Être bilingue présente un atout de taille pour le cerveau,
chez
les enfants comme chez les adultes et les personnes âgées
Le bilinguisme. Est bilingue la personne qui se sert régulièrement
de deux langues dans la vie de tous les jours et non qui possède une maitrise
semblable (et parfaite) des deux langues. Elle devient bilingue parce qu'elle a
besoin de communiquer avec le monde environnant par l'intermédiaire de deux
langues.
Il existe deux types de bilinguisme
Le bilinguisme simultané : lorsqu’une
personne apprend deux langues dès la naissance,
Le bilinguisme d’acquisition : quand une
personne acquiert une seconde langue au cours de sa vie et a donc une langue
dominante (sa langue maternelle).
En fonction de leurs expériences propres, de l’âge
d’apprentissage d’une autre langue et de leur environnement, les personnes
bilingues présentent des différences au niveau de la structure neurologique de
leurs cerveaux.
Chez les personnes ayant acquis deux langues dès
leur plus jeune âge, on constate que le volume de matière grise du cortex
pariétal inférieur gauche est accru. C’est cette partie du cerveau qui
permettrait à ces personnes d’équilibrer leurs connaissances dans une langue
comme dans l’autre, et de passer de la première à la seconde sans difficulté.
Le bilinguisme
influence concrètement le fonctionnement du cerveau et cela pourrait avoir un
impact positif sur le vieillissement cognitif.
Le cerveau d’une
personne bilingue est toujours actif dans les deux langues même s’il ne doit en parler qu’une. Cette double
activité l’oblige alors à résoudre des conflits internes (“quelle
langue vais-je choisir pour répondre à telle personne ?”). Un exercice
mental constant qui permet le renforcement
de certains aspects cognitifs du cerveau.
Le multilinguisme
Le multilinguisme est un phénomène complexe qui
résulte de la cohabitation des langues. Il revêt plusieurs formes. Il peut être
individuel, social ou étatique. Dans sa forme la plus simple, le multilinguisme
correspond au bilinguisme (ou au trilinguisme) de l'individu. Le multilinguisme
social, quant à lui, est étendu à toute une communauté. Pour ce qui est du
bilinguisme étatique ou bilinguisme institutionnel, il correspond au bilinguisme
officiel assumé par l'État.
Les bénéfices du multilinguisme
S'il y a bien une chose sur laquelle tout le monde
s'accorde, c'est l'avantage non négligeable que représente le fait de pouvoir
parler plusieurs langues. Les bénéfices sont en effet nombreux.
* Parler plusieurs langues serait bon pour la
santé. La flexibilité neurocognitive est accrue.
* Les multilingues sont nettement moins enclins à
développer des maladies comme Alzheimer par exemple.
* La substance grise, qui nous permet de nous
souvenir de nos histoires et de notre passé, est affectée et ferait ainsi
croitre la puissance de notre mémoire.
* Nos capacités de concentration seraient elles
aussi améliorées.
Cerveau unilingue et cerveau bilingue
Le cerveau unilingue mobilise un ensemble de régions liées au
traitement visuel, moteur et de contrôle de l’interférence. Autrement dit, il
recrute plusieurs zones pour réussir la tâche.
Les monolingues activent un circuit de neurones
plus large avec des connexions multiples dans plusieurs aires du cerveau, comme
les fonctions moteur et visuelle.
Le cerveau bilingue privilégie la zone de traitement visuel, experte
dans la détection des caractéristiques visuelles des objets.
Différences dans le gyrus frontal inférieur dans un cerveau monolingue (en rouge) et dans un cerveau bilingue (bleu) |
Ils n'ont pas besoin d'utiliser les régions plus
en avant, qui sont plus vulnérables au risque de démence. Cela pourrait
expliquer leur meilleure résistance contre les signes de vieillissement
cérébral.
Les systèmes langagiers du cerveau monolingue et
du cerveau bilingue sont à peu près les mêmes, quelle que soit la langue. Mais
lorsque le cerveau apprend une deuxième langue, il a besoin de plus d’espace.
Il va alors chercher des structures dans l’hémisphère droit. Quand cette
deuxième langue est bien apprise, elle n’a plus besoin de cet espace
supplémentaire.
Activité cérébrale bilinguisme vs monolinguisme |
Par ailleurs, l’organisation cérébrale diffère
selon l’âge et la manière dont on apprend la deuxième langue, en immersion ou à
l’école, par exemple. Plus on maîtrise cette deuxième langue, plus on
l’automatise, et plus on retrouve les mêmes structures que celles sollicitées
pour la première langue.
