La latéralisation
du cerveau fut évoquée une première fois dans les travaux de Paul Broca
(1961-1965), elle indique le fait que certaines fonctions du cerveau vont être
préférentiellement prises en charge au cours du développement, par l’un ou
l’autre des hémisphères.
La latéralisation
est un processus qui permet à l'enfant, au travers de multiples expériences
sensori-motrices, d'acquérir sa latéralité
(le choix définitif de sa main dominante). Mais ce processus ne
concerne pas uniquement le membre supérieur, la main. Il concerne aussi le
pied, les yeux et les oreilles.
La latéralité
désigne un état, un résultat statique. Contrairement à la latéralisation, la
latéralité s’applique aussi bien aux fonctions qu’aux comportements, ou aux
objets. La latéralité n’est pas un processus, mais une caractéristique.
La latéralité s'acquiert généralement autour
des 6-7 ans. Dans la petite enfance (3-6 ans), il est normal d'observer
des changements transitoires d'une main ou d'une autre.
Latéralité
homogène. Lorsque l’enfant utilise le même côté pour ses habilités
manuelles et motrices (pied, œil, main...).
Latéralité
non homogène. L’enfant n'est jamais sûr de savoir quel est le côté droit et
quel est le côté gauche.
Le
choix d'un côté par rapport à un autre est avant tout cérébral, c'est-à-dire
lié au fonctionnement neurologique. Ce processus s'élabore au grés de facteurs
multiples: environnementaux (sociaux, culturels) et psychologiques (maturité).
Autrement
dit pour le droitier c'est son cerveau gauche qui domine et pour le gaucher son
cerveau droit.
Il
existe 2 types de la latéralité :
Latéralité
spontanée : instinctive et spontanée. Exemple : taper sur la table.
Latéralité
usuelle : C'est la partie du corps qui est le plus capable de faire un travail. Exemple : lancer une balle.
La dominance latérale
Il s'agit de la prédominance sensorielle et
motrice d'un côté du corps humain sur l'autre : au cours de la croissance
s'établit naturellement et progressivement une dominance latérale chez
l'enfant. Elle s'établit au niveau de la main mais aussi du pied, de l'œil et de l'oreille (il sera plus fort, plus
adroit du côté droit ou du côté gauche).
La dominance hémisphérique ou cérébrale n’implique pas l’unilatéralité, mais exprime l’idée nuancée de
complémentarité : un hémisphère dominant pour une fonction prend
préférentiellement en charge cette fonction, avec le concours toutefois, de
l’hémisphère homologue. Un grand nombre, sinon l’ensemble, des fonctions, n’est
pas pris en charge uniquement par un hémisphère seul mais les hémisphères se
répartissent les tâches liées à ces fonctions.
La
connaissance gauche-droite découle de la notion de dominance latérale, elle est
la généralisation de la perception de l’axe corporel à tout ce qui entoure
l’enfant. Cela fait partie de la structuration spatiale puisqu’elle concerne la
situation des êtres et des choses. La connaissance stable de la gauche et de la
droite n’est possible que vers l’âge de 5 ou 6 ans, et la réversibilité
(possibilité de trouver la main droite ou la main gauche d’une personne en face
de soi) ne peut être abordée avant 6 ans, 6 ans et demi.
Latéralisation
fonctionnelle et asymétrie cérébrale
La
notion d'asymétrie fonctionnelle hémisphérique, qui correspond à celle de
latéralisation, désigne les différences de fonctionnement entre les deux
organes apparemment symétriques que constituent les deux hémisphères cérébraux.
L’asymétrie
anatomique. Concerne les différences macroscopiques (morphologie) des
hémisphères ou microscopiques (structures neuronales, biochimie).
L’asymétrie
fonctionnelle. Concerne tout le système cognitif de l’individu, les
fonctions cognitives telles que le langage ou l’attention, les sensations ou la
motricité.
La
latéralisation fonctionnelle n’est pas seulement le résultat d’une prédisposition
structurale génétique, mais également de l’acquis, donc de l’éducation. La
destruction de l’hémisphère gauche d’un adulte aboutit à des troubles du
langage irréversibles ; la même lésion chez l’enfant avant l’acquisition du
langage ne le perturbe que fort peu de temps; l’hémisphère droit peut assurer
le relais tant que la maturation cérébrale n’est pas achevée. Le transfert d’un
hémisphère à l’autre est toutefois partiel car l’acquisition de la syntaxe
serait moins bonne.
