L'alcool consommé sans
modération par les adolescents
pourrait abîmer leur cerveau de
manière irréversible
La consommation d’alcool, même
occasionnelle, peut avoir des conséquences dommageables pour l’adolescent,
que ce soit sur le plan physiologique, psychologique ou social. Plus la
consommation est précoce, c'est-à-dire quand elle intervient avant douze ans,
plus elle constitue un facteur de risques ultérieurs. S’il faut plusieurs
années d’un usage régulier et excessif pour qu’apparaissent des complications
pour la santé, il existe de nombreux risques à plus court terme pour les
adolescents.
L’alcool fausse le jugement et les perceptions. Les personnes sous
l’influence de l’alcool reconnaissent que leur temps de réaction est plus long
que lorsqu’elles n’ont pas bu et qu’elles prennent des risques qu’elles ne
prendraient pas dans leur état normal. Trop souvent, ces risques sont fatals.
Aux États-Unis, environ 10 millions d’adolescents boivent de l’alcool.
Et près de la moitié d’entre eux font des excès, buvant cinq consommations ou
plus en une soirée. En fait, les mineurs boivent 19 pour cent de tout l’alcool
consommé aux États-Unis.
Les boissons alcoolisées aromatisées sont populaires chez les jeunes
buveurs.
L’alcool est la
première substance psycho-active consommée en France. Parmi les élèves âgés de
11ans, 58 % déclarent avoir déjà bu une boisson alcoolisée. Parmi les
collégiens de 3ème, 34 % déclarent avoir déjà connu une ivresse
alcoolique. Et à 17 ans, 53 % des garçons et des filles déclarent avoir
vécu une alcoolisation ponctuelle importante au cours du dernier mois (la
consommation d’au moins 5 verres d’alcool en une même occasion).
Les adolescents consommant de l’alcool sont aussi ceux qui fument le
plus de tabac. La relation à l’alcool et au tabac s’apprend très tôt dans la
vie, et ces deux comportements sont souvent liés. Ainsi, le fait de fumer à
l’âge adulte est fréquemment corrélé à la consommation précoce d’alcool.
La consommation très précoce d’alcool chez les jeunes enfants (à l’école ou pendant les premières années de collège)
est très préoccupante. Cette prise d’alcool est volontiers méconnue. Elle est
socialement inacceptable et donc cachée. Les études dans le domaine retrouvent
pourtant des ivresses bien avant le collège chez les enfants les plus à risque.
Les enfants ou adolescents buvant de l’alcool en cachette se trouvent
en situation d’échec scolaire.
Ils sont en butte à diverses violences
et exclusions qui en retour renforcent encore plus leur consommation.
Vers une augmentation des alcoolisations
Les études démontrent que l’alcoolisation
de l’adolescent est de plus en plus fréquente. Elle se réalise souvent
sous forme d’ivresse. Les garçons continuent à davantage s’alcooliser que les
filles, mais celles-ci rattrapent leur retard à grande vitesse. La consommation
régulière d'alcool chez les adultes diminue, mais on assiste à une
recrudescence des comportements extrêmes chez les jeunes.
On retrouve la prise de danger dans le «binge drinking». Cette
pratique consiste à s’enivrer massivement
et le plus rapidement, souvent
pendant le week-end ou lors de fêtes. Le moyen pour y arriver est simple :
boire un maximum d’alcool en un minimum de temps.
Qu’est-ce que l’alcool ?
L’alcool est une drogue. Il est classé dans la
catégorie des dépresseurs, c’est-à-dire qu’il ralentit les fonctions vitales,
provoquant de la difficulté à articuler, un manque de coordination des
mouvements, des perceptions faussées et une incapacité à réagir rapidement. Il
s’agit d’une drogue qui réduit l’aptitude d’une personne à penser de manière
rationnelle et modifie son jugement.
Il existe différentes sortes d’alcools. L’alcool éthylique (éthanol),
le seul alcool utilisé pour les boissons, est produit par la fermentation de
grains et de fruits. La fermentation est un procédé chimique par lequel la
levure agit sur certains ingrédients présents dans la nourriture, créant de
l’alcool.
