dimanche 31 décembre 2023

Conscience et Cerveau – Y a-t-il une Vie après la Mort ?



Quelle est la différence entre le cerveau et la conscience ?

Le cerveau étant considéré comme un simple système de traitement de l'information, la conscience serait alors ce qui pilote son fonctionnement. Il existe des propriétés de la matière que les scientifiques n'ont pas encore découvertes et qui peuvent expliquer le phénomène de la conscience.


La conscience

Comment le cerveau, une structure biologique complexe, fait-il naître cette expérience intime que l’on appelle la conscience ? La recherche n’est pas encore en mesure d’expliquer physiquement la conscience.

L’étymologie latine du mot conscience, “cum scientia” signifie “savoir avec”, savoir que l’on sait. Ainsi, lorsque j’ai conscience d’une douleur, j’ai aussi conscience de la ressentir : la conscience de quelque chose est aussi la conscience d’en avoir conscience. Avoir conscience, c’est s’apercevoir que l’on perçoit et donner un sens à ces perceptions.

Définition

La conscience est un état multidimensionnel qui concerne la capacité d’un individu à accéder à une information mémorisée ou à un état mental. Elle est liée au traitement intégré des informations provenant de canaux différents (acoustiques, visuels, tactiles…) et à la transmission de l’information sélectionnée vers des processus cognitifs basés sur des compétences perceptives, attentionnelles, mnésiques (liées à la mémoire), émotionnelles et évaluatives. L’activation et l’interaction entre les niveaux fonctionnels constitués par ces compétences créent la conscience, un système dynamique finalisé qui produit des interprétations et des intentionnalités.

Le terme conscience désigne trois réalités distinctes

*  la conscience morale : être conscient de ses actes ;
*  la conscience comme éveil : être présent à la réalité ;
*  la conscience comme savoir : par opposition à l'ignorance.

La notion de conscience recouvre trois cas de figures différents

*  la conscience de soi désigne la capacité de réflexion qui caractérise la subjectivité ;

*  la conscience d'objet signifie la faculté du sujet à se représenter les choses extérieures ;

*  la conscience morale désigne une capacité non plus théorétique.


Phénomènes de conscience

Au niveau subjectif, la conscience se manifeste par différents phénomènes :

*  Les sensations et les émotions

*  Les différentes mémoires : mémoire procédurale (habitudes et caractère), mémoire sémantique et mémoire épisodique.

La conscience est souvent appréhendée selon deux aspects :

*  Le niveau de conscience, qui concerne l’éveil ou la vigilance ;

*  le contenu de la conscience, qui se réfère à la perception consciente de l’information sensorielle interne et externe, des pensées, des décisions ou de la métacognition (évaluation de ses connaissances).

Ces deux aspects sont connectés et varient selon un continuum. Un contenu conscient riche est généralement observé en phase d’éveil (sauf pour les rêves, par exemple).


Les différents niveaux de conscience

Conscience d’accès

C’est la conscience de son environnement. Elle se réfère à la capacité à créer des représentations mentales qui serviront à la mise en place d’une action ou d’une pensée contrôlée rationnellement. Autrement dit, elle rend l’information, riche et flexible, accessible à un traitement cognitif. Elle permet par exemple la création de “cartes mentales”, comme dans le cas d’un chien qui marque son territoire. Le sens fonctionnel de ce type de conscience est différent de l’aspect qualitatif des autres états de conscience. Sous cette définition, la conscience peut être étendue jusqu’aux invertébrés, par exemple les insectes sociaux ou les céphalopodes (pieuvres etc.).

Conscience phénoménale

C’est l’expérience subjective et qualitativequalia – des propriétés de l’environnement : l’herbe est verte, la pomme est ronde, la fleur est sucrée, le tonnerre fait du bruit… Elle concerne le “ressenti” : les sentiments, les perceptions, les pensées, les désirs et les émotions mais pas la cognition ou l’intentionnalité ou ce qui pourrait être codé dans un programme informatique.

Les consciences d’accès (A) et phénoménale (P) peuvent interagir, mais l’une peut éventuellement exister sans l’autre : des animaux peuvent avoir P sans A et un robot pourrait avoir A, mais pas P.

Cette théorie est encore très débattue, et pour certains, l’expérience subjective n’est a priori pas suffisante pour affirmer qu’un individu est “conscient” car cela nécessite également une expérience cognitive complexe (A). Le tout permettrait d’être conscient d’une représentation mentale dans un “espace de travail global” (global workspace) qui intègre à la fois les informations mnésiques, attentionnelles et de contrôle exécutif.

Conscience de soi

La conscience s’accompagne de souvenirs, de sentiments, de jugements, de sensations et de savoir que nous rapportons à une réalité intérieure que nous nommons moi. Cette conscience est appelée conscience de soi, et elle est structurée par la mémoire et l’entendement.

Elle est en ce sens une unité synthétique sous-jacente à tous nos comportements volontaires. Les éléments qu’elle contient – souvenirs, sentiments, jugements – dépendent d’un contexte culturel, ce qui fait de la conscience de soi une réalité empirique changeante et multiple. L’unité et la permanence du moi ne sont donc pas garanties par l’unité, peut-être seulement nominale, de la conscience.

Les interrogations sur le mode d’existence de la conscience, l’esprit ou l’âme sont aussi anciennes que la philosophie. On s’est demandé au cours des siècles comment expliquer ces phénomènes : de quoi sont-ils l’effet ? Du corps ? D’une autre substance ? De l’unité du corps et de l’esprit ?

Comment définir et localiser la conscience ?

Les progrès de la neuro-imagerie ont laissé penser que la réponse était accessible. Pourtant, elle échappe encore aux scientifiques.

Il y a plus de trois milliards d’années apparaissaient les premières cellules procaryotes (des micro-organismes unicellulaires dont la structure ne comporte pas de noyau), c’est-à-dire la base première de vie. Aujourd’hui, le cerveau humain contient plus de cent mille milliards de connexion synaptiques.

Prenez une cellule vivante, une cellule de votre corps, par exemple. Son existence est régie par un mécanisme dépourvu d’esprit. Elle est en quelque sorte semblable à un microrobot doté d’une large autonomie mais pas plus conscient qu’une levure. Autrement dit, quelle que soit cette cellule et d’où qu’elle provienne, elle ne sait nullement qui vous êtes ni ne s’en soucie. Et qu’êtes-vous en définitive, si ce n’est un assemblage de milliards de milliards de cellules de ce type ?

Entretemps a émergé la “capacité de penser et de ressentir, d’aimer et de haïr, de craindre et d’espérer, de sacrifier et de vénérer, d’imaginer et de créer”… Bref, une conscience. Cent kilos de levure ne s’émerveillent pas devant une toile de Braque ; vous si, et pourtant, vous êtes fait de cellules qui, fondamentalement, sont du même genre que ces cellules de levure, à cette différence près que les unes et les autres accomplissent des tâches différentes.