Le
rôle de la latéralisation ou dissymétrie du cerveau humain
Les
fonctions cognitives proprement humaines ont une particularité, celle d’être
dissymétriques dans le cerveau contrairement aux autres fonctions vitales de
l’homme. Soit elles n’existent que dans l’un des deux hémisphères, soit elles
n’ont pas les mêmes zones des deux côtés ni la même importance ou le même rôle
suivant le côté du cerveau.
Les
deux hémisphères répondent en même temps à une sollicitation liée à une
information, une sensation, une émotion ou à une action. Il en résulte un
dialogue permanent entre les deux hémisphères, débat d’où découle au bout d’un
certain temps une réponse de l’hémisphère dominant. Le cerveau humain est fondé sur une
symétrie brisée et également sur des contradictions dialectiques. Il ne s’agit
pas de deux cerveaux – sauf dans le cas des personnes qui ont eu,
artificiellement ou naturellement une rupture de la liaison, le corps calleux.
Développement de la latéralité chez
l'enfant
La latéralité se définit chez l’enfant et
devient très difficile à modifier à l’âge adulte. D’autre part, les compétences
propres à chacun des hémisphères se développent également pendant l’enfance,
plus précisément entre 6 et 11 ans. La pratique d’un instrument ou d’un sport a
donc plus d’impact sur le développement du cerveau d’un enfant que sur celui
d’un adulte.
Chez
l'enfant, la détermination de la latéralité usuelle se fait par étapes.
2eme étape – Acquisition de la latéralité
(7-8 ans). C'est un développement de la latéralisation. L'enfant prend
conscience de la droite et la gauche chez lui et à l'extérieur de lui, chez les
autres, sur les autres.
3eme étape – Acquisition de la latéralité
représentée (9-11 ans). L'enfant ne fait plus référence directe à son
propre corps pour déterminer la droite et la gauche d'une personne ou d'un
objet. Il est capable de reconnaître la latéralité sur autrui et sur les objets
entre eux. Il n'a plus besoin de représentation directe : il s'imagine dans sa
tête la droite et la gauche de l'objet que l'on lui demande.
L'environnement pré et post-natal
Le
rôle de l'environnement biologique sensoriel pré et post-natal
* L'orientation
de la position du fœtus serait en lien avec la future latéralité de l'enfant.
* Le
taux de testostérone fœtale, les grossesses ou accouchements difficiles, la prématurité
influenceraient positivement la gaucherie.
* La
position du nourrisson couché sur le dos favoriserait davantage une latéralité
droite que la position sur le ventre qui, elle, induirait moins d'asymétrie
dans l'utilisation des deux mains.
* Les
soins apportés aux bébés (et en particulier le portage qui se fait, pour la
majorité des adultes, avec le bras gauche) pourraient également être
responsables de la mise en place d'asymétries.
La
comparaison de populations avec des attitudes culturelles explicites vis-à-vis
de la latéralité manuelle
Dans
d'autres pays (asiatiques et musulmans en particulier), la main gauche continue
d'être mal-aimée même si cette pression culturelle tend à l'heure actuelle à se
relâcher: elle ne saurait être utilisée que pour des activités «sales», les
actions de manger et d'écrire devant être effectuées avec la main droite.
Les facteurs génétiques
La
relative stabilité de la prévalence de la latéralité serait un indicateur d'une
explication au moins partiellement génétique. En effet, malgré la pression
sociale et culturelle quasi universelle en faveur des droitiers, le phénotype
«gaucher» a été conservé à l'échelle de l'évolution.
Les
études familiales sont également en faveur d'une transmission génétique de la
latéralité, que les hypothèses se portent sur la direction ou sur le degré : un
couple de parents droitiers aurait une probabilité de 9 % d'avoir un enfant
gaucher, alors que cette probabilité pour un couple de parents gauchers
atteindrait environ 30 %.
Bien que les facteurs environnementaux aient
un certain impact sur la latéralité, les facteurs génétiques sont plus
importants. En réalité, même si un gaucher est contraint à écrire de la main
droite sa latéralité n’est pas changée mais incomplète, en effet il continuera
à utiliser la partie gauche de son corps pour les activités des autres organes
tels que l’œil ou l’oreille et présentera des meilleurs résultats que si il
utilisait sa partie droite.