Les boissons fermentées, comme la bière et le vin, contiennent entre 2
et 20 % d’alcool. Les boissons distillées, ou liqueurs, contiennent entre 40 et
50 % d’alcool, ou plus.
Recherche
Le cerveau des adolescents est plus sensible aux dégâts causés par
l'alcool
Selon une étude réalisée par les chercheurs de l'Institut national de
la santé et de la recherche médicale (Inserm) en février 2015, le cerveau des
adolescents est plus sensible aux effets de l'alcool que celui des adultes.
À cet âge, le
cerveau en plein développement ne serait pas capable de réparer les dommages de
l'éthanol. De plus, boire de l'alcool réduirait la fabrication de neurones et
réduirait la mémoire immédiate. Ces conclusions ont été observées en
laboratoire sur des rongeurs.
Pour comprendre les effets du bing drinking sur le cerveau, les
chercheurs ont mené une étude sur des souris. Ils ont exposé des animaux
adolescents et adultes à une consommation excessive d'alcool. Puis, ils ont
observé les modifications des gènes et soumis les rongeurs à des tests
comportementaux.
L'étude révèle que la consommation excessive d'alcool pendant
l'adolescence modifie la quantité de certains gènes nécessaires dans la
réparation des dommages à l'ADN et empêche la correction des dégâts causés par
l'éthanol. Elle réduirait aussi la neuro-genèse (formation de nouveaux
neurones) chez les plus jeunes des rongeurs. Ces derniers présentaient de plus
grandes difficultés que les adultes à circuler dans des labyrinthes ou à
reconnaître des objets. Ce qui traduit un déclin de la mémoire à court terme. Ces
effets n'ont pas été observés chez les souris adultes.
Elle suggère aussi l'accumulation des dégâts causés par l'alcool à
chaque prise excessive.
Les chercheurs rappellent que la prise d'alcool en quantité raisonnable
semble avoir d'autres conséquences néfastes chez l'adolescent. Elle modifierait
des connexions synaptiques et augmenterait le risque ultérieur de dépendance .
Ces travaux, associés à d'autres preuves des effets délétères de
l'alcool pendant l'adolescence, constituent une incitation supplémentaire à
l'abstinence pendant cette période de la vie.
Le cerveau des filles est plus vulnérable
À l’adolescence, le cerveau poursuit
sa maturation de façon significative, en particulier dans les régions frontales
qui sont associées à certains niveaux de la pensée, comme la planification et
l’organisation. Une forte consommation d’alcool, peut interrompre la croissance normale des cellules du cerveau, ce qui
pourrait interférer avec la capacité des adolescents à progresser sur les plans
scolaire et sportif, et engendrer des effets durables, singulièrement chez les
filles.
La femme est plus vulnérable, en raison d'une proportion d'eau moindre
dans l'organisme : 50% contre 60% pour un homme. Leur cerveau se développe plus
tôt, un à deux ans avant les garçons ; alors que l’alcool agit sur les
fluctuations hormonales, et s’accompagne d’un effet différent chez les femmes
en raison d’un métabolisme et d’une répartition graisse-poids corporel
spécifiques.
L'alcool diminue la libération de l'hormone antidiurétique (ADH)
synthétisée dans l'hypothalamus, entraînant une déshydratation importante à
laquelle le cerveau est très sensible. L'éthanol a déprimé le fonctionnement du
cerveau avec notamment des effets toxiques sur la substance blanche,
responsable de la propagation des informations dans le système nerveux.
L'alcool est un neurotoxique, un véritable poison. Ce n'est pas pour rien qu'il
est proscrit aux femmes enceintes.
Cela provoquerait des atteintes irréversibles à la substance blanche du
cerveau chez les adeptes du binge drinking. Celle-ci est responsable de la
transmission des informations. C'est la partie du système nerveux central, de
couleur blanche, qui est constituée de fibres nerveuses. Elle est ainsi
désignée par opposition au cortex cérébral de couleur grise, qui gère le
traitement des informations.
