L'alcool, en agissant sur la formation et la croissance de l’organisme
et du cerveau du fœtus, peut provoquer des malformations congénitales. L’alcool
est dommageable pour le fœtus à
n'importe quel stade de la grossesse et non seulement au cours du
premier trimestre. Parce que l'alcool qui est consommé par la femme enceinte
traverse rapidement la barrière placentaire et se retrouve dans le sang du
fœtus dans une proportion équivalente à celle observée chez la mère.
L'alcool porte atteinte aux cellules en
développement du fœtus. Le
cerveau et le système nerveux central sont particulièrement sensibles à
l'alcool et sont susceptibles de subir des dommages permanents.
Durant la grossesse, il n'y a pas de quantité minimale d'alcool qui
soit sans danger, car n'importe quelle quantité peut avoir un certain effet. Le
fœtus en développement ne peut métaboliser l'alcool aussi rapidement que
l'adulte, donc il est exposé durant plus longtemps que sa mère aux effets de
l'alcool.
Plus la consommation durant la grossesse est importante et continue,
plus les risques du syndrome sont élevés. La consommation de plus de sept
verres d’alcool par semaine a des effets sur le comportement neurologique du
fœtus; certains effets apparaissent cependant à des doses beaucoup plus
petites.
Des enfants, nés de mères qui ont consommé un verre ou deux par jour
ou, à l'occasion, cinq verres ou plus à la fois, courent plus de risques
d’avoir des troubles d'apprentissage et d'autres troubles cognitifs et
comportementaux. Dans certains cas, ces caractéristiques ne seront apparentes
que plusieurs mois ou années plus tard.
La consommation alcoolique au début de la grossesse est susceptible de
provoquer certains changements dans les caractéristiques faciales du bébé, la
formation du cœur et d'autres organes ainsi que celle des os et du système
nerveux central.
Le syndrome d'alcoolisme fœtal (SAF)
Le syndrome d'alcoolisme fœtal est un ensemble d'anomalies physiques
et comportementales qui apparaît chez les enfants exposés à l'alcool pendant la
grossesse de leur mère. Le SAF provoque une variété de déficiences pour le bébé
tant sur le plan mental et physique que celui du développement.
Le plus souvent les mères d'enfants atteints
de syndrome d'alcoolisme fœtal buvaient plus de cinq ou six verres par jour au
début de leur grossesse. A partir de dix verres, les risques deviennent très
élevés.
Au deuxième et au troisième trimestre de la
grossesse, l'alcool ne provoque pas de malformations, mais peut être
responsable d'un retard de croissance et d'un accouchement prématuré. Il exerce
de plus un effet toxique sur les neurones, qui peut entraîner des altérations
du développement psychomoteur, avec des troubles du comportement et un déficit
intellectuel.
Pour établir, chez un enfant, un diagnostic de SAF, trois critères sont évalués :
Retard de croissance prénatal et/ou postnatal
Les tests peuvent révéler des troubles comme un retard du développement moteur et de la motricité fine, des schèmes moteurs non coordonnés, une ataxie, une hémiplégie, des anomalies de la vitesse motrice, de la précision, de la vitesse à taper du doigt et de la force de préhension surtout une.
Dysfonction du système nerveux central
En plus d’une microcéphalie (petite circonférence crânienne), la dysfonction du système nerveux central peut influer sur l’intelligence, l’activité et l’attention, l’apprentissage et la mémoire, le langage et les aptitudes motrices, et le comportement.
Parmi les signes des anomalies du système
nerveux central, on retrouve : un retard du développement, des problèmes
comportementaux, des difficultés d'apprentissage et un déficit intellectuel. Il
se peut que parmi les problèmes du comportement on retrouve de l'hyperactivité,
de la nervosité, de l'anxiété et une diminution de la durée d'attention.
Malformations faciales
L'aspect du visage est souvent caractéristique, avec un nez court et retroussé, la racine du nez aplatie, la lèvre supérieure courte, la mâchoire inférieure en retrait, les yeux petits avec un épicanthus (repli de la peau recouvrant l'extrémité interne de l'œil) et un petit tour de tête. Cet aspect persiste à l'âge adulte, de même que la petite taille.
Les enfants qui ne présentent que 2 des 3
caractéristiques énumérées sont réputés atteints des effets de l’alcool sur le
fœtus (EAF).
Parmi les autres anomalies, on retrouve des
malformations des organes internes comme le cœur, le foie et les reins. Une
déficience visuelle et auditive peuvent également exister.
Il se peut qu'un enfant atteint du SAF ou
des EAF soit petit pour son âge. À la naissance, le bébé peut être d'une taille
inférieure à la moyenne ou avoir une petite tête. À mesure que les enfants vieillissent, des
anomalies d’apprentissage précises reliées au langage et au traitement des
nombres peuvent devenir apparentes. On peut aussi remarquer des anomalies de
l’audition et de la parole, ainsi que des troubles olfactifs.