Les
troubles de la latéralité
Causes
* Motrices
ou neurologiques. Par exemple, l'enfant est droitier du pied et gaucher de la
main ; il est ambidextre.
* Sociales.
Par exemple, l'enfant est gaucher mais, dans la vie, beaucoup de choses étant
organisées pour les droitiers, on le force à se servir de la main droite pour
dessiner.
* Psychologiques.
Par exemple, l'enfant a connu des difficultés pour unifier son corps, il a du
mal à en percevoir l'axe vertical, comme suite à une angoisse d'origine
affective.
Symptômes
* L'enfant
ne sait quelle main choisir, il est maladroit, il découpe avec la main droite
mais joue aux billes avec la main gauche.
* Les
exercices de précision sont exécutés d'une main, les exercices de force de
l'autre; ainsi, il écrit de la main gauche et lance le ballon de basket de la
main droite.
* La
latéralité n'est pas homogène: l'enfant choisit bien sa main ou son pied
dominant, mais il n'est jamais sûr de savoir quel est le côté droit et quel est
le côté gauche.
Conséquences
* Difficultés
de reconnaissance gauche-droite.
* L'enfant
n'a pas acquis le sens graphique.
* L'enfant
forme ses lettres ou ses chiffres "en miroir".
* Difficultés
de discrimination visuelle.
Activités
pour développer la latéralité
* Demander
à l'enfant de vous aider à mettre la table: il doit placer la fourchette à
gauche et le couteau à droite de l'assiette.
* Pour
faciliter la reconnaissance de la main droite, attacher durant quelques jours
une ficelle au poignet droit de l'enfant.
* Préparer
trois verres d'eau remplis à différents niveaux : demander à l'enfant de placer
celui qui en contient le moins à droite, celui qui en contient le plus à gauche
et le moyen au centre.
* Fabriquer
un jeu de quilles avec des rouleaux de papier hygiénique: l'enfant doit lancer
la balle sur les quilles avec la main droite et ensuite avec la main gauche. Il
peut également viser les quilles de droite ou de gauche.
* Placer
une ficelle sur le plancher: l'enfant doit marcher à droite puis à gauche de la
ligne.
* Attacher
une ficelle séparant verticalement le corps de l'enfant de façon à ce qu'il se
rende compte qu'il possède deux côtés identiques. En se regardant dans un
miroir, l'enfant devra nommer et bouger une à une toutes les parties d'un côté
(du pied au sourcil,...). Reprendre avec l'autre côté.
* L'enfant
touche le mur avec sa main droite, son pied, sa cuisse, son genou,... Reprendre
avec le côté gauche puis alterner côté droit, côté gauche.
* Faire
marcher l'enfant en tenant dans sa main droite une cuillère à soupe qui
contient un poids. Reprendre avec la main gauche.
* L'enfant
doit faire rouler sur la table un rouleau de papier hygiénique vers la droite
puis vers la gauche.
* Demander
à l'enfant si le robinet d'eau froide est placé à droite ou à gauche. Reprendre
la question pour le robinet d'eau chaude.
La
notion de gauche et de droite
L’apprentissage des gestes quotidiens par le jeune enfant, se fait en grande partie, par l’observation de l’autre. Selon la situation, cela peut engendrer des confusions, quand le modèle à imiter se trouve en face ou à côté de l’enfant. Les notions de droite et de gauche, sont relatives à la référence que l’on prend. Une référence est le corps de l’individu : Est à gauche ce qui est à ma gauche. Cette capacité n’est possible qu’après l’âge de 5/6 ans. Il faut se décentrer pour imaginer à la place de l’autre et inverser (ou non), les repères. Cette capacité n’est possible que vers 8 ans.
La préférence
manuelle désigne la tendance à utiliser spontanément une main plutôt que
l’autre (par exemple, pour rattraper une balle ou écrire).
Le
fait d’être droitier est appelée latéralité
manuelle droite, notamment, due à une latéralisation droite des fonctions
motrices liées aux mains.
Le
fait d'être gaucher est un caractère à la fois acquis et inné.
