La plasticité
neuronale, neuroplasticité ou plasticité cérébrale sont des
termes génériques qui décrivent les mécanismes par lesquels le cerveau est
capable de se réorganiser – former de nouvelles cellules cérébrales et de
nouvelles connexions de traitement de l'information entre les réseaux de
neurones et les connexions de ces neurones.
Le
cerveau est ainsi qualifié de "plastique" ou de
"malléable". Ce phénomène intervient durant le développement
embryonnaire, l'enfance, la vie adulte et les conditions pathologiques (lésions
et maladies).
Les
synapses, zones de contact fonctionnelles entre deux neurones, sont
spécialisées dans la transmission nerveuse. Elles évoluent avec le temps:
certaines disparaissent, d’autres se créent, mais toutes se modifient et
renforcent, lors d’une activité. La
plasticité synaptique est à la base des processus d’apprentissage et de
mémorisation, indépendamment d’une lésion.
La
plasticité neuronale est avec la neurogenèse adulte, une des découvertes
récentes les plus importantes en neurosciences et montre que le cerveau est un système dynamique, en
perpétuelle reconfiguration.
Longtemps, les scientifiques ont cru que le
cerveau, une fois mature, se caractérisait par la stabilité de ses connexions,
jugées immuables. Depuis une trentaine d'années, cette vision de la structure
et du fonctionnement cérébral a volé en éclats. Grâce à la plasticité
cérébrale, le cerveau modifie l'organisation de ses réseaux de neurones en
fonction des expériences vécues par l'organisme.
Une décennie de recherche a montré que des
changements sont susceptibles de continuer après la période de l’enfance et que
ces changements des patrons d’activations neuronaux dépendent de l’expérience.
La plasticité est une propriété présente à
tous les niveaux d’organisation du cerveau
* Au
niveau des molécules, les récepteurs possèdent plusieurs états ou
configurations qui permettent de modifier la transmission de l’influx nerveux ;
* Au
niveau de la synapse, l’ensemble des molécules est régi par l’activité, avec
notamment le recrutement de nouveaux récepteurs vers la membrane (exocytose,
traduction locale, etc.) ;
* Au
niveau du corps cellulaire, l’expression génétique est également modulée par
l’activité des différentes synapses ;
* Le
neurone est susceptible de se développer ou de régresser en fonction de son
implication dans un réseau (plasticité neuronale) ;
* Le
réseau lui-même change ses connexions internes et externes constamment au cours
du temps (plasticité cérébrale) ;
* Le
cerveau est enfin capable de produire de nouveaux neurones (neurogenèse)
La neuroplasticité se produit dans le cerveau dans les situations suivantes
* Pendant
l'enfance et l'adolescence, jusqu'à l'âge adulte: quand le cerveau immature
organise lui-même.
* Pendant
l'âge adulte: chaque fois qu’il se forme un nouveau souvenir, s’apprend quelque
chose de nouveau, ou se développe une nouvelle compétence.
* En
réponse à une lésion cérébrale, une maladie ou des troubles cérébraux
génétiques: pour compenser les fonctions perdues ou maximiser les fonctions
restantes.
Cette plasticité disparaît au contact de 5 facteurs
* si
nous sommes soumis à un stress du monde urbain important (pollution sonore et
visuelle),
* si
nous consommons de façon chronique des psychotropes,
* si
nous cessons de faire des efforts physiques (sédentarité),
* si
nous sommes isolés socialement,
* Mais
aussi lorsque nous cessons de nous émerveiller.
Développement
du cerveau
Le développement du cerveau se fait
normalement durant la gestation, les neurones produits se retrouvent à certains
endroits précis dans le cerveau au moment de la naissance.
La neurogenèse et la migration des neurones vers leur emplacement dans le cerveau. Ce sont des mécanismes génétiquement déterminés. Et, déjà avant la naissance, des connexions entre les neurones se créent. Ce processus, appelé synaptogenèse, se poursuit après la naissance à un rythme effréné et le résultat est que le nombre de synapses chez un jeune enfant devient très élevé, le nombre de connexions synaptiques étant bien plus élevé que chez un adulte.
La neurogenèse et la migration des neurones vers leur emplacement dans le cerveau. Ce sont des mécanismes génétiquement déterminés. Et, déjà avant la naissance, des connexions entre les neurones se créent. Ce processus, appelé synaptogenèse, se poursuit après la naissance à un rythme effréné et le résultat est que le nombre de synapses chez un jeune enfant devient très élevé, le nombre de connexions synaptiques étant bien plus élevé que chez un adulte.
Le
cerveau du nouveau-né est hautement plastique. Il se modifie et se complexifie
avec la mise en place d’une immense quantité de synapses après la naissance,
sous l’influence conjointe de facteurs génétiques et des expériences vécues
(dont les apprentissages).
