Une nouvelle discipline est née, la neuro-gastroentérologie reliant les
neurosciences et la gastro-entérologie.
La neuro-gastroentérologie étudie le rôle de cellules intestinales
neuronales ou non (gliales, interstitielles de Cajal), les interactions entre
les différents systèmes nerveux (entérique, autonome, central) formant l’axe
cerveau-intestin, les médiateurs chimiques. Elle confirme l’importance de régulation
des fonctions complexes de l’absorption des nutriments et de protection contre
les facteurs environnementaux toxiques.
Il y a quelques années, les scientifiques ont découvert en nous l’existence
d’un deuxième cerveau : les 200 millions de neurones de notre ventre. De nouvelles études mettent en lumière et
précisent les liens qui unissent les bactéries intestinales et le mental. En
1999, un neuro-gastroentérologue de l’université Columbia à New York, Michael
Gershon, le qualifia de ce terme étonnant, le «deuxième cerveau».
Ces deux cerveaux présentent un point commun essentiel : la
présence d’un centre nerveux. Le premier cerveau est le système nerveux central.
Le deuxième est le système nerveux entérique.
Ce système nerveux entérique est
appelé à être étudié de plus près par les neuro-biologistes, qui voient en lui
un organe susceptible d’exprimer très précocement des pathologies graves du
cerveau.
Il a été au cours de l’évolution le
premier organe neurologique, le cerveau originel car avant d’avoir un cerveau
les espèces animales avaient un intestin. C’est en effet à partir du moment où
les organismes se sont mis à chercher de la nourriture que leur cerveau s’est
développé et est devenu peu à peu l’organe complexe que l’on connait
maintenant.
Tube neural |
Les neurones intestinaux sont issus
de la même plaque neurale embryonnaire que les neurones cérébraux qui forment
le tube neural et la tête. Mais eux
colonisent le tube digestif du haut vers le bas, jusqu'à sept semaines de grossesse.
Ils se connectent ensuite pour former les réseaux, sans autre structure, tout
comme l'encéphale.
Le fœtus étant dans un milieu quasi stérile, son tube digestif est, lui
aussi, indemne de toute bactérie. À la naissance, lors de l’accouchement par
les voies naturelles, la rupture des membranes protectrices fait que le bébé
est mis en contact avec les bactéries vaginales et intestinales de sa mère. Ces
dernières conquièrent alors ce nouveau milieu, et ce durant les deux premières
années de vie.
S’y ajoutent ensuite les bactéries pas toujours «bonnes» de
l’environnement, notamment lors d’une césarienne ou à la suite d’un traitement
antibiotique, en fonction du régime alimentaire (allaitement ou biberon) ou si
l’enfant est prématuré.
Le nerf vague permet à l'intestin et au cerveau de communiquer en
permanence, en s'envoyant des informations via les neurotransmetteurs. Sur 10
communications entre le cerveau et l’intestin, 9 sont émises par le tube digestif. Cette communication permet
notamment de protéger l'organisme contre certains dangers : par exemple,
en présence d'un aliment infecté, l'intestin alertera le cerveau via le nerf
vague; le cerveau signalera alors à l'intestin d'arrêter le processus de
digestion.
Système nerveux entérique
L’intestin est un organe complexe : relié au cerveau par le nerf
vague, il possède 200 millions de neurones, sécrète une vingtaine de neurotransmetteurs,
les mêmes que le cerveau et produit jusqu’à 70% des cellules immunitaires de l’organisme,
ainsi que de nombreuses bactéries. Ce système nerveux est très autonome.
Il est responsable de fonctions non soumises au contrôle
volontaire : péristaltisme (contractions musculaires qui permettent la
progression du bol alimentaire), sécrétions gastriques, vomissements.
D’une longueur d’environ 8 m
chez l’homme adulte, représentant une surface de
200 m2, soit l’équivalent d’un terrain de tennis, l’intestin
est la partie de l’appareil digestif qui comprend l’intestin grêle (duodénum,
jéjunum, iléon) et le gros intestin (côlon). Très innervé, il recèle
200 millions de neurones qui sont épaulés par 2 milliards de cellules
gliales (cellules de soutien).