D’où vient la conscience ?

Aujourd’hui, les neurosciences cognitives reprennent ces anciennes questions pour tenter de leur apporter des réponses fondées sur l’expérimentation. Leur principe de base est qu’à tout “état mental” – vécu, subjectif – correspond un “état neural” – une configuration du cerveau, observable, objective –. Leur programme de recherche consiste à identifier les corrélats neuronaux de la conscience, c’est-à-dire les processus physiques qui accompagnent telle ou telle manifestation de la conscience.

Les neurosciences ont progressé depuis les années 1990. Il est désormais possible de repérer les flux sanguins qui alimentent l’activité neuronale grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, d’insérer des électrodes qui détectent les impulsions électriques émises par des neurones individuels ou encore de surveiller les ondes électromagnétiques qui balayent le cerveau par électroencéphalogrammes…

Dans cette perspective, l’étude des processus de la vision a été particulièrement féconde, donnant lieu à de multiples études, dont celle, particulièrement intéressante, de ce qu’on a appelé la “vision aveugle”. Les sujets atteints de certaines lésions aux cortex visuels primaires ont certaines parties de leur champ visuel totalement obscurcies. Pourtant, si l’on présente un signal lumineux dans ces zones et qu’on les interroge sur la présence ou l’absence d’une lumière, ils “tombent juste” dans la plupart des cas. Autrement dit, ils ont bien vu le signal lumineux, mais sans en avoir aucune conscience perceptive. Ils ont vu sans voir. Cette expérience de la “vision aveugle” semble ainsi permettre de conclure qu’il existe dans le cerveau des régions nécessaires à la survenue de la conscience, mais indépendantes des structures assurant la transmission “brute” des signaux. En l’occurrence, les informations visuelles atteignaient bien les premiers relais sous-corticaux, mais restaient déconnectées du cortex visuel primaire, ce qui les privait d’un accès à la conscience perceptive. L’étude de la perception visuelle témoigne ainsi d’une corrélation importante entre l’activité de certaines régions cérébrales et la conscience des perceptions.

Peut-on localiser la conscience ?

De façon plus générale, de nombreux chercheurs ont proposé des localisations cérébrales de la conscience : aires visuelles du cortex, hippocampe, liaisons entre thalamus et cortex.

L’étude de la conscience en deux plans distincts présente des difficultés : expliquer l’effet que cela fait d’être soi.

Le “problème facile” consiste à trouver les processus cérébraux qui sous-tendent des phénomènes comme la perception, la mémoire, l’attention. Et le “problème difficile“ est celui qui découle de l’aspect phénoménologique de la conscience.

Mais une chose est de repérer des circuits et des processus cérébraux associés à des phénomènes mentaux, autre chose est d’expliquer le fait même d’être conscient, le vécu subjectif de la conscience.

Il ne s’agit alors plus seulement de repérer les circuits nerveux qui nous permettent par exemple d’être informé d’une douleur dans le pied (problème facile), mais d’expliquer comment naît l’impression subjective de la douleur.

L’accès aux perceptions sous leur forme consciente n’est en effet possible que du point de vue de la première personne, telles que je les ressens, tandis que ce que décrit la science, les configurations neuronales, ne sont accessibles que du point de vue d’un tiers, d’un observateur extérieur, telles qu’il les voit.

Ce contenu subjectif de l’expérience mentale, le “ressenti brut” de l’expérience de la vie et du monde, propre à chaque individu et donc incommunicable, est ce que l’on nomme les qualia – et c’est bien leur insaisissable nature qui pose problème. L’on peut par exemple expliquer la douleur, ses mécanismes neurologiques et ses rôles évolutifs… mais il y a aussi expliquer ce que cela fait de sentir, aspect phénoménal qui résiste à toute réduction fonctionnelle. La douleur a donc une propriété physique mais aussi une propriété consciente, le sentiment douloureux : la matière aurait un “dualisme des propriétés”.

La conscience pose aux neurosciences cognitives un sérieux problème dans l’équation qui résume leur approche : à tout état mental – perçu et subjectif – correspond un état neural – un état physique du cerveau, observable et mesurable –.

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Y a-t-il une vie après la mort ?



Depuis plusieurs siècles, la science se substitue progressivement à la religion pour expliquer les grands mécanismes de la vie. La reproduction, l’évolution, les maladies, l’hérédité, le vieillissement : les cartes se dévoilent une à une et s’associent pour former un château d’une improbable complexité. Mais l’édifice s’élève de plus en plus haut en dépit d’un problème de fondation criant : les deux plus grands mystères de l’humanité restent toujours inexpliqués. Pourquoi sommes-nous là ? Qu’est-ce que la mort nous réserve ? Nous l’ignorons. Et ce sont ces lacunes qui poussent des milliards de personnes à croire encore en Dieu.

Des chiffres édifiants qui témoignent de l’impuissance des sciences devant certains phénomènes troublants.

L’expérience de mort imminente (EMI)

Partout dans le monde, des millions de personnes rapportent des témoignages incroyables après s’être trouvées dans un état de mort clinique et avoir miraculeusement repris conscience. Une lumière blanche au bout d’un tunnel, des êtres lumineux, une vie qui défile, un bien-être intense, la sensation de sortir de son propre corps… Les récits se ressemblent. Au-delà des cultures, des âges et des croyances, la séquence événementielle de l’expérience reste étonnement très conservée. On dit que ces gens qui semblent revenir de l’outre-tombe font l’expérience de la mort imminente.

Et ces traits communs qui sont retrouvés dans la plupart des EMI ont été étudiés par plusieurs chercheurs qui prennent désormais ces témoignages très au sérieux. Il faut dire que les progrès de la réanimation ont fait exploser le nombre des EMI et qu’il est désormais difficile de les accuser tous de charlatanisme. D’autant que parmi eux se trouvent des scientifiques émérites comme le professeur de neurochirurgie Eben Alexander qui a radicalement changé d’avis après avoir vécu lui-même l’expérience et le docteur Raymond Moody qui a consacré un ouvrage au sujet en recueillant des témoignages dans son hôpital.

Ce retour en arrière prenait la forme d’images mentales, disons, mais c’était des images beaucoup plus vives qu’en temps normal. Je ne revoyais que les moments importants. Cela passait à toute vitesse comme si je feuilletais le livre de ma vie entière en quelques secondes. Cela se déroulait devant moi comme un fil prodigieusement accéléré. Tout en me permettant de tout voir et de tout comprendre”.  C’est un témoignage comme on en retrouve des dizaines dans le recueil du docteur Moody. Et tous comportent cette teinte un peu mystique qui fascine autant qu’elle rend perplexe.

Pourquoi ces expériences posent-elles problème ?