Bénéfices
du bilinguisme
Le bilinguisme présente de nombreux avantages en ce qui concernent les
fonctions exécutives, telles que les capacités d’alternance entre tâches,
flexibilité mentale, capacités d’inhibition. Les personnes bilingues ont en
général un meilleur contrôle exécutif que les personnes unilingues et sont plus
rapides à appliquer les nouvelles règles.
La “fonction exécutive” – expression générique
pour désigner divers processus cognitifs complexes – est régulée par des
réseaux dynamiques et flexibles, englobant diverses régions du cerveau, qui
appuient les processus d'apprentissage et de mémoire, entre autres.
Les fonctions exécutives influencent le contrôle
général du cerveau sur des capacités plus fondamentales, comme l'attention, la
mémoire et les habiletés motrices. Elles permettent au cerveau de réaffecter
les ressources pour optimiser la performance.
Les bienfaits du multilinguisme sur la santé sont
moins faciles à percevoir. Or, parce qu’ils font travailler leur cerveau plus
activement que les monolingues, les bilingues seraient touchés plus tardivement
par les maladies cérébrales telles qu’Alzheimer ou la démence. Cela peut avoir
des effets bénéfiques sur le cerveau en l’améliorant et le protégeant contre la
démence chez les personnes âgées.
La vie de tous les jours devient plus facile dans
un monde de plus en plus multiculturel. Des opportunités professionnelles
inattendues peuvent survenir.
Être bilingue augmente les réserves cognitives, ce
qui va dans le sens d’une plus grande flexibilité intellectuelle ou plasticité
cérébrale.
Le cerveau présente une malléabilité considérable
résultant de l’expérience de l’apprentissage d’une langue, entraînant des
changements autant fonctionnels que neuro-anatomiques tout au long de la vie.
Le facteur de l’âge
Il a été constaté que les bilingues de naissance
avaient avait un volume de matière grise du cortex pariétal inférieur gauche
plus accru. En d’autres termes, c’est cette partie du cerveau qui permettrait à
ces personnes d’équilibrer leurs connaissances dans une langue comme dans
l’autre, et de passer d’une langue à l’autre sans difficulté.
Jusqu'à trois ans, le cerveau des bébés en pleine
construction est beaucoup plus malléable que celui des adultes. À la naissance,
un nourrisson serait même capable de distinguer plus de 800 sons différents,
chose quasi-impossible pour un cerveau adulte. La plasticité cérébrale des
enfants leur rendrait donc l'apprentissage des langues relativement aisé.
Pourtant apprendre une seconde langue à l'âge
adulte n'a rien d'insurmontable. L'apprentissage
et le développement cognitif surviennent à tous les moments au cours de
l'enfance mais aussi durant toute la vie.
Ce qui compte, c'est
quelle langue arrive la première au cerveau, parce que bien que la deuxième
langue soit apprise très tôt et qu'elle ait un niveau élevé, sa représentation
et son traitement dans le cerveau sont différents.
Pour la phonologie,
l'âge auquel la langue est apprise est important parce que la carte
phonologique est faite très tôt, mais elle affecte également la façon dont la
syntaxe est traitée.
Ceux qui apprennent la langue très tôt pendant
l’enfance deviennent parfaitement bilingues et aptes à raisonner dans les deux
langues.
Ceux qui apprennent la langue plus tard pendant
l’enfance peuvent devenir réellement bilingues, mais risquent de raisonner
différemment dans leur deuxième langue.
Ceux qui apprennent la langue à l’âge adulte
pourront devenir bilingues, mais pour cela rencontreront probablement plus de
difficultés qu’un enfant. Toutefois, la plupart des adultes ont besoin de
recourir à leur langue maternelle pour traiter leur seconde langue, et ne
seront pas toujours aptes à cerner les nuances culturelles et non verbales que
les plus jeunes assimilent.
Relation
entre le cerveau et l’apprentissage d’une deuxième langue
Un cerveau qui jongle avec plusieurs langues,
jongle aussi avec différents réseaux. Le bilinguisme développe ainsi des
réseaux cérébraux spécifiques au traitement de chaque langue mais aussi des
réseaux qui permettent les interactions et la mise en concurrence en fonction
du contexte, entre les différentes langues parlées.
Carte du cerveau bilingue |
L’obligation de jongler entre deux langues, la
langue maternelle et la langue apprise, offre aux personnes bilingues un
meilleur contrôle des fonctions exécutives de leur cerveau. En d’autres termes,
les facultés d’attention, de mémoire, de raisonnement développées par
l’apprentissage de la langue sont renforcées. Un avantage pour l’apprenant, qui
peut ainsi traiter chaque information plus rapidement et s’adapter plus
efficacement à l’évolution d’une situation dans sa vie quotidienne, par
exemple.