Dans les plis de l’intestin se logent
100 000 milliards de bactéries, soit dix fois
plus que le nombre de cellules constituant le corps. Elles forment le
microbiote intestinal (flore intestinale), riche de 800 à 1 000 espèces
différentes.
Le terme microbiote
désigne l'ensemble des bactéries dans l’organisme, et le microbiome désigne le milieu de vie de
ces colonies de bactéries.
Sans le microbiote nous serions incapables d'assimiler certains
aliments que seules les bactéries savent dégrader.
Ce deuxième cerveau remplit deux
fonctions essentielles :
* La régulation de la digestion (vidange de l’estomac, déplacement des
aliments dans l’intestin grêle jusqu’au côlon).
* La gestion de l’absorption des nutriments par les cellules de la
paroi intestinale. Cette paroi joue aussi un rôle de barrière contre les agents
pathogènes extérieurs. Il collabore avec le système immunitaire dans la défense
de l’organisme face aux substances et microorganismes hostiles.
Organe essentiel à la survie, le tube digestif permet la digestion et
l’absorption des aliments tout en protégeant des agressions de l’environnement
(bactéries, virus, toxiques).
Les bactéries du microbiote
intestinal agissent sur la santé et l'efficacité du système immunitaire et
peuvent même modifier notre structure génétique. Elles interagissent
constamment avec notre système nerveux et jouent un rôle important sur notre
fonctionnement cérébral, notre humeur et comportement. Un
déséquilibre de la flore intestinale (représenté par l’absence de certaines
d’entre elles) serait à l’origine de nombreuses maladies.
Le lien entre cerveau et intestin : les symptômes se confondent
Le système entérique contient plus de 200 millions de neurones et de
nombreux neurotransmetteurs.
La sérotonine, par exemple, est un neurotransmetteur qui régule
l'humeur, elle est produite dans le cerveau et absorbée par l’hypothalamus,
responsable du bien-être.
Les intestins aussi produisent de la sérotonine. Longtemps on a cru que
cette sérotonine servait simplement à rythmer le transit et réguler le système
immunitaire. Ce n’est que tout récemment que les chercheurs ont découvert que
la sérotonine produite par les intestins transitait par le sang vers le
cerveau. Et les intestins sont responsables de 95% de la production de
sérotonine dans le corps, impliquée directement dans les déséquilibres
psychologiques provoquant stress, anxiété et phobies. Le stress provoque la
production par le système digestif d’une hormone appelée ghréline, hormone qui
module anxiété et dépression.
La candidose bloquerait la synthèse de la sérotonine dans l’intestin
diminuant le niveau de ce neurotransmetteur au cerveau. On a ainsi noté un lien
possible entre la dépression et la candidose. Ironiquement, le médicament
Prozac utilisé pour la dépression, a un effet antifongique.
Les neurones du système nerveux entérique produisent autant de
dopamine, cette hormone du bonheur, que le cerveau.
Puisque les neurotransmetteurs du cerveau sont aussi présents dans
l’intestin, certains médicaments destinés à agir sur le cerveau ont également
des effets sur l’intestin.
C’est par exemple le cas des antidépresseurs, les benzodiazépines, mais
également les bêtabloquants : lorsque l’on commence un traitement, comme
l’intestin renferme beaucoup de récepteurs à ces molécules, il y a blocage des
contractions et du péristaltisme, il arrive de souffrir de nausées ou de
diarrhées ; mais ils finissent par provoquer une constipation. A
l'inverse, à petites doses, les antidépresseurs peuvent améliorer les symptômes
intestinaux en cas de syndrome de l'intestin irritable.
L'intestin est une fontaine abondante de benzodiazépines, la famille
d'agents chimiques psychoactifs inclus dans des médicaments si populaires – ils
sont addictifs – comme le Valium et le Xanax. Pourquoi y a-t-il des benzodiazépines
dans l'intestin ? Certainement parce qu'ils peuvent alléger les états
d'anxiété, de sorte que dans l'intestin il y a un laboratoire authentiquement
pharmaceutique où se produisent, entre autres, des médicaments naturels contre
le stress.
Au contraire, des médicaments visant à soigner des problèmes
intestinaux multiplieraient les troubles de l’humeur. Les perturbations
intestinales, dues à un antibiotique ou non, engendrent des troubles de
l’anxiété, par la multiplication d’une protéine responsable de l’humeur.