Le premier problème posé par l’expérience de mort imminente est la définition même de la mort. Certains des individus qui ont expérimenté l’EMI étaient déclarés morts par le corps médical. Or, si nous considérons, comme l’indiquent les théories scientifiques matérialistes actuelles, que la conscience est inextricablement liée au corps humain, le phénomène décrit par ces personnes est totalement impossible. Soit les personnes ne sont pas vraiment mortes, soit le paradigme scientifique dominant de notre époque est faux. Dans un cas, comme dans l’autre, il y a quelque chose qui nous échappe.

A partir de quand une équipe médicale peut affirmer qu’une personne est morte ? C’est une question qui peut paraître évidente mais dont les réponses diffèrent en fonction des époques et des cultures. Pendant des siècles, le seul critère de la mort utilisé par les médecins fut le constat de la cessation d’activité cardiaque et respiratoire, autrement dit l’arrêt cardio-respiratoire. C’était un critère extrêmement lisible, plein de bon sens et qui validait nos représentations collectives de la mort.

Mais avec les progrès de la médecine, nous sommes parvenus à “faire revenir” des personnes qu’on croyait définitivement parties. Et les frontières de la mort ont dû être repoussées. Non, les personnes en arrêt cardiorespiratoire ne sont pas forcément mortes. Les soins avancés en réanimation, les respirateurs artificiels, les défibrillateurs ont montré que le cerveau était parfois capable de se ressaisir et de reprendre le contrôle des fonctions vitales.

Aujourd’hui, en France, le constat de la mort ne peut désormais être établi que si 3 critères sont réunis :

*  L’absence totale de conscience et d’activité motrice spontanée.

*  L’abolition de tous les réflexes du tronc cérébral.

*  L’absence de toute respiration spontanée.

Les médecins s’appuient sur des examens et des observations pour certifier que chaque critère est bien rempli. Mais l’un de ces critères interpelle. Que savons-nous vraiment de la conscience alors que la communauté scientifique elle-même peine à établir une définition qui fait l’unanimité ? Et il faudrait prouver que des personnes en sont dépourvues ? En cas de doute, le médecin utilise un examen qui mesure l’activité électrique du cerveau : l’électroencéphalogramme (EEG). On place des électrodes sur le cuir chevelu du patient et l’appareil d’enregistrement convertit les impulsions électriques en tracés graphiques. Si le tracé obtenu est plat, on estime qu’il ne subsiste plus aucune activité électrique dans le cerveau et qu’on fait face à une absence totale de conscience. Un deuxième EEG attestera un peu plus tard que l’absence de conscience constatée est irréversible. La méthode semble infaillible.

Une étude publiée, dans la revue PLOS ONE en 2011, a semé le doute. Des chercheurs de l’université de Montréal sont parvenus à démontrer qu’une activité cérébrale inconnue pouvait survenir chez des personnes dans le coma qui présentaient un électroencéphalogramme plat. Ces ondes électriques insoupçonnées et baptisées “complexes Nu” ont mis fin à une croyance érigée en dogme selon laquelle au-delà d’un EEG plat, il n’existait plus d’activité cérébrale possible. Cela prouve que le cerveau est capable de survivre à un stade extrêmement profond de coma. Et cela prouve surtout que nous n’avons pas encore une conception claire de la mort. Nous essayons d’interpréter les signes physiologiques que nous sommes capables de déceler.

Comment interprète-t-on scientifiquement ces expériences ?

Le cerveau est un organe fondamental du corps humain. C’est l’organe de l’esprit. Pour fonctionner, il a besoin d’être constamment alimenté en oxygène et en glucose. Lorsqu’on le prive de l’un des deux éléments, en bloquant la respiration ou la circulation sanguine, il subit rapidement une altération de ses fonctions. Et c’est exactement ce qui se produit en cas d’attaque cardiaque : le cœur n’est plus capable de distribuer le sang jusqu’au cerveau qui manque alors cruellement d’oxygène.

Mais que se passe-t-il entre l’arrêt du cœur et l’arrêt définitif du cerveau ? Est-ce que c’est au cours de cet intervalle de temps que se produit l’expérience de mort imminente ? Combien de temps peut s’écouler entre les deux événements ? Il y a encore quelques années, les chercheurs estimaient que le cerveau s’arrêtait une quinzaine de secondes après l’arrêt du cœur. Mais en 2013, une expérience conduite sur des rats a montré que le cerveau enregistrait encore une activité 30 secondes après l’arrêt cardiaque. Et que cette activité témoignait d’un état d’éveil particulièrement intense. Plusieurs publications dont la célèbre étude AWARE chiffrent aujourd’hui la période durant laquelle un état de conscience est possible malgré l’arrêt cardiaque à 3 minutes, et ce même lorsqu’on constate une activité électrique nulle. Le cerveau ne s’arrête pas quand le cœur s’arrête de battre. Au contraire, il augmente son activité. Il se débat. Pour les scientifiques matérialistes, c’est au cours de cette période que se produit l’EMI.

Privé d’oxygène, le cerveau met tout en œuvre pour faire face à ce drame biologique inédit. Il tente de réguler la communication devenue difficile entre les cellules en libérant massivement du glutamate, une substance très active vis-à-vis de la mémoire. Et pour enrayer le dérèglement des teneurs en calcium auquel conduit l’excès de glutamate, le cerveau produit également une substance proche de la kétamine, reconnue pour ses effets hallucinogènes et sa capacité à provoquer une déconnexion du niveau sensoriel. Mais la partie du cerveau qui serait surtout impliquée dans l’EMI serait celle des lobes temporaux, connus pour jouer un rôle dans les cas d’épilepsie, d’émotions intenses, de rappel de souvenirs et de dépersonnalisation. Leur lente agonie participerait activement à l’expérience. Le tunnel lui-même trouve son explication : l’excitation aléatoire du cortex visuel produirait un effet de lumière brillante au centre du champ visuel et un fondu vers l’obscurité en périphérie.

Et ce qui ressort de ces théories, c’est que la mort n’est pas un événement ponctuel mais un processus qui se produit en plusieurs étapes. Plusieurs étapes au cours desquels se produisent des phénomènes neurobiologiques impliquant la conscience, les souvenirs, les perceptions passées. Des phénomènes dont nous ignorons encore presque tout

Le paradigme matérialiste de la conscience est-il vraiment valide ?

Certains chercheurs n’adhèrent pas à la conception matérialiste dominante de la conscience. Pour eux, ces expériences montrent que la conscience est sans doute détachée du corps humain. Ce sont les dualistes.