À chaque minute de la vie d’un bébé, 2
millions de synapses se mettent en place. Cette vitesse diminue ensuite et la
quasi-totalité des synapses est organisée vers l’âge de 15-20 ans. Il reste
cependant de la plasticité chez l’homme adulte, qui continue à apprendre.
Après
la naissance, l’émission d’axones et de dendrites et l’établissement des
synapses forment tout d’abord un réseau diffus qui peu à peu se précise et
s’affine, par tâtonnements, essais et erreurs. Certaines synapses sont
sélectionnées, consolidées et renforcées (mémorisation), d’autres se défont
(les terminaisons des axones se rétractent, s’affaiblissent ou dégénèrent).
Par ailleurs, chez le nouveau-né, les voies
de communication neuronales ne sont pas ou peu fonctionnelles, car elles ne
sont pas encore entourées de myéline. La myélinisation des axones est un
processus lent qui se termine au niveau du lobe préfrontal du cerveau dans les
zones impliquées dans les capacités de raisonnement et de contrôle émotionnel
vers l'âge de 25 ans.
La
mise en place des synapses ne se fait pas de façon homogène dans le cerveau. Le
rythme de maturation est différent selon les régions cérébrales. Les aires
sensorielles, comme le cortex visuel par exemple, arrivent à maturité les
premières. Le cortex préfrontal et certains noyaux gris centraux mettent plus
de 15 ans à arriver à maturité et peuvent d’ailleurs continuer à se modifier
toute la vie durant.
Coexistant
avec une organisation sophistiquée innée du cerveau, les circuits neuronaux
sont, après la naissance, hautement plastiques, ce qui permet les
apprentissages (dont certains qui sont loin d’être naturels comme la lecture
par exemple) au fil desquels ils évoluent et se stabilisent.
Même lésé, le cerveau garde une grande
capacité à apprendre. Il peut récupérer une fonction perdue ou développer des
méthodes de compensation. Il a un grand potentiel à s’adapter tout le temps, à
refaire des connexions. D’ailleurs, tout apprentissage reflète sa plasticité.
Pendant
cette longue période de croissance, le cerveau de l'enfant reçoit des signaux
du monde extérieur, interagit avec son groupe social et l'imite.
L’environnement conditionne les capacités
cognitives
De même que la maturation des aires
sensorielles requiert des expériences d’ordre physique (la lumière par
exemple), le développement des fonctions cognitives dépend de signaux de
l’environnement et des interactions sociales qui leur donnent du sens.
La
lente mise au point des synapses jointe à l’imbrication des périodes sensibles
offre à l’enfant un éventail très large de combinaisons synaptiques, pendant
une période où l’apprentissage est massif. Ces combinaisons sont modelées par
les interactions avec l’environnement physique, affectif, émotionnel, social,
culturel ainsi que par l’apprentissage et l’éducation.
Dès
la naissance, le bébé humain a la capacité innée de percevoir le monde et est
sensible à ses régularités, il mémorise de l’information, il produit des sons qui
sont universels (les mêmes quel que soit l’environnement familial et culturel),
il répond de manière privilégiée au visage d’un autre être humain, etc.
Influences du milieu socio-culturel
La famille
Le cadre familial est un facteur important. Avoir
accès aux ressources de la maison et mener une vie dans un cadre sérieux
favorisant les études, influencent positivement les facultés intellectuelles
de l’enfant.
L’éducation
L’éducation joue un rôle majeur dans
l’intelligence. Un enfant possédant des potentiels intellectuels doit suivre
un enseignement approprié à ses capacités pour pouvoir les exploiter le plus
possible, d’où l’existence d’écoles de surdoués.
L’enrichissement environnemental
Une étude effectuée par Rosenzweig et
Bennett (1996) a montré l’effet de la richesse de l’environnement sur la
plasticité cérébrale. Ils ont pu mettre en évidence que le cerveau des rats
élevés dans un milieu enrichi, présente un épaississement du cortex traduisant
un nombre de connexions synaptiques croissant. De même, ils ont observé un
nombre d’épines dendritiques plus important au niveau microscopique. Ainsi,
l’environnement enrichi modifierait l’arborisation dendritique du cerveau, ce
qui entraîne un plus grand nombre de connexions entre les neurones.
Le statut socio-économique
Il y a différentes études qui relient le
statut socio-économique au QI. Les enfants qui ont un meilleur statut
socio-économique ont 17 points de plus dans le même examen que ceux qui sont
plus démunis. Cela veut dire que l’accès aux différentes ressources permet
d’améliorer l’intelligence.