Les aptitudes de contrôle cognitif, la flexibilité
mentale, la capacité à exécuter des tâches demandant des changements, le suivi
et le contrôle de conflit sont ainsi plus aisés pour une personne bilingue.
Les bilingues n'utilisent que les régions
postérieures du cerveau, les aires que l'on appelle visuo-spatiales, des aires
qui sont chargées du traitement des stimuli et des déplacements dans l'espace. Une
vie entière à constamment passer d'une langue à l'autre fait appel au contrôle
inhibiteur, dans des situations où il faut gérer des interférences et des codes
différents.
Apprendre une langue renforce la capacité du
cerveau à se concentrer. Dès la
première syllabe, le cerveau d’une personne bilingue essaie d’identifier les
mots – dans les deux langues – susceptibles de correspondre aux sons perçus. Le
fait d’avoir à distinguer deux langues développe les fonctions exécutives du
cerveau, en particulier celles qui sont liées à l’attention et à l’inhibition.
À terme, cela rend les bilingues plus aptes à accomplir plusieurs tâches en
même temps.
Dans le cerveau d’un bilingue deux systèmes
linguistiques sont actifs même s’il n’utilise qu’une seule langue, créant ainsi
des situations où un système obstrue l’autre. Cette ingérence n’est pas un
handicap, il oblige le cerveau à résoudre les conflits internes, donner à
l’esprit une séance d’entraînement qui renforce ses muscles cognitifs.
L’ensemble des preuves d’un certain nombre de ces
études suggère que l’expérience bilingue améliore la fonction de direction du cerveau – un
système de commandements qui dirige les processus d’attention que nous
utilisons pour la planification, la résolution de problèmes et la coordination
de diverses autres tâches exigeantes mentalement. Ces processus consistent à
ignorer les distractions et rester concentré, à passer l’attention
volontairement d’une chose à l’autre tout en retenant des informations à
l’esprit – à l’image de la mémorisation d’une séquence de directions pendant la
conduite.
Développement
du langage chez l’enfant
Le bilinguisme concerne en premier lieu les
enfants élevés avec deux langues maternelles et capables de passer tout
naturellement de l’une à l’autre.
Il y a moins d’une génération, on regardait encore
les enfants bilingues avec un sentiment d’inquiétude : on pensait alors
que leurs ressources intellectuelles étaient limitées, et que la coexistence de
deux langues chez l’enfant n’était possible qu’au détriment d’autres
compétences.
Le bilinguisme a eu longtemps mauvaise réputation.
Les doutes reposaient sur le fait qu’on ne savait pas si l’enfant réussirait à
bien parler les deux langues de la même façon, et si le fait de les mélanger
n’allait pas entraver le bon développement de son langage. L’enfant va effectivement mélanger et parler
les deux langues jusqu’à l’âge de 4 ans. Ensuite, de façon naturelle, il
utilisera chacune des langues apprises dans sa petite enfance à bon escient.
Les bébés apprendraient leur langue avant même
d’avoir été mis au monde. Ils seraient sensibles à la langue maternelle alors
qu’ils sont encore dans le ventre de leur mère. Cette faculté des bébés à
distinguer et interpréter les sons apparaîtrait dès la 30e semaine de
grossesse. Une période correspondant au moment où le système auditif du bébé
commencerait à fonctionner.
À la naissance ils seraient par conséquent
capables de distinguer les sons entendus dans le ventre maternel d’une langue
étrangère.
Très tôt, les bébés seraient
capables d’apprendre facilement les bases grammaticales de leurs deux langues
maternelles.
Dès l’âge de 7 mois, ils parviennent à faire la différence
entre ces deux langues aux structures grammaticales bien distinctes. Pour cela
ils utilisent une technique : ils se fient à la hauteur et la durée des
sons, variable suivant la langue.
Les bébés exposés à plusieurs langues développent
plus de connections dans les parties du cerveau qui les aident à avoir des
pensées plus flexibles et à résoudre les problèmes.
C'est en pratiquant deux langues à la fois que
l'enfant améliore sa flexibilité mentale. Dans un environnement bilingue,
l'enfant fonctionne avec les deux langues en état d'activation constante. Pour
utiliser une langue, il inhibe l'autre. C'est une transition constante entre
les deux langues. Cela demande une véritable gymnastique de contrôle.
Le bilinguisme est soit “simultané” quand l’enfant grandit avec des parents qui parlent deux
langues différentes, soit “successif”, quand il apprend précocement une deuxième langue étrangère. Le bilinguisme
est appelé “tardif”, quand une seconde langue est apprise après six ans. Plus
un enfant est exposé jeune à une deuxième langue, plus vite il sera capable de
l’apprendre. Mais plus vite aussi il l’oubliera s’il ne l’utilise pas en
continu tout au long de son enfance.