L’étude a été conduite auprès d’une centaine d’adolescent(e)s, âgés de
16 à 19 ans, et répartis en deux groupes selon qu’ils pratiquaient ou non le
«binge drinking». Les participants ont été soumis à des tests neurologiques et
à une résonance magnétique (IRM fonctionnelle). Pour une même tâche, les gros buveurs présentent moins d’activation dans
plusieurs régions du cerveau, des lésions au niveau de la substance
blanche et ceci de manière plus
significative chez les jeunes filles. Ces différences chez les adolescentes sont notamment le fait de moins
bonnes performances sur les mesures de l’attention et de la mémoire.
Risque de dépendance
Une expertise de l’Inserm "Conduites
addictives chez les adolescents" publiée en février 2014,
fait le point sur les addictions des adolescents français, alerte sur les
risques pour leur santé et fait des propositions aux pouvoirs publics.
Les experts insistent sur la dangerosité d’une consommation précoce. Plus
l’enfant expérimente jeune les produits, plus les risques de dépendance et les
dommages qui en découlent sont importants. Ainsi, à 10 ou 11 ans, le risque de
dépendance est multiplié par 2 et celui d’accidents liés à l’alcool par 5.
Les dégâts provoqués par l’alcool, sur la génération de nouveaux
neurones, les facultés d’apprentissage et de mémoire sont plus importantes chez
les filles que chez les garçons du même âge, souligne l’étude, et sont
proportionnels à la quantité d’alcool consommée.
L'alcool tue
Selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé publiée en mai
2014, plus de 200 maladies sont liées à la consommation d'alcool. Un décès sur
20 est lié à l'alcool, qui tue chaque année 3,3 millions de personnes. Soit un
taux de mortalité plus élevé que le sida, la tuberculose et la violence réunis. En 2005, l'alcool avait tué 2,5 millions de
personnes dans le monde.
Au vu de l'accroissement de la population dans le monde et de
l'augmentation prévue de la consommation d'alcool, la charge de morbidité
imputable à l'alcool pourrait encore augmenter si pas plus de politiques de
prévention ne sont mises en place.
En 2012, la consommation mondiale équivalait à 6,2 litres d'alcool pur
par personne âgée de plus de 15 ans. Un quart de cette consommation échappe au
contrôle des autorités
La moitié de la consommation officielle d'alcool dans le monde se fait
sous forme de spiritueux, suivi par la bière (34,8%) et le vin (8%).
Si les pays riches (Amériques et Europe) restent les plus gros
consommateurs d'alcool, la consommation a surtout augmenté ces dernières années
en Inde et en Chine tandis qu'elle est restée stable dans les pays des
Amériques, d'Europe et d'Afrique.
En 2010, les plus gros consommateurs d'alcool étaient la Russie, les
pays d'Europe de l'Est, le Portugal, suivi de la majorité des pays de l'UE, du
Canada, de l'Australie et de l'Afrique du Sud.
D’après le rapport si l'on prend en compte le fait que la moitié de la
population dans le monde n'a pas bu d'alcool durant les derniers 12 mois, cela
signifie que la consommation mondiale parmi les buveurs a atteint 17 litres
d'alcool pur, l'équivalent de 45 bouteilles de whisky, ou 150 bouteilles de
vin, ou plus d'un millier de canettes de bières.
Comment l’alcool affecte-t-il le corps ?
L’alcool passe dans le sang par l’intermédiaire de petits vaisseaux
sanguins, à travers les parois de l’estomac et de l’intestin grêle. Quelques
minutes après avoir été bu, l’alcool va de l’estomac au cerveau où il produit
rapidement ses effets, ralentissant l’activité des cellules nerveuses.
L’alcool est également transporté par la circulation sanguine vers le
foie, qui élimine l’alcool du sang par un procédé appelé métabolisation, où il
est converti en substance non toxique. Le foie peut seulement métaboliser une
certaine quantité à la fois, laissant le surplus en circulation dans le corps.
Ainsi, l’intensité de l’effet sur le corps est directement liée à la quantité
consommée.