Ils estiment comme le chercheur Pim van Lommel que le cerveau peut très bien n’être qu’un récepteur comme un poste de télévision qui retransmet les émissions qu’il reçoit. Si le poste tombe en panne, la télévision elle continue d’exister. Les dualistes opposent deux arguments principaux aux matérialistes. Environ 20% des personnes réanimées après une attaque cardiaque rapportent une expérience de mort imminente. Et cette faible proportion pour eux n’est pas compatible avec la thèse des matérialistes. Avec une explication purement physiologique comme l’anoxie cérébrale pour l’expérience de mort imminente, la plupart des patients qui ont été cliniquement morts devraient en rapporter l’expérience.

Mais il se pourrait qu’une proportion beaucoup plus élevée de gens aient des expériences du même genre, mais ne s’en souviennent pas. C’est précisément ce qui se produit chez des milliers de personnes qui connaissent de grands traumatismes comme un accident de voiture ou une chute d’escalade. Ils enregistrent le traumatisme mais celui-ci devient inaccessible momentanément et parfois même définitivement. Il existe une statistique qui renforce ce contre-argument. Plus les sujets sont jeunes, et plus l’incidence de l’expérience de mort imminente est élevée : de 85% chez les enfants, on passe à 48% chez les quadragénaires et à 18% chez les plus de 60 ans. Et nous savons aussi que les capacités de rappel d’un souvenir diminuent avec l’âge… Il est donc possible que nous expérimentions tous ce genre de phénomène à l’approche d’une mort imminente.

Un autre point pose problème aux dualistes. Les matérialistes sont parvenus à expliquer plus ou moins les différentes sensations de l’EMI excepté l’une d’entre eux. Comment, alors que l’absence d’activité électrique corticale semble rendre impossible toute perception sensorielle, les “expérienceurs” (personne ayant vécu une expérience de mort imminente) peuvent-ils entendre et voir les personnes qui les entourent ? Certains d’entre eux prétendent même avoir des possibilités de conscience supérieures à celles qu’ils connaissent habituellement comme se déplacer dans l’espace hors de leur corps et avoir accès à des informations pourtant inaccessibles depuis leur point de vue corporel.

De nombreux chercheurs ont réussi à reproduire les expériences de sortie du corps en stimulant des zones particulières du cerveau comme le gyrus angulaire ou le lobe temporal droit. Mais aucun d’entre eux n’a réussi à reproduire la médiumnité parfois rapportée par les personnes. Des chercheurs dualistes ont conduit une étude visant à attester du pouvoir de voyance des expérienceurs au cours de l’EMI. Puisqu’ils prétendent pouvoir visualiser leur corps depuis une source extérieure alors qu’ils sont cliniquement déclarés morts, ils devraient pouvoir visualiser des objets particuliers disséminés dans la pièce et autour du corps. Les chercheurs ont donc placé photos, souvenirs et objets de valeur sentimentale sans qu’aucun des expérienceurs n’en mentionnent leur présence dans leur récit.

Imaginent-ils une autre scène basée sur les dernières mesures sensorielles qu’ils ont pu effectuer ? Comment expliquer dans ce cas que leur récit corresponde à celui des médecins ? Peut-il s’agir de simples coïncidences ?

Nous ne connaissons pas la vérité. La science n’a pas de vérité. “Il n’y a pas de vérité qui soit scientifique, il y a des vérités provisoires qui se succèdent, où la seule vérité c’est d’accepter cette règle et cette recherche” disait le philosophe Edgar Morin. Et aujourd’hui, la vérité provisoire appartient aux matérialistes.

Pourquoi les EMI sont-ils si religieux ?

Incontestablement, nous retrouvons dans les récits, les légendes et les croyances du monde, les thématiques de sorties de corps, d’ascension, de tunnel et de lumière éblouissante, de retrouvailles avec des présences humaines au moment de la mort. Et à nouveau, des similitudes apparaissent.

Est-ce que ce sont ces représentations collectives et symboliques qui influencent les expériences des personnes qui frôlent la mort ? Les mythes dans lesquels elles ont baigné depuis tout petit ont-ils façonné leurs interprétations de l’expérience ?

Ou bien serait-ce le contraire ? Des expériences ancestrales de personnes ayant frôlé la mort ont-ils pu construire un ensemble de croyances aux quatre coins du globe de manière indépendante. Leurs récits ont-ils alimenté ces légendes qu’on raconte encore aujourd’hui et qui se traduisent dans les textes sacrés et dans des milliers d’œuvres d’art ?

Les deux théories sont possibles et certainement pas incompatibles. D’autant que les EMI existaient déjà dans les temps reculés. Les Grecs anciens les appelaient “Deuteropotmos” tandis qu’on parlait de Las Dog” chez les tibétains pour désigner les personnes mortes qui seraient revenues du paradis pour raconter leurs histoires. Et comme à notre époque, les individus qui racontaient le même genre d’expérience, avec le même genre de sensations, avaient beaucoup de difficultés à être crues. Mais certains ont pu l’être et nourrir les récits les plus légendaires…

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Est-ce que la conscience vit après la mort ?



Oui, la survivance de la conscience après la mort est évidente et appuyée par les recherches scientifiques de ces 45 dernières années portant sur les “expériences périmortelles”. Il s'agit d'expériences survenant juste avant, pendant, et après la mort.

La vie après la mort étudiée par les chercheurs

Tout au long de l'histoire, la mort a été considérée en fonction d’une convention sociale selon laquelle il y avait une ligne entre la vie et la mort et qu'une fois qu'elle était franchie, il n'y avait pas de retour en arrière possible.

Au cours des 60 dernières années, cela a été remis en question parce que la découverte de la réanimation cardio-pulmonaire a ramené à la vie certaines personnes qui, d'un point de vue biologique, étaient entrées dans la mort.

Les scientifiques basent leurs analyses sur les témoignages de personnes ayant vécu différentes expériences liées à la mort.

Or, une étude scientifique sans précédent vient de démontrer que la conscience d'une personne ne s'éteint pas immédiatement lorsque le cœur s'arrête de battre et a prouvé que des expériences telles que voir sa vie défiler devant ses yeux ou avoir la sensation de quitter son propre corps sont différentes des hallucinations. Ils sont plus réels que nous ne l'aurions cru.

La vie après la mort – un mythe ou une réalité?

L'étude menée par la Grossman School of Medicine de l'Université de New York (NYU), présentée lors des récentes sessions scientifiques 2022 de l'American Heart Association à Chicago, a révélé qu'une personne sur cinq qui survit à une réanimation cardio-pulmonaire (RCP) après un arrêt cardiaque peut décrire des expériences de mort lucide survenues alors qu'elle était apparemment inconsciente et sans battement de cœur.

Alors que les médecins ont toujours supposé qu’il y a peu ou pas d’activité cérébrale après environ 10 minutes d’arrêt cardiaque, cette étude viendrait prouver le contraire. Il y a des signes d’activité cérébrale normale et presque normale jusqu’à une heure après la réanimation.

Les chercheurs ont non seulement pu montrer les marqueurs de la conscience lucide, mais également pu montrer que ces expériences sont uniques et universelles. Elles sont différentes des rêves, des illusions et des délires.