Après 7 ans, le cerveau
de l’enfant a atteint un seuil de maturation qui ne lui permet plus d’apprendre
une langue de façon intuitive. Plus une langue est introduite tôt, plus facile
sera son assimilation. Les deux langues ne se disputent pas le même espace dans
le cerveau. La deuxième langue étrangère n’entache pas la première langue dite
maternelle. Au contraire, elles se nourrissent mutuellement l’une de l’autre. L’avantage pour les enfants se situe au niveau du
fonctionnement de la mémoire visuo-spatiale et verbale, plus performante que
chez un enfant unilingue.
Intellectuellement, il a été démontré que le fait
de connaître plus d'une langue augmente les capacités cognitives, – c'est-à-dire que les enfants bilingues deviennent plus intelligents. Devoir
assimiler et différencier deux langues donne aux enfants une plus grande
capacité de concentration et de flexibilité mentale. Ces compétences les aident
à comprendre des concepts complexes et à résoudre des problèmes mathématiques
et linguistiques.
Il a été prouvé que les enfants qui entrent à
l'école et continuent d'améliorer leur langue maternelle tout en apprenant
l'anglais, réussiront mieux sur le plan scolaire et apprendront mieux
l'anglais. Des études ont montré que les élèves qui apprennent dans des
programmes bilingues réussissent mieux aux tests standardisés que les enfants
monolingues.
La langue, qu’elle soit comprise simplement comme
des sons articulés ou comme le code qui nous permet de communiquer, forme notre
tout premier lien avec le monde. Le bébé qui pousse un hurlement lors de sa
venue au monde donne déjà de la voix, il veut s’exprimer, se faire entendre. Et
au fur et à mesure, les paroles, la syntaxe, la grammaire, viennent construire
cet édifice qu’est notre univers mental, structurer la façon dont on se représente
ce qui nous entoure.
*
* *
Recherche
La langue maternelle laisse des traces dans le
cerveau
Des chercheurs de l’Université McGill et de
l’Institut neurologique de Montréal, dans un article publié dans la revue
scientifique Nature Communications en
décembre 2015, expliquent que l’exposition précoce à une langue,
même si elle est de courte durée, influence la façon dont le cerveau traite les
sonorités d’une deuxième langue plus tard la vie. Et ce, même si le sujet ne
parle plus cette première langue.
Les chercheurs ont demandé à trois groupes de
jeunes (âgés de 10 à 17 ans) ayant des bagages linguistiques très
différents d’exécuter une tâche consistant à identifier des pseudo-mots
français (comme vapagne et chansette). Les sujets de l’un de ces
groupes étaient nés et avaient grandi dans des familles unilingues
francophones. Les sujets du deuxième groupe, nés en Chine, avaient été adoptés
avant l’âge de trois ans par une famille francophone, avaient cessé de parler
chinois et, par la suite, n’avaient entendu parler que le français et n’avaient
parlé que cette langue. Les sujets du troisième groupe parlaient couramment le
chinois et le français. Lorsque les enfants réagissaient aux mots qu’ils
entendaient, les chercheurs avaient recours à l’imagerie par résonance
magnétique fonctionnelle afin de déterminer quelles parties de leur cerveau
étaient activées.
Si tous les sujets se sont bien acquittés de leur
tâche, les régions du cerveau qui étaient activées différaient entre les
groupes. Chez les jeunes unilingues francophones qui n’avaient jamais été
exposés au chinois, les zones cérébrales connues pour présider au traitement
des sons associés au langage – soit la circonvolution frontale inférieure
gauche et l’insula antérieure – ont été activées.
Chez les sujets bilingues (chinois et français) et
ceux qui avaient été exposés au chinois en bas âge et avaient cessé de le
parler par la suite, d’autres régions du cerveau – particulièrement la
circonvolution frontale moyenne droite, le cortex frontal moyen gauche et la
première circonvolution temporale bilatérale – ont également été activées.
Les chercheurs ont découvert que, chez les enfants
chinois qui avaient été adoptés par des familles unilingues francophones et ne
parlaient plus leur langue maternelle et qui, par conséquent, étaient
fonctionnellement unilingues au moment de l’étude, le cerveau continuait de
traiter le langage comme s’ils étaient bilingues.
Les chercheurs ont découvert que, chez les enfants
adoptés par une famille unilingue francophone et qui ne parlaient plus le
chinois, tout comme chez les enfants bilingues, les régions du cerveau qui
participent à la mémoire à court terme et à l’attention générale étaient
activées lorsqu’on demandait à ces sujets d’effectuer des tâches faisant intervenir
le langage. Ces résultats suggèrent que les enfants exposés au chinois en bas
âge ne traitent pas la langue française de la même façon que les enfants
unilingues francophones.