Quand la quantité d’alcool dans le sang dépasse un certain niveau, le
système respiratoire ralentit nettement et peut entraîner un coma ou la mort,
car l’oxygène ne parvient plus jusqu’au cerveau.
L’alcool affecte la majorité des organes : le cerveau est l’un des plus
touchés. L’alcool y entraîne des atteintes physiologiques importantes, avec de
multiples symptômes associés. L’alcool a plusieurs effets sur les neurones. Le
fonctionnement de leurs membranes est perturbé et certaines enzymes ne
fonctionnent plus correctement.
Alcool et cerveau
L'alcool est une substance anesthésiante qui agit comme narcotique sur les cellules du cerveau,
ce qui a pour effet un ralentissement de la communication entre les neurones. Les
cellules du cerveau vont aussi fonctionner différemment.
À terme,
certaines cellules du cerveau vont aussi disparaître, c'est ce qu'on appelle la
"perte de tissu cérébral".
Elle s'observe clairement à partir d'une consommation journalière de 6 verres
d'alcool et est due à la toxicité de l'alcool qui vient détruire les cellules
cérébrales. De ce fait, le volume du cerveau rétrécit quand on consomme de l'alcool avec excès pendant des
années. Le volume du cerveau peut ainsi diminuer de 10 à 15 % chez les
très gros buveurs après 10 à 15 ans.
L'alcool agit considérablement sur le cortex frontal (partie
frontale du cerveau). Celui-ci commande la maîtrise de soi et le comportement
en société, ainsi que les actions ciblées, le raisonnement et la résolution de
problèmes. Les dommages causés au cortex frontal entraînent une baisse des
capacités intellectuelles. Une moins bonne maîtrise de soi accentue les risques
de réactions impulsives et réduit l'action de freins naturels (par ex. pour
stopper l'envie de boire).
Les souvenirs ne passent plus non plus de la mémoire à court terme à la
mémoire à long terme, à cause, entre autres, de l'action de l'alcool sur l'hippocampe.
Ce sont les black-outs (trous de
mémoire). Le fonctionnement de la mémoire subit les effets d'une consommation
de longue durée.
L'action de l'alcool sur le cervelet (petit cerveau, situé à
l'arrière du crâne) entraîne des troubles au niveau de la motricité, de la
coordination et de l'équilibre.
La moelle qui se trouve
dans le tronc cérébral commande un
certain nombre de fonctions autonomes comme la respiration et les pulsations
cardiaques. La personne peut tomber dans le coma, voire décéder, si cette
partie du cerveau est anesthésiée sous l'effet de l'alcool. Ce risque concerne
surtout les binge drinkers qui consomment de grandes quantités d'alcool en un
temps record.
L'hypophyse est une glande située au centre de la tête, sous le
cerveau. L'hypophyse commande certaines hormones dont l'hormone de croissance.
En agissant sur cette glande, l'alcool peut entraîner des anomalies de
croissance chez les jeunes qui en consomment trop.
Le cerveau se développe jusqu'à ce qu'on ait atteint l'âge de 23 ans environ. Il est
particulièrement sensible aux substances toxiques jusqu'à cet âge. C'est
pourquoi le fait de boire trop jeune peut causer des dommages irréversibles qui
réduisent les capacités mentales, la mémoire et la maîtrise de soi.
Les jeunes adolescents sont encore bien plus exposés, car les dégâts
occasionnés par des alcoolisations trop massives vont significativement perturber la croissance et le développement de leur
cerveau.
L’alcool et le cerveau des
adolescents
Le corps d’un adolescent ne tolère pas l’alcool de la même manière que
celui d’un adulte.
Boire est plus nocif pour les adolescents que pour les adultes, parce
que leur cerveau se développe encore pendant l’adolescence et leur vie de jeune
adulte. Boire pendant cette période critique de la croissance peut entraîner
des dommages permanents des fonctions cérébrales, en particulier de la mémoire,
des capacités motrices (aptitude à se déplacer) et de la coordination.