Des difficultés dans les aptitudes aux relations interpersonnelles
sont caractéristiques. Des déficits de l’attention, une hyperactivité et des
comportements impulsifs semblables à ceux observés chez les enfants atteints
d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité.
Les enfants atteints du SAF sont souvent
naïfs. Comme ils possèdent de mauvaises habiletés de jugement et de prise de
décision, ils se laissent parfois aller à une consommation abusive d'alcool ou
d'autres drogues et ils ont des difficultés avec la justice lorsqu'ils sont
plus âgés.
Conséquences du SAF / EAF
Chez le nourrisson
Les incapacités primaires sont l’irritabilité, un comportement agité,
des tremblements, un faible réflexe de succion, des problèmes de sommeil et
d’alimentation, un retard dans la croissance, un mauvais contrôle moteur et un
risque de tolérance à l'alcool. On
remarque une agitation dès que le cordon ombilical est coupé en raison du
manque brutal de l'apport en alcool.
Pendant la petite enfance
L’enfant atteint du SAF/EAF a souvent des problèmes d’hyperactivité,
d’attention, de perception, de langage et une mauvaise coordination motrice. La vitesse de croissance est diminuée, le
poids n'est pas proportionnel par rapport à la taille.
Les incapacités primaires sont l’hyperactivité, déficience de l’attention,
difficultés d’apprentissage, notamment en calcul et en langage, un déficit
intellectuel et un mauvais contrôle des impulsions. L'enfant est pâle et maigre, le rattrapage du retard de croissance n'est
pas atteignable, instabilité, problème d'attention, trouble du langage.
Pendant l'adolescence et à l'âge adulte
Les incapacités primaires sont des troubles de la mémoire, problèmes
de jugement (petites délinquances) et
de raisonnement abstrait et un mauvais comportement adaptatif. De 15 à 20% des enfants atteints du SAF se
retrouvent dans des collectivités pour handicapés mentaux.
Parmi les incapacités secondaires chez les adolescents et les
adultes atteints du SAF/EAF, on note que ces personnes sont souvent les
victimes d'autrui; ils ont de la difficulté à se faire un budget, à focaliser
leur intérêt, à tirer leçon de leur expérience, à comprendre les conséquences
de leur geste; ils ont aussi une faible tolérance à la frustration, un
comportement sexuel inapproprié, des problèmes de toxicomanie, des troubles
mentaux et des démêlés avec la justice.
Prévention
Faire de la prévention est la première mesure à adopter pour lutter contre les effets de l'alcool durant la grossesse.
Pour éviter l'apparition d'un éventuel problème de SAF, il faut
informer la population, et en priorité les jeunes, des dangers de consommer de
l'alcool pendant la grossesse. Il est également important de mettre en place
des programmes de dépistage, d'intervention précoce ou des services pour les
femmes enceintes ou en âge de procréer afin de favoriser le dépistage des
sujets à risque de mettre au monde un enfant atteint du SAF.
Mettre en place un service de diagnostic et des programmes conçus pour atténuer les effets cognitifs, comportementaux et sociaux des enfants atteints du SAF, pour ceux qui en prennent soin ou pour les parents dont l'un des enfants est atteint du syndrome et qui prévoient avoir d'autres enfants, évitera enfin la récurrence du problème.
Mettre en place un service de diagnostic et des programmes conçus pour atténuer les effets cognitifs, comportementaux et sociaux des enfants atteints du SAF, pour ceux qui en prennent soin ou pour les parents dont l'un des enfants est atteint du syndrome et qui prévoient avoir d'autres enfants, évitera enfin la récurrence du problème.
La grande majorité des femmes enceintes est réceptive au message de
non-consommation d'alcool durant la grossesse. Détecter précocement la
consommation d'alcool chez la femme enceinte et lui donner des conseils
judicieux sont les pierres angulaires du traitement.
Recherche
Le syndrome d'alcoolisme fœtal a été identifié pour la première fois
en France, par le Dr Paul Lemoine (1917-2006), spécialiste de pédiatrie qui
mena, à partir de 1958 dans la région nantaise, une étude sur les enfants nés
de femmes malades de l’alcool, à partir de laquelle il sera le premier, en
1968, à décrire de façon exhaustive le tableau clinique des enfants souffrant
de ce syndrome. Une étude publiée dans une revue confidentielle à l'échelon
international, L'Ouest médical, et que des chercheurs de Seattle
redécouvrirent cinq ans plus tard.
Neuro-dégénérescence apoptotique induite par l'éthanol et le syndrome d'alcoolisme fœtal
Un groupe d’experts (Ikonomidou C, Bittigau P,
Ishimaru MJ et al), dans une étude publiée dans la revue Science en février 2000,
informent sur un nouveau mécanisme qui provoque l'apoptose des cellules
nerveuses chez le rat, stimulant les récepteurs A de l’acide gamma aminobutyrique
(GABA). Cette destruction neuronale a pu se manifester grâce à des techniques
histochimiques et en mesurant le poids du cerveau des rats, qui était plus
faible que chez ceux traités avec de l'éthanol.