Au cours de la première année de vie et de la
première étape du développement du langage, le cerveau des bébés recueille et
stocke des informations sur les sons qui se révèlent pertinents et importants
pour la langue qu’ils entendent parler autour d’eux.
Cette découverte témoigne de l’influence unique et
durable des premières expériences langagières sur l’organisation ultérieure du
cerveau, ainsi que de la capacité du cerveau à s’adapter à divers
environnements linguistiques afin d’acquérir de nouvelles compétences dans une
autre langue.
Il s’agit d’une découverte importante, car elle
permet aux scientifiques de comprendre non seulement les mécanismes qui
président au câblage du cerveau pour l’apprentissage d'une langue, mais
également la façon dont ce câblage évolue et s’adapte au fil du temps en
réponse à de nouveaux environnements linguistiques. Cette étude permet en outre
de mieux comprendre la plasticité du cerveau et pourrait mener à l’élaboration
de méthodes pédagogiques adaptées à divers types d’apprenants.
Parler deux langues augmente le volume de la
matière grise
Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Université
de Georgetown (Washington) parue dans Cerebral Cortex en juillet 2015, les
personnes bilingues ont un cerveau différent des autres. Leur volume de matière
grise est plus élevé dans les zones cérébrales impliquant le contrôle exécutif.
Les chercheurs ont recruté 45 personnes en bonne
santé. Certaines ne parlaient qu’une langue, d’autres deux. Un seul impératif
pour qu’elles soient incluses dans le protocole : qu’elles aient appris
leur deuxième langue avant 6 ans.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) a mis en
évidence des différences substantielles entre les participants qui ne parlent
que l’anglais et ceux qui maîtrisent à la fois l’anglais et l’espagnol. Ces derniers
ont davantage de matière grise dans les zones frontales et pariétales,
impliquées dans le contrôle exécutif.
Selon les auteurs, cet avantage viendrait de
l’habitude à gérer deux langues, à sélectionner la bonne et inhiber l’autre
quand le besoin s’en fait ressentir. Ce qui expliquerait que, selon divers
travaux, les bilingues sont plus efficaces dans les tâches qui sollicitent
l’attention, l’inhibition et la mémoire à court terme.
L’apprentissage
d’une langue augmente la matière blanche du cerveau
Selon la recherche réalisée par l’University of
Kent School of Psychology, publiée
dans la revue PNAS en janvier 2015, l'apprentissage d'une deuxième
langue après l'âge de 10 ans, améliore la structure de la matière blanche du
cerveau.
Les chercheurs ont mené des analyses du cerveau à
20 personnes de 30 ans qui avaient appris l'anglais comme une seconde langue après l'âge de 10 ans
et 25 personnes qui ne connaissaient que l'anglais.
Les images indiquent que ceux qui ont appris la
deuxième langue avaient une meilleure structure de la matière blanche. Cette
amélioration se produit dans les zones responsables de l'apprentissage des
langues et le traitement sémantique.
L'étude a également noté qu'apprendre à parler une
autre langue à tout moment de notre vie aide à garder le cerveau actif et le protège contre la détérioration.
L’expérience bilingue prolongée maintiendrait
l’intégrité de la matière blanche notamment dans le corps calleux et une connectivité
fonctionnelle plus distribuée dans les régions frontales que chez les
monolingues.
Le volume de matière blanche – des faisceaux qui
connectent la matière grise et transmettent les informations entre les cellules
nerveuses – est également plus important dans un cerveau bilingue. On peut donc
en déduire que parler plusieurs langues peut modifier la façon dont les
structures neurologiques traitent une information.
Être bilingue permet de ralentir le vieillissement
du cerveau
Selon une étude réalisée par des chercheurs de
l'Université d'Edimbourg, publiée dans la revue spécialisée Annals of Neurology en juin 2014, parler
deux langues est excellent pour la santé du cerveau. Le bilinguisme
améliorerait les capacités cérébrales et permettrait de ralentir sa sénescence.
Pour cette analyse, les chercheurs ont utilisé les données médicales de la cohorte “Lothian 1936”, composée de 835 anglophones de naissance, qui sont nés et vivent dans la région d'Edimbourg. Les participants ont réalisé un test d'intelligence en 1947, à l'âge de 11 ans, à nouveau dans les années 70, et entre 2008 et 2010. 262 participants ont déclaré être en mesure de communiquer dans au moins une langue autre que l'anglais. Parmi eux, 195 ont appris cette seconde langue avant 18 ans et 65 par la suite.