L'alcool perturbe le développement
du cerveau. Les capacités de raisonnement, de planification,
d'orientation dans l'espace et la mémoire peuvent être endommagées par
l'alcool. Une consommation excessive n'a donc pas uniquement un effet visible
sur le fonctionnement de la mémoire mais réduit aussi la concentration. Les
résultats scolaires sont alors en chute libre et le cerveau subit des dommages
permanents.
L'alcool peut également dérégler l'équilibre hormonal, ce qui freine la croissance des os. Et ces
dérèglements touchent aussi le développement sexuel. Ainsi, par exemple, les
filles peuvent avoir des règles irrégulières.
Les réflexes diminuent
bien plus que chez les adultes, ce qui augmente les risques d'accident.
La maîtrise de soi
diminue plus rapidement et des comportements impulsifs et agressifs
apparaissent plus facilement. Pendant les sorties, les jeunes qui boivent sont
plus fréquemment victimes/auteurs d'agressions que les adultes.
Les black-outs,
c'est-à-dire les trous de mémoire complets, sont aussi clairement plus
fréquents. Ils se manifestent notamment après avoir bu en peu de temps un
certain nombre de verres d'alcool (cinq ou six). Ces black-outs sont à chaque
fois très mauvais pour le cerveau. La mémoire risque de souffrir de dommages
permanents s’ils sont réguliers.
Le fait de boire beaucoup et rapidement augmente les risques d'intoxication alcoolique de façon
exponentielle par rapport aux adultes. Cette intoxication conduit à un état
narcotique, qui peut stopper la respiration ou les pulsations cardiaques.
Un effet anxiolytique et hypnotique
Six minutes seulement s'écoulent
entre le moment où l'alcool est absorbé et celui où il commence à imbiber le
cerveau. Une première sensation plaisante, dès le premier verre. L'alcool est
un dépresseur du système nerveux central : il ralentit son activité, a un
effet anxiolytique, hypnotique et sédatif. La première action de l'éthanol
contenu dans toutes les boissons alcoolisées, c'est la libération de dopamine
dans le noyau accumbens, un ensemble de neurones qui joue un rôle important
dans le système de récompense : le plaisir, le rire mais aussi
l'accoutumance. Avec la répétition des excès, le noyau accumbens devient moins
sensible aux effets de l'alcool. Pour obtenir le même niveau de satisfaction,
il va falloir en consommer davantage.
Troubles du comportement
Lorsqu’un adolescent présente une consommation d’alcool inappropriée et
abusive, son comportement peut
changer : humeur inconstante, tristesse, tendance à l’isolement, perte
d’appétit, comportements agressifs ou violents, conduites délinquantes.
Troubles du sommeil
Une consommation abusive d’alcool ou d’autres produits psychoactifs
peut également entraîner des troubles
du sommeil, tels que l’insomnie, les réveils fréquents, les cauchemars
ou la perturbation du rythme veille/sommeil. Ces troubles sont la cause de
sensations de fatigue, de troubles de la concentration, de l’augmentation de
l’irritabilité et peuvent s’avérer particulièrement gênants, notamment sur le plan scolaire.
Il a une action négative à la fois sur la qualité et la durée du
sommeil et sur la vigilance. En perturbant le sommeil, l’alcool va tourmenter
l’adolescent également en journée. Victime de manque de sommeil et d’une moins
bonne vigilance, celui-ci verra ses performances diminuées pendant la journée.
Difficultés relationnelles
Une consommation abusive régulière peut également influer sur la
relation de l’adolescent à l'autre et en particulier mettre en péril ses
relations amicales.
Le Binge drinking est mauvais pour le cerveau des adolescents
Le « binge drinking» ou biture express consiste à consommer une grande
quantité et à forte dose d’alcool à la fois, comme cinq verres d’un coup ou
plus pour un homme, et quatre verres d’un coup ou plus pour une femme.
Ce mode d'alcoolisation, qui concerne désormais près d'un adolescent
sur deux en France, a aussi des conséquences à plus long terme. Comas éthyliques
ou encore accidents de la circulation.