Le mode de vie
Bob Reeves, de l’université de Melbourne, a
effectué une étude qui a montré que l’évolution a modulé les gènes de l’Homme
en développant son rapport à l’espace. Il a observé que les Aborigènes du Nord
de l’Australie ont des compétences de repérage spatial beaucoup plus
développées que les enfants scolarisés. Ceci est probablement dû au fait que
dès leur plus jeune âge, ils doivent se repérer pour survivre. Ainsi, le mode
de vie des aborigènes leur a permis de développer l’intelligence spatiale.
Influences biologiques
Exposition aux produits chimiques toxiques et à d’autres substances
La consommation chronique d’alcool entraîne
une mort neuronale importante. Le volume du cerveau des malades alcooliques
diminue. L’alcoolisation chronique est assimilée à une maladie neuro-dégénérative.
Plus ou moins longtemps après le début de
l’alcoolisation chronique, des dégâts au niveau du cerveau deviennent visibles.
Les substances grise et blanche se réduisent dans le cortex, le cerveau
limbique – dont l’hippocampe, une structure intervenant dans l’apprentissage,
la mémoire et la régulation de l’humeur – et le cervelet. L’individu connaîtra
une diminution du métabolisme cérébral.
Nutrition
Des études ont prouvé qu’une malnutrition
postnatale peut affecter le développement intellectuel : l’expérience effectuée
par Isaac et collaborateurs, consiste à assigner à deux groupes d’enfants
prématurés deux régimes alimentaires, l’un standard et l’autre de haut-aliment
(riche en vitamines), pendant les semaines postnatales. Les scientifiques ont
remarqué que le noyau caudé du groupe de haut-aliment est plus volumineux que
celui de l’autre groupe. Cette différence de volume est corrélée avec la
différence des scores sur les essais verbaux de QI auxquels le groupe de
haut-aliment a obtenu de meilleurs résultats.
D'une certaine manière, la plasticité est
aux ordres de l'environnement. Des études ont montré l'importance que revêt,
déjà, le milieu intra-utérin pour un bon développement cérébral. Ainsi,
l'enfant qui naît d'une mère dénutrie possède moins de neurones, ce qui influe
sur ses capacités intellectuelles.
La majorité des milliards de connexions
neuronales se construisent à partir du moment où l'enfant est en interaction
avec son environnement. Par exemple, la vision du nouveau-né est extrêmement
sommaire, et ce n'est qu'à l'âge de 5 ans que l'enfant aura une vision
comparable à celle de l'adulte. C'est pareil pour les fonctions cognitives :
pour qu'elles se développent, les interactions sociales sont indispensables.
Les parents peuvent améliorer le développement cérébral
Ce
qui fait la ‘qualité’ d'un cerveau, c'est sa richesse en connexions. On peut
les favoriser chez l'enfant par les soins parentaux. A la naissance, l'expression de certains gènes devient sensible aux
variations du monde extérieur. Les soins parentaux sont alors de toute première
importance. Il a été montré, chez le rongeur, qu'une privation maternelle ou paternelle
à la naissance modifiait la distribution topologique des synapses de certains
neurones du cortex limbique (le cerveau des émotions). Et cette altération persiste chez l'adulte.
La richesse des connexions de certains
circuits synaptiques semble être proportionnelle à l'abondance de soins
maternels prodigués aux nouveau-nés.
La maturation du cerveau et l’autonomie affective
Si une stimulation se répète
continuellement, surtout si elle est vécue et ressentie comme émotionnellement
importante, cette stimulation créera un réseau de neurones qui va mémoriser
l’expérience et les réactions qui en découlent. Chaque fois qu’une situation
similaire se représentera, elle renforcera le réseau. Le réseau peut inclure
différentes zones du cerveau et se réactiver parfois même sans qu’une
stimulation externe ne survienne.
Les situations anciennement vécues,
ressenties comme un danger pour l’intégrité de l’être, deviendront moins
invasives et le système émotionnel pourra faciliter une réorganisation du
cerveau.
Le manque sommeil bloque irréversiblement la plasticité du cerveau
Étude publiée par des chercheurs de la New York University et de l'Université de Pékin dans la revue Science en juin 2014.
Leurs travaux, menés sur la souris, autorisée ou privée de sommeil, montrent l’impact d’une privation sur la formation de nouvelles dendrites, les portes d'entrées des neurones qui traitent et relayent l'information d'un neurone à l'autre. Alors que la formation de nouvelles dendrites est associée à l'apprentissage et à la plasticité du cerveau, le rôle essentiel du sommeil sur ces nouvelles connexions est à nouveau confirmé et documenté.
Ils ont entraîné des souris à exécuter une tâche (marcher sur une tige), puis, certaines ont été autorisées à dormir après, d’autres ont été privées de sommeil. Les cerveaux des souris ont ensuite été examinés pour voir comment le sommeil pouvait influencer les connexions entre les cellules nerveuses dans le cerveau.