Pour cette analyse, les chercheurs ont utilisé les données médicales de la cohorte “Lothian 1936”, composée de 835 anglophones de naissance, qui sont nés et vivent dans la région d'Edimbourg. Les participants ont réalisé un test d'intelligence en 1947, à l'âge de 11 ans, à nouveau dans les années 70, et entre 2008 et 2010. 262 participants ont déclaré être en mesure de communiquer dans au moins une langue autre que l'anglais. Parmi eux, 195 ont appris cette seconde langue avant 18 ans et 65 par la suite.
Les résultats de cette recherche indiquent que les
personnes qui parlaient deux langues ou plus avaient nettement de meilleures
capacités cognitives par rapport à la moyenne attendue à leur âge. Les effets
les plus forts ont été observés dans l'intelligence générale et la lecture. Ces
effets ont été observés parmi tous les bilingues, et quel que soit l'âge
d'apprentissage de la seconde langue.
Ils ont étudié l'interaction entre le bilinguisme
et le vieillissement cognitif,
en tenant compte des capacités cognitives antérieures à l'acquisition d'une
deuxième langue.
Ces résultats sont d'une importance pratique
considérable. Des millions de personnes dans le monde acquièrent leur seconde
langue plus tard dans la vie. L’étude montre que le bilinguisme, même acquis à
l'âge adulte, peut ralentir le vieillissement du cerveau.
Le bilinguisme stimule le cerveau
Deux équipes de
recherche américaines étudient actuellement les avantages d'une deuxième langue
au jour le jour. Les deux équipes se concentrent sur l'observation des parties
du cerveau qui sont activées chez les personnes qui ne parlent qu'une langue
par rapport à celles qui travaillent dans le cas de ceux qui communiquent
couramment dans au moins deux langues.
Selon une étude réalisée
par des chercheurs de l'Université
Northwestern, publiée dans la revue scientifique Brain
and Language en 2014, parler plusieurs langues permet de stimuler le
cerveau et de l'entraîner à mieux gérer l'information. Le cerveau des bilingues
est plus prompt à traiter l'information que celui des monolingues.
Les chercheurs ont demandé à plusieurs volontaires
bilingues et monolingues d'identifier deux images dont les noms étaient très
proches (clown et cloud). Pendant toute la durée de l'étude, les scientifiques
ont observé leur cerveau par IRM (imagerie par résonance magnétique).
Les résultats ont révélé que les bilingues ont eu
plus de facilité à identifier les images que les autres.
Les bilingues, qu'ils en soient conscients ou non,
choisissent continuellement entre une langue et une autre, ce qui signifie que leur
cerveau est constamment en train
de s'exercer, à passer “du feu vert au
feu rouge” d’une langue à l’autre. comme s'il complétait continuellement
des mots croisés ou des sudokus.
Les enfants bilingues
vont ainsi être capables de traiter l’information plus efficacement et plus
facilement grâce à une co-activation des 2 langues (en même temps), qu’elles
soient en cours d’utilisation ou pas, et au développement d’un contrôle
inhibiteur qui va permettre de sélectionner la langue appropriée.
L'Institut des Sciences du Cerveau et de
l'Apprentissage de l'Université de Washington à Seattle, travaille dans la même
ligne et analyse le processus informel que les enfants développent pour
apprendre plusieurs langues en même temps.
Depuis la mi-2014, ils sont en contact avec la
Communauté de Madrid et le ministère de l'Éducation pour étendre leur recherche
aux écoles dans le premier stade de l'enfance (de zéro à trois ans).
L'équipe de travail de Seattle comprend des
chercheurs de troisième cycle qui analysent l'apprentissage et le comportement
du cerveau de leurs propres enfants, qui sont bilingues en anglais combinés
avec différentes langues. Le cerveau d'une personne qui parle deux langues est
beaucoup plus flexible, fait face à des situations plus complexes, cherche donc
de meilleures solutions et finit par être beaucoup plus agile.
Ils ont déjà présenté leurs recherches au Congrès
des États-Unis. Leurs conclusions ont servi à rassurer la société contre la
crainte généralisée qu'un élève qui grandit entre deux langues nuit à la langue
maternelle et à l’apprentissage d'autres matières.
Les bilingues plus forts contre Alzheimer
Des neurophysiologues de l’hôpital San Raffaele de
Milan, dans une étude publiée dans PNAS (Proceedings
of the National Academy of Sciences) en juillet 2016, ont prouvé qu'en cas d'Alzheimer, les bilingues
conservaient mieux leurs capacités cognitives par rapport à ceux qui ne
parlaient qu'une seule langue.
L’étude portait sur 85 Italiens âgés au stade
précoce d'Alzheimer, dont 45 étaient bilingues (qui parlaient allemand hormis
l'italien). En moyenne, les volontaires bilingues étaient plus âgés de six ans
que les autres sujets et leur scolarité avait demandé moins de temps.