L’enquête a été menée auprès de 53 patients ayant survécu à un arrêt cardiaque dans 25 hôpitaux, situés notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni. Près de 40% d’entre eux ont affirmé avoir des souvenirs de ce qui s’était passé pendant qu’ils étaient “morts”.

Il existe un arc narratif chez les personnes qui vivent une expérience de mort imminente. Leur conscience devient plus vive, plus vive et plus aiguisée, l’expérience la plus courante serait un état de conscience de 360 degrés de l’espace entourant la personne en arrêt cardiaque.

Dans la mort, ils ont la perception qu’ils sont séparés de leur corps et ils peuvent alors se déplacer. Mais ils sont dans cette salle d’hôpital et ils collectent des informations. Ils sentaient qu’ils étaient pleinement conscients.

L’étude a également permis de confirmer que certaines personnes voient leur vie défiler devant leurs yeux. D’une manière ou d’une autre, dans la mort, leur vie entière passe au premier plan. Il s’agit d’une réévaluation profonde, utile et significative de leur vie. Il s’agit d’un phénomène universel qui se produit partout dans le monde, bien que chaque expérience soit unique en soi.

Les scientifiques concluent que ce ne sont pas des hallucinations. Ce sont des expériences bien réelles qui se produisent dans la mort.

Enquête sur la continuité de la conscience après la mort

“Cette vie... et au-delà”. Étude publiée par Christophe Fauré en janvier 2023. Expériences de mort imminente (EMI), expériences de mort partagée, VSCD (Vécu subjectif de contact avec un défunt), états de conscience accrue au seuil de la mort… Certains phénomènes humains semblent contredire l’idée que la conscience n’est qu’une simple production de notre cerveau. Dans la communauté scientifique elle-même de nombreuses voix remettent en question ce postulat.

Pour aborder l’hypothèse de la continuité de la conscience après la mort, Christophe Fauré s’appuie sur tous les travaux scientifiques – de plus en plus nombreux – et combine sa vision de médecin en unité de soins palliatifs – où les récits de ces phénomènes sont pléthores – à sa connaissance des traditions spirituelles (bouddhistes, hindouistes) ayant un discours extrêmement précis sur la nature de la conscience qui fait écho à ce que nous enseigne la physique quantique.

Porté par un médecin, son étude pourra apporter du réconfort non seulement à ceux qui accompagnent un proche en fin de vie et aux endeuillés, mais aussi à nous tous tant cette interrogation est universelle.

Une autre vie nous attendrait 

Les personnes qui ont raconté leurs expériences n’ont pas été ramenées de la mort, mais ont été sauvés à un point très proche de la mort. Personne ne peut donc affirmer qu’elles indiquent ce qui nous attend tous à l’étape ultime de la mort. Mais elles peuvent nous donner une idée de ce qui nous attend avant ce moment fatidique, et tout indique qu’il y aurait une vie après la vie.

Une vie qui retracerait les souvenirs de la première tout en se nourrissant de nos facultés sensorielles, perceptives et imaginatives. Une vie intérieure faisant apparaître d’autres temporalités que notre confrontation au monde extérieur. Et cette vie ne serait pas forcément brève mais simplement affranchie du temps.

Le temps n’a pas d’existence en tant que tel. Ce sont les choses, et leur écoulement qui rendent sensibles le passé, le présent, l’avenir précise Aristote. L’horloge mentale qui est en nous, qui bat la régularité de l’écoulement du temps et qui en permet l’existence, semble se détraquer dans certaines situations très particulières. Beaucoup ont rapporté que le temps s’arrêtait lorsqu’ils croyaient mourir. Les quelques secondes qui séparent l’anticipation d’une collision avec un véhicule et la collision elle-même durerait une éternité. Des auteurs ont montré que cette impression de ralenti était due au fonctionnement de notre mémoire. Face à un événement potentiellement fatal ou très inattendu, la mémoire enregistrerait un maximum d’informations de manière à rappeler plus facilement des souvenirs ressemblant à la situation fatale et nous permettant d’y survivre. C’est cet enregistrement massif d’informations qui nous donnerait l’illusion que l’événement dure plus longtemps. Et puisqu’il n’existe rien de plus fatal, de plus inattendu que la mort elle-même, il est permis de croire que le temps se dilate encore davantage à son approche, nous livrant à une réverbération sans fin de nous-même où se déploient perceptions conscientes et inconscientes. Un voyage pluridimensionnel, entre mémoire et souvenirs. Entre nostalgie et attente. Entre la vie et la mort.


Il y aurait bien une conscience phénoménale qui résisterait à une explication purement physique


Voir aussi…

Neurosciences

L'optogénétique – la nouvelle révolution dans l'étude du cerveau

Neurotransmetteur glutamate et l'acide glutamique


mercredi 29 novembre 2023

Le Glyphosate – Dangereux pour l'Homme et pour l'Environnement




Le glyphosate est un herbicide non sélectif et systémique à large spectre d'action sur les végétaux utilisée en zones agricoles, forestières et non agricoles. N'importe quelle plante peut l'absorber par ses tissus. L'actif chimique empêche la plante affectée de produire les protéines nécessaires à sa croissance, ce qui conduit finalement à sa mort.

Sa fonction est de détruire les plantes considérées comme des “mauvaises herbes” ou des adventices par les agriculteurs, c'est-à-dire celles qui “volent” l'espace, la lumière, l'eau et les nutriments lors de la plantation. Il est généralement appliqué dans la préparation d’une monoculture, pour éviter l’apparition des “mauvaises herbes” et laisser libre passage aux cultures contrôlées.

Depuis quelques années, l’agriculture industrielle utilise le glyphosate juste avant les récoltes, afin de tuer et de dessécher la plante pour rendre la cueillette plus rapide.

Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le monde. Il doit sa prédominance à sa simplicité d’utilisation, son efficacité sur tous les types d’adventices (couramment appelées “mauvaises herbes”) annuelles ou vivaces et son faible coût par rapport aux autres herbicides. La molécule entre également dans la composition d’un large panel d’autres désherbants.


Origine et utilisation du glyphosate

Dans les années 1970, Monsanto, l’une des plus grandes sociétés agrochimiques au monde, a lancé le Roundup, un herbicide dont le glyphosate est l’ingrédient actif.

Jusqu’en 2000, Monsanto détenait le brevet, et après cette date, davantage d’entreprises se sont jointes à la fabrication de l’herbicide, comme Dow Chemical-Dupont et Syngenta-ChemChina.

Monsanto est également responsable du développement de variétés génétiquement modifiées (GM) de maïs, de soja et de coton résistantes au glyphosate. Ainsi, l'herbicide peut être utilisé même lorsque la culture contrôlée est déjà en croissance, sans l'endommager.

