Un développement anormal du cortex cérébral pendant la grossesse
L’autisme
est l’un des trois troubles reconnus sous le terme générique du Spectre de
l’autisme et c’est un trouble du développement neurologique. Les personnes avec
autisme montrent une interaction sociale et communication endommagées et
affichent souvent certains comportements caractéristiques. Bien qu’il y ait eu
quelques informations sur le cerveau des personnes autistes, quand et comment
l’autisme se développe était peu connu. De nouvelles preuves signalent que l'autisme
se développe très précocement durant la grossesse. Et celles-ci offrent
l'espoir d'un dépistage "à la source" de l'autisme et donc celui
d'un traitement efficace.
Des
chercheurs de l'Université de Californie à San Diego dans une étude publiée
dans le New England Journal of Medicine
en mars 2014, expliquent qu’une désorganisation de l'architecture
cérébrale a été détectée dans des échantillons de cerveau d'enfants
autistes.
L'autisme résulterait
ainsi d'anomalies dans le développement de certaines structures cérébrales du fœtus.
Une découverte qui pourrait contribuer à détecter ce syndrome de façon bien
plus précoce.
Un processus qui se produit longtemps avant la naissance
Cela
reflète un processus qui se produit longtemps avant la naissance. Actuellement
l'autisme peut être dépisté à partir de deux ans. Mais on sait qu'un dépistage
plus précoce permettrait de mettre en place des stratégies thérapeutiques bien
plus efficaces.
Les flèches montrent les “patchs” dans le cerveau d'un enfant autiste |
Le
développement du cerveau d'un fœtus pendant la grossesse comprend la création
d'un cortex – ou écorce cérébrale – formé de six couches distinctes de neurones. Les chercheurs ont découvert, par endroits seulement, des anomalies
dans le développement de ces couches corticales chez la majorité des enfants
autistes.
Dans les cerveaux des enfants autistes, des marqueurs génétiques clés étaient absents dans les cellules de plusieurs couches |
Au cours du développement précoce du cerveau,
chaque couche corticale développe ses propres types de cellules spécifiques,
chacune avec des modèles spécifiques de connectivité qui jouent des rôles
uniques et importants dans le traitement de l'information.
En se développant en un type spécifique, les
cellules acquièrent une signature génétique distincte (marqueur) qui peut être
observée. Dans les cerveaux des enfants autistes, des marqueurs génétiques clés
étaient absents dans les cellules de plusieurs couches. Ce qui indique que
l'étape précoce du développement des ces couches distinctes, qui commence dans
la vie prénatale, a été perturbé.
Ces défauts ne sont pas présents de façon
uniforme mais se présentent "en patchs". Les régions les plus
affectées sont les cortex frontal et temporal.
Le cortex frontal est associé à des fonctions
cognitives dites de niveau supérieur, qui incluent la communication et la
compréhension complexe des indices sociaux.
Le cortex temporal est associé au langage. Le
cortex visuel, associé aux perceptions, ne présentait aucune anomalie.
Deux types de cellules sont présents dans le
cortex. Les cellules nerveuses (neurones) étaient affectées mais pas les cellules
gliales.
Ces anomalies présentes de façons inégales,
par opposition à une pathologie corticale uniforme, peuvent aider à expliquer
pourquoi de nombreux enfants autistiques en bas âge montrent une amélioration
avec un traitement précoce et au fil du temps, estiment les chercheurs.
Les
signes de désorganisation des cellules cérébrales apparaissaient sous forme de
tâches de 5 à 7 millimètres de longueur à divers endroits dans les différentes
couches des lobes frontal et temporal du cerveau. Ces régions cérébrales sont
le siège des fonctions sociales, des émotions, de la communication et du
langage, qui connaissent des dysfonctionnements chez les autistes. Le mécanisme
responsable de cette désorganisation des structures corticales est un
dysfonctionnement des réseaux de gènes qui contrôlent la production de cellules
cérébrales et la formation des six différentes couches du cortex.
Selon
les chercheurs, cette découverte a le potentiel non seulement d'identifier
quand et où ces anomalies se développent mais aussi leur cause, ouvrant
peut-être la voie à une détection beaucoup plus précoce de l'autisme.
En
outre, le fait que ces anomalies soient clairsemées et n'affectent pas
l'ensemble des couches du cortex devrait permettre au cerveau de reconstituer
ces branchements défectueux en utilisant des tissus corticaux sains.
Ces résultats soutiennent l'idée que chez les
enfants atteints d'autisme, le cerveau peut parfois développer de nouvelles
connexions pour contourner les anomalies, ce qui donne espoir que la
compréhension de ces anomalies puisse éventuellement ouvrir de nouvelles voies
pour mieux comprendre comment ces améliorations se produisent.
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