Les chercheurs ont également testé si l’effet de la privation de sommeil pouvait être annulé en permettant aux souris de récupérer dans les 16 heures qui suivaient la période de 7 heures de privation de sommeil.
* Les souris qui dorment normalement présentent un développement accru de nouvelles projections épineuses entre les cellules nerveuses ou dendrites, dans les 24 heures qui suivent l’exécution de la tâche versus les souris qui n’ont pas effectué la tâche. Et chaque nouvelle tâche entraine la formation d’un autre ensemble de projections épineuses.
* Les souris privées de sommeil après avoir été formées à la tâche, montrent un développement réduit de ces nouvelles connexions entre les cellules nerveuses. Et même si elles sont formées de manière plus intense et prolongée. Ainsi, la privation de sommeil semble borner l’apprentissage, quelle que soit la formation.
* Permettre aux souris privées de sommeil après la formation à la tâche de récupérer, après la période de privation de sommeil, ne rattrape pas l’apprentissage. Ces souris présentent toujours moins de dendrites. L’effet de la privation de sommeil est donc irréversible.
Le sommeil conditionne la mémoire de l’apprentissage. Les souris autorisées à dormir conservent ces projections entre neurones dans les jours suivants, suggérant que l’apprentissage d’une compétence persiste pendant de longues périodes de temps et avec un minimum d’interférences avec d’autres apprentissages.
Le sommeil non-paradoxal principalement impliqué dans la mémoire. Les chercheurs constatent aussi que la privation de sommeil paradoxal (REM) n’entraine pas cette diminution des synapses, qui, à partir des dentrites assurent la transmission de l’influx nerveux. Cela suggère que le sommeil lent (non-REM) serait principalement impliqué dans la formation de nouvelles connexions nerveuses après l’apprentissage.
Le manque sommeil bloque irréversiblement la plasticité du cerveau
Étude publiée par des chercheurs de la New York University et de l'Université de Pékin dans la revue Science en juin 2014.
Leurs travaux, menés sur la souris, autorisée ou privée de sommeil, montrent l’impact d’une privation sur la formation de nouvelles dendrites, les portes d'entrées des neurones qui traitent et relayent l'information d'un neurone à l'autre. Alors que la formation de nouvelles dendrites est associée à l'apprentissage et à la plasticité du cerveau, le rôle essentiel du sommeil sur ces nouvelles connexions est à nouveau confirmé et documenté.
Ils ont entraîné des souris à exécuter une tâche (marcher sur une tige), puis, certaines ont été autorisées à dormir après, d’autres ont été privées de sommeil. Les cerveaux des souris ont ensuite été examinés pour voir comment le sommeil pouvait influencer les connexions entre les cellules nerveuses dans le cerveau.
Les chercheurs ont également testé si l’effet de la privation de sommeil pouvait être annulé en permettant aux souris de récupérer dans les 16 heures qui suivaient la période de 7 heures de privation de sommeil.
* Les souris qui dorment normalement présentent un développement accru de nouvelles projections épineuses entre les cellules nerveuses ou dendrites, dans les 24 heures qui suivent l’exécution de la tâche versus les souris qui n’ont pas effectué la tâche. Et chaque nouvelle tâche entraine la formation d’un autre ensemble de projections épineuses.
* Les souris privées de sommeil après avoir été formées à la tâche, montrent un développement réduit de ces nouvelles connexions entre les cellules nerveuses. Et même si elles sont formées de manière plus intense et prolongée. Ainsi, la privation de sommeil semble borner l’apprentissage, quelle que soit la formation.
* Permettre aux souris privées de sommeil après la formation à la tâche de récupérer, après la période de privation de sommeil, ne rattrape pas l’apprentissage. Ces souris présentent toujours moins de dendrites. L’effet de la privation de sommeil est donc irréversible.
Le sommeil conditionne la mémoire de l’apprentissage. Les souris autorisées à dormir conservent ces projections entre neurones dans les jours suivants, suggérant que l’apprentissage d’une compétence persiste pendant de longues périodes de temps et avec un minimum d’interférences avec d’autres apprentissages.
Le sommeil non-paradoxal principalement impliqué dans la mémoire. Les chercheurs constatent aussi que la privation de sommeil paradoxal (REM) n’entraine pas cette diminution des synapses, qui, à partir des dentrites assurent la transmission de l’influx nerveux. Cela suggère que le sommeil lent (non-REM) serait principalement impliqué dans la formation de nouvelles connexions nerveuses après l’apprentissage.
Stimuler le cerveau nécessite un ensemble de facteurs environnementaux qui se complètent. Développer des capacités d’empathie, éviter trop de stress, mais aussi pratiquer des activités physiques sont des éléments majeurs tout au long de la vie pour retarder ainsi les effets du vieillissement.
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