Nerf peu développé avec une tortuosité marquée dans les vaisseaux veineux d'un porteur du syndrome d'alcoolisme foetal |
La vulnérabilité coïncide avec la période de synaptogenèse, qui chez
l'homme s’étend à partir du sixième mois de grossesse à plusieurs années après
la naissance. Pendant cette période, l'exposition transitoire de l'éthanol peut
supprimer des millions de neurones du cerveau en développement. Cela peut
expliquer la masse réduite du cerveau et des troubles neuro-comportementaux
associés au syndrome d'alcoolisation fœtal humain.
Une consommation même modérée d’alcool affecte le développement cérébral du fœtus
Des chercheurs des universités de Bristol, d’Oxford, de Leicester et de Nottingham en collaboration
avec des chercheurs de l’Université de Queensland (Australie) dans une étude
publiée dans la revue PLoS ONE en novembre
2012, constatent qu’à l’âge de 8 ans, le Q.I. des enfants de ces mères
consommatrices modérées et elles aussi génétiquement vulnérables, est réduit en
moyenne de 3,5 points.
Ce résultat vient d’être vérifié chez les enfants présentant certaines
variantes génétiques de vulnérabilité aux effets nocifs de l’alcool. Ces
conclusions doivent constituer un avertissement supplémentaire sur les dangers
de l’exposition à alcool, même modérée, pour le bébé à naître.
L’étude a porté sur des femmes enceintes et a mesuré l’impact de cette
consommation d’alcool modérée sur le QI des bébés, plus tard dans la vie, à
l’âge de 8 ans. Les chercheurs ont pris en compte, dans leurs conclusions, les
variations génétiques de la mère et de l’enfant qui pourraient affecter le
métabolisme de l’alcool. Lorsqu’on consomme une boisson alcoolisée, l’alcool
(éthanol) est converti en acétaldéhyde par un groupe d’enzymes, ce qui neutralise
l’effet nocif de l’alcool. Les variations dans les gènes qui codent pour ces
enzymes peuvent ainsi conduire à des différences dans la capacité des gens à
métaboliser l’éthanol.
Le syndrome d’alcoolisme fœtal affecte
le développement du cerveau pendant l’enfance et l’adolescence, et pas
seulement à la naissance
Des chercheurs en médecine de l’Université de l’Alberta ont publié une
étude dans la revue scientifique Journal of Neuroscience en juin 2013, qui
montre que le développement du cerveau est retardé durant l’enfance et
l’adolescence chez les personnes souffrant du syndrome d’alcoolisation fœtale.
L’équipe a scanné 17 personnes atteintes de SAF, et 27 personnes non
atteintes, âgées entre 5 et 15 ans. Chaque participant a subi deux à trois
scans, à des intervalles variant de deux à quatre ans.
Les chercheurs ont utilisé une méthode d’imagerie par résonance
magnétique (IRM) de pointe qui examine la substance blanche du cerveau. La
matière blanche établit des connexions entre les différentes régions du cerveau
et se développe habituellement de façon significative durant l’enfance et
l’adolescence. Les sujets d’étude ont été scannés plusieurs fois, pour voir les
changements dans le développement du cerveau alors qu’ils vieillissaient. Les
chercheurs ont noté une augmentation du volume du cerveau et de la substance
blanche chez les sujets non affectés par la maladie – une croissance qui était
absente chez les personnes atteintes de SAF. La méthode d’IRM a révélé des
changements plus importants des connexions établies dans substance blanche du
cerveau des individus souffrant de SAF, et les auteurs suggèrent que ces
différences pourraient représenter des compensations pour les retards de
développement observés plus tôt dans l’enfance.
Ces résultats pourraient suggérer que des changements significatifs
arrivent plus tôt dans le cerveau des participants à l’étude non atteints par
le SAF. Cette étude suggère que les dommages induits par l’alcool du SAF ne
sont pas statiques – les personnes atteintes de SAF ont un développement du
cerveau modifié, ils ne se développent pas au même rythme que ceux sans ce
syndrome.
L’équipe poursuit ses recherches dans ce domaine, dans l’espoir de
trouver un bio-marqueur du SAF, et d’examiner les changements dans le cerveau
des personnes atteintes du syndrome de l’adolescence à l’âge adulte. La
technique avancée d’IRM que l’équipe a utilisée permet de repérer précisément
les lésions cérébrales présentes chez les personnes atteintes de SAF, et
pourrait un jour guider des interventions médicales pour les personnes souffrant
de cette maladie.
Il n'existe aucune information définitive sur la quantité d'alcool pouvant être consommée sans risque par la femme enceinte au cours de la grossesse. Par conséquent, par mesure de prudence, les femmes qui sont enceintes ou qui pourraient le devenir devraient choisir de s'abstenir de boire.
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