Cerveau avec Alzheimer (à gauche) très réduit par rapport au cerveau sain (à droite) |
L'étude de la structure du cerveau a révélé chez
les bilingues une densité accrue de la matière blanche et grise dans les zones
du cerveau responsables des fonctions générales exécutives et de la maîtrise de
la langue. Ils affichaient également un métabolisme du cerveau plus élevé.
L'effet bénéfique lié au bilinguisme ne dépend
visiblement pas de facteurs comme le nombre d'années passées par les
participants pour faire leurs études, le sexe, le domaine d'activité, le lieu
de vie et d'autres critères démographiques.
Par conséquent, la possession de deux langues peut
influencer davantage la sauvegarde des capacités cognitives qu'un niveau
d'études élevé ou un âge inférieur, ont conclu les chercheurs.
Selon eux, le bilinguisme semble contribuer à
l'acquisition d'une certaine flexibilité du cerveau, ce qui affecte
positivement le maintien des fonctions cognitives en cas de contraction de la
maladie d'Alzheimer.
La maladie d’Alzheimer touche aussi bien les
personnes monolingues que bilingues. Mais ses premiers effets sont retardés de
six mois à deux ans chez les secondes, car le cerveau bilingue se défend
pendant plus longtemps. Si la maladie a attaqué un million de neurones, on le
remarquera moins chez un bilingue, car le reste de son cerveau a plus de
connexions. Pour la personne, cela fait une différence.
* *
*
On peut devenir bilingue à tout âge
Connaître plus d'une langue est bon pour l'activité cérébrale |
Pour les adultes qui ont envie d’apprendre une
langue étrangère, tout est encore possible. Bien que le cerveau perde en
dynamisme avec l’âge, les bienfaits procurés par l’apprentissage d’une langue
restent notables.
La tâche sera certainement plus dure pour un
adulte, dont les méthodes d’apprentissage sont moins efficaces que celles des
plus jeunes.
L’apprentissage actif – parler et écrire – et
l’apprentissage passif – écouter et lire – nécessitent l’usage de différentes
parties du cerveau, si bien que les adultes peuvent apprendre plus rapidement
dans un cas que dans l’autre.
Toutefois, si un adulte persiste dans ses efforts,
il observera les bénéfices de sa capacité à vivre et travailler dans un
environnement mondialisé, et ce en dépit d’un accent plus fort et de progrès
plus lents que ceux d’un enfant.
Il n’est jamais trop tard pour acquérir les mêmes
avantages : en apprenant une nouvelle langue, non seulement c’est pratiquer
un sport cérébral qui aide le esprit à rester en forme, mais en plus, la
diversité des connexions neuronales est stimulée. Cette deuxième “carte
linguistique” enrichit le paysage mental et élargit l’horizon de pensée.
Les avantages d'être bilingue
Devenir multitâches
Quand on parle dans une langue différente de sa
langue natale, le cerveau passe constamment d’une structure mentale à une autre.
Initialement, ce fut considéré comme une interférence, à même de troubler le
sujet pensant. Cependant, avec du recul, il a été démontré que le passage d’une
langue à une autre soumet le cerveau à un entraînement cognitif et l'exerce à
effectuer plusieurs tâches en même temps.
Ceci est du au lobe frontal du cerveau, qui
travaille plus chez un bilingue et donc permet un plus grand contrôle cognitif
des informations, ce qui facilite le passage d’une tâche à une autre.
Une meilleure capacité de concentration
Les bilingues peuvent se concentrer plus
facilement que les monolingues. En effet le lobe frontal qui contient parmi
autres les centres de la pensée/concentration serait plus actif chez l’individu
bilingue. A chaque fois qu’il parle, les deux langues sont actives, le cerveau
doit travailler pour supprimer l’une des deux langues lorsque l’individu
s’exprime. Cette activité fait travailler le lobe frontal du cerveau beaucoup
plus chez un bilingue ce qui fait que cette partie du cerveau est plus efficace.
Maîtriser deux langues offre une plus grande
flexibilité mentale : la capacité de réflexion est décuplée, l’individu a
davantage de facilités à apprendre et intégrer des concepts complexes, ainsi
que des cultures et modes de pensées différents. Des études montrent qu’être
bilingue fait travailler de façon régulière le cerveau, et diffère de 4 ans en
moyenne le début de la perte de la mémoire et des maladies liées à l’âge.
