L’Organisation mondiale de la santé définit la maltraitance de l’enfant comme toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité, dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir.
Dans le développement de l’enfant, la période de
la petite enfance est une période critique. Le petit cerveau de l’enfant
enregistre tout ce qui se passe dans son environnement, qu’il soit positif ou
négatif. La maltraitance et l’exposition à la violence auront des conséquences
sur le développement mental et comportemental de l’enfant qui le suivront toute
sa vie.
La violence sur les enfants fait beaucoup plus de
mal qu’on ne le pense. Ses conséquences pouvant aller de simples maux physiques
jusqu’à l’absence d’épanouissement, comportement antisocial, anxiété et
dépression, cette violence diminue les capacités réelles d’apprentissage du
cerveau de l’enfant, car elle affecte la formation des circuits et des chemins
neuronaux.
Des études ont montré que de mauvaises
interactions par suite de violence ou de négligence entre un petit enfant et
les personnes qui soignent compromettent la formation du cerveau parce
qu’affectant le développement des chemins neuronaux nécessaires aux fonctions
cognitives supérieures. L’enfant a du mal à interagir avec les autres et il est
susceptible de présenter des problèmes d’apprentissage et de comportement.
Le syndrome du bébé secoué
Excédés par les pleurs, fatigués, les nerfs à
fleur de peau, des parents ou des baby-sitters craquent nerveusement et agitent
trop violemment l'enfant. Secoué comme un prunier, le cerveau va alors
s'écraser contre la boite crânienne, créant des hémorragies, des lésions
importantes aux tissus et un gonflement du cerveau. Loin d'être anodins, ces
gestes peuvent entraîner la mort de l'enfant. La gravité de la blessure dépend
de la force et de la taille de l'enfant.
Lorsqu’un bébé est secoué, des lésions cérébrales
peuvent survenir même si son crâne ne reçoit aucun choc. Les nourrissons ont
une tête relativement grosse et lourde par rapport à leur corps. La musculature
de leur cou est faible et leur cerveau, encore en développement, ne remplit pas
toute la boîte crânienne. Sous l’effet des secousses, la tête du bébé se
balance rapidement d’avant en arrière et son cerveau heurte les parois de son
crâne. Des vaisseaux sanguins cérébraux peuvent alors se rompre, des contusions
et un œdème cérébral apparaître, et le tissu cérébral se déchirer.
Cela endommage la structure cérébrale et provoque
le retard mental chez l’enfant, des problèmes de l’ouïe ou de la vue,
d’apprentissage et des dysfonctions cognitives.
Les nourrissons de moins de 1 an, et
particulièrement ceux âgés de moins de 6 mois sont concernés par le syndrome du
bébé secoué dans la majorité des cas.
Symptômes
Les nourrissons victimes d’un syndrome du bébé
secoué ont un comportement inhabituel, caractérisé par un ou plusieurs
symptômes :
* une somnolence inhabituelle;
* des troubles de la conscience ou une extrême
irritabilité ;
* des vomissements sans raison apparente ;
* une perte des sourires ou du babillage habituels
;
* une tendance à ne pas fixer le regard ;
* des convulsions ;
* une difficulté à respirer ou des pauses respiratoires.
Face à ces signes, il est indispensable de
contacter au plus vite les services d’urgence médicale. Un diagnostic et des
soins précoces sont essentiels pour diminuer les séquelles neurologiques si
elles existent.
Symptômes neurologiques
* perte de connaissance, crise d'épilepsie, paralysie...
* modifications du tonus (hypotonie axiale) ;
* moins bon contact (enfant répondant mal aux
stimuli, ne souriant plus) ;
* diminution des compétences de l'enfant ;
* macrocrânie avec cassure vers le haut de la
courbe (importance du carnet de santé) ;
* bombement de la fontanelle.
Symptômes moins spécifiques
* vomissements ;
* pâleur ;
* malaise ;
* arrêt respiratoire ;
* arrêt cardiaque ;
* perte de la vision;
* changement inexpliqué du comportement du bébé : fatigue ou somnolence brutale pouvant ressembler aux manifestations provoquées par un virus.