Le
droitier utilise de préférence, et avec plus d’habileté, la main droite pour la
plupart des activités : écriture, travail, sport, musique. À l’inverse, le
gaucher se sert de la main gauche. L’ambidextre se sert des deux mains. La
prévalence droite ou gauche se retrouve pour le pied, pour l’œil et moins
nettement pour l’oreille.
Les gauchers présentent globalement des
résultats plus homogènes entre main droite et main gauche que les droitiers. Le
monde dans lequel on vit est un monde de droitier. Tout est fait pour le
droitier. Le gaucher est fréquemment amené à utiliser sa main droite et
développe ainsi ses compétences alors que le droitier n’a pas toutes ces
opportunités.
* Le
droitier partiel. N'utilise en prédominance que la main droite, mais peut
utiliser indépendamment le pied ou l'œil gauche.
* Le
gaucher homogène ou intégral. Se sert de l'ensemble membre supérieur (main) /
membre inférieur (pied) / tête (œil et oreille) gauche préférentiellement.
* Le
gaucher partiel. N'utilise en prédominance que la main gauche, mais à l'inverse
le pied ou l'œil droit. Par exemple, certains joueurs de foot gauchers shootent
avec aisance de leur pied droit et sont incapables de le faire avec leur pied
gauche.
* L'ambidextre. Se sert indifféremment des deux côtés. Visible entre 2 ans et
demi et trois ans, ce sont des enfants qui n'ont pas encore atteint pleinement
leur latéralisation. L’attention à leur égard doit être accrue de manière à
encourager leur côté prédominant sans entraver leurs tendances naturelles. Le
pédiatre ou le médecin pourra, par expérience, proposer des exercices simples à
faire avec lui.
Latéralité
et écriture
L'écriture
étant une acquisition motrice complexe, est directement dépendante d'une bonne
structuration du schéma corporel.
C'est
en effet avec l'apprentissage de la lecture et de l'écriture que la
latéralisation se fige.
Le comportement et les apprentissages sont le
fruit du fonctionnement conjoint du corps et du système nerveux central. Pour
lire, un enfant doit développer sa capacité à suivre des yeux avec fluidité.
Pour écrire, l’enfant doit pouvoir faire travailler sa main et ses yeux de
manière coordonnée.
Le
développement psychomoteur de l'enfant influence, à la fois, l'apprentissage de
l'écriture et de la lecture. Dans le premier cas, l'activité graphique suppose
le passage progressif de l'activité musculaire globale vers la spécialisation
des groupes musculaires concernés, en particulier le jeu harmonieux des
muscles agonistes–antagonistes qui dépend dans une large mesure des processus
de maturation.
L'évolution
qualitative de l'écriture serait influencée par le développement de la
motricité, du langage et des facteurs de structuration spatio-temporelle, de
l'exercice et du développement général de l'enfant.
Toutes
les fonctions cognitives sont sollicitées en situation d'apprentissage: attention
focalisée demandée, habiletés linguistiques conviées, mémoire de travail
sollicitée, souvenirs appelés, capacités perceptives visuelles exigées,
performances praxiques imposées, flexibilité mentale requise, attention divisée
réclamée.
Les
apprenants sont confrontés à des efforts quasi constants, volontaires et
épuisants. Apprendre en classe met en jeu un nombre considérable de processus
mentaux. Chaque tâche spécifique impliquant des réseaux de neurones
spécifiques. En temps réel, ces différentes voies de traitement de
l'information se combinent.
Le
droitier. Dans la même épreuve chez le droitier, le côté gauche du cortex
montre un modèle similaire, avec une grande partie d'activité dans la région
frontale et dans les zones temporelles et pariétal.
La latéralité est importante dans l'évolution de l'enfant. Elle influence l'idée que l'enfant a de lui-même, l'établissement de son schéma corporel, la perception de la symétrie de son corps. Elle contribue à établir la structuration spatiale : en percevant l'axe de son corps, l'enfant perçoit aussi son environnement par rapport à cet axe.
Voir aussi…
Hémisphères cérébraux chez l'enfant |
Troubles et difficultés de l'apprentissage |
Exercices pour développer le cerveau de l'enfant |
L'exercice physique améliore le fonctionnement du cerveau |
La musique favorise le développement du cerveau de l'enfant |
Proprioception sixième sens relation avec le développement cérébral de l'enfant |
Le langage des signes pour bébés |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire