, se coucher tôt. Le
corps travaille dur pour nourrir le bébé en développement et il a besoin d’un
maximum de sommeil.
Manger bien
Il est important de bien manger, pour l’esprit
comme pour le corps. Une alimentation saine, riche en acides gras essentiels
oméga-3, vitamines et minéraux, aide à se sentir bien.
Le tryptophane, acide aminé essentiel,
augmenterait ainsi le taux de mélatonine et de sérotonine dans le cerveau. Ces
substances chimiques aident à bien dormir et augmentent le sentiment de
bien-être. On trouve le tryptophane à l’état naturel dans de nombreux aliments,
dont les noix et les graines, faciles à grignoter.
Faire de l’exercice
L’exercice peut vraiment influer sur l’humeur.
Il est tout à fait sans danger de faire de l’exercice pendant la grossesse tant
que l’on ne choisit pas des activités trop intensives. La natation est idéale,
elle tonifie les muscles tout en préservant les articulations.
Essayer d’intégrer des exercices à la vie
quotidienne. Au travail, se lever et marcher régulièrement, surtout si l’on est
assise toute la journée à un bureau. Sortir déjeuner pour prendre l’air, même
si ce n’est que pour 10 minutes.
Méthodes de relaxation
Bienfaits du massage prénatal
Le massage
prénatal est spécialement conçu pour accompagner la femme enceinte à partir du 4ème mois de grossesse, après la stabilisation du
fœtus.
Les hormones de stress tel que le cortisol
sont présentes dans le sang et traversent la barrière placentaire. Le massage prénatal permet à la future
maman de retrouver de la sérénité et favorise la diminution de ces hormones.
Il est important de demander l'avis de la
sage-femme ou du médecin afin de s’assurer que le massage ne présente aucun risque pour la future mère et le bébé.
Sophrologie
Le terme sophrologie est inspiré du mot grec
sôphrosunè qui signifie «paix
spirituelle», «repos». La sophrologie prépare le corps et l’esprit
à l’arrivée du bébé en mettant en harmonie le physique et le mental.
L’utilisation de la sophrologie permet de vivre pleinement l’enfantement et
l’accouchement en restant maître de son corps.
La pratique de
la sophrologie vise à
rétablir l’équilibre du corps et de l’esprit pour développer une sensation de bien-être durable. La préparation par
la sophrologie se pratique à partir du 4ème mois de grossesse, en
groupe ou individuellement.
La relaxation par la musique
Une équipe de chercheurs de l’Université
McGill au Québec a mené des recherches sur les bienfaits de la musique pour la
diminution du stress en analysant plus de 400 documents et études. Les
chercheurs ont découvert que le cortisol
diminuait à l'écoute d'une musique relaxante.
Weightless – La musique la plus relaxante
Le morceau musical Weightless, littéralement "en apesanteur" ralentit le rythme respiratoire et réduit l’activité du cerveau à un tel point que des chercheurs affirment qu’il s’agirait de la musique la plus relaxante du monde.
Composé par Marconi Union (un groupe de
Manchester), le morceau Weightless serait le fruit de la collaboration
entre le groupe de musique et des professionnels de la thérapie par le son. Le
but étant de tirer le meilleur parti des harmonies, des rythmes et des lignes
de basse.
Cette musique de huit minutes alternant
des rythmes ressemblant aux battements du cœur, réduit la pression sanguine et
baisse les niveaux de stress allant jusqu'à provoquer des effets de somnolence. Le morceau Weightless s’est avéré
11% plus relaxant que n’importe quelle autre chanson utilisée. Elle produirait
une baisse de l’anxiété de 65%. Le rythme de la musique passe de 60 pulsations
par minute et ralentit progressivement à 50 pulsations par minute. Pendant
qu’on écoute ce morceau, le rythme cardiaque se calerait sur ce rythme.
Les vertus apaisantes du morceau musical Weightless ont été prouvées par des scientifiques après avoir mené une étude
sur 40 femmes en prenant en compte leur fréquence cardiaque, pression
artérielle, respiration et activité cérébrale.
Petites astuces
* Éviter de manger trop lourd avant de se
coucher.
* Prendre soin de soi et se relaxer autant
que possible avant la nuit, en prenant un bon bain, par exemple.
* Se ménager des instants de repos et de
relaxation dans la journée.
Durant le dernier semestre :
* Améliorer le confort des nuits en
investissant dans un coussin d’allaitement, qui permettra de caler le ventre
pour un sommeil plus doux.
* Boire du lait ou des infusions à base de
tilleul ou de verveine.
* Pratiquer des activités relaxantes comme
le yoga.
* Faire 2 siestes de 20 minutes par jour.
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Fonction du squelette dans le développement du cerveau pendant la gestation |
Le paludisme chez les femmes enceintes |
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bien bien... et comment fait-on quant on a ignoré tout ça au moment d'une grossesse bien antérieure à 2008 ? comment peut-on rattraper les choses pour remettre les petiots sur les rails du coup ?
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