* changement inexpliqué du comportement du bébé : fatigue ou somnolence brutale pouvant ressembler aux manifestations provoquées par un virus.
Prévention
Ne pas secouer violemment un enfant en bas âge
demeure l'attitude indispensable à connaître. Les parents doivent apprendre à
éviter de s'énerver et de secouer leur enfant lorsqu'il pleure.
Ne pas le porter dans ses bras et jouer en le faisant bouger ou en faisant des mouvements de rotation, comme “faire l'avion”. Si un bébé pleure, s'agite, s'énerve, il ne faut pas le secouer pour tenter de le stimuler.
Ne pas craquer si un enfant pleure : coucher le bébé bien en sécurité sur le dos, quitter la chambre pour quelques minutes en fermant la porte de la pièce, se rendre chez des amis, de la famille ou des voisins.
Ne pas le porter dans ses bras et jouer en le faisant bouger ou en faisant des mouvements de rotation, comme “faire l'avion”. Si un bébé pleure, s'agite, s'énerve, il ne faut pas le secouer pour tenter de le stimuler.
Ne pas craquer si un enfant pleure : coucher le bébé bien en sécurité sur le dos, quitter la chambre pour quelques minutes en fermant la porte de la pièce, se rendre chez des amis, de la famille ou des voisins.
Dès que les parents
sentent monter une colère incontrôlable, ils doivent demander de l'aide sans
attendre à un proche, un médecin ou un pédiatre. Ils devront également être
sûrs de connaître suffisamment bien la personne à qui ils confient la garde de
leur enfant.
Maltraitance prénatale
L’abus prénatal est toute agressivité envers le
fœtus, qui s’est tenue consciemment ou inconsciemment.
Il est clair que toutes les circonstances que
négativement affectent les conditions et la qualité de vie de la mère enceinte
vont produire des effets néfastes pour le fœtus.
Il y a des facteurs sociaux, toxicologiques, médicaux et de négligence personnelle, liés au style de vie de la mère considérés comme maltraitance fœtale. Par exemple, une mauvaise alimentation, l’excès de travail physique ou psychique, une grossesse non désirée, l’indifférence émotionnelle, la promiscuité, les maladies infectieuses ou de transmission sexuelle et bien sûr la consommation de substances toxiques et narcotiques influencent dans le développement du fœtus.
Il y a des facteurs sociaux, toxicologiques, médicaux et de négligence personnelle, liés au style de vie de la mère considérés comme maltraitance fœtale. Par exemple, une mauvaise alimentation, l’excès de travail physique ou psychique, une grossesse non désirée, l’indifférence émotionnelle, la promiscuité, les maladies infectieuses ou de transmission sexuelle et bien sûr la consommation de substances toxiques et narcotiques influencent dans le développement du fœtus.
L’environnement affectif et social
L’environnement affectif agit sur le développement
des neurones, leur myélinisation, la formation des synapses, les circuits
neuronaux, le fonctionnement de certaines structures cérébrales
particulièrement importantes, la sécrétion de molécules cérébrales (sérotonine,
dopamine, gaba, ocytocine, etc.), le fonctionnement neuro-endocrinien de l’axe
hypothalamo-hypophysaire qui régule le stress, et il influence l’expression de
certains gènes qui interviennent aussi dans la régulation du stress.
Quand l’enfant vit dans un environnement affectif
bienveillant, aimant et empathique, il va pouvoir se développer harmonieusement,
À l’inverse, l’absence d’un environnement bienveillant peut entraîner beaucoup
de souffrance et de pathologies : problèmes de comportement, agressivité,
anxiété, dépression et difficultés d’apprentissage.
Lorsqu’un adulte apaise un enfant en pleurs ou en
colère, il l’aide à développer des connexions essentielles entre de nombreuses
cellules de son néocortex et de son cerveau archaïque et émotionnel. Elles lui
permettront, avec le temps, de calmer les sentiments de danger imminent, de
menace, de peur, déclenchés par son cerveau émotionnel.