Même entrecoupée de périodes d'abstinence, la succession de bitures
express abîme le cerveau, encore en plein développement, des adolescents. La
consommation répétée d'alcool entraîne une réduction du volume de l'hippocampe,
ce qui pourrait expliquer en partie les troubles de mémoire.
Il y a un retard de maturation du cortex, en particulier frontal et une
hyper-activité au niveau de l'amygdale, impliquée dans les émotions et les
addictions.
Les adolescents souffrent d'altérations de la mémoire prospective – qui
correspond à la capacité de se rappeler d'effectuer une action préméditée comme
aller à un rendez-vous chez le dentiste, payer une facture.
Signes d'un problème d'alcoolémie
* Odeur d’alcool
* Changement soudain d’attitude ou d’humeur
* Changement dans l’assiduité ou le rendement scolaire
* Perte d’intérêt à l’école, dans les sports ou d’autres activités
* Problèmes de discipline
* Repli sur soi, à l’écart de la famille et des amis
* Comportement énigmatique, cachotier.
Adolescent alcoolique
Manque : forte envie ou compulsion à boire.
Perte de contrôle : incapacité à s’arrêter de
boire chaque fois que l’occasion se présente.
Dépendance physique : symptômes de manque tels
que nausée, sueurs, tremblements et anxiété se produisent lorsque la
consommation d’alcool s’arrête après une période de forte consommation.
L’alcoolisme n’a pas de fin : c’est une progression, une longue route vers la détérioration au
cours de laquelle tout va de plus en plus mal.
Les raisons pour boire
L’adolescence est propice aux excès et le mal-être ; ainsi la
recherche de l’exploit et le goût du risque mènent à des comportements
irréfléchis. Les raisons sont nombreuses.
* Permissivité trop grande des parents.
* Sévérité excessive.
* Échec scolaire ou amoureux.
* Peur de l’avenir.
* Besoin d’imiter quelqu’un qui s’érige en modèle.
* Recherche d’expériences aventureuses.
* Besoin de se distinguer.
* Imitation de certains adultes.
* Manque d’information.
Conséquences
Les adolescents ayant
trop bu d'alcool pourraient ne
pas être capables par la suite d'estimer de manière réaliste leurs
possibilités. Ils se laisseraient griser par une perspective exaltante, sans en
percevoir les risques. Aussi pourraient-ils devenir plus facilement des joueurs
pathologiques, des cibles pour les escrocs, des personnalités plus mythomanes
que la moyenne. Ils pourraient aussi prendre plus de risques au volant, dans
l'investissement de leur argent, dans leurs choix de carrière.
Les effets de l’alcool sur l’organisme de l'adolescent
Les effets de l’alcool sur l’organisme peuvent varier considérablement
d’un adolescent à l’autre selon la façon dont l'organisme métabolise l’alcool.
D’autres facteurs entrent également en jeu : les facteurs génétiques, la
personnalité, le contexte de consommation, l’état d’esprit dans lequel on est
au moment où l’on consomme.
A court terme, deux types d’effets peuvent se faire ressentir en
fonction de différents facteurs :
Effets physiologiques : baisse de la
vigilance, capacité d’attention perturbée, trouble de la vision, modification
des facultés de choix et de raisonnement.
Effets émotionnels et comportementaux : exaltation,
affirmation de soi, euphorie, ou au contraire irritabilité, sentiment de
mal-être, comportements agressifs.
Le corps s’imbibe. Un demi de bière, un ballon
de vin, une coupe de champagne ou un verre de vodka-orange contiennent environ
10 g d'alcool pur. Dans l'estomac, cet alcool passe tel quel dans le sang
puis se diffuse dans tous les organes. Plus le passage de l'alcool dans le sang
est rapide, plus l'alcoolémie s'élève vite et plus l'ivresse est marquée. L'assimilation
de l'alcool – c'est-à-dire son absorption complète par l'organisme – prend environ une heure, un peu moins si l'on est à jeun ou si la boisson est chaude,
à bulles ou sucrée.
Le teint vire au rouge. Premières cibles de
l'alcool : les vaisseaux qui irriguent la peau, notamment au niveau du
visage. Leur dilatation fait rougir et favorise aussi la déperdition de
chaleur. On se sent fiévreux alors que la température interne baisse.