Le intestin est également impliqué dans certaines maladies qui ne sont à priori pas
liées au système digestif :
* L’obésité qui
serait due à une hyper activité du tube digestif.
* Certaines
maladies ou lésions cérébrales, comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson.
Cette dernière pourrait être détectée plusieurs années avant le développement
des signes cliniques typiques, par des lésions du système digestif.
* Les maladies neuro-psychiatriques telles que l’autisme. La flore intestinale semble capable d’impacter
le fonctionnement du cerveau, et donc sur l’anxiété et la dépression.
Toutes les maladies auto-immunes
naissent dans l’intestin. Jusqu’à maintenant on a
découvert près de 200 affections auto-immunes en médecine traditionnelle et on
observe qu’elles démarrent toutes dans l’intestin : la polyarthrite
rhumatoïde, l’arthrite, le lupus, l’asthme, les néphropathies, le diabète de
type 1, etc.
Ces liens entre cerveau et intestin pourraient aussi expliquer pourquoi
on retrouve souvent un profil anxieux chez les patients souffrant d'un syndrome
de l'intestin irritable. L'impact du fonctionnement intestinal sur les
neurotransmetteurs, et inversement, offre en effet une explication
fonctionnelle (et non psychosomatique) aux liens entre troubles de l'humeur et
de la digestion.
Intestins et émotions
De nombreuses études ont démontré que la modification du microbiote
intestinal provoque des changements au niveau de l’humeur et du comportement.
Un microbiote déséquilibré exacerbe l’anxiété, la mauvaise gestion du stress,
les douleurs, les troubles du sommeil, la fatigue, et les états
dépressifs.
C’est dans l’intestin que s’effectue le tri entre l’assimilable et le
non-assimilable, l’absorption des nutriments et l’exclusion des toxiques et des
toxines. Les maux du système digestif nous parlent d’une difficulté à digérer,
à assimiler une expérience.
La santé de l'intestin commence par une bonne alimentation
La santé de l’intestin est très importante et il faut en prendre soin,
en lui apportant les aliments et les nutriments indispensables à son bon
fonctionnement. L’importance de la prévention passe par des cures de pro-biotiques
et pré-biotiques.
Les pro-biotiques ou compléments alimentaires riches en acides gras
essentiels, en oméga-3, ou en fibres, contribuent à sa protection. Probios
signifie «pour la vie», et les souches de pro-biotiques induisent une multitude
d’effets positifs sur la santé en maintenant ou restaurant l’équilibre de la
flore.
Les aliments aussi contiennent des substrats qui nourrissent les bonnes
bactéries et c’est le cas de tous les produits fermentés comme la choucroute,
les liquides lacto-fermentés.
Les pré-biotiques, riches en Fos – fructo-oligosaccharides, appelés également oligo-fructoses –, ne sont pas assimilables par l’organisme mais sont
digérés par la flore intestinale. Ils favorisent le développement bactéries pro-biotiques
responsables de la santé du côlon. Ces aliments sont les topinambours, la
chicorée racine, les salsifis, les poireaux et les bananes entre autres.
Les erreurs alimentaires sont très vite délétères sur le bon fonctionnement
de ce deuxième cerveau :
* excès d'apports en protéines,
* produits sucrés,
* concentrés en amidon et en gluten (blé, orge, avoine),
* aliments riches en graisses saturées (viandes, pâtisseries
industrielles, huile de palme).
De plus, une mastication ainsi qu'une salivation insuffisante sont des
habitudes qui ne peuvent qu'aggraver le processus. Les repas pris sur le pouce,
en marchant ou en continuant à travailler sont à déconseiller.
L'une des solutions est de consommer des aliments sans déchet, pauvres
en cellulose, ainsi que des produits issus de l'agriculture biologique car ils
contiennent des germes encore vivants. Les vitamines du groupe B (surtout
présents dans les légumes), à condition qu'ils soient cuits al dente ou à la
vapeur, afin de les préserver de la chaleur, néfaste pour eux.
Privilégier le plus possible les repas pris dans le calme, même si l’on
dispose de peu de temps, tout en veillant à bien mastiquer chaque bouchée.