Le stress est très délétère. Le chantage, les
menaces, les paroles dévalorisantes, les gestes brusques ou brutaux envers
l’enfant (le pousser, le tirer ou le frapper), lui faire peur en criant ou en
faisant les gros yeux, toutes ces attitudes provoquent un stress important très
préjudiciable pour son cerveau. Quand l’enfant est stressé, son organisme
sécrète de l’adrénaline et du cortisol, molécules qui en quantité modérée ne
sont pas nocives mais qui deviennent très toxiques quand leur sécrétion est
fréquente et abondante. Un stress important chronique peut amener le cortisol à
détruire les neurones dans des structures cérébrales très importantes: cortex
frontal, hippocampe, amygdale, cervelet, corps calleux.
La maltraitance infantile réduit la matière grise
Une étude réalisée par des experts du King’s
College de Londres et l'Université nationale de Singapour, publiée dans American Journal of Psychiatry en juin
2014, a effectué une méta-analyse de l'étude morpho-métrique de voxel basée sur
la maltraitance infantile.
Dans le cerveau on distingue deux types de tissus,
la matière grise et la matière blanche, et les deux doivent être en parfait
état pour préserver la santé des gens. Tout changement dans l’une de ces
régions signifie des changements dans le développement psychologique et neuronal.
La matière grise est composée principalement de
corps cellulaires neuronaux regroupés dans des endroits spécifiques dans le
cerveau et la moelle spinale. Le cortex cérébral est composé de matière grise
et exécute la quasi-totalité de la pensée consciente. Il y a aussi matière
grise plus profondément dans le cerveau, et d’autres structures formées par
cette matière aident à la coordination des mouvements.
Les chercheurs ont appliqué une technique
d'analyse de neuroimagerie qui permet d'étudier les différences focales dans
l'anatomie du cerveau en comparant la résonance magnétique cérébrale de deux
groupes de personnes.
L'étude comprenait douze groupes différents de
données composées d'un total de 331 personnes (56 enfants ou adolescents et 275
adultes) ayant des antécédents de maltraitance infantile, et 362 personnes qui
n’avaient pas été exposés à des mauvais traitements (56 enfants ou adolescents
et 306 adultes) .
Par rapport aux sujets témoins, les personnes
exposées à la maltraitance pendant l’enfance avaient significativement de plus
petits volumes de matière grise dans différentes zones du cerveau : dans
les gyrus orbito-frontal et temporal supérieur droit s'étendant à l'amygdale,
l'insula, et les gyrus para-hippocampal et temporal moyen et dans les gyrus frontal
inférieur et post-central gauches.
Des anomalies dans le gyrus post-central gauche
ont été trouvés chez les personnes âgées maltraitées. Ces résultats
montrent que les anomalies les plus constantes de la matière grise chez les
personnes exposées à la maltraitance infantile se trouvent dans les régions ventro-latérale
préfrontales et limbique-temporelles. Ces régions ont un développement
relativement tard, soit après les mauvais traitements et le dysfonctionnement
pourrait expliquer le déficit affectif et cognitif des personnes ayant des
antécédents de maltraitance infantile.
Ces résultats montrent les graves conséquences sur
le développement du cerveau dans des milieux néfastes pour l’enfance.
Accompagner les enfants avec délicatesse et tendresse leur permet de développer au mieux toutes les capacités de leur cerveau, de s’épanouir pleinement et d’être heureux.
Voir aussi
Développement cérébral du fœtus |
Hémisphères cérébraux chez l'enfant |
Développement cérébral dans la petite enfance |
La maltraitance et la violence domestique affectent le cerveau de l'enfant |
L'isolement social chez l'enfant cause des déficiences cognitives et de comportement |
Troubles et difficultés d'apprentissage |
Dépression chez l'enfant |
Développement cérébral basé sur l'expérience précoce et son effet sur la santé, l'apprentissage et le comportement |
Anxiété et stress chez l'enfant |
Substance blanche et substance grise du cerveau |
Troubles du comportement chez l'enfant et l'adolescent |
L'importance du cerveau dans l'apprentissage |
La maturité de notre cerveau |
Le cerveau du jeune enfant |
Les terribles effets de la souffrance infantile sur le cerveau des enfants |
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