Cela est dû à sa résistance, même si elle endommage la végétation indigène, provoquant la destruction de tout autre type de plante qui tente de germer dans ce sol, ce qui entraîne des dommages environnementaux.

En France, les pesticides contenant du glyphosate sont interdits pour les particuliers depuis 2019 mais restent permis en agriculture. Ils sont principalement utilisés pour éradiquer toutes les plantes des champs avant d’y semer de nouvelles cultures (blé, maïs, colza, etc.) ou pour gérer les mauvaises herbes entre les rangs de vignes ou dans les vergers. Très peu chère et très efficace, la molécule est devenue après des dizaines d’années d’usage un incontournable de certains modes de culture à travers le monde.

Ailleurs, notamment en Amérique du Nord comme du Sud, les groupes agrochimiques ont l’autorisation de vendre des semences génétiquement modifiées résistantes aux herbicides à base de glyphosate, dites “Roundup Ready”.


Conséquences environnementales du glyphosate

Son utilisation a un coût élevé pour l’écosystème dans lequel il est utilisé. Pendant des années, l’idée a été défendue selon laquelle le glyphosate ne générait de résistance dans aucune plante. Cependant, de plus en plus d'études prouvent que plusieurs espèces (par exemple des genres Xanthium et Lolium) présentent déjà une résistance à cet élément, ce qui se traduit par des adventices “tolérantes”, puisque le glyphosate n'agit plus efficacement sur ces espèces et leur prolifération augmente.

L’abondance de mauvaises herbes résistantes a plusieurs effets négatifs, tant sur les cultures que sur l’environnement :

* Les coûts de production augmentent dans le contrôle des mauvaises herbes en augmentant la demande d'herbicides et de pratiques de contrôle.

* Une plus grande dépendance aux produits agro-chimiques.

* Dommages à la faune.

La conséquence immédiate de ce phénomène est que les agriculteurs décident d’augmenter les doses de glyphosate pour générer l’effet souhaité. De fortes concentrations de glyphosate exposent la flore et la faune des écosystèmes. Un exemple en est la destruction de la flore sauvage, qui sert d’abri et de nourriture à de nombreuses espèces d’insectes utiles.

Cela réduit leur population et leur capacité à lutter naturellement contre les ravageurs. Cela finit également par détruire les plantes qui nourrissent les abeilles, ce qui affecte leur cycle de vie et donc celui des humains.

Une autre utilisation du glyphosate a été la pulvérisation aérienne de ce produit chimique pour lutter contre les cultures de coca, de pavot et de marijuana, en particulier dans les pays d'Amérique latine comme la Colombie et le Brésil, ce qui a fini par affecter la biodiversité des zones de jungle, en ayant un impact au-delà des espèces et des cultures qui sont ciblés.

Cet herbicide s'est également révélé légèrement à modérément toxique pour les oiseaux sauvages (comme les cailles et les canards), certains amphibiens, les poissons et les invertébrés aquatiques.

Outre l’impact négatif sur la flore et la faune, le glyphosate a atteint l’eau utilisée pour la consommation humaine.


Le glyphosate et ses effets nocifs sur la santé humaine


Les études sur les risques de la molécule pour la santé s’accumulent. Elles interrogent des liens entre la substance herbicide et des maladies telles que le cancer, Parkinson, Alzheimer, ou encore l’impact possible sur les grossesses ou certaines malformations du fœtus.

La grande majorité des études sur l’effet cancérogène sont issues de l’industrie elle-même. Les études indépendantes sont peu nombreuses parce qu’elles coûtent cher.

L’une des grandes victoires en matière de réglementation et de réduction de l’utilisation du glyphosate s’est produite en mars 2015, lorsque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé a conclu que le glyphosate était une substance probablement cancérigène.

Ceci, malgré le fait que certaines agences, comme l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), ont déclaré qu'il ne présentait pas de risque et que d'autres ont minimisé les dangers, à condition qu'il soit utilisé “de manière appropriée”, comme l'Agence de protection environnementale des États-Unis (US EPA).

Le CIRC a justement publié une méta-analyse sur le glyphosate. Pour la réaliser, 17 experts internationaux ont épluché plus de 1.000 études scientifiques. Ils ont décortiqué les résultats mais aussi les méthodologies. Leur conclusion ? Le glyphosate est “probablement cancérogène chez l’humain” et “cancérigène” chez les animaux.

Ce résultat a récemment été renforcé par une autre méta-analyse, réalisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cette expertise collective a été rendue publique le 30 juin 2021. Pour l’écrire, les 10 chercheurs et chercheuses ont examiné plus de 5.300 études scientifiques. Leur rapport indique que de nombreuses études mettent en évidence des dommages génotoxiques (cassures de l’ADN ou modifications de sa structure) liés au glyphosate. Ces dommages, s’ils ne sont pas réparés sans erreur par les cellules, peuvent conduire à l’apparition de mutations et déclencher ainsi un processus de cancérogenèse. L’Inserm relève également des effets potentiellement délétères du glyphosate sur certaines hormones et sur le microbiote intestinal. Il n’écarte pas non plus le risque perturbateur endocrinien.

En termes d'effets immédiats, l'utilisation du glyphosate provoque une irritation de la peau et des yeux, ainsi que des vertiges, des nausées, des problèmes respiratoires et une augmentation de la pression artérielle.

Ainsi, la substance est omniprésente : on en retrouve même dans les urines de personnes n'ayant jamais eu aucun contact direct avec elle.

En raison d'études de plus en plus nombreuses sur les effets nocifs du glyphosate sur la santé humaine, le débat sur les législations et réglementations nationales s'est intensifié. Ainsi, en 2019, l'Autriche a adopté une loi interdisant le glyphosate, le seul pays où la restriction de l'herbicide a été pleinement envisagée.

En 2020 on retrouve une présence élevée dans les cours d’eau dans 43% des échantillons et parfois sa présence est identifiée dans l’air. On retrouve également du glyphosate dans 20% des échantillons de sols analysés à travers l’Europe.

Plusieurs villes aux États-Unis, en Argentine, au Canada, en Écosse, en Espagne et en Nouvelle-Zélande ont également interdit l'utilisation de cet herbicide.

Le Malawi, le Sri Lanka, le Viêt Nam, Oman, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, les Bermudes, la Colombie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la France, la Belgique, l'Italie, la République tchèque, le Danemark, le Portugal et les Pays-Bas appliquent des restrictions partielles à l'utilisation du glyphosate.

Du glyphosate dans la culture du café
L'Amérique latine est l'une des régions où le glyphosate a été utilisé en grandes quantités. En 2018, l'Argentine était en tête du classement mondial pour l'utilisation en plein champ. Au Mexique, le glyphosate est largement utilisé depuis 1981, date à laquelle l'agro-industrie a décollé dans le pays. La région où cet herbicide est le plus appliqué est le sud-est du Mexique, en raison de son climat tropical qui favorise la croissance accélérée de diverses espèces.