Le régime alimentaire inapproprié, les infections microbiennes et
l’exposition aux toxines environnementales sont les principales sources de
l’inflammation intestinale.
Nettoyage par le biais de l’alimentation
Pendant une semaine par exemple remplacer le repas du matin et du midi
par des fruits juteux.
Ce système a pour avantage de nettoyer l’intestin grêle comme le gros côlon.
Car ce sont les résidus de l’alimentation qui s’accumulent et on y retrouve
aussi bien des déchets alimentaires que des restes d’hormones de nos émotions.
On allège la charge alimentaire, on opère un balayage et on se retrouve avec un
intestin propre.
Cette façon de procéder qui est centrée sur les intestins permettra
également de se débarrasser de toutes les tensions, angoisses, dépression, et
de tous tracas psychique qui ont la plupart du temps pour origine le second
cerveau.
Centre de notre vitalité
Le ventre est la force la plus fragile et la plus génératrice de notre
corps. Force de concentration, d’équilibre, d’influx nerveux et de muscles,
c’est le «hara» en japonais (zone
située juste au-dessous du nombril). La partie au-dessus du nombril (zone du
plexus solaire) représente la vitalité et l’énergie.
Le plexus solaire affecte tous les organes de la région abdominale. Lorsque le plexus solaire fonctionne bien,
les organes ne souffriront pas du stress et des tensions. Mais lorsque
l’équilibre est rompu, les problèmes se feront sentir.
Les véritables émotions se situent dans le plexus solaire plutôt que
dans le cerveau. Ce dernier ne fait qu’enregistrer le souvenir d’une émotion.
La civilisation moderne préconise plus le pouvoir de la raison, le raisonnement
cérébral, pour réprimer les émotions. Ce qui empêche le plexus solaire de
fonctionner et prépare le terrain à l’apparition de problèmes physiques et
psychologiques.
La prise en soin de l'hara exerce une vertu curative à l'égard de la nervosité,
sous n’importe quelle forme. Tant les études récentes sur le système nerveux
entérique comme les connaissances anciennes sur l'hara suggèrent la convenance de
faire peu de cas au papotage de l'esprit et de plus prêter attention aux
symptômes et aux sensations provenant de l'estomac et des intestins.
Ainsi on pourrait découvrir les émotions conflictuelles qu'il convient de résoudre ou d'éviter le développement de beaucoup de maladies dans ses premières étapes. D’une certaine manière l'être humain adulte devrait récupérer la sagesse du bébé, pour qui les sensations qui proviennent du ventre sont au-dessus de presque toutes les autres et il peut désespérément pleurer quand il a faim ou se caresser le ventre quand lui arrivent des sensations satisfaisantes.
Les similarités entre l'intestin et le cerveau
Les similitudes entre les deux cerveaux sont étonnantes. Même la
ressemblance des circonvallations cérébrales à celles du labyrinthe intestinal
et, au-delà de cette apparence, les deux cerveaux se conduisent de la même
manière quand ils sont privés des «entrées» depuis le monde extérieur.
Pendant le sommeil, le cerveau produit des cycles de 90 minutes dominés
par les ondes lentes et ponctuées par les périodes REM (Rapid Eyes Movements). Aussi pendant la nuit, quand il n'a pas
d'aliment, l'intestin présente des cycles de 90 minutes de mouvements
musculaires lents, ponctués par des périodes de mouvements rapides. Les
personnes avec des problèmes intestinaux ont aussi un sommeil REM anormal.
Le cerveau se caractérise par sa capacité d'apprendre. Le côlon peut
aussi le faire puisqu‘il peut être entraîné : si chaque jour on lui
applique un lavement à 10 heures du matin pendant une période, il est très
probable qu'à la même heure chaque jour se produise un mouvement intestinal
important même sans la nécessité d’un lavement. Dans le traitement du syndrome
du côlon irritable il semble efficace de respecter un horaire de visites aux
toilettes et en général il convient de prendre les repas chaque jour aux mêmes
heures.
La communication entre les systèmes nerveux central et entérique est
comme une autoroute à deux sens,
mais avec dix fois plus de trafic vers le haut que vers le bas.
mais avec dix fois plus de trafic vers le haut que vers le bas.
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