La vision se trouble. Petite molécule,
l'alcool passe facilement la barrière qui protège le cerveau. Les fonctions
cérébrales les plus complexes sont les premières touchées. C'est le cas du
langage, de l'équilibre, mais aussi des facultés visuelles qui nécessitent la
coordination des différents muscles à l'origine des mouvements des yeux. Il
suffit d'avoir bu 2 verres (0,4 g d'alcoolémie) pour que le
champ visuel rétrécisse. À 10 verres, on voit double.
Les réflexes sont ralentis. L'alcool perturbe
la transmission des informations et leur traitement dans le cerveau.
L'attention, la concentration, la capacité de discernement et de jugement sont
altérées. Les réflexes sont ralentis : le temps de réaction après 4 à
5 verres (0,8 g d'alcoolémie) est doublé par rapport à la
normale.
Problèmes liés à la
consommation d’alcool rencontrés chez les adolescents
Les états d’intoxication aigüe
(ivresse) représentent une des situations les plus dangereuses et constituent la cause la plus fréquente du recours
aux services d’urgence.
L’état d’intoxication aigüe se
caractérise par des changements comportementaux et psychologiques inadaptés et
dure habituellement quelques heures mais peut parfois persister plusieurs
jours. Les modalités de consommation – consommer plusieurs
produits à la fois – accentuent les effets de l’intoxication,
Les accidents et les traumatismes. Le rôle de l’alcool et
des drogues dans les accidents mortels de la circulation augmente
progressivement à partir de l’âge de 15 ans pour devenir majeur vers 18-19 ans.
L’alcool est la première cause de
mortalité sur la route chez les jeunes.
Comment éviter que les adolescents boivent
La meilleure façon pour les parents d’influencer l'enfant d'éviter de boire, c’est d’avoir avec lui une très bonne relation de confiance, selon le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA). Des études ont montré que les enfants sont moins susceptibles de commencer à boire s’ils se sentent proches de leurs parents. Quand le lien parental est fort, les jeunes se laissent moins influencer par les autres pour boire, et ils cherchent à se conformer davantage aux attentes de leurs parents à l’égard de l’alcool.
Des suggestions du NIAAA pour bâtir une solide relation
* Encouragez votre adolescent à vous parler ouvertement. Favorisez une
bonne communication.
* Montrez que vous êtes intéressé. Il est important que les adolescents
sachent que leurs parents s’intéressent encore à eux. Prenez du temps pour
partager des activités en tête à tête avec votre jeune.
* Établissez des règles fermes et réalistes quant aux comportements
acceptables et examinez-les avec vos enfants. Les adolescents ont besoin de
connaître les conséquences de leurs actes.
* Soyez ouvert. Soutenez les efforts de votre adolescent ainsi que ses
réalisations. Évitez de l’asticoter, cela peut parfois être blessant.
* N’oubliez pas que votre adolescent grandit. Cela ne signifie pas une
attitude de non-intervention. Vous devez rester présent dans sa vie, tout en
respectant son besoin accru d’indépendance et de privauté.
Les alcoolisations précoces favorisent l'évolution vers une alcoolisation chronique et d'autres addictions. Après l'expérimentation de l'alcool, la première ivresse et l'expérimentation du tabac et du cannabis surviennent par la suite.
Voir aussi…
Boissons énergisantes – danger pour les jeunes
Les drogues causent des dégâts irréversibles dans la mémoire chez les jeunes
Le cannabis affecte le cerveau
Les effets du tabac sur le cerveau
Le fer est essentiel pour le développement cérébral de l'enfant et l'adolescent
Le cerveau de l'adolescent
Dépression chez l'adolescent
Recherche sur le dommage cérébral causé par la consommation des drogues
Substances psycho-actives: Poppers – Captagon
"Sels de bain" – nouvelle drogue synthétique
Troubles du comportement chez l'enfant et l'adolescent
Vieillissement cérébral
Prévenir la perte de mémoire
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