Au Pérou, l'Association des exportateurs (Adex) demande le retrait des pesticides déjà interdits dans les pays développés, afin de garantir la sécurité de l'approvisionnement national en ces deux produits et d'assurer leur accès à tous les marchés. Le chlorpyrifos continue d'être utilisé sur les cultures de cacao, ce qui ouvre la voie à son rejet par les importateurs. Il existe des témoignages de familles et d'espèces affectées en Amazonie en raison de l'exposition au glyphosate.

Un projet de loi a été présenté en avril 2023 pour interdire la fabrication, la commercialisation et l'utilisation des pesticides qui présentent un risque élevé pour la santé et l'environnement. Le projet de loi propose également que les locaux vendant des pesticides soient progressivement déplacés hors des zones urbaines. La liste comprend dix produits agrochimiques : le méthomyl, l'oxamyl, le chlorpyrifos, le glyphosate, le mancozèbe, l'imidaclopride, le thiaméthoxame, la clothianidine, le fipronil et la cyperméthrine.

L’Union européenne veut autoriser l’utilisation du glyphosate pour dix ans, alors que de nombreuses études scientifiques pointent les dangers de ce pesticide pour la santé humaine. Bruxelles a proposé aux Etats membres de prolonger de 10 ans l’autorisation dglyphosate. Pourtant, l’herbicide, interdit en France pour les particuliers et restreint pour les agriculteurs, pourrait être dangereux pour l’Homme, selon plusieurs études.

Un danger pour la reproduction

S’ajoute à cela des risques sur les fonctions reproductives. l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), s’est concentrée sur les poulets pour son étude. Les coqs ont vu la mobilité de leurs spermatozoïdes réduite et les poules ont vu que leurs œufs étaient bien plus fragiles et que les embryons vivants avaient un retard de développement.

Du glyphosate dans nos aliments

Des données obtenues et analysées par Radio-Canada montrent que plus du tiers des échantillons testés par l'Agence canadienne d'inspection des aliments entre 2015 et 2018 contenaient des résidus de glyphosate.

Entre 2015 et 2018, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a testé pas moins de 12.767 produits alimentaires de toutes sortes. Elle a obtenu et analysé ces résultats : 37% des échantillons contenaient des résidus de glyphosate, mais seulement 0,5% d’entre eux en contiennent au-delà des limites permises.

Le glyphosate se retrouve même parmi les produits biologiques. En effet, 24 % des échantillons biologiques testés contenaient des résidus de glyphosate. La contamination croisée serait une explication possible. Celle-ci serait causée par la proximité des champs conventionnels et biologiques ainsi que par l’eau des rivières et l’eau souterraine qui amènerait le glyphosate dans les champs biologiques.

Les 20 aliments contenant le plus de glyphosate

Son de blé, Pizzas, Farine de blé, Flocons d'avoine, Craquelins, Pâtes fraîches, Pâtes en conserve, Produits à base d'insectes, Biscuits, Pâtes sèches, Farine de seigle, Son d'avoine, Avoine, Mélanges à pâtisserie, Couscous, Farine de pois-chiche, Produits de blé, Nectars de fruits, Lentilles, Farine de haricot.


Les tactiques du lobby de l’agrochimie

Le lobby de l’agrochimie tente de brouiller les pistes sur la dangerosité du glyphosate. Emblème de ce lobbying, les révélations des Monsanto Papers en 2017 dans la presse. Ils dévoilent de vastes manœuvres pour dissimuler les effets sur la santé du glyphosate et influencer les agences étatiques chargées de la santé. L’objectif est d’empêcher une interdiction de la substance-phare du géant de l’agrochimie. Ils montrent aussi que Monsanto s’inquiétait déjà de la sureté de son produit en 1983 mais aurait étouffé l’information.

Des scientifiques sont payés pour écrire que le produit était sans danger mais aussi la création de la “Society of Toxicology” qui servirait de façade à des chercheurs européens pour soutenir la non-dangerosité du glyphosate, tout cela financé par Monsanto.

Dans une analyse publié en 2019 dans la revue Environmental Sciences Europe, des chercheurs ont montré que lors du renouvellement de l’autorisation du glyphosate aux Etats-Unis, seuls 2% des études réalisées par des industriels révélaient un effet géno-toxique, contre 68% des études scientifiques publiées dans des revues à comité de relecture et avec une indépendance scientifique bien plus forte.

En Europe, une évaluation scientifique autrichienne en juillet 2021 a démontré que 68% des études à la base du renouvellement de l’autorisation du glyphosate en 2017 n’étaient pas scientifiquement fiables selon les deux toxicologues de renommée internationale signant cette étude.

Malgré ces chiffres, les agences officielles d’évaluation s’appuient encore fortement sur les études fournies par les firmes elles-mêmes, souvent opaques et biaisées.

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Le glyphosate est une substance active herbicide à large spectre d'action sur les végétaux utilisée en zones agricoles, forestières et non agricoles. Le renouvellement de son approbation est en cours de réexamen par l’Union européenne. L'Anses mène différents travaux sur le sujet.


Des travaux de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (l’Anses)

Renouvellement de l’approbation de la substance active glyphosate 2019-2023 au niveau européen

Le 10 mai 2019, par la voie d’un règlement de l’Union européenne, quatre États membres (France, Hongrie, Pays-Bas et Suède) ont été désignés rapporteurs dans le cadre d’un groupe d'évaluation AGG (Assessment Group on Glysophate). L’AGG a procédé à l'évaluation scientifique du dossier soumis pour le renouvellement de l'approbation du glyphosate. Son projet de rapport d'évaluation de renouvellement dRAR, (draft renewal assessment report) sur le renouvellement du glyphosate a été soumis à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) le 15 juin 2021.

Des scientifiques de l’Anses ont contribué à ce projet de rapport. Simultanément, l'AGG a envoyé le rapport sur la classification et l'étiquetage harmonisés du glyphosate à l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA).

Comme pour toutes les évaluations de substances actives, une phase de consultation publique et une revue du projet de rapport par les pairs, à savoir les membres compétents pour l’évaluation scientifique dans chacun des États membres de l’Union, a été organisée par l’EFSA et l’ECHA de septembre à novembre 2021.

Délivrance des autorisations de mise sur le marché

L’approbation de la substance active glyphosate a été renouvelée dans l’Union européenne en 2017 pour cinq ans puis prolongée jusqu'au 15 décembre 2023. Les produits qui en contiennent peuvent être commercialisés, à condition d’obtenir une autorisation de mise sur le marché. Comme pour les autres produits phyto-pharmaceutiques. L’Anses évalue et délivre les autorisations de mise sur le marché en France dans le cadre de la législation, qui permet la prise en charge d’un dossier par l’autorité d’un Etat membre pour le compte des autres Etats membres de la zone (la France est dans la zone dite sud).

Évaluation comparative des alternatives non chimiques

L’Anses a mené une évaluation comparative des alternatives non chimiques au glyphosate. Elle a ainsi déterminé les situations pour lesquelles le glyphosate peut être substitué par une solution non chimique (principalement le désherbage mécanique), à condition que celle-ci soit couramment utilisée et qui ne pose pas de problème de mise en œuvre, comme le prévoit la législation. L’utilisation du glyphosate est désormais interdite dans ces situations, et restreinte dans les autres cas.


Publication de données issues du dispositif de phytopharmaco-vigilance

Afin de surveiller les éventuels effets indésirables des produits phytopharmaceutiques, l’Agence collecte un ensemble de données relatives à la présence de résidus de substances dans les milieux, les expositions et les impacts sur la santé humaine et les écosystèmes. Elle a publié en octobre 2019 une synthèse des données de surveillance relatives à la présence du glyphosate et de son principal métabolite, l’acide aminométhylphosphonique (ou AMPA), dans les eaux, l’alimentation et les niveaux d’imprégnation chez l’Homme.

Des recherches pour connaître l’impact du glyphosate sur les truites

À partir d'expérimentations menées sur plusieurs générations de poissons, une équipe de l'Anses a exploré les effets du glyphosate et d’herbicides à base de glyphosate sur la santé de la truite arc-en-ciel. Ces recherches ont montré que le glyphosate, pur ou intégré dans des herbicides, avait des effets immunitaires pouvant se répercuter sur plusieurs générations de cette espèce. L’Agence a soumis des publications scientifiques relatives à ces travaux lors de la phase de consultation publique sur le dossier d’évaluation en vue d’une éventuelle ré-approbation de la substance active glyphosate en 2021.

Autres travaux de l'Anses sur le glyphosate

Suite aux avis divergents sur les dangers du glyphosate pour la santé humaine, l’Anses avait été saisie en 2016 pour évaluer le potentiel cancérigène de la substance. Elle a conclu que le niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et l’homme est relativement limité et ne permet pas de proposer un classement du glyphosate en tant que cancérogène avéré ou présumé pour l'être humain.


L'Union européenne va renouveler l'autorisation du glyphosate pour 10 ans

L'autorisation dans l'UE du glyphosate prend fin le 15 décembre 2023. La Commission, en collaboration avec les États membres de l'UE, va maintenant procéder au renouvellement de l'approbation du glyphosate pour une période de dix ans, sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions. À l'appui de sa décision, l'exécutif européen met en avant le rapport d'un régulateur européen estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d'interdire le glyphosate.

Elle prévoit quelques garde-fous et interdit l'usage de cette substance pour la dessiccation (épandage pour sécher une culture avant récolte).

Le 16 novembre, l'exécutif européen a annoncé que l'herbicide controversé serait autorisé pendant dix années supplémentaires dans l'Union. Comme lors d'un premier vote le 13 octobre, la majorité qualifiée requise pour valider ou rejeter la proposition de la Commission – soit 15 Etats sur 27, représentant au moins 65% de la population européenne – n'a pas été atteinte.

L'exécutif européen a expliqué avoir décidé de maintenir sa proposition initiale, sans y apporter de modifications, en raison de la date butoir du 15 décembre. La Commission a considéré que ce n'était plus possible d'arriver à un accord d'ici le délai qui lui est imparti pour prendre une décision.

Les ONG Foodwatch et Générations futures ont jugé que le renouvellement de l'autorisation allait à nouveau à l'encontre du principe de précaution alors que les preuves de la dangerosité du glyphosate pour l'homme et pour l’environnement continuent de s'accumuler.

Même si la substance active est approuvée au niveau de l'UE, chaque Etat reste chargé d'autoriser les produits contenant du glyphosate. Et pourrait donc adopter des restrictions selon les spécificités locales et effets potentiels sur l'environnement, dans le cadre des critères fixés par Bruxelles.


Comment remplacer le glyphosate ?

Alternatives au désherbage chimique
Les techniques de limitation de la pousse des mauvaises herbes ne manquent pas (faux semis, désherbage mécanique, paillage, enherbement…).

L’institut agronomique français (INRAE) a été chargé pour évaluer les alternatives au glyphosate ces derniers années. Son rapport remis en 2017 est clair : s’il existe encore des situations complexes, une grande partie des usages peut être dès aujourd’hui interdite. Certains le sont même déjà. Dernièrement l’INRAE a dévoilé avoir réussi à se passer de glyphosate en 3 ans dans toutes ses cultures agricoles, ouvrant la voie et montrant que les solutions existent en sortant de sa zone de confort.

Alternative écologique au Pérou

Grâce au projet "Emprende productor" promu par l'association Unacem et la coopération technique allemande, José Ramos, un agriculteur péruvien, est devenu le promoteur d'une alternative saine aux pesticides, en utilisant des répulsifs à base de fruits tels que le rocoto (piment épicé) et le kion (gingembre).

Une formule de répulsif naturel appliquée avec succès est celle obtenue en traitant un kilo de rocotos, divisés en quatre morceaux chacun, en les faisant tremper dans 20 litres d'eau et en les laissant macérer pendant 10 jours. Le liquide est ensuite pulvérisé sur les haricots, les pois, les épinards, les carottes et d'autres légumes.

L'eau de Kion. C'est un répulsif contre les mouches mineuses. On broie un kilo de kion, on le laisse reposer dans vingt litres d'eau et on le laisse macérer pendant une dizaine de jours. Il est ensuite filtré et un quart de litre est ajouté au sac de pulvérisation de 20 litres pour être pulvérisé sur la culture.

Le résultat est une alternative innovante et saine aux pesticides nocifs dans les champs qui tuent les pathogènes mais contaminent aussi les aliments. Un effort pour parvenir à une agriculture de plus en plus exempte de produits agro-chimiques synthétiques et de mauvaises pratiques agricoles qui endommagent le sol et génèrent des fruits qui peuvent affecter la santé humaine.

Il est nécessaire pour les modèles agricoles qui se sont construits autour du glyphosate de remettre à plat l’intégralité de leur système. Un changement complexe qui demande un accompagnement des agricultrices et agriculteurs, technique et financier, de la part de l’Etat. La “désintoxication” de l’agriculture à cette molécule demandera une modification profonde des pratiques agricoles, qui, selon l’INRAE sont en adéquation avec une réduction globale de l’usage de l’ensemble des pesticides. La tâche ne sera pas facile. Elle est pourtant vitale pour la santé des agriculteurs, des riverains, des consommateurs et la préservation de notre planète.



Au delà des pesticides, cuisiner maison et éviter les aliments ultra-transformés
 est le bon choix à faire pour votre santé


Voir aussi…