Gymnastique de l’esprit
Apprendre une autre langue permet d’élargir son
champ intellectuel. En effet, quand un individu apprend une autre langue il
doit se concentrer sur la structure des phrases, sur les phonèmes, il doit
faire des interférences, deviner les mots à travers un contexte. Il est même
prouvé que cette gymnastique de l’esprit permet de ralentir l’évolution de la
maladie d’Alzheimer.
Les bilingues ont une meilleure compréhension du
concept de langage. Ils savent qu’un concept peut avoir plusieurs mots pour le
définir, qu’un mot peut avoir plusieurs connotations. Ils ont une meilleure
idée de la nature arbitraire des mots, et comprennent la différence entre le
sens et la forme.
S'améliorer dans sa langue maternelle
Pendant l’enfance, l’acquisition de la langue se
produit indépendamment des principes académiques. Par la suite, l’apprentissage
d’une seconde ou d’une troisième langue oblige l’apprenant à assimiler les
structures linguistiques. Cela lui donne une vision plus claire et une
conscience plus fine des structures propres à sa langue maternelle. En
apprenant un autre langage, on devient un meilleur orateur et un meilleur écrivain
dans sa propre langue.
Le bilinguisme permet également une plus grande
facilité à parler d’autres langues. L’exposition d’un plus grand nombre de
phonèmes lié aux deux langues acquises facilite les chances de reconnaître un
son dans une des deux langues. Par ailleurs, il y a une constante gymnastique
de l’esprit chez le bilingue, en passant d’une langue à l’autre il est donc
habitué à s’exprimer différemment.
Faire face aux défis
Devenir bilingue représente un défi, face à la
complexité et à l’ampleur des connaissances à acquérir et à mobiliser. Mais une
fois que les progrès sont significatifs et les résultats concluants, la manière
dont on affronte le challenge d’apprendre un nouveau langage change
considérablement. Ce n’est plus une tâche impossible mais un ensemble d’étapes
qui permettent d’acquérir des capacités linguistiques et de s’améliorer. En
prendre conscience change notre attitude face aux défis et aux problèmes dans
notre vie quotidienne et nous prépare à envisager le futur comme un processus
de transformation et d’enrichissement.
Un atout dans le monde du travail
Parler couramment plusieurs langues est un atout
dans le monde du travail. Cela suscite l’intérêt des employeurs et permet de
décrocher des postes convoités en grandes entreprises, et plus particulièrement
à l’international.
Prendre de l’assurance et avoir confiance en soi
Être capable d’interagir avec des personnes
étrangères à sa propre culture est très enrichissant sur le plan personnel. En
échangeant avec des gens qui ont une autre manière de raisonner, on développe
une souplesse naturelle et une grande capacité d’adaptation, même si leur
langue est différente. Commencer l’apprentissage d’une autre langue implique de
prendre conscience qu’une grande partie de la difficulté du processus est le
fruit d’une mauvaise estime de soi-même et du manque de confiance nécessaire
pour s’exprimer. Ce complexe dépassé, les tentatives de communiquer dans une
autre langue sont beaucoup plus faciles. Les échanges sont plus fluides et
développés, et le rapport à l’autre est plus dynamique et détendu.
Plus grand accès au monde
En apprenant une langue, on apprend aussi la culture. On apprend à parler dans un contexte linguistique et culturel différent. Les bilingues ont la capacité d’utiliser la langue avec tous les codes sociaux qui l’accompagnent. Le bilingue connait deux cultures, il a accès a deux mondes dans lesquels il s’adapte sans difficulté.
Le bilinguisme favorise la communication avec
autrui et la tolérance des différences. Un individu bilingue aura davantage de
flexibilité à apprécier les différences culturelles et à les comparer. Le goût
pour les voyages à l’étranger en sera renforcé.
Stimuler son cerveau en permanence, en faisant appel à des connaissances acquises, en apprenant, en écoutant, en lisant, en parlant une autre langue, permet de solliciter ses neurones au quotidien et de mieux les préserver du vieillissement. À condition de coupler cette pratique avec une alimentation équilibrée, la pratique d’une activité sportive et un rythme de vie raisonnable. Un esprit sain dans un corps sain.
Voir aussi…
Substance blanche et substance grise du cerveau |
Les bébés ont une perception consciente à cinq mois un marqueur neurologique de la conscience |
Activité cérébrale chez le fœtus |
Hémisphères cérébraux chez l'enfant |
Plasticité neuronale chez l'enfant |
Latéralité cérébrale chez l'enfant |
Des activités pour exercer le cerveau |
La lecture stimule l'activité cérébrale et renforce les connexions neuronales |
La musique favorise le développement du cerveau de l'enfant |
Le cerveau vieillit-il? Des neurones continuent à se développer |
L'exercice physique améliore le fonctionnement du cerveau |
La meilleure alimentation pour